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22 janvier 2012 7 22 /01 /janvier /2012 23:54
La France qui se bat
 
L'année 2011 s'est mieux terminée qu'elle n'avait commencé. En tous cas sur le terrain social où les salariés mobilisés ont remporté plusieurs belles victoires face aux patrons voyous, aux groupes multinationaux sans foi ni loi et aux prédateurs de la finance internationale. A Berre, c'est le groupe américain LyondellBasell qui doit renoncer à fermer une unité de raffinage et à supprimer 370 emplois, sous la menace d'une paralysie totale de l'ensemble de son site pétrochimique. A Ingrandes (Vienne), ce sont les travailleurs de la Fonderie du Poitou Alu qui rendent coup pour coup à leur employeur Montupet, obtiennent, à l'issue d'un conflit très dur, le retrait d'un plan de baisse des salaires et la recherche d'une solution industrielle viable pour leur activité. Dans plusieurs cas - et cela mérite d'être souligné - la justice, saisie par les syndicats, donne raison aux travailleurs, refuse la fermeture d'un site, annule un plan social et impose aux patrons de réparer les conséquences de leurs décisions : c'est le cas des salariés de Fralib qui ont fait condamner leur ex-employeur, la multinationale Unilever, à payer sous astreinte les salaires et les primes qui leur sont dus; c'est aussi le cas en Eure et Loir où la fermeture du site d'Ethicon et le licenciement de ses 363 employés ont été annulés, au grand dam de l'actionnaire américain. On attend maintenant avec impatience la fin du procès engagé devant les prud'hommes par les 500 ex salariés de Continental contre leur ancien employeur allemand pour licenciement abusif, car il pourrait créer un précédent de grande ampleur. 
Ces victoires en appelleront d'autres. Les salariés, conscients que le vent tourne et que l'image du patronat est sérieusement écornée aux yeux des Français, passent chaque fois qu'ils le peuvent à l'action. La paralysie de la production, le blocage du site et la mise sous pression des directions locales sont les meilleures armes pour obtenir l'ouverture de négociations rapides. Elles permettent de mobiliser les élus, de sensibiliser l'opinion et d'alerter les médias, moyen d'action particulièrement efficace lorsque les actionnaires sont des groupes cotés en bourse ou des fonds de pension qui fuient généralement la mauvaise publicité. C'est la voie que les travailleurs d'Honeywell et du papetier M-Real ont choisi d'emprunter face à des actionnaires américains et finlandais particulièrement obtus, voie qui s'est révélée payante puisque les discussions viennent de s'engager dans ces deux conflits sur des bases sérieuses. On regrettera une nouvelle fois le manque de réactivité du gouvernement et de ses représentants locaux dans ces fermetures de site. Dans la plupart des cas, une pression ferme, faite à haut niveau, sur les directions françaises et étrangères pourrait permettre d'éviter la casse industrielle, ou, à tout le moins, d'en réduire les conséquences sociales. Or, dans la plupart des cas, l'Etat intervient tard, il intervient mal, sans concertation avec les salariés, sans utiliser les moyens juridiques ou administratifs dont il dispose, avec l'obsession de ne pas interférer dans des conflits qu'il continue à considérer comme privés. En Allemagne, au Benelux, dans les pays scandinaves, on défend et on défend bien l'emploi national. Pourquoi pas en France où il est souvent plus durement attaqué ?
On regrettera également que les centrales syndicales n'appuient pas davantage leurs stratégies nationales sur cette pression du terrain, sur ces centaines de conflits qui se terminent le plus souvent par des avancées et des succès. Il y a dans toutes ces expériences de quoi nourrir un véritable plan d'action, ambitieux, offensif, en faveur de l'emploi et de la réindustrialisation. Qui réfléchit au sein des directions syndicales à rendre plus efficace et juridiquement plus sûre la constitution de coopératives ouvrières qui pourraient servir dans bien des cas d'alternative aux fermetures ? Comment drainer les aides des régions, l'épargne locale, comment faciliter la constitution de fonds, comment mobiliser les compétences juridiques, l'ingénierie technique pour faciliter le montage de solutions de reprise par les salariés eux-mêmes ? Plus largement, comment imaginer cette nouvelle politique industrielle et d'innovation qui manque à la France ? Les grandes centrales ont-elles besoin d'attendre le feu vert du gouvernement, du patronat ou des partis politiques pour prendre l'initiative d'Etats généraux sur ces questions ? Ne disposent-elles pas de milliers d'adhérents dans la recherche publique ou privée, au sein des banques et des organismes financiers, dans les administrations, dans les grandes structures d'ingénierie qui ne demanderaient pas mieux que d'agir et de faire des propositions ? 
