22 janvier 2012
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Jean Royère
(1871-1956)
Jean Royère est né en 1871 à Aix en Provence. Il fait ses études successivement à Aix, Lyon et Paris et, après un rapide passage par la politique, il entre dans l'administration. En 1903, il prend la direction de la revue Écrits pour l'art, fondé par le poète René Ghil et où collaborent John-Antoine Nau et F. T. Marinetti. Il fonde en 1906 la revue La Phalange, qui devient l'organe officielle de la poésie et de l'art symboliste, et accueille dans ses pages Gide, Carco, Jules Romains, Jammes, Vielé-Griffin, Max Jacob, Appolinaire et le jeune André Breton. Après la Seconde Guerre mondiale, Royère continue à grouper autour de lui un certain nombre de jeunes auteurs, les "Poètes du Mercredi", à la brasserie Lipp. Pour Valéry Larbaud, La Phalange fut une expérience poétique irremplaçable, "une des premières revues de conciliation qui parurent dans cette période de fragmentation et de confusion des groupes et des écoles qui suivit immédiatement l'entrée définitive du symbolisme dans l'histoire littéraire de la France". Royère poète est l'expression même de la poésie pure. il n'aime ni les discours, ni les lieux communs ni la grandiloquence. "Ma poésie est obscure comme un lys", aimait-il à dire défendant l'Art pour l'Art contre l'invasion des préoccupations sociales en poésie.
Outre ses poèmes, on doit à Jean Royère une série d'études critiques qui suscitèrent beaucoup d'enthousiasme mais aussi de colère au sein de la jeune génération poétique. Sa plaquette, publiée en 1920, sur la Poésie de Mallarmé fait encore référence. Il meurt en 1956 dans cette Provence aixoise qu'il avait tant aimée.
Exil doré (Vanier, 1898); Eurythmies (Messein, 1904); Soeur de Narcisse nue (La Phalange, 1907); Par la lumière peints... (G. Crès, 1919); Quiétude (Emile Paul, 1923); Poésies complètes (Amiens, Edgar Malfère, 1924); O Quéteuse voici (Kra, 1928); Orchestrations (Messein, 1936) .
| Enfance La tiède nuit me tend un front pâli d'aurore D'où tombe sur la mer l'onde d'un ciel léger Où les vagues moutons qui bêlent au berger Bombent d'un dos luisant le jour qui les colore. Pendant qu'à l'horizon passent les tourterelles De l'aube moi je panse un cœur martyrisé Et je nimbe de la lumière d'un baiser Tout un flot de clartés entrecroisant leurs ailes. En toi chante la voix native qui me guide Dans une immense nef vers les tableaux du Guide Comme si l'humble azur devenait la cité Où je m'endormirai quand tu m'auras quitté Pour parfumer mon cœur de l'encens des ramures! Plutôt que je m'en aille à travers les murmures Musicaux respirer les astres et les fleurs Et palpitant aussi du rythme des couleurs M'étendre sur la mer comme une immense lyre Sans confier aux cieux que je ne sais pas lire!... | |
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| Jean Royère. (1871-1956), Par la lumière peints... (1919). |
| Avec ces souvenirs Avec ces souvenirs d'automne gris et las Qui traînent dans le parc blême leurs falbalas Indifférents au galbe effacé des statues - Le soir pâme au toucher de ces chairs dévêtues Et sur le marbre nu met l'appât du velours - Je farderai du rose alangui des vieux jours Où l'avenue à l'infini du crépuscule Jaune et mourante ainsi que du passé recule Pour vous - pour vos espoirs renaissent tous les mois, Le visage vieilli de nos jeunes émois, Méditant notre amour et cette destinée De la feuille qui meurt aux cendres condamnée. | |
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| Jean Royère. (1871-1956), Soeur de Narcisse nue (1907). |
| Une fontaine Une fontaine au gré des heures pâlissantes Où se mirent, candeur, mille clartés décentes, Evanouissement du tremble dans l'azur, Sera notre clepsydre à dater sur l'impur Ecoulement du temps les jours où nous vécûmes Comme au gouffre des flots surnage un peu d'écume. | |
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| Jean Royère. (1871-1956), Eurythmies. (1904). |
la Revue critique des idées et des livres
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Le jardin français