Autoportrait au visage absent Ecrits sur l'art, 1981-2007 de Jean Clair Mis en ligne : [25-02-2009] Domaine : Arts | |
Jean Clair, né en 1940, est historien de l'art, commissaire d'exposition et écrivain. Conservateur général du patrimoine, il a dirigé le musée Picasso de 1989 à 2005. Il a été reçu à l'Académie française en mai 2008. Il a récemment publié Journal atrabilaire, (Gallimard, 2006), Malaise dans les musées (Flammarion, 2007, prix du Livre Incorrect 2008), Lait noir de l'aube (Gallimard, 2007).
Jean Clair, Autoportrait au visage absent , Paris, Gallimard, Mars 2008, 463 pages.
Des écrits sur l'art : le vertige de l'éphémère opposé au vertige de la pérennité (supposée) de l'art. En fait, la permanence dans la durée de la passion des tableaux - et des sculptures -, quand elle éclate devant une oeuvre, et dont il faut tenter, en vain parfois, d'expliquer la raison. L'espoir que des réflexions dispersées dans le temps - et dans les catalogues et dans les revues - en un quart de siècle, entre 1981 et aujourd'hui, valaient de n'être pas tour à fait oubliées. L'éventail couvre un peu plus de quatre générations, de la fin du XIXe au début du XXIe siècle, de Klimt à Kiefer, dans un registre large d'écriture, qui va de la simple note de voyage, fixant des moments, des souvenirs ou des propos qui, avec le temps, sont devenus précieux, sur Ensor, Balthus ou Louise Bourgeois par exemple, à l'essai plus ambitieux, sur Bonnard ou sur Giacometti. Un territoire particulier, une continuité spirituelle de l'Europe, faite d'attirances, de magnétismes, d'échanges. La Flandre d'abord, avec Ensor et Spilliaert, puis l'Italie avec Morandi, Martini et Music, l'Angleterre avec Bacon, Freud, Hockney, Mason, la France bien sûr, avec Alechinsky, Szafran. Des oeuvres déjà historiques, du Symbolisme aux années 1960. Mais aussi des oeuvres contemporaines, ne serait-ce que pour faire mentir la légende d'une critique passéiste : le dernier texte est consacré à un Italien d'aujourd'hui, Claudio Parmiggiani. La plupart de ces textes sont de circonstance : nés d'un coup de coeur d'emballements, de découvertes jubilantes, remontant parfois à plus de vingt ans, quand on ne parlait guère encore de Spilliaert, de Freud ou de Gaston Lachaise. Il s'agissait de confirmer ici ces passions en republiant leur histoire et en marquant leur cohérence. Un territoire sentimental finalement, une certaine fidélité de l'oeil dans la multiplication des rencontres.