nocturne | ||
A travers la nuit creuse, Comme le sein d'une amoureuse Qui ne peut pas dormir; Le vent lourd frappe la falaise... Quoi ! si le chant moqueur D'une sirène est dans mon cœur - O cœur, divin malaise. Quoi, plus de larmes, ni d'avoir Personne qui vous plaigne... Tout bas, comme d'un flanc qui saigne, Il s'est mis à pleuvoir. | ||
paul-jean toulet (1867-1920). Les contrerimes (1922). |
le coucou | ||
L'aurore est rouge encore, Et le vieux paon qu'Iris décore Jette au loin son cri d'or. Les colombes de ma cousine Pleurent comme une enfant, Le dindon roue en s'esclaffant : Il court à la cuisine. | ||
paul-jean toulet (1867-1920). Les contrerimes (1922). |
le sonneur | ||
Le sonneur se suspend, s'élance, Perd pied contre le mur Et monte : on dirait un fruit mûr Que la branche balance. Une fille passe. Elle rit de tout son frais visage : L'hiver de ce noir paysage A-t-il soudain fleuri ? Je vois briller encor sa face, Quand elle prend le coin. L'Angélus et sa jupe, au loin, L'un et l'autre, s'efface. | ||
paul-jean toulet (1867-1920). Les contrerimes (1922). |