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19 avril 2015 7 19 /04 /avril /2015 08:10

Nostalgie
de la grandeur

 
 
 

 

LETTRES
Le Professeur
et la Sirène.
Giuseppe Tomasi
di Lampedusa.
Nouvelles.
Le Seuil.
Avril 2014.
188 pages.
 

 
Giuseppe Tomasi, duc de Palma, prince de Lampedusa (1896-1957), romancier et poète. Descendant d'une des grandes familles de Palerme, il partage sa vie entre lectures, voyages et essais littéraires. Entre 1955 et 1957, il rédige son chef d'oeuvre Le Guépard, traduit dans le monde entier. Publications récentes : Shakespeare. (Allia, 2000),  Stendha.l (Allia, 2002).
 
Présentation de l'éditeur.
Au cours de l’intense saison créatrice qui coïncide à peu près avec les deux dernières années de sa vie, Giuseppe Tomasi di Lampedusa ne rédige pas seulement un des chefs-d’œuvre de la littérature italienne, mais aussi trois nouvelles et un long récit autobiographique. Au fil des pages rassemblées ici, le lecteur éprouvera la joie d’entrer, en quelque sorte, dans le laboratoire de l’auteur, de retrouver les lieux de son enfance, ces vastes demeures siciliennes qui rappellent les immenses palais du Guépard, les personnages du grand roman ou leurs descendants, et les thèmes universels de la mort et de la beauté. Le professeur de la merveilleuse nouvelle qui donne son titre au recueil évoque le prince de Salina, qui lui-même évoque Lampedusa : fiction et autofiction sont comme toujours intimement mariées. La nouvelle traduction de Jean-Paul Manganaro, un des plus grands traducteurs de l’italien, rend justice à la prose d’un des plus grands écrivains contemporains.
 
Recension d'Edith de la Héronnière. - Revue des deux mondes. - janvier 2015.
Contemporains de l'écriture du Guépard, ces quatre récits constituent une sorte de laboratoire du célèbre roman de Lampedusa. Le projet de l'auteur était à l'origine d'écrire ses souvenirs d'enfance, à la manière de la Vie de Henry Brulard de Stendhal (maquettes comprises), en les divisant en trois parties : première enfance, jeunesse, maturité. Ces évocations sensibles, très visuelles, odorantes et parfumées comme la Sicile elle-même, s'arrêtèrent à la première enfance. Ensuite Lampedusa se replongea dans le Guépard et n'ouvrit plus le cahier de ses souvenirs. Et l'on sait qu'il mourut peu après la rédaction de son roman, qui fut publié à titre posthume. La première édition française de ces textes datait de 1962; elle avait été en partie censurée par sa femme. Cette nouvelle édition, dans la belle traduction de Jean-Paul Manganaro, présente l'intérêt majeur d'être conforme aux manuscrits originaux et elle est enrichie d'une postface du fils adoptif de Lampedusa apportant de précieux éléments qui n'existaient pas dans la première édition.
La nouvelle qui donne son titre à l'ouvrage plonge dans l'atmosphère brûlante de l'été sicilien en bordure de mer entre Syracuse et Augusta : dans la trame du récit merveilleux se mêlent certains éléments autobiographiques, dont sa rencontre avec un célèbre et intraitable hellèniste, G. E. Rizzo. Dans " Les chatons aveugles" dernier écrit de Lampedusa, la mutation sociale déjà en oeuvre dans le Guépard évoque la montée d'une nouvelle classe rurale, les barons de Garibaldi, en passe de déposséder de la terre les grandes familles patriciennes de l'île. Quant aux souvenirs de la première enfance - princière s'il en est - ils sont tissés de charme et de nostalgie. Lampedusa évoque avec une précision amoureuse les lieux qui l'ont vu grandir : le palais de Palerme, et celui de Santa Marguerita di Belice, sa résidence d'été préférée, avec ses trois cents pièces, ses coins et ses recoins, ses jardins et ses escaliers baroques qui ressemblent à des disputes d'amoureux. Il décrit le voyage interminable pour l'atteindre, les excursions familiales dans une campagne calcinée par le soleil, l'arrivée des guitti, comédiens ambulants, l'entourage et les hôtes, tous plus ou moins fantasques, des Filangeri di Cuto : un monde et un mode de vie disparus, des palais ruinés par la guerre ou détruits par les tremblements de terre, mais dont les traces éparses subsistent dans l'île et retrouvent consistance grâce au philtre de la mémoire.
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