| La séparation des races de Charles-Ferdinand Ramuz Mis en ligne : [10-01-2011] Domaine : Lettres | ![]() |
De l'autre côté de la montagne. Avec Charles-Ferdinand Ramuz, l'oeuvre est toute affaire d'écriture. "J'étreindrai la langue et, la terrassant, lui ferai rendre gorge et jusqu'à son dernier secret, et jusqu'à ses richesses profondes, afin qu'elle me découvre son intérieur et qu'elle m'obéisse et me suive rampante, par la crainte, et parce que l'ai connue et intimement fouillée", notait l'écrivain vaudois en 1904. Ce qui frappe lorsqu'on attaque La séparation des races, c'est la présence du paysage. Des carrés d'ardoise, des forêts de sapins et des pâturages. Beaucoup de couleurs et peu de bruits, hormis celui du vent. Les bergers locaux forcent sur le muscat qu'ils boivent dans des gobelets de bois. Firmin en a peut-être trop abusé, lui qui évoque "ceux de l'autre côté de la chaîne, ceux de là-bas, ceux d'au-delà du col, du côté au nord". Car l'on "n'aime pas ce qu'on ne connaît pas", on se "méfie de ce qu'on a jamais vu". Dans son discours, il y a également cette fille "rudement belle" qui parle une autre langue. Elle est grande, avec des cheveux "comme de la paille de seigle, comme du bois de châtaignier neuf... comme de l'herbe sèche...". Une fille qu'il se sent prêt à ramener chez lui par tous les moyens. Afin de la récupérer, son fiancé Hans enverra Mathias dont c'est le métier "d'aller", avec sa barbiche, son cornet et son tricorne. "C'est un roman qui ne peut valoir quelque chose que par le ton", affirmait Ramuz à propos de La séparation des races. Le sien reste unique.