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24 avril 2010 6 24 /04 /avril /2010 10:40

Nuages sur Chypre

 

Tous les amis de Chypre auront appris avec tristesse les résultats de l’élection « présidentielle » qui s’est tenue dimanche dernier dans la partie turque de l’île. La victoire du nationaliste Dervis Eroglu pourrait en effet remettre en question le processus de réunification engagée depuis 2008 par le président chypriote grec, Demetris Christofias, et son homologue turc d’alors, Mehmet Ali Talat, qui avait suscité beaucoup d’espoir. 

En obtenant plus de 50% des suffrages dès le premier tour du scrutin, M. Eroglu remporte une victoire incontestable. Il n’a jamais caché ses réserves sur le retour à l’unité de Chypre et sa préférence pour l’instauration de deux Etats souverains distincts. Ses partisans défilaient d’ailleurs, dimanche soir, dès l’annonce des résultats, dans les rues de Famagouste, de Kyrenia et du secteur est de Nicosie, en brandissant des drapeaux turcs et des portraits de Mustapha Kemal. Si le nouveau président a cherché à rassurer la communauté internationale en déclarant qu’il poursuivrait les pourparlers avec les Chypriotes grecs, tout le monde a compris sur place qu’il n’y avait aucun engagement de résultat derrière ces propos. 

On peut regretter cette situation. On peut y voir aussi un élément de clarification. En près de vingt mois de discussion, les deux communautés ne sont pas parvenues à dégager un compromis global et chacun campe désormais sur ses positions. Le gouvernement de Nicosie joue en particulier de son appartenance à l’Union européenne pour bloquer tout commerce direct entre la partie turque de l’île et les pays de l’Union et il s’est clairement mis en travers de l’adhésion de la Turquie à l’Europe. La communauté turque ne dispose évidemment pas des mêmes armes de négociation. Son amertume devant un processus qui ne débouche pas et qui la maintient dans l’isolement économique est sans doute pour beaucoup dans le succès de M. Eroglu. 

La victoire des nationalistes turcs rééquilibre le rapport de force politique entre les deux communautés chypriotes. Elle ne ferme pas la porte au processus de réunification mais conduit sans doute à l’envisager sur de nouvelles bases. Ankara, qui n’a aucun intérêt à ce que le dossier de Chypre empoisonne à nouveau ses relations avec l’UE, devra certainement y jouer un rôle plus actif et plus positif. De même les appuis traditionnels de Chypre au sein de l’Europe, la Grèce, le Royaume uni et la France, auront à faire comprendre aux dirigeants de Nicosie qu’ils doivent lâcher du lest, notamment sur les aspects commerciaux. C’est à ce prix qu’après quelques nuages, le soleil de l’espoir pourra à nouveau briller sur l’île d’Aphrodite.  

  Philippe Longnon.

 

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