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12 décembre 2009 6 12 /12 /décembre /2009 11:40

Mutations et rapport de force

Le 49ème congrès de la CGT, qui s’est déroulé à Nantes du 7 au 11 décembre, n’a pas donné lieu aux affrontements que l’on annonçait. Il s’est achevé vendredi comme il avait commencé, dans le calme et une certaine sérénité. Si l’on met de côté la petite agitation qui n’a pas permis à François Chérèque de venir s’exprimer jeudi, comme c’était prévu, et si l’on excepte les échanges un peu vifs qui ont eu lieu mercredi sur la réforme des retraites, M. Thibault a parfaitement maîtrisé son affaire. L’opposition, ou pour mieux dire les oppositions, tant elles se sont exprimées de façon diverse, n’ont jamais été en situation d’inquiéter l’équipe sortante. Celle-ci a été confortablement réélue avec près de 80% des votes et Bernard Thibault entame désormais son quatrième mandat. Le véritable enjeu de ce congrès n’était d’ailleurs pas dans les urnes. Il s’agissait surtout de donner à la CGT une ligne d’action à la fois combative, claire et réaliste. C’est sur cet objectif que le secrétaire général s’est beaucoup dépensé pendant toute une semaine et le document d’orientation qui sort du congrès lui donne assez largement satisfaction.

Le premier enjeu pour la CGT, c’est de construire un nouveau rapport de force avec le gouvernement et les milieux patronaux. Le précédent congrès, qui s’était tenu à Lille au printemps 2006, avait salué un certain renouveau de l’action syndicale, fortement portée par la victoire sur le CPE. Mais la crise est passée par là, elle a cassé cette dynamique et orienté le mouvement  vers des actions beaucoup plus défensives. On a également pu constater dans les conflits les plus durs – Continental, Molex, New Fabris – de fortes divergences entre la base, les unions locales et la direction de la CGT, face à des employeurs souvent déterminés, voire d’une franche brutalité. Pour Bernard Thibault, il faut tirer les enseignements de ces expériences. Aucune action durable ne peut se construire sur le repli local, le recul social ou, à l’autre extrémité, la violence et la stratégie de l’affrontement délibéré. La réponse ne peut être que collective et responsable, elle passe par la défense de l’emploi partout, l’offensive sociale et la reconquête syndicale.

La CGT aborde cette stratégie combative avec quelques atouts. Elle a su, en particulier grâce au précédent conflit sur les retraites de 2005, faire oublier son image de syndicat sectaire et politisé et les sondages montrent qu'elle jouit désormais d’une bonne côte auprès d’une majorité de salariés. Ce n’est d’ailleurs pas un hasard si elle a conforté sa place de première centrale syndicale aux élections prud'homales de 2008, loin devant les réformistes de la CFDT ou de FO. Et si elle apparaît depuis le début de la crise comme la principale force d’opposition au gouvernement, au prix d'un engagement sans faille dans l’unité d’action. Sur tous ces sujets, M. Thibault et son organisation ont manifestement gagné des points. Même si ces gains sont encore fragiles.

On peut également créditer la direction cégétiste de lucidité et de pragmatisme. Elle est  consciente que l’évolution du rapport de force social passe inévitablement par un syndicalisme de masse, sur le modèle du Royaume Uni, de l’Allemagne ou des Pays scandinaves. Elle n’hésite d’ailleurs pas à reconnaître que l’objectif qu'elle s'était donné il y a six ans de retrouver le cap du million d’adhérents est un échec, faute sans doute d’avoir fait évoluer la base du recrutement. M. Thibault plaide avec une certaine constance  pour une présence beaucoup plus forte de la CGT dans le secteur privé et auprès des jeunes qui entrent sur le marché du travail. Il pointe également les réformes de structure qui restent à faire pour mieux toucher les salariés isolés, les précaires, les effectifs des PME et des petites entreprises. On sent bien toutes les difficultés qu’il y a à conduire ces changements dans une organisation où les pesanteurs « staliniennes » (reproduites aujourd’hui par les groupes trotskystes) persistent et où le poids des retraités et du secteur public restent déterminants. Mais on voit bien, dans le même temps, que la CGT n'a pas le choix et qu'elle a besoin de ces mutations pour se trouver en phase avec la réalité sociale française.

