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4 avril 2009 6 04 /04 /avril /2009 12:56

Bonnes nouvelles

 

La motion de censure qui a emporté au milieu de la semaine dernière le gouvernement tchèque ne fera pleurer personne en Europe, pas même les crocodiles. Le cabinet de M. Topolanek vivotait depuis plusieurs mois; il ne disposait plus de vraie majorité et il était clair qu'il tomberait à la première escarmouche parlementaire. Ce qui a été le cas. Mais il est également tombé sur son bilan. Mauvais bilan sur le plan économique; la purge ultra libérale que le gouvernement a fait subir à toute l'économie tchèque, en pleine période de crise, a fait des ravages dans l'industrie et dans l'emploi privé. Bilan tout aussi mauvais pour la politique internationale; le gouvernement s'est exposé à l'hostilité, voire à la haine, d'une grande partie de l'opinion publique -traditionnellement patriote - en signant des accords militaires et diplomatiques assez honteux avec l'administration Bush, en particulier sur le déploiement de systèmes antimissiles tournés vers la Russie. L'arrogance et l'amateurisme de M. Topolanek et de son équipe ont par ailleurs lassé le dernier carré de leurs partisans.

La destitution du gouvernement Topolanek n'est pas qu'une bonne nouvelle pour le peuple tchèque. Elle réjouira également tout ceux qui contestent les diktats bruxellois et l'idéologie libérale absurde que certains cherchent à maintenir en Europe, malgré la crise. La République tchèque assure en effet la présidence de l'Union jusqu'à la fin du mois de juin et on pouvait craindre que les convergences de vues entre l'équipe Topolanek et celle de  M. Barosso à Bruxelles soient l'occasion de multiplier les discours et les mesures antiprotectionnistes, la rigueur budgétaire et la politique des taux d'intérêt élevé, alors que le reste du monde se débarrasse enfin de toutes ces chimères. Tel ne sera pas le cas; le désaveu de l'équipe Topolanek à Prague - même si celle-ci est appelée à assurer le suivi des affaires courantes, neutralise totalement l'action de la présidence tchèque à Bruxelles. Nous voilà rassurés au moins pour quelques mois[1]

S'ajoute à celà un autre élément d'importance. La crise politique en République tchèque risque d'être durable et de nouvelles élections législatives ne sont sans doute pas envisageables  avant octobre prochain, avec à la clé un durcissement prévisible du climat politique national. Il est donc de moins en moins probable que le Parlement tchèque trouve un consensus pour ratifier d'ici la fin de l'année le Traité de Lisbonne, alors que celui-ci fait déjà l'objet de controverses dans tout le pays. On peut d'ailleurs compter sur l'action en sous main du président de la République tchèque, l'eurosceptique Vaclas Klaus, pour que cette ratification se perde dans les sables.

Comme une bonne nouvelle n'arrive jamais seule, voilà qu'à son tour l'Irlande prend le chemin de renvoyer son gouvernement. Le cabinet européiste de M. Brian Cowen ne tient plus qu'à un fil. Il doit faire face à une situation économique "insoutenable", avec une chute du PIB de près de 7% en 2009, une explosion du chômage et des déficits publics. Les tours se vis budgétaires envisagés au nom des sacro saints critères de Maastricht ont déjà provoqué des manifestations monstres à Dublin en février et un effondrement de la popularité du gouvernement dans les sondages. On s'attend logiquement à une recrudescence du vote eurosceptique aux prochaines élections européennes de juin. Il est donc peu probable, dans ce contexte, sauf attitude suicidaire, que M. Cowen et son gouvernement se risquent dans un nouveau référendum de ratification de Lisbonne avant de nombreux mois. Voire plus.

Si l'on ajoute à ces réjouissantes perspectives que ni la Pologne, ni l'Allemagne n'ont encore complètement validé le Traité, et, qu'en ce qui concerne l'Allemagne, cette ratification est de moins en moins probable avant les élections générales prévues en septembre, on voit bien que 2009 a toute chance d'être comme 2008, une année sans Lisbonne. Certains d'entre nous avaient pronostiqué qu'il faudrait deux ans pour que les vapeurs, pour ne pas dire les miasmes, "du "mauvais traité" se dissipent définitivement. Nous y serons dans quelques mois. D'ici là patience!

Vincent Lebreton.

 


[1].Il semble qu'un début de panique se soit manifesté à Bruxelles, mercredi 25 mars, à l'annonce de la chute du gouvernement Topolanek, notamment dans les rangs de l'équipe Barosso. Chaque jour plus déstabilisée dans ses certitudes idéologiques par la crise, celle-ci fondait de grands espoirs dans la présidence tchèque pour amorcer un retour à la normalisation libérale. Peine perdue.

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