Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
7 novembre 2011 1 07 /11 /novembre /2011 22:54
La subsistance de l'homme 
 
de Karl Polanyi
Mis en ligne : [7-11-2011]
Domaine :  Idées  
polanyi-copie-1.gif
 
 
Karl Polanyi (1886-1964), économiste, historien et anthropologue hongrois. Socialiste, chrétien, il émigra à partir de 1933 en Grande Bretagne puis aux Etats-Unis où il termina sa vie comme professeur à l'université de Columbia puis de Toronto. Son maître livre, La Grande Transformation, a été publié en 1944. Publications récentes : Essais de Karl Polanyi (Seuil, 2008), La Grande Transformation (Gallimard, 2009).


Karl Polanyi, la subsistance de l'homme. Paris, Flammarion, octobre 2011, 424 pages.


 
Présentation de l'éditeur.
Penseur majeur de l'économie de marché et historien du libéralisme, Karl Polanyi reste l'un des rares théoriciens capables de nous aider à comprendre la nature du libéralisme en économie et à reconnaître les limites actuelles de nos démocraties. La Subsistance de l'homme - ouvrage inachevé paru aux Etats-Unis en 1977, et enfin disponible en français - prolonge et complète son oeuvre magistrale, La Grande Transformation. Polanyi y formulait une critique de l'utopie libérale du XIXe siècle à l'origine du mouvement social d'autoprotection, de l'Etat providence", aujourd'hui encore fortement menacé. En prenant le parti d'analyser la subsistance de l'homme sur une très longue période historique, Polanyi offre ici une interprétation originale de la nature et des racines de l'économisme contemporain. L'économie des sociétés primitives, de la vieille Babylone, de l'Egypte ancienne et du royaume du Dahomey au XVIIIe siècle permet de repenser l'universalité et la spécificité des relations sociales et des modes d'"encastrement" de l'économie au sein de la société. Dans la Grèce antique, le commerce extérieur, les usages de la monnaie et l'émergence de marchés à l'échelle locale ou méditerranéenne sont autant d'exemples où l'échange était subordonné à la réciprocité et à la redistribution et où l'économie était étroitement liée au politique. Derrière ce travail de recherche, exigeant et exceptionnel, se déploie l'une des grandes pensées humanistes du XXe siècle, aujourd'hui indispensable pour desserrer l'emprise que la logique libérale exerce sur notre représentation de l'économie et du monde.
  
Article de Gérard Moatti. Les Echos - 27 octobre 2011.
Un penseur pour les Indignés. On redécouvre Polanyi. Après la réédition de son ouvrage majeur « La Grande Transformation » (Gallimard 2009), écrit au lendemain de la guerre, critique du capitalisme inspirée par la crise des années 1930, voici « La Subsistance de l’homme », publié aux Etats-Unis en 1977, treize ans après sa mort. Ce regain d’intérêt n’est pas sans rapport avec la crise actuelle, mais coïncide aussi avec la remise en cause  contemporaine de l’économie classique et de sa vision réductrice de l’« homo economicus », guidé par son seul intérêt. A la fois économiste, historien et anthropologue, Polanyi jette sur le passé une lumière qui modifie notre regard sur le présent.Avec la Révolution industrielle et les débuts de la production de masse, explique-t-il, le marché est devenu la force dominante de l’économie. Il s’est même imposé comme un mode de régulation de nombreux domaines de la vie : la société s’est « encastrée » dans l’économie. D’où une double et tenace illusion. D’abord l’idée – erronée – que le marché, le commerce et la monnaie ont toujours été inséparables ; ensuite, le préjugé déterministe qui voit dans l’histoire économique une succession d’étapes, au cours desquelles la tendance « naturelle » de l’homme à échanger pour son profit personnel se serait libérée progressivement des obstacles dressés par la tradition, la superstition ou l’absolutisme politique. En s’appuyant sur les descriptions des sociétés tribales et sur sa propre érudition historique (l’économie de la Grèce antique occupe toute la seconde moitié du livre), Polanyi rappelle que les raisons qu’ont les hommes de travailler, produire ou échanger sont multiples, liées aux valeurs  propres à leur groupe social : c’est le« point d’honneur »chez certains Indiens du Nord canadien, une« quête esthétique »chez les tribus des îles  Trobriand, le contrat implicite liant le vassal au seigneur dans les systèmes féodaux… Dans ces sociétés précapitalistes, les transactions entre les individus ou les groupes ont emprunté trois formes principales, qui perdurent aujourd’hui : la réciprocité, système de dons et contre-dons ; la redistribution, qui suppose une autorité centralisant les ressources ; enfin l’échange, qui n’implique pas nécessairement l’usage de la monnaie. Le lien étroit que nous établissons entre commerce, marché et monnaie est une innovation récente, caractéristique d’un moment historique particulier. Il y a eu du commerce sans monnaie (le troc) ; l’usage le plus ancien de la monnaie n’a pas été l’échange, mais le paiement du tribut ou de l’impôt ; quant au marché, il n’a acquis que récemment, à l’échelle historique, son rôle de « faiseur de prix » par confrontation de l’offre et de la demande.Nous avons adopté une conception utilitariste de l’économie et l’avons transposée dans le passé, ce qui, écrit Polanyi, a« perverti de façon désastreuse la vision que l’homme occidental avait de lui-même et de sa société ». L’auteur écrit en 1964, et son pessimisme peut nous sembler excessif un demi-siècle plus tard. Il n’empêche que les questions qu’il pose, et sa critique de l’économisme, ressurgissent aujourd’hui avec force, et pas seulement sous l’effet de la crise.
 
A lire également : Patrick Bollon, "Polanyi, l'autre Karl", Le Magazine littéraire - novembre 2011.
 
Partager cet article
Repost0

commentaires

 
Revue trimestrielle
N°1 - 2009/01
 
Présentation
 

Accueil

Présentation

Manifeste

Historique

Rédaction

Nous contacter

Recherche