Une question importante est un peu restée en marge des débats du congrès, celle de l'unité syndicale. C'est un sujet sur lequel la CGT a décidé de manoeuvrer avec prudence. Elle a su en être l’artisan dès les prémices de la crise actuelle en prenant la responsabilité de réunir autour d’elle les sept autres organisations représentatives et d’organiser, sur une base unitaire, plusieurs journées d’action sur le thème de la défense de l’emploi. M. Thibault mesure bien les avantages de cette attitude responsable, payante en termes d’image et d’ailleurs bien perçue par l’opinion.

Mais il en connaît aussi toutes les difficultés. La constitution d’un « pôle réformiste » associant la CFDT, l’UNSA et FO est en marche, un certain vent gouvernemental et patronal souffle dans ses voiles et la centrale de Montreuil est pour le moment en dehors de ce mouvement. La direction de la CGT perdrait beaucoup de sa crédibilité interne si elle tentait de négocier son entrée dans ce club en position de demandeur. Toute son action consistera au contraire à placer ses partenaires sur son propre terrain de lutte et à apparaître à nouveau comme le fédérateur de l’action commune. C’est fort à propos que M. Thibault a mis l’accent sur le futur conflit des retraites dans ses différentes interventions de Nantes. Il sait que le sujet est explosif pour un très grand nombre de salariés, surtout si le seuil légal de départ à la retraite à 60 ans devait être mis en débat. Il sent que le gouvernement, poussé par les plus dangereuses sirènes patronales, pourrait décider d’en découdre, une fois les régionales passées. Voilà bien un terrain où la CGT n'aura pas de mal à mobiliser sur ses positions les autres forces du paysage syndical.

L’autre terrain de convergence avec les organisations réformistes est celui de la « sécurité sociale professionnelle », c'est-à-dire de la sécurisation des parcours des salariés tout au long de leur vie au travail. On est frappé, à la lecture des résolutions du congrès de Nantes, de voir à quel point ce sujet - dont l'inspiration est plus chrétienne que marxiste- est maintenant au cœur des revendications de la CGT. On ne peut que s’en féliciter et espérer qu'une telle  proposition trouvera un jour sa place dans les programmes  de ceux qui préparent l'alternance au sarkozysme.

Henri Valois.


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8 décembre 2009 2 08 /12 /décembre /2009 18:47

La France en lutte

 

Mardi 24 novembre
- Le chantier naval STX de Saint Nazaire (ex-chantiers de l'Atlantique), sous contrôle sud-coréen, annonce un plan de départs "volontaires" de 351 emplois sur 2410 salariés, qui s'ajoute aux mesures de chômage partiel déjà en vigueur.

Mercredi 25 novembre
- L'usine Continental de Clairoix (Oise), établissement du groupe allemand Continental, fermera définitivement ses portes début 2010. Les salariés licenciés ont obtenu des primes de départ de 50000€ pour tous.
- Le travail a repris à l'usine Atmel de Rousset, près d'Aix en Provence, après un accord trouvé avec les syndicats sur l'association des salariés à la reprise du site. L'établissement, qui appartient au groupe américain Atmel, emploie environ 1200 salariés

Jeudi 26 novembre
- Cinq syndicats lancent un mot d'ordre de grève à la Société générale, contre les bonus et les stock-options et pour une revalorisation des salaires. La banque a versé plus de 430 M€ de bonus à ses cadres dirigeants en 2008 et 2009.

Vendredi 27 novembre
- Le groupe américain Celanese a confirmé la fermeture définitive, à compter de fin novembre, de son usine d'acide acétique de Pardies (Pyrénées-Atlantiques) et la disparition de 350 postes de travail sur le bassin de Lacq

Lundi 30 novembre
- Le papetier canadien Tembec a annoncé la vente de ses deux usines de pâte à papier kraft de Saint Gaudens (270 emplois) en Haute Garonne et de Tarascon (250 salariés) dans les Bouches du Rhône.

Mardi 1er décembre
- L'équipementier automobile Loire Etude va supprimer la moitié des emplois de son site de Saint-Chamond (Loire, 50 salariés).
- Le tribunal de commerce de Paris a accordé une période d'observation de 4 mois au groupe Fermoba Industries, dernière filiale du groupe sidérurgique belge Arbel, pour redresser son activité. Environ 150 emplois sont concernés sur le site du Petit-Réderching (Moselle).
- Un mouvement de grève a débuté sur le site Continental de Sarreguemines (Moselle), pour protester contre un projet de restructuration de l'ensemble des activités.
- Le tribunal de commerce de Castres (Tarn) a prononcé la liquidation judiciaire de l'entreprise textile Dynamic, provoquant le licenciement des 98 salariés.