MM. Thibault, Chérèque, Mailly et Louis se sont plaint il y a quelques jours d'avoir du assister, presque impuissants, au Forum social organisé par le candidat Sarkozy. Mais ils s'y sont rendus sans biscuits, sans stratégie commune, sans plate-forme, alors que, du côté du gouvernement et du côté du patronat, le piège de la TVA sociale était prêt depuis des semaines. M. Thibault tirait il y a un an l'échec du conflit sur les retraites. Il plaidait pour que l'on passe d'un syndicalisme d'opposition à un syndicalisme de construction. Il avait raison. Les salariés de ce pays ne demandent que cela. Fatigués des politiciens et des oligarchies qui nous dirigent, ils sont prêts à s'engager dans la voie d'un syndicalisme moderne, de masse, de transformation sociale. Ils sont même prêts, pour beaucoup d'entre eux, à prendre des responsabilités au sein d'entreprises nouvelles, cogérées ou dirigées par les travailleurs. Encore faut-il qu'on leur donne la parole et les moyens d'agir. Faudra-t-il attendre les élections et les désillusions qu'elles ne manqueront pas, une fois de plus, de provoquer dans le pays pour que s'engage enfin cette nécessaire révolution du travail ?
Henri Valois.
 
Lundi 3 octobre
- Le conflit social à la Fonderie du Poitou Aluminium s'envenime. Après l'échec des négociations entre les représentants des salariés et le PDG du groupe Montupet, les salariés de l'usine d'Ingrandes ont décidé d'occuper le site. Le mouvement est suivi par 90% des 480 salariés. Les grévistes qui ont découvert que les fours avaient été démontés durant le weekend, ont bloqué tous les accès au site.
Mardi 4 octobre
- Les salariés de LyondellBasell, à Berre, poursuivent leur grève contre la fermeture de l'unité.  Les 1250 employés du site pétrochimique ont décidé de reconduire leur mouvement de grève, engagé depuis le 27 septembre, aussitôt après l'annonce de la direction de fermer l'unité de raffinage, qui emploie 370 salariés. Le groupe yankee LyondellBasell, basé au Texas, évoque des pertes alors que les activités du site sont largement bénéficiaires.
Mercredi 5 octobre 
- A Gémenos (Bouches du Rhône), 700 salariés de Fralib ont manifesté contre la décision du groupe multinational Unilever de délocaliser la production du site en Pologne et en Belgique. 
Lundi 10 octobre
- La menace d'une paralysie complète du site pétrochimique de Berre-l'etang aura suffi à convaincre la direction de LyondellBasell de reprendre le dialogue autour de son projet de fermeture de l'unité de raffinage. L'accord de sortie de crise signé ce weekend prévoit la "mise sous cocon" des installations et le maintien des emplois.  
Mardi 11 octobre
- Le groupe de nutrition animale Continentale Nutrition annonce son intention de fermer son usine de Vedène, dans l'agglomération d'Avignon, et de supprimer 121 postes de travail. La production devrait être transféré sur l'un des sites du groupe dans le Nord Pas de Calais.
- L'intersyndicale CGT, CFDT, FSU, UNSA, Sud organise une journée d'action contre le plan de rigueur du gouvernement. Impact limité de la mobilisation à Paris et en province.
Mardi 18 octobre 
- Le groupe Montupet engage une procédure de cessation de paiement de sa filiale Fonderie du Poitou Alu, dont les salariés sont en grève depuis 7 semaines. Le ministre de l'industrie Eric Besson reçoit en urgence les syndicats. 
Mercredi 19 octobre
- Le groupe papetier finlandais M-Real engage la fermeture de sa grande usine de papier pour photocopie située à Alizay (Eure) qui emploie 330 salariés. Les employés qui se sont immédiatement mis en grève ont demandé à l'Etat d'engager une médiation pour permettre de trouver un repreneur. 
