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le plus beau pays du monde
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Le plus beau pays du monde, C’est la terre où je naquis ; Au printemps, la rose abonde Aux abords de ses courtils, D’elle émane dans la brise Un arôme sans pareil, Au clocher de ses églises Le coq guette le soleil. On y parle un doux langage, Le plus beau qu’on ait formé ; L’étranger devient plus sage, Quand il se met à l’aimer. Heureux qui reçut la chance De l’ouïr dès son berceau, Car la langue de la France Est un chant toujours nouveau. Parfums de fleurs, chants de cloches, Bruits d’eaux vives, gais frissons Des tiges qui se rapprochent, Quand mûrissent les moissons, Etoiles dans un ciel tendre, Sourires d’aubes en éveil : Ah ! mon pays j’aime entendre Ta chanson dans le soleil ! |
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philéas lebesque (1869-1958). Les Servitudes ( 1913).
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l'odeur du sol mouillé
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L’odeur du sol mouillé saisit, voluptueuse, Mon rêve de passant parmi ce coin désert Quelque chose comme d’un fruit ou d’une chair, Dont on a trop goûté la saveur orageuse. C’est un moment d’amour unique qui renaît Crispant comme un sanglot mon cœur que l’heure morte Enfièvre encor. Le vent mystérieux m’apporte Avec le cher parfum les larmes du regret. Ah ! ce qui joint si fort la patrie à nos fibres Peut-être est-ce ce charme étrange, la vapeur Qui s’exhale du sol, l’atavisme du cœur : Seuls ont droit à leurs souvenirs les peuples libres. |
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. Le Divan. (1909).
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chanson de charrue
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Comme se suivent les années, Se rangent au fil des labours Les rudes glèbes retournées ; O mon pain bis, ô mes amours ! Chaque sillon succède à l'autre Au même pas des chevaux lourds : Je fais mon pain, faites le vôtre ; Laissez-moi croire à mes amours ! Aux longues plaintes de la terre Les puissants de l'heure sont sourds, S'ils n'ont profit pour s'y complaire : O ma charrue, ô mes amours ! Comme les vers d'un vieux poème, S'en vont les sillons du labour. Puis-je savoir pour qui je sème ? O mes chevaux, encore un tour... |
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. Poésie. (1928).
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