Samedi 5 décembre
- L'équipementier automobile japonais JTEKT a annoncé la fermeture de son usine de production de Dijon. Selon la direction, le nombre d'emplois supprimés devrait être limité à 94 (sur 360 concernés ).

Mardi 8 décembre
- Un mouvement de grève a débuté sur le site de Roncq (Nord) de  l'enseigne de prêt à porter Pimkie, où près de 200 emplois sont menacés.

Henri Valois.

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3 novembre 2009 2 03 /11 /novembre /2009 18:47

La France en lutte

 

Mardi 20 octobre
- Le groupe allemand ThyssenKrupp a annoncé son intention de fermer d'ici mi 2010 son usine française de vilebrequins située à l'Horne (Loire). Cette fermeture devrait se traduire par le licenciement des 373 derniers salariés du site, l'activité étant transférée dans les unités allemandes, brésiliennes et américaines du groupe.
- Le climat social s'est tendu au chantier naval de Saint-Nazaire au sujet du nouvel accord de chômage partiel. La CFDT a rejoint la CGT dans le rejet de cet accord destiné à accompagner la restructuration de l'activité paquebots du chantier, en perte d'activités. Les anciens Chantiers de l'Atlantique sont passés à l'automne dernier dans le giron du groupe sud coréen STX Shipbuilding.  

Jeudi 22  octobre
- Le groupe Legris SA (fabrication de raccords souples pour l'industrie), propriété du nord- américain Parker Hannifin, vient d'annoncer un plan de départs volontaires portant sur 45 postes. Legris, dont les usines sont en Bretagne, a supprimé plus de 100 emplois depuis sa reprise, il y a un an,  par un groupe étranger. 

Vendredi 23  octobre
- Un salarié de PSA s'est donné la mort sur son lieu de travail, le site Peugeot Sport de Vélizy-Meudon (Yvelines).

Mardi 27 octobre
- Le groupe d'électronique de défense Thalès a annoncé le suicide d'une de ces salariée du site de Châteaubourg (Ille-et-Vilaine). Selon les syndicats, ce suicide serait lié aux mauvaises conditions de travail qui règnent dans cette unité de production. Le personnel s'est mis en grève illimité.

Jeudi 29 octobre
- Le groupe d'achat par correspondance Les Trois Suisses a annoncé un nouveau plan de départs volontaires concernant 110 à 115 salariés. Le groupe avait déjà décidé de supprimer 674 postes, soit 20% de ses effectifs, en février dernier.

Samedi 31 octobre
- Les employés de Chaffoteaux et Maury ont extrait de leur usine de Ploufragan (Côtes d'Armor) un millier de chauffe-eau pour négocier de meilleures conditions de départ dans le cadre du plan social qui touche 207 salariés du site.
- La justice suspend le plan social chez Sofinco. 200 salariés de l'établissement de crédit au particulier sont concernés par ce plan de départs volontaires. 

Lundi 2 novembre
- Le groupe de conseil en technologies Altran a confirmé avoir lancé un nouveau plan de départs volontaires, après l'annulation du précédent plan. 500 postes devraient être supprimés.

Mercredi 4 novembre
- Essex France (production de fils émaillés en cuivre), filiale du groupe américain Essex, envisage de fermer son usine de Mâcon qui emploie 86 salariés. 

Henri Valois.

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22 octobre 2009 4 22 /10 /octobre /2009 17:47

La France en lutte

 

Mercredi 14 octobre
- Rio Tinto Alcan, branche aluminium du géant minier anglo-australien Rio Tinto, a annoncé la suppression de 350 postes sur 2500 dans les sept sites qu'exploitent l'entreprise en France. La maison-mère, qui fait des bénéfices, a annoncé parallèlement qu'elle doublait sa participation  financière au capital du canadien Invanhoe Mines. Pas d'argent pour l'emploi, tout pour les profits!