Vendredi 21 octobre
- Les collectivités normandes s'opposent à la fermeture de l'usine Honeywell de Condé-sur-Noireau, qui emploie 325 salariés. L'équipementier américain met en avant des pertes mais annonce dans le même temps l'ouverture d'un site en Roumanie, provoquant la colère des élus et des salariés. 
- Le procès engagé devant les prud'hommes par les 500 ex-salariés du groupe allemand Continental pour licenciement abusif sera jugé le 26 juin prochain.
Jeudi 27 octobre
- Le tribunal de grande instance de Nanterre refuse la fermeture de l'usine française du groupe américain Ethicon (produits pharmaceutiques) et le licenciement des 363 salariés de ce site d'Eure et Loir. La direction a fait appel de cette décision.
Vendredi 28 octobre
- L'Etat va chercher un repreneur pour la Fonderie du Poitou Alu, selon le ministre de l'industrie Eric Besson. Les salariés, qui plaide pour une reprise par Renault, principal client du site, ont accepté de reprendre le travail, après 2 mois de grève. 
- Malgré sa bonne santé financière et le versement de dividendes à ses actionnaires, PSA Peugeot Citroën annonce un plan d'économie et la suppression de 6000 postes en Europe, dont 2900 en France.
Vendredi 4 novembre
- Le tribunal de commerce de Lyon prononce la liquidation de la société de presse Comareg, éditeur de journaux gratuits ar provoque le plus gros plan social de l'année 2011, avec 1650 licenciements.
Jeudi 17 novembre
- Le président du groupe PSA est convoqué à l'Elysée pour préciser les conditions de son plan de suppression de près de 3000 postes en France. Il confirme son engagement de ne procéder à aucun licenciement, ni mesure d'âge et à proposer à ses salariés un "dispositif de reclassement exemplaire". 
Jeudi  24 novembre
- La marque de collants et chaussettes Doré Doré (DD), filiale du groupe italien Gallo, annonce la fermeture de son site historique de Fontaine-les-Grès (Aube) et la suppression de 60 postes. L'intégralité de la production est désormais réalisée en Italie.   
Vendredi 2 décembre
- L'usine de frites surgelées McCain de Matouches (Marne) est paralysée depuis fin novembre par une grève. Les 200 salariés réclament une augmentation de salaire uniforme de 10% dès le mois de janvier. 
Mardi 13 décembre
- Le chaudronnier industriel Biémont Soneco Industries, implanté à La Riche, près de Tours est liquidé et l'ensemble de sa production transférée en Chine. Les 30 derniers postes de travail seront supprimés. 
Mercredi 14 décembre
- Le chantier naval brestois Sobrena est placé en redressement judiciaire. Au premier rang de la réparation navale civile, il emploie 237 salariés et est confronté depuis plusieurs mois à une très forte baisse de son carnet de commande. 
- L'avenir de l'usine Findus de Boulogne sur Mer pourrait être menacé. L'actionnaire actuel, le fonds d'investissement britannique Lion Capital, pourrait chercher à vendre. 195 salariés sont employés sur le site
Jeudi 15 décembre
- Le conseil des prud'hommes de Marseille condamne le groupe Unilever à verser leurs salaires à 22 employés de l'entreprise Lipton-Fralib qui se battent contre la délocalisation de leur usine. Cette décision est assortie d'astreinte.
Henri Valois.
 
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26 octobre 2011 3 26 /10 /octobre /2011 15:55
La France qui se bat
 
Notre chronique sociale d'hier ("En attendant les urnes", Revue critique du 25 octobre) mettait l'accent sur trois conflits emblématiques : la fermeture de l'ancienne raffinerie Shell de l'étang de Berre, la mise en veille du dernier haut-fourneau de Lorraine, la révolte des salariés marseillais de Fralib contre Unilever. Trois conflits, trois images d'une France en plein désarroi, de milliers de travailleurs subitement privés d'emploi, d'activités bradées, sabotées, gaspillées par des groupes multinationaux irresponsables, voire franchement malfaisants. Voilà le résultat de 20 ans de libre-échangisme, de libre circulation des capitaux :  des trusts sans foi, ni lois ont pu acheter, souvent pour une bouchée de pain, des entreprises nationales, en presser le jus jusqu'à la dernière goutte et partir comme des voleurs.
