Par la Revue critique des idées et des livres
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rondeau des fontaines | ||
Verdine, Ondine et Bordine aux yeux verts. ronsard. Jonquine, Ondine, Antrine, Verdeline, Au matinet, quand sifflent rubeline, Tarin, linotte, un souffle zéphirin Apporte aux prés harmonie angéline, Jusque à tant qu’à l’orière décline L’ombre du bois ou menace le grain. Alors se tait l’échôle et le clarain : Dorment les bœufs ; c’est midi souverain, Le bain sacré de Diane Ourceline ; Près de la source où git sa javeline, On n’entend plus rubeline et tarin. Jonquine, Ondine, Antrine, Verdeline. Sous les rainceaux guigne l’œil satyrin A basse vêpre un corps alabâtrin. Le ciel s’éclaire au loin d’une chaline. Enfin la nuit a refermé l’écrin, Mais plus souef que flûte et tambourin, Je r’ois chanter le long de la colline Jonquine, Ondine, Antrine, Verdeline. | ||
andré mary (1879-1962). Poèmes inédits (Le Divan, 1941). | ||
rondeau des petits enfants prisonniers de l'hiver | ||
En ces mois noirs, errant par sentes et chalées, Nous ressentons aux mains chauboulures, onglées, Et tout autour de nos oreilles les pinçons De la brise aigre, encependant que nous paissons De faînes et calots et prunelles gelées. Ou bien, le soir, devant les flammes enroulées, Sur sellettes de bois sommes petits garçons, Frileux, encoquillés si comme limaçons, En ces mois noirs. Quand orrons-nous subler fauvettes et quinsons ? Las ! ne reverrons-nous le temps des béniçons Ou bien tant seulement le lundi des roulées, Le vert bois, la prairie aux rives glaïolées ? Enfantelets petits, c'est à quoi nous pensons En ces mois noirs. | ||
andré mary (1879-1962). Les Rondeaux (1924). | ||
rondeau des bedons | ||
Toujours assis, les pieds sous le bâton De chaise, au cou la touaille de coton, Ne leur chaut prou Montfaucon ni Vatable : Leur ventrelot s'arrondit sous la table Dont le rebord caresse leur menton. Or de pinter, or d'engouler, glouton, Râble de lièvre, éclanche de mouton, Puis vont ronflant comme porcs en l'étable, Toujours assis. A l'heure dite ils iront chez Pluton De l'eau du Styx attremper leur picton, Ensevelis en nappe délitable, Car ils ont fait testament véritable, Pour être mis au tombeau, ce dit-on, Toujours assis. | ||
andré mary (1879-1962). Poèmes inédits (La Muse française, 1938). | ||
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