Jeudi 15 octobre
- Le tribunal de commerce de Bourges a prononcé la liquidation judiciaire de la fonderie Two Cast Berry, qui emploie 79 salariés à Saint-Satur (Cher). L'entreprise, qui appartient au groupe chinois Two Cast, avait été placée en redressement judiciaire en juin dernier, après une série de difficultés techniques liées à un manque d'investissement. La fermeture du site est prévue pour fin octobre.
- Un salarié de France Télecom a mis fin à ses jours, portant le nombre de suicides dans l'entreprise à 25 depuis le mois de février 2008. Cet ingénieur de 48 ans travaillait au centre de recherche et de développement de Lannion (Côtes-d'Armor) et était en arrêt de travail depuis un mois.

Vendredi 16 octobre
- 50000 agriculteurs ont défilé dans vingt-trois villes françaises, à l'appel de la FNSEA, pour défendre la filière "lait" et obtenir des mesures d'accompagnement du Gouvernement et de l'Union européenne. Une réunion des ministres européens de l'agriculture aura lieu lundi mais  débouchera  sur des mesures décevantes du fait de l'attitude négative de Mme Fischer Boel,  commissaire européen chargé du secteur.

Lundi 19 octobre
- Les salariés de Servisair, société prestataire de services pour les aéroports, ont reconduit leur grève décidé d'engager des actions pour perturber l'activité sur l'aéroport d'Orly. Le contrat entre Aéroports de Paris er Servisair n'ayant pas été reconduit et s'achevant fin octobre, les salariés se battent pour que le futur repreneur s'engage à conserver l'intégralité de l'effectif et les salaires.

Mardi 20 octobre
- Plus de 15000 employés de Pôle Emploi, le nouveau service public né de la fusion de l'ANPE et des Assedic, ont débrayés pour protester contre les conditions "catastrophiques" dans lesquelles était opéré ce rapprochement et les conséquences sur l'accueil des chômeurs.
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Trois syndicats de cheminots - CGT, Fgaac-CFDT et Sud Rail - ont appelé à une grève non reconductible pour protester contre la réforme du fret et ses conséquences en termes d'emplois. A la suite de l'annonce fin septembre d'un "plan de développement du fret" par la SNCF, les syndicats redoutent 6.000 "suppressions d'emplois" dans cette branche et la filialisation de certaines activités.
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  Dans le secteur de la santé, une intersyndicale CGT, CFDT, CFTC, FO, FSU, Sud Santé et Unsa des infirmiers appelle à une nouvelle journée d'actions contre la mise en place d'un Ordre infirmier.
L'entreprise SPIR Communication, filiale du groupe SIPA-Ouest France, va procéder à d'importantes restructurations, qui pourraient se traduire par la suppression de 170 postes.

Mercredi 21 octobre
- L'équipementier suédois Autoliv projette de fermer d'ici la fin de l'année son usine de Caudebec-lès-Elbeuf (près de Rouen), qui emploie 141 salariés. Selon la CGT, Autoliv a laissé mourir ce site, en privilégiant ses unités de Roumanie et de Turquie qui réalisent le même type de composants.

Jeudi 22 octobre
- Plusieurs fédérations CGT (métallurgie, plasturgie, verre, etc.), ainsi que la CGT retraités et Sud appellent à une mobilisation pour "le développement et l’emploi industriels " alors que les suppressions d’emplois se sont amplifiées dans ces secteurs depuis le début de la crise. Une manifestation nationale est prévue à Paris. Les Etats généraux de l’Industrie ont été lancés jeudi dernier par le ministre Christian Estrosi et une «  grande convention nationale » doit les clore en février. Selon les syndicats, il ne devrait rien sortir de cette démarche.

Henri Valois.

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13 octobre 2009 2 13 /10 /octobre /2009 17:47

La France qui bouge

 

Mardi 6 octobre
- Les salariés de l'usine Rohm and Hass, établissement du groupe chimique américain Dow Chemical, ont libéré leur directeur. L'usine, située à Semoy (Loiret), doit fermer à la fin de l'année 2010. 98 emplois seront supprimés.

Mercredi 7 octobre
- Quelques dizaines de milliers de salariés ont participé aux manifestations organisées par l'intersyndicale CGT-CFDT-CFTC-CGC-UNSA-Solidaires-FSU, dans le cadre de la mobilisation internationale en faveur du "travail décent". Les salariés de France Télécom étaient fortement représentés dans ces cortèges.

