Chanson | ||
Laquais, que l'on me donne à boire, Je veux m'enivrer aujourd’hui Je veux que ce vin ait la gloire D'avoir étouffé mon ennui; Verse-m'en donc à tasse pleine. Que je boive à perte d'haleine, Douze ou treize coups seulement ; Quiconque aime une fière dame Jette de l'huile sur sa flamme S'il pense boire sobrement. O que cette boisson vermeille Chatouille doucement le cœur ? Je veux mourir, chère bouteille, Si rien égale ta liqueur : Tu vaux mieux cent fois que Sylvie, Cette cruelle ôte la vie, Et toi tu fais ressusciter ; Aussi désormais l'inhumaine Ne me doit plus causer de peine, Car pour toi je la veux quitter. Toutefois s'il faut qu'elle voie Que je ne vis plus sous sa loi, Comme c'est la plus courte voie Pour tirer une dame à soi ; S'il faut, dis-je, que cette belle A mes premiers feux me rappelle En me promettant guérison, Souffre, bouteille, que je die Que pour m'ôter ma maladie. |
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