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19 mai 2013 7 19 /05 /mai /2013 21:56
La grâce
et le salut
 
 
 
 

 

IDEES
Bernanos.
Littérature
et théologie.

Eric Benoit.
Cerf.
Juin 2013.
268 pages.
 

 
Eric Benoit, né en 1962, est critique littéraire. Ancien élève de l'école normale supérieure, il enseigne la littérature française à l'université de Bordeaux. Il a récemment publié : Néant sonore. Mallarmé ou la traversée des paradoxes (Droz, 2007), La Bible en clair (Éditions Ellipses, 2009).
 
Présentation de l'éditeur.
Bernanos ! On ne peut songer à meilleur exemple pour tenter de saisir les liens possibles entre littérature et théologie. Son œuvre romanesque est sous-tendue par la théologie du christianisme, singulièrement par le dogme de la communion des saints où toute l'humanité est constituée en un grand Corps mystique où se joue l'histoire du Salut, et où la souffrance des uns peut contribuer à la rédemption des autres.La structure même de la narration romanesque est en correspondance avec ces schèmes théologiques. On prêtera notamment attention au traitement particulier de la chronologie où certains instants narratifs sont à l'intersection du temps et de l'éternité. Mais il n'y a pas que les œuvres strictement littéraires : l'auteur, de surcroît, dégage ce soubassement théologique aussi bien dans des textes plus personnels, écrits par Bemanos au début de son exil pendant la Seconde Guerre mondiale, que dans ses positions littéraires et politiques à l'égard de certains de ses contemporains comme François Mauriac. L'essai d'Eric Benoit offre au lecteur une subtile et rigoureuse exploration de Bernanos, exemple parfait de magnifique osmose entre une conscience théologique et le geste littéraire où elle se déploie.
   
L'article de Philippe Delaroche. - Lire. - septembre 2013.
Bernanos inclassable anticonformiste. Il a suscité une somme écrasante de malentendus et de contresens. Dans son œuvre et dans sa vie, Georges Bernanos (1888-1948) aurait donné l'exemple de trop d'éclats, de trop de contradictions, de trop d'énergie. Sur son compte, on a tout entendu. Romancier trop chrétien pour être écrivain. Polémiste trop emporté pour être bon chrétien. Trop trempé d'âme et d'angoisse pour aimer la vie matérielle et sensuelle. Trop sensible au péché pour se joindre au "moderne" confrère convaincu que la fin de l'injustice sociale et l'enseignement des sciences auront raison du mal. Bernanos est un phénomène. Hanté par la vérité, par la liberté. Féru de Balzac, Dostoïevski et Léon Bloy, il ne pouvait inscrire son univers romanesque, peuplé de petites gens, de notables médiocres, de prêtres déchirés ou mondains et d'enfants de la solitude, que sous haute tension. En amont, la colère; en aval, la pitié. Car toute l'œuvre romanesque de Bernanos fait écho à la théologie du christianisme, démontre Éric Benoit, professeur de littérature française à l'université de Bordeaux, dans un essai d'une profondeur et d'une hauteur de vue éblouissantes. Ce balancement entre colère et pitié, Bernanos l'a ponctué ainsi dans Les Grands Cimetières sous la lune: "La prière est, en somme, la seule révolte qui tienne debout." Robert Bresson et Maurice Pialat ont su percevoir l'intraitable générosité et l'absolue singularité de Bernanos. Son anticonformisme radical les fortifiait. Bernanos est fait d'un seul bloc. Pourtant, la critique cherchera tantôt à le diviser en opposant écrits de fiction et écrits de combat, tantôt à le vitrifier, par exemple en soutenant qu'il n'était pas revenu de son regrettable antisémitisme de jeunesse. Il est d'un bloc, mais d'un bloc prêt à se laisser fendre. À l'exemple de la conception du temps qui transpire dans Nouvelle Histoire de Mouchette ou dans La Joie. Bernanos guette l'instant qui échappe au continu. L'occasion pour Éric Benoit d'avancer cette comparaison. "L'univers de Beckett se caractérise par l'attente d'un Salut qui ne vient jamais, alors que celui de Bernanos se caractérise par l'irruption d'un Salut qu'on n'attendait pas." Chez Beckett, le même se répète. Chez Bernanos, quelque chose d'autre a été, est ou sera donné. Espérance, communion des saints, irradiation des âmes en temps réel ou diachronique, autant de thèmes dont Éric Benoit montre de façon lumineuse qu'ils ont trouvé en Bernanos, qui n'était pas théologien, un fiévreux et inimitable orfèvre.

 

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