Jeudi 8 octobre
- Chaffoteaux prépare la fermeture de son usine de Ploufragan (Côtes d'Armor). Un plan social portant sur plus de 200 salariés est engagée. L'actionnaire principal de Chaffoteaux, le groupe italien Ariston, a mis en vente le site qui employait encore 400 salariés en 2007 et plus de 800 en 2001.
- Les salariés du fabricant de chaussures JB Martin basé à Fougères (Ille et Vilaine) ont bloqué leur usine pour protester contre un plan social qui prévoit la suppression de 70 postes sur 136. La CFDT proteste contre l'attitude du groupe qui licencie alors qu'il est bénéficiaire.
- Un ingénieur du Technocentre  Renault de Guyancourt (Yvelines) s'est suicidé à son domicile, a indiqué la direction du personnel du groupe. Fin 2006, ce centre d'ingénierie avait déjà connu le suicide de trois salariés.
 
Vendredi 9 octobre
- Le groupe hollandais Philips confirme la fermeture de son usine de téléviseurs de Dreux (Eure et Loir). L'usine, qui produit des écrans LCD, emploie 218 salariés, après deux plans sociaux en 2003 et 2008, qui ont réduit l'effectif de plus de 600 emplois. La production sera transférée sur le site de Szekesfehervar en Hongrie. Cette fermeture intervient après celle, en 2006,  de l'usine de tubes cathodiques de Philips à dreux qui employait 550 salariés.
- Les salariés de la société Dietal, spécialisée dans l'éclairage industriel, ont retenu contre son gré le DRH de l'entreprise en signe de protestation contre la liquidation judiciaire prononcée par le tribunal de commerce à l'encontre de leur entreprise. L'usine Dietal, installée à Belleville (Rhône) emploie 86 salariés.

Samedi 10 octobre
-  Quatre mille victimes de l’amiante ont défilé samedi, à Paris, pour dénoncer le scandale de l’amiante et réclamer un procès pénal des responsables : industriels, employeurs, hauts fonctionnaires.  Fait nouveau cette année, une vingtaine de membres de l’Union syndicale des magistrats (USM) et de l’Association française des magistrats instructeurs (AFMI) étaient présents. Victimes de l’amiante et magistrats ont en effet décidé d’unir leurs forces pour s’opposer au projet du gouvernement (formalisé dans le rapport Léger) de supprimer le juge d’instruction et de confier les enquêtes aux procureurs, liés au pouvoir politique.

Lundi 12 octobre
- L'assemblée générale du personnel de l'usine Freescale à Toulouse a voté la suspension du mouvement de grève initié il y a cinq semaines. Son objectif était de protester contre la suppression de 800 postes d'ici fin 2011, sur un effectif de 1600 emplois.  Après un conflit très dure, qui s'est traduit par des actions spectaculaires, la direction du groupe américain s'est engagée à reprendre les négociations et à rechercher un emploi en CDI pour chaque salarié.
- Manifestation des salariés de Hewlett-Packard à Sophia Antipolis, pour protester contre la suppression de 134 postes de travail sur le site azuréen du groupe américain.

Mardi 13 octobre
- Ce sont 135 postes sur 3500 qui vont être supprimés chez Dekra Industrial France, société d'inspection et de certification, filiale du groupe allemand Dekra.Les quatre syndicats représentés au sein de la société française ont lancé un mouvement de grève général. Selon un représentant de Dekra, "chaque salarié sera accompagné".

Henri Valois.

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21 juillet 2009 2 21 /07 /juillet /2009 22:40
Carling

Une semaine après  l'explosion qui a causé la mort de deux jeunes ouvriers -  âgés de 22 et 29 ans -  et blessé six autres personnes, sur le site pétrochimique de Total à Carling,  l'heure est à la colère en Lorraine. Syndicats, partis politiques et  associations de protection de l'environnement dénoncent la "négligence" de l'entreprise, sa politique de sécurité incertaine et le manque de moyens consacrés à la modernisation et à la mise en sureté de ses installations.

Comme le rappellaient plusieurs journaux (Le Monde, l'Humanité, notamment), les incidents sur le sites pétroliers de Total ne sont pas rares. Carling est bien connu des associations écologistes et des dégagements de produits toxiques ont été constatés à plusieurs reprises depuis cinq ans : 6 tonnes de styrène en juin 2005, 4 tonnes de benzène en janvier 2007, des rejets d'hydrocarbures en février 2007 et novembre 2008... Le 1er septembre, prochain, Total sera d'ailleurs  convoqué pour infraction à la législation sur les installations classées sur cette plate-forme. La CGT dénonce de son côté "l'allongement de la liste des morts" : deux autres personnes sont décédées sur les sites chimiques de Total depuis le début de l'année.

