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2 novembre 2010 2 02 /11 /novembre /2010 09:47

La France qui se bat

 

L'actualité sociale d'octobre a été presque exclusivement marquée par la bataille des retraites et par la mobilisation qui s'est exprimée à cette occasion. L'opinion publique continue d'ailleurs de soutenir  très largement  le mouvement et les niveaux de popularité du gouvernement et du chef de l'Etat n'ont jamais été aussi bas. Mais le succès des  grandes manifestations parisiennes et des défilés impressionnants de Lyon, de Saint Etienne, de Marseille, de Lille, de Poitiers ou de La Rochelle ne s'explique pas seulement par l'opposition à la loi Woerth. Il  prend  également  appui sur les conflits  qui agitent un peu partout le tissu social.  Les salariés du privé, et en premier lieu ceux qui se trouvent confrontés à la fermeture de leur usine, à des plans sociaux drastiques, aux délocalisations d'activité ou au chantage à l'emploi, ont voulu dire leur inquiétude et leur détermination à se battre.  Mais aussi leur ras le bol vis à vis des agissements des groupes multinationaux qui licencient à tour de bras, tout en bénéficiant de l'indulgence, et même parfois de la complicité des pouvoirs publics. L'affaire la plus scandaleuse concerne l'équipementier américain Molex, qui refuse sans scrupule de payer les indemnités dues à ses salariés licenciés alors qu'il est sous le coup de quatre décisions de justice. Le gouvernement dispose pourtant de tous les moyens de faire rendre gorge à ce groupe de voyous internationaux, en commençant par saisir ses actifs et par bloquer ses comptes en France. Mais il préfère atermoyer, au nom sans doute de notre "image dans le monde". Alors on s'agite, on fait des moulinets - comme M. Estrosi qui enjoint PSA et Renault de prendre des mesures de rétorsion vis à vis Molex ! - et on finit par annoncer que c'est l'Etat, c'est à dire le contribuable français, qui paiera le plan social en lieu et place des yankees défaillants !  De la même façon, est-il acceptable que  l'Etat tolère l'attitude de groupes étrangers qui se livrent à de véritables chantages, en imposant des baisses de salaires contre d'illusoires promesses de maintien de l'emploi ? Est-il normal qu'il y prête la main, en désignant, comme chez Continental Automotive, un médiateur chargé d'inciter les syndicats à signer de tels accords ?  N'est-il pas scandaleux à l'inverse, alors que la justice annule régulièrement des plans sociaux - comme  elle vient encore de le faire à l'encontre du groupe autrichien Palmers, propriétaire de Lejaby - que l'Etat ne joue pas son rôle de protection du travail français, en forçant les actionnaires de ces groupes à revoir rapidement et complètement leur copie ? Que l'on ne s'étonne pas dans ces conditions de trouver les Français de plus en plus rétifs à une mondialisation qui ne fonctionne qu'au bénéfice des plus forts et à une Europe qui ne protège rien, sinon le capitalisme apatride? Et que l'on ne s'étonne pas non plus qu'ils finissent par rejeter en bloc un régime, aujourd'hui à droite, demain à gauche, qui ne les défend plus en rien. Qui a dit que la République en France, c'était le règne de l'étranger ?

H. V.


Mercredi 13 octobre
- Ambiance très tendue dans l'usine Fralib (thés Lipton et Eléphant) de Gémenos où travaille 182 salariés et dont le géant américain Unilever a annoncé la fermeture. Alors que syndicats et direction devaient discuter du plan social, une centaine de salariés ont retenu le directeur du site et le DRH. Des débrayages sont prévus dans les prochains jours.  
Vendredi 15 octobre 
- L'Etat a nommé un médiateur chez Continental Automotive pour tenter d'obtenir l'accord des syndicats majoritaires (CGT et CFDT) sur un plan de maintien de l'emploi qui impose une réduction de 8% de la masse salariale. 52% des 2500 salariés des établissements Continental de Toulouse et Boussens s'étaient prononcés en septembre dernier en faveur du plan de la direction. Les syndicats s'y opposent en faisant valoir que Continental est un groupe bénéficiaire qui ne cherche qu'à élargir ses profits et à pratiquer le management par la peur. Le dirigeant  français de Continental semble leur donner raison en prévenant "qu'un miller d'emplois seront menacés si le plan n'est pas accepté.
Mardi 19 octobre
- Le groupe américain Molex refuse de revenir sur sa décision  de ne plus financer le plan social pour les salariés de son usine de Villemur-sur-Tarn (Haute-Garonne) si la plainte déposée par  le personnel aux Prudhommes n'est pas retiré. "Nous sommes ouverts à un dialogue, dit la direction de Molex France, mais il faudrait au préalable que les 188 plaintes soient retirées".
Jeudi 21 octobre
- Le tribunal de grande instance de Lyon a annulé le plan social lancé par le fabricant de  lingerie feminine Lejaby, en estimant que la direction avait "fait preuve d'un comportement déloyal". La justice reproche au groupe autrichien Palmers, le propriétaire de Lejaby, d'avoir caché au personnel son contentieux avec l'ancien propriétaire de Lejaby, l'américain Warnaco. Le plan social prévoit 193 suppressions d'emplois et la fermeture de Lejaby.
Samedi 23 octobre
- Tout en présentant un bénéfice bien supérieur aux attentes, le groupe finlandais Nokia, principal fabricant mondial de téléphones mobiles a annoncé la suppression de 1800 postes de travail. Cette annonce a été saluée par la canaille boursière sur toutes les places du monde.
Lundi 25 octobre
- Après 45 jours de grève, suivie par 94% des salariés du service commercial, la direction d’Educatel à Rouen a été obligée de revoir les objectifs commerciaux qu’elle leur imposait et qui obligeaient les salariés à plus de 60 heures supplémentaires non payées par mois pour atteindre le Smic.
Mardi 26 octobre
- L'Etat va s'associer à une plainte contre l'équipementier américain Molex pour le forcer à payer  le plan social de son usine de Villemur-sur-Tarn (Haute Garonne) fermée de octobre 2009. Cette fermeture avait occasionnée la perte de 283 salariés.
Samedi 30 octobre
- Les syndicats de Continental Automotive France et une partie des personnels des sites de Boussens et de Foix continuent à s'opposer sur la proposition "emploi contre salaire" présentée fin septembre par la direction du groupe allemand. "Nous avons été élus dans la légitimité du droit du travail", affirme le responsable local de la CGT, "il n'est pas question de nous démettre". 
Henri Valois.
   
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