Ces trois histoires ne résument pas loin s'en faut l'actualité sociale de ces derniers mois. Il n'y a pas qu'à Marseille, à Fos ou à Florange que la riposte s'organise, que le capital mondialisé doit composer, se replier ou battre en retraite. Chez Montupet dans la Vienne, chez Goodyear, chez Constellium, chez Still en Picardie, on se révolte, on se bat, et, très souvent, on gagne la bataille. Les ingrédients de la victoire sont connus : des salariés mobilisés - du cadre jusqu'au dernier OS - des organisations syndicales unies,  combatives et imaginatives, des familles, des voisins, des élus solidaires. On pourrait aller plus loin, beaucoup plus loin si l'Etat se mettait de la partie : bloquer les licenciements abusifs, faire pression sur les directions étrangères des groupes, saisir leurs avoirs, faciliter le financement de projets alternatifs et la reconversion des travailleurs... Mais le pouvoir est absent, tragiquement absent de ces conflits. La plupart du temps, il s'en lave les mains. Il veille tout au plus à ce que l'apparence du droit soit respecté, ce droit qui dessert si souvent les travailleurs.
Plus que six mois à attendre dirons certains. Six mois, c'est long, terriblement long pour ceux de Marseille, de Florange, de Ham, d'Ingrandes, d'Aulnay ou de Montataire qui sont au plus fort de la bataille... Et les socialistes? feront-ils mieux ? M. Montebourg parlait de politique industrielle ambitieuse, mais que pésera-t-il demain? Mme Aubry également, mais elle vient d'être écartée de la course à la présidentielle. Quant à François Hollande, les quelques paroles rassurantes qu'il a adressé aux sidérurgistes lorrains expriment de la compassion, elles ne font pas un projet politique. C'est la France qui se bat, celle des salariés en révolte, celle des populations unies, celle des villes et des régions en résistance qui imposera le changement, pas les partis politiques, pas la triste classe politique qui est aujourd'hui la nôtre !
Henri Valois.
 
Lundi 4 juillet
- Le tribunal de commerce de Tours prononce la liquidation de l'essentiel du groupe d'imprimerie Laski. L'arrêt des activités rotatives entraîne la suppression de 255 emplois sur 340. Trois activités autour du numérique et du faconnage peuvent encore être sauvées. 
Vendredi 22 juillet
- Le tribunal de grande instance de Marseille refuse d'annuler le plan social en cours chez Fralib/Lipton à Gémemos (Bouches du Rhône). Le groupe anglo-néerlandais Unilever, propriétaire de Fralib, s'apprête à licencier les 182 salariés et à fermer le site. Le comité d'entreprise continue à prôner une solution de reprise de l'activité par les salariés. 
Vendredi 29 juillet 
- Le groupe Montupet veut imposer d'importantes baisses de salaires aux 480 salariés de sa filiale, la Fonderie du Poitou Aluminium (FDPA), située à Ingrandes (Vienne). Le "plan de compétitivité" prévoit notamment une diminution de 25% des salaires ouvriers. Les syndicats s'interrogent sur le but de ce plan qui pourrait préparer une fermeture du site. Ils ont alerté le Procureur de la République.
- Le groupe Anovo, spécialisée dans la réparation de mobiles, est déclaré en cessation de paiements et placé en redressement judiciaire. Le groupe emploie 5400 salariés dans le monde, dont 1150 en France sur les sites d'Angers, de Beauvais, de Brive, de Montauban et de Montpellier. La cession de certaines activités est envisagée pour réduire l'endettement d'Anovo.
Vendredi 12 août
- Les producteurs de fruits et légumes du sud de la France annoncent de nouvelles actions de protestation, tant qu'un plan de sauvetage de la filière n'aura pas été adopté par le gouvernement. 
Samedi 3 septembre
- L'intersyndicale CGT, CFDT, UNSA, FSU et Solidaires appellent les salariés à une journée nationale d'action le 10 octobre prochain contre la politique d'austérité du pouvoir. L'opportunité d'une grève nationale divise les organisations. 
Jeudi 8 septembre 
- Les salariés de la Fonderie Poitou Alu engagent une grève illimitée, à la suite des baisses de salaire décidées unilatéralement par Montupet. Selon la CGT, le mouvement est suivi par la quasi-totalité du personnel et la production est arrêtée. 