On stigmatise aussi le "laxisme" et le peu de moyens dégagés par les pouvoirs publics pour contrôler de façon sérieuse de telles installations. Même si le temps n'est plus où le service des Mines était soupconné de collusion avec les grandes entreprises minières, sidérurgiques et chimiques de la région, le personnel affecté aux contrôle des installations classées est notoirement insuffisant : 1200 personnes sur toute la France pour surveiller 51000 installations à risque. La Lorraine n'échappe évidemment  pas à cette pénurie.

L'accident de Carling est-il de nature à faire réfléchir la multinationale pétrolière et son dirigeant, le pontifiant M. de Margerie ?  Chez Total, on se rassure à bon compte en rappellant que 20 M€ ont été investis dans les deux vapocraqueurs de Carling depuis 2002. Notoirement insuffisants, disent les syndicats qui parlent "d'équipements vétustes et de campagnes de maintenance insuffisantes". Même son de cloche du côté des écologistes qui dénoncent : "Un matériel ancien, une absence de volonté d'investir dans la sécurité, et l'importance du facteur humain. Un jeune homme peu expérimenté a été envoyé pour rallumer le surchauffeur". Tout celà dans un contexte  social particulièrement tendu :  le site fait l'objet depuis mars dernier d'un plan de réduction d'effectifs qui porte sur une centaine de postes et cet accident n'est évidemment pas de nature à rassurer sur leur avenir les 850 salariés de Carling.

Pendant ce temps-là, le pétrolier continue à engranger les bénéfices et à choyer ses actionnaires. En 2008, le groupe annonçait des résultats inégalés (près de 14 milliards d'euros, en croissance de près de 14% par rapport à 2007) et versait plus de 5 milliards d'euros de dividendes. Il consacrait dans le même temps moins de 300 M€ à la modernisation de  ses activités chimiques françaises et de l'ordre d'une vingtaine de millions d'euros sur Carling. Total, qui fut jadis un des fleurons de notre industrie, est-il définitivement passé du côté de l'économie de casino ? Ses ingénieurs, ses cadres, ses techniciens et ses ouvriers, et au premier chef ceux de Carling, sont en droit, ce soir, de se le demander.

Henri Valois.

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4 mai 2009 1 04 /05 /mai /2009 17:47

L'aveuglement

 

Qu'on le veuille ou non, le 1er Mai unitaire aura été une parfaite réussite. Plus d'un million de manifestants ont défilé dans toute la France, soit six fois plus que l'an dernier. Après le succès des deux journées d'action des 29 janvier et 19 mars derniers, il est incontestable que le mouvement de protestation sociale prend chaque jour un peu plus d'ampleur. On n'avait pas vu de tels rassemblements depuis les évènements de 68.

La protestation s'est cristallisée comme il se doit autour des conflits sociaux les plus durs, ceux qui concernent les filiales de plusieurs grands groupes étrangers. A Paris, à Toulouse, à Marseille, à Grenoble, à Metz ou ailleurs, ce sont les travailleurs de Continental, de Molex, de Caterpillar, de Freescale ou d'Arcelor Mittal qui tenaient le haut du pavé, exprimant l'amertume et la colère de milliers de salariés menacés par les fermetures de sites, les réductions d'effectifs sauvages, les délocalisations.

Tous les observateurs ont également relevé la parfaite maîtrise de ces défilés. Aucun incident à signaler, ni à Marseille, ni à Toulouse où le climat social est pourtant très lourd, ni en fin de cortège à Paris. Les manifestants n'ont cédé à aucune provocation, malgré la présence démesurée des forces de l'ordre, et ont refusé toute récupération politique. L'extrême gauche trotskiste, que le pouvoir accuse chaque jour de manipuler le mouvement social, a été reléguée en queue de cortège. Quant aux troupes socialistes, sagement rassemblées rue Soufflot en retrait du cortège principal, elles ont été copieusement huées par la foule parisienne.

