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16 février 2014 7 16 /02 /février /2014 22:43
Liberté
du monde
 
 
 

 

LETTRES
S'abandonner
à vivre.
Sylvain Tesson.
Gallimard.
Janvier 2014.
220 pages.
 

   
Sylvain Tesson, né en 1972, est écrivain, journaliste et grand voyageur. Prix Goncourt de la nouvelle en 2009 et prix Médicis essai en 2011. Il a récemment publié: Vérification de la porte opposée. (Phébus, 2010), Dans les forêts de Sibérie. (Gallimard, 2011), Aphorismes dans les herbes et autres propos de la nuit. (Ed. des Equateurs, 2011), Géographie de l'instant. (Ed. des Equateurs, 2012)
 
Présentation de l'éditeur.
Devant les coups du sort il n'y a pas trente choix possibles. Soit on lutte, on se démène et l'on fait comme la guêpe dans un verre de vin. Soit on s'abandonne à vivre. C'est le choix des héros de ces nouvelles. Ils sont marins, amants, guerriers, artistes, pervers ou voyageurs, ils vivent à Paris, Zermatt ou Riga, en Afghanistan, en Yakoutie, au Sahara. Et ils auraient mieux fait de rester au lit.
 
L'article de Tristan Savin. - Lire. - février 2014.
Le monde selon Tesson. S'abandonner à vivre ... Sous ce beau titre, que chacun pourra interpréter selon son humeur, Sylvain Tesson a rassemblé dix-neuf nouvelles. La brièveté va comme un gant au plus talentueux de nos bourlingueurs - on se souvient du recueil Une vie à coucher dehors, prix Goncourt de la nouvelle en 2009. A eux seuls, les noms de ces histoires courtes dessinent l'univers tessonien : "L'Exil", "L'Ermite", L'Insomnie", "Le Bar", "La Lettre", "La Gouttière", "Les Trains" ... Les personnages sont des touristes en voyage de noces, des jeunes femmes de Sibérie, un Nigérien en quête de travail, des alpinistes, des marins, des guerriers ou de simples amants. Ils "s'abandonnent à vivre" au Sahara, en Afghanistan, en Yakoutie, au Texas, à Paris, en Bretagne ou à Riga. Et, précise le facétieux Tesson dans sa présentation de l'ouvrage, "ils auraient mieux fait de rester au lit". Ces récits forment un état du monde, un constat plus sombre, presque désespéré, de la condition humaine à l'heure de la mondialisation. Dans "Le Barrage", joli conte philosophique qui ouvre le recueil, l'écrivain souligne la contradiction entre la sagesse de Lao-tseu et la destruction de l'environnement par la société chinoise. Sa critique du monde moderne, de sa cupidité, n'est jamais virulente, plutôt nostalgique - celle d'un poète déplorant l'annexion d'un verger par des promoteurs rêvant de construire un complexe commercial. "Les Amants" est une réflexion sur le temps : "Seuls l'artiste et l'amant nourrissent le sentiment de vivre dans le temps long". Dans "La Gouttière", on découvre que "la mort à crédit, c'est le mariage". "L'Exil" est une parabole sur l'immigration clandestine : il est "moins douloureux d'être une bête" - et quelle absurdité de laver les carreaux d'une agence de voyages parisienne quand on vient du pays du soleil. Dans "L'Ennui", la jeune Tatiana passe six mois à attendre "que quelque chose se passe" et fume pour donner vie à un rond de fumée : "Ici, seul le fatalisme permettait de supporter la vie." "La Bataille" oppose les nostalgiques de Napoléon à un homme politique corrompu. Et le narrateur de "L'Ermite" s'interroge sur le vol - non algébrique - des hannetons. La chute de chacune de ces histoires édifiantes résonne comme la morale d'une fable. Sylvain Tesson n'est pas seulement un géographe, un aventurier amoureux des mots, qui se contenterait de nous raconter le monde. C'est surtout un observateur des hommes. Un moraliste, un conteur.  
 
Autre article recommandé : Bernard de Saint Vincent, "Des hommes aux semelles de vent." - Le Spectacle du Monde, février  2014. 
 
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