Vendredi 9 septembre
- Arcelor Mittal met en sommeil son dernier haut-fourneau lorrain, sur le site de Florange (Moselle). Les syndicats estiment qu'un tiers des 3000 salariés présents à Florange seront touchés par cette décision et s'inquiètent de l'avenir de la sidérurgie lorraine.
- Le Tribunal de commerce de Lille prononce la liquidation judiciaire de l'entreprise textile Trocmé-Vallart International (155 salariés) installée au Ronssoy près de Péronne dans la Somme.
Lundi 12  septembre
- Grande satifaction des 66 anciens salariés de l'usine Bristol-Myers-Squibb de Meymac (Corrèze). Le Tribunal des Prud'hommes de Tulle vient de déclarer leur licenciement abusif et leur accorde une indemnités de six mois de salaire.
Lundi 19 septembre
- Les dirigeants du groupe et de l’usine Constellium de Ham (Somme), séquestrés depuis la veille par des salariés, ont été libérés par la gendarmerie . Les salariés entendaient par cette action protester contre le plan social  annoncé en février 2011 (100 suppressions d’emploi et 27 mutations sur un effectif de 200 salariés). Les salariés craignent aussi que ce PSE n’entraîne une fermeture pure et simple de l’usine.
Mercredi 21 septembre
- Le groupe Jet-Aviation, spécialisé dans l'entretien et l'aménagement d'avions, supprime 300 emplois à l'aéroport de Bâle-Mulhouse. Les travailleurs frontaliers alsaciers, qui représentent 60% des effectifs, seront les premières victimes de ces décisions. 
Jeudi 22 septembre
- Les syndicats du groupe PSA craignent de nouvelles réductions d'effectifs, avec la fin des programmes de prime à la casse et la dégradation de la situation économique. Des programmes de départ volontaires sont annoncés à Aulnay et à Melun. Depuis 2007, plus de 11 000 salariés ont quitté le groupe automobile. M. Hollande, de passage à Sochaux dans le cadre de la primaire socialiste, défend l'idée d'une nouvelle politique industrielle. 
Vendredi 23 septembre
- Le conseil des prud'hommes de Créteil condamne le groupe de distribution Ed pour avoir licencié des salariés qui refusaient de travailler le dimanche. Ed devra verser 40 000 euros de dommages et intérets à chacun de ses anciens employés. 
- A l’issue d’une journée de négociations et après une semaine de grève, un accord de sortie de conflit a été trouvé entre le groupe Faurecia et les salariés de l’usine de Nompatelize (Vosges). Le site, spécialisé dans les armatures de sièges pour automobile, emploie 270 salariés.
Samedi  24 septembre
- Les salariés d'une usine du groupe allemand Still à Montataire (Oise), menacée de fermeture, ont relaché deux dirigeants de l'entreprise qu'ils avaient séquestrés durant près de six heures. Le site de Montataire regroupe plus de 250 emplois. 
Lundi 26 septembre 
- On annonce la fermeture de l'ancienne raffinerie Shell de Berre. Son propriétaire actuel, le groupe américain LyondellBasell souhaite se recentrer sur la pétrochimie. Il prétend n'avoir trouvé aucun acquéreur. Cette fermeture pourrait concerner plus d'un millier d'emplois directs sur le bassin de Marseille-Fos. Elle suscite d'intenses réactions syndicales et politiques.
Mardi 27 septembre
- La CGT continue à s'opposer à la vente de l'activité "pneus agricoles" de Goodyear au groupe américain Titan. Elle estime que cette cession qui doit se traduire par plus de 800 suppressions d'emploi sur l'actuel site Goodyear d'Amiens est inacceptable. La centrale mène un bras de fer sur ce dossier depuis des mois avec la direction de Goodyear et les syndicats réformistes, prêts à signer un accord.  
Mercredi 28 septembre 
- Des assemblées générales se tiennent dans toutes les raffineries françaises, après l'annonce de la fermeture du site de Berre. Les syndicats annoncent une grève dure et le blocage des accès au site. Menace d'une paralysie de l'ensemble de la filière pétrolière.
Jeudi  29 septembre
- les 12 salariés du site Lafarge de Frangey (Yonne), en grève de la faim depuis le 20 septembre ont décidé de cesser leur mouvement. La direction de Lafarge a finalement accepté de maintenir une activité sur le site de Frangey pour 35 personnes le temps de trouver un repreneur. Pour les 39 autres  salariés de l’usine, 5 partiront à la retraite et 34 seront reclassés sur d'autres sites.