Devant tant de sang froid et de détermination, on guettait la réaction du gouvernement, on attendait des paroles de compréhension, une volonté de dialogue. C'était trop attendre. Le pouvoir a cherché au contraire toute la soirée à minimiser l'évènement. Le petit Chatel, sous ministre à l'industrie, qui s'est récemment illustré par son incompétence crasse dans l'affaire Heuliez, fanfaronnait en parlant d'une mobilisation "un petit peu supérieure à la moyenne des 1er Mai précédents".  Hortefeux jetait, selon son habitude, de l'huile sur le brasier en annonçant la réouverture du dossier du travail du dimanche !  Rue de Grenelle comme à l'Hotel Matignon, on assurait que le gouvernement ne changerait pas de stratégie, qu'il ne bougerait pas d'un iota et qu'il n'y avait plus de grain à moudre. Il est vrai que l'on a déjà tout donné aux banquiers faillis, aux patrons en déconfiture, aux gros porteurs en mal de se refaire.

Le pouvoir a grand tort de prendre les choses sur ce ton. En évaluant mal l'état moral du pays, en traitant de haut les centrales syndicales avec lesquelles il aurait tout intérêt à composer, il prend de gros risques. Pour le moment, l'obsession des états-majors syndicaux, c'est l'unité d'action pour négocier en force. Que cette stratégie s'avère inopérante, faute d'interlocuteurs gouvernementaux, et l'on verra se développer à grande échelle des actions plus radicales. Ce n'est pas un hasard si ce weekend amenait, avec les défilés, des sondages franchement mauvais pour le chef de l'Etat, un bilan jugé mauvais par 63% des Français et une désaffection de plus en plus massive de la classe moyenne. Qui sème le vent....

Henri Valois.

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24 avril 2009 5 24 /04 /avril /2009 09:09
Colères françaises

 

Quelle que soit l'issue de la crise qui frappe aujourd'hui la France, une chose est sûre: les rapports sociaux n'y seront plus les mêmes qu'avant. L'indifférence, pour ne pas dire l'arrogance et le mépris, avec laquelle le pouvoir politique, les milieux patronaux et l'ensemble de la classe dirigeante traitent les milliers de salariés victimes de conflits sociaux laissera des traces profondes et durables dans l'ensemble du pays.

Les Français ont pourtant accueilli cette crise avec beaucoup de sens des responsabilités. Ils ont accepté sans broncher que le gouvernement déverse des flots d'argent public pour sauver la peau d'oligarchies financières ou patronales plus que douteuses. Ils n'ont pas surréagi lorsqu'on a découvert que certaines de ces castes continuaient, sans aucun remord, à percevoir des revenus mirobolants, que certains de leurs membres, parmi les plus coupables, bénéficiaient de protections scandaleuses, du fait de leur appartenance à la haute fonction publique. Les Français ont accepté ces choix, ils ont toléré ces errements parce qu'on leur a dit que le salut de leurs entreprises et de leur emploi était à la clé et que la nation devait se serrer les coudes.

Or, voilà que la crise industrielle, qui couvait depuis plusieurs mois, produit ses premiers ravages. Et que l'on découvre, effaré, que rien n'a été préparé, qu'aucune mesure n'a été anticipée, qu'aucun budget digne de ce nom n'a été dégagé pour faire face aux vagues de fermetures, de restructurations, de délocalisations qui touchent aujourd'hui près de 300 bassins industriels. Bien au contraire, le gouvernement refuse d'intervenir dans les plans sociaux, les actions en justice présentées par les syndicats sont rejetées, les droits des salariés systématiquement bafoués. Tout au plus, quelques préfets courageux, quelques directeurs du travail, laissés la plupart du temps sans instruction et sans moyens, essaient désespérément,ici ou là,de faire valoir l'Etat de droit.

Le seul souci du gouvernement, c'est visiblement de contenir les violences ouvrières qui accompagnent un peu partout les plans sociaux. Force doit rester à la loi, nous dit avec ses coups de mentons habituels le chef de l'Etat. Il faut être extrémement ferme, serine derrière lui le Premier ministre. Fermeté et respect des lois que l'un et l'autre se gardent bien d'appliquer aux voyoux patronaux qui partent avec la caisse, comme mardi dernier dans l'Orne, démontent les machines et expédient les stocks en lieu sûr, comme on l'a vu il y a quelques semaines dans les Ardennes, ou qui refusent purement et simplement de payer les salaire dus. Et, bien entendu, pour faire passer la sauce dans l'opinion, on pratique l'amalgame en mettant sur le même plan les casseurs de Strasbourg et les salariés licenciés en colère. Décidément, ce pouvoir prend chaque jour davantage le visage de ce que fut le pire du gaullisme, policier, prébendier et barbouzard.

