inne gregau A Soun Autesso Reialo la Princesso Mario de Grèço. I Dins lou matin la mar se fai viouleto, Dins lou clarun tout se rejouvenis : Au Partenoun amount la dindouleto, Sian au bèu tèms ! vai rebasti soun nis. Minervo santo, abrivo ta civèco Sus lou ratun que manjo lis escot ! Se fau mouri pèr la patrio grèco, Rampau de Dieu ! se mor jamai qu'un cop. II Sèmpre que mai l'oundo se fai daurado, Sian au bèu tèms! Mai au cresten di baus De Prometieu estrassant la courado, Negrejo alin un grand voutour à paus. Pèr cousseja l'aucelas que te bèco, Enfant dis isclo, armejo toun barcot : Se fau mouri pèr la patrio grèco, Rampau de Dieu ! se mor jamai qu'un cop. III Ausès crida l'antico Pitounisso : - « Vitori pèr li felen di mié-diéu ! » Dou mount Ida fin-qu'au ribas de Niço Lis oulivié boumbisson renadiéu, Fusiéu en man, zou! escalen la brèco, De Salamino esbrudissènt l'eco : Se fau mouri pèr la patria grèco, Rampau de Dieu! se mor jamai qu'un cop. IV Alestissès vosti raubeto blanco Pèr espousa li novi de retour; Anas coupa, nouvieto, à la calanco, Lou verd laussié pèr vosti redemtour ! Davans l'Europo agrouvassado e nèco, Beguent, jouvènt, la glori à plen de got : Se fau mouri pèr la patria grèco, Rampau de Dieu ! se mor jamai qu'un cop. V Co que s'es vist pou mai se vèire, fraire ! E, s'au trelus d'aquéli roucas rous Divinamen l'ome a pouscu retraire De touti si pantai lou mai courous, L'amo crestiano aqui restarié mèco ! E gibarian sus noste rasigot ? Se fau mouri pèr la patria grèco, Rampau de Dieu ! se mor jamai qu'un cop. VI De Maratoun seguènt lou bèu courrèire, Se cabussan, auren fa ço que fau ! E, mescladis au sang de noste rèire Leounidas, noste sang triounfau Enrouitara lou courau di pastèco E lou rasin que pènjo au paligot : Se fau mouri pèr la patria grèco, Rampau de Dieu ! se mor jamai qu'un cop. 1897. |
hymne pour la grèce A son Altesse Royale la Princesse Marie de Grèce. I Dans le matin la mer se fait violette, - dans la lumière tout se rajeunit : - c'est le beau temps ! l'hirondelle là-haut - au Parthénon va rebâtir son nid. - Minerve sainte, lance ton hibou - sur les rongeurs du pampre de nos vignes ! - S'il faut mourir pour la patrie hellène, - palme de Dieu ! on ne meurt qu'une fois. II De plus en plus l'onde se fait dorée, - c'est le beau temps ! mais aux crêtes des monts, - de Prométhée déchirant les entrailles, - un grand vautour au loin est immobile. - Pour chasser le rapace noir qui te becquète, - enfant des îles, équipe ton esquif : - S'il faut mourir pour la patrie hellène, - palme de Dieu ! on ne meurt qu'une fois. III Entendez-la crier, l'antique Pythonisse: - « Victoire aux petits-fils des demi-dieux ! » - Du mont Ida aux rivages de Nice - les oliviers revivent éternels. - Fusil en main, sus ! gravissons la brèche, - de Salamine réveillant les échos : - S'il faut mourir pour la patrie hellène, - palme de Dieu ! on ne meurt qu'une fois. IV Et préparez vos belles robes blanches - pour épouser vos fiancés au retour - allez coupez, fiancées, dans la ravine, - le laurier vert, pour eux, vos rédempteurs ! - Devant l'Europe accroupie et confuse, - buvons la gloire, jeunes gens, à plein verre : - S'il faut mourir pour la patrie hellène, - palme de Dieu ! on ne meurt qu'une fois. V Ce qui s'est vu peut se revoir, ô frères ! - et si, dans la splendeur de ces falaises rousses, - l'homme divinement a pu réaliser - le plus brillant de tous ses rêves, - l'âme chrétienne là resterait muette ! - Et nous sécherions là sur un tronçon de souche ? - S'il faut mourir pour la patrie hellène, - palme de Dieu ! on ne meurt qu'une fois. VI De Marathon suivant le beau coureur, - si nous tombons, nous aurons fait notre devoir ! - Et, mélangé au sang de notre ancêtre - Léonidas, notre sang triomphal - empourprera le corail des pastèques - et le raisin qui pend à l'échalas : - S'il faut mourir pour la patrie hellène, - palme de Dieu ! on ne meurt qu'une fois. 1897. frédéric mistral (1830-1914). Les Olivades. (1914). |