- débrayage sur le site ST Microélectronics de Montrouge (Hauts de Seine). Selon les syndicats, la direction prépare une fermeture du site.
Henri Valois.
 
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24 octobre 2011 1 24 /10 /octobre /2011 23:48
En attendant les urnes…
 
Depuis quinze jours, des millions « d’indignés » défilent un peu partout dans le monde contre la dictature des marchés et contre les gouvernants de droite et de gauche qui ont capitulé devant eux.  Dans plus de 80 pays, dans plus de 900 villes, on a bloqué les rues, occupé les institutions financières, tenu des meetings improvisés sur des places, dans des théâtres, dans des salles de spectacle. A Rome, les manifestants exaspérés se sont violemment heurtés à la police, comme à Athènes la semaine dernière et comme sans doute cette semaine encore. A Bruxelles, les forces de l’ordre ont du protéger le siège de la Commission européenne de la fureur de la foule et à Francfort des centaines de personnes se sont massées aux abords de la Banque Centrale Européenne pour conspuer les noms de MM. Trichet et Juncker. De Tokyo à Santiago du Chili, de New-York à Melbourne, des peuples ont suivi l’appel international des « indignés » et se sont levés contre le pire du capitalisme. Partout, des étudiants, des chômeurs, des travailleurs en grève, des mères de famille, des commerçants, des fonctionnaires ont fraternisé dans d’immenses cortèges. Partout, sauf chez nous.
On peut s’étonner de cette singularité française. Ils étaient à peine trois mille, les manifestants qui se massaient, il y a dix jours, devant l’Hôtel de Ville, à peine plus nombreux qu’un mois avant à la Bastille. Les mêmes ? Peut-être ! Sans doute ! Stéphane Hessel a beau vendre des millions d’exemplaires de son livre dans le monde, force est de constater qu’il n’est pas prophète en son pays. Quelles sont les causes de cette atonie ? La France est-elle mieux lotie que d’autres pays dans la tempête financière qui fait rage ? A peine, et le silence de l’opinion cache des réalités un peu moins brutales, certes, mais tout aussi détestables qu’en Espagne ou qu’en Grèce : désindustrialisation, chômage de masse, notamment chez les jeunes, paupérisation des classes moyennes, faiblesse redoutable des institutions financières… Le mécontentement et l’inquiétude sont-ils moins sensibles chez nous qu’ailleurs ? Pas du tout. Tous les sondages confirment au contraire que le moral des ménages et des entreprises n’a  jamais été aussi bas. La fameuse « dépression française », phénomène presque unique il y a quelques mois encore en Europe, continue à faire des ravages. Les Français sont-ils démobilisés ? Plus ou moins. Beaucoup de salariés ont encore en mémoire le conflit sur les retraites, ces immenses cortèges qui n’ont débouché sur rien ou presque rien. Ils en veulent beaucoup aux directions syndicales qui les ont lâchés à la première occasion. En revanche, ils s’engagent fortement au plan local, lorsque leur emploi est menacé ou lorsque le patronat dépasse les bornes.
Il faut donc chercher ailleurs ce qui différencie la France du reste de l’Europe. La réponse se trouve en effet sur le terrain politique. L’élection présidentielle de 2012 cristallise toutes les attentes et la détestation du pouvoir sarkozyste est telle qu’on a fini par oublier les désillusions du passé, ces grands soirs politiques qui se sont transformés quelques mois plus tard en capitulation sociale. Les médias entretiennent les Français dans cette illusion parce qu’ils n’ont – eux-mêmes – aucune autre grille de lecture de l’actualité que les faits et gestes de nos oligarques. Il en est de même des partis politiques et, là encore, rien de plus normal. Les Primaires socialistes viennent d’offrir aux électeurs une sorte d’élection avant l’élection, un changement sans changement, une forme de défouloir qui fera d’autant moins bouger les lignes que la gauche a plébiscité son candidat le plus conservateur. Les syndicats eux-mêmes sont l’arme au pied. Ils attendent comme les autres le verdict des urnes ! Que la CFDT et les centrales dites « réformistes » fassent le choix de l’attentisme, rien d’étonnant. Ce sont elles qui l’hiver dernier ont sifflé la fin du conflit des retraites et « cassé les jambes » de l’intersyndicale, au moment même où le mouvement commençait à prendre un tour insurrectionnel. Trop dangereux, trop risqué, pensaient alors M. Chérèque et l’équipe social-démocrate qui préside aux destinées de sa centrale. Pas question de mettre le feu au poudre en pleine crise européenne, alors que l’existence de l’euro est en jeu, pensent les mêmes aujourd’hui. A ceux qui plaident pour une relance du mouvement, M. Chérèque vient de répondre que « le principal souci des salariés est actuellement le risque d’éclatement de la zone euro, pas le plan d’austérité de François Fillon. » Preuve, s’il en était besoin, du niveau d’aveuglement ou de duplicité d’une partie des dirigeants syndicaux français.