Mais malheureusement pour Sarkozy et son équipe, l'opinion publique ne suit plus. Comme le confirment les sondages, les Français sont de plus en plus nombreux - près de 63% selon une récente enquête IFOP - à comprendre les séquestrations de dirigeants, 45% trouvant même ce mode d'action acceptable. La sympathie qui s'exprime traditionnellement vis-à-vis des grèves et des manifestations semble désormais s'étendre aux modes d'actions plus expéditifs. Les révélations sur les salaires, primes et parachutes dorés de certains dirigeants, les licenciements "de confort" opérés par des groupes largement rentables, la facilité avec laquelle le pouvoir manie l'argent public pour les uns, la matraque pour les autres, tout cela a fini par produire  un sentiment de trop plein, de scandale et d'indignation qui se répand très vite dans l'opinion.

Après les actions violentes qui ont eu lieu chez Sony dans les Landes, chez Scapa à Bellegarde, chez 3M à Pithiviers, chez Molex à Villemur-sur-Tarn et chez Caterpillar à Grenoble,  des troubles ont à nouveau éclaté mardi dernier à Clairoix, dans l'Oise, où plusieurs centaines de salariés de Continental sont visés par des licenciements secs. Pour la première fois, les manifestants s'en sont pris aux symboles de l'Etat, la sous préfecture de Compiègne ayant été entièrement saccagée. Le climat social est également très lourd à Toulouse, où l'équipementier électronique Freescale a annoncé mercredi plus de 800 suppressions de postes.

Cette situation, de plus en plus insaisissable, appelle plusieurs remarques.

La première est d'ordre économique. Si l'on examine la longue liste d'entreprises dans lesquelles les conflits sociaux sont en train de dégénérer, toutes ou presque toutes sont des filiales de multinationales étrangères - pour une grande part anglosaxonnes[1]. La rapacité des actionnaires et des dirigeants de ces groupes, leur sentiment d'impunité,leur mépris du dialogue social et plus généralement de nos règles, attisent la colère des salariés et provoquent des réflexes "nationalistes" parfaitement légitimes. C'est une des raisons, sinon consciente du moins objective, qui leur vaut aujourd'hui le soutien d'un nombre grandissant de Français. Cette dimension ne nous laisse évidemment pas insensible.

Notre deuxième remarque est d'ordre social. Dans les conflits en cours, on  constate, comme par le passé, que les directions politiques et syndicales sont rapidement hors jeu et que la "base" impose ses volontés aux appareils locaux des syndicats. Cette situation peut-elle perdurer et s'élargir, au risque de déboucher sur des mouvements incontrôlables ? A coup sûr si les directions syndicales persistent dans leurs stratégies de cogestion et de dialogue avec le pouvoir. Non, si ces mêmes directions, et en premier lieu la CGT, prennent conscience de l'ampleur du mouvement, des opportunités de changement qu'il rend possible et de la nécessité de passer de logiques défensives à des stratégies offensives. Il n'est pas impossible que le 1er mai soit l'occasion pour les états-majors syndicaux d'opérer ce changement de pied, surtout si l'idée d'une grève générale reconductible devait prendre forme. 

Enfin, dernière remarque, de nature plus politique: le pouvoir voit disparaître une grande partie de ses soutiens. Les "classes méritantes" dont il espérait s'attirer les bonnes grâces (petits patrons, cadres et techniciens de l'industrie, ouvriers qualifiés, commerçants et artisans...), sont sortis écoeurés des affaires de "parachutes dorés", de surrémunérations des  banquiers et elles se sentent tout aussi exposées que les autres aux effets de la crise. Basculeront-elles pour autant dans une opposition ouverte ? Ce sera un des points à observer de près dans les prochaines semaines.

Henri Valois.

 


[1]. Sony (groupe japonais), 3 M (USA),  Scapa (Royaume Uni), Caterpillar (USA), Mollex (USA), Continental (Allemagne), Freescale (USA)...

 

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N°1 - 2009/01
 
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