Mais la CGT, mais la FSU, mais Sud ? Eux aussi sont complètement paralysés. M. Thibault a beau plaider pour le « rassemblement » des forces sociales, il a beau insister sur le fait que le bulletin de vote n’est pas l’unique moyen d’expression et que, faute d’une pression forte des salariés, la gauche au pouvoir risque de retomber dans ses errements gestionnaires, rien n’y fait. De fait la journée d’action du 11 octobre contre le plan d’austérité du gouvernement a été un semi échec. On y a vu des troupes cégétistes extrêmement clairsemées, la CFDT y a fait une présence minimale et FO a refusé, purement et simplement, d’y participer. Il est vrai que les élections professionnelles du 20 octobre dans le public mobilisaient toutes les pensées des chefs confédéraux et que l’heure était, moins encore que d’habitude, au rassemblement.
Sauf à imaginer un brusque durcissement du contexte économique et l’adoption de mesures d’austérité aussi dramatiques qu’en Espagne ou qu’en Italie, il est peu vraisemblable que le front syndical bouge beaucoup d’ici au printemps 2012. M. Thibault est en réalité victime de ses choix stratégiques. La CGT avait les moyens, à l’automne dernier, d’imposer à ses partenaires une ligne d’unité d’action et d’obtenir la transformation de l’intersyndicale en une structure pérenne, dotée d’un programme propre. Elle ne l’a pas voulu. Elle a préféré la voie de l’isolement et du repli sur soi qui la prive aujourd’hui de moyens d’agir. Une autre voie s’ouvrait à elle, celle d’une opposition résolue, déterminée à cette Europe capitaliste et fédéraliste qui met aujourd’hui les peuples dans la rue. En l’empruntant, elle renouait avec l’esprit de la Charte d’Amiens, celui de l’autonomie du mouvement social vis-à-vis des oligarchies politiques. Elle aurait pu se mettre à la tête du mouvement français des « indignés », entrainant dans son sillage les adhérents, sinon les dirigeants, des autres centrales. Elle ne l’a pas voulu, par conservatisme, par négligence ou par faiblesse stratégique. M. Thibault préfère caresser les socialistes dans le sens du poil, en saluant « l’innovation démocratique » de leur primaire. Il s’expose, avec ceux qui le suivent, à bien des désillusions.
Car pourquoi les socialistes français feraient-ils mieux que M. Zapatero ou que M. Papandréou ? Nous avons les expériences grecques et espagnoles, pour quelques mois ou quelques semaines encore, sous les yeux et l’expérience portugaise vient tout juste de s’achever. Les travailleurs de ces pays ont-ils été mieux protégés qu’ailleurs de la cupidité des banques, les services publics mieux préservés, les classes populaires moins mises à contribution ? Les organisations syndicales ont-elles eu davantage de moyens pour lutter contre les délocalisations, les licenciements boursiers, les profiteurs de la crise ? Et le programme socialiste ? Que nous propose le PS pour faire vivre ce que l’on appelle pompeusement chez nous la « démocratie sociale » ou, plus simplement pour protéger et encourager l’exercice du droit syndical ? Rien ou quelques bonnes paroles. Exit les idées développées par Ségolène Royal en 2007 autour du syndicalisme de masse, de l’obligation d’adhérer à un syndicat et de l’entrée des salariés aux conseils d’administration des entreprises cotées. Oubliées, déjà, les propositions d’Arnaud Montebourg sur le développement du secteur coopératif, le partage de la valeur ajoutée, le contrôle des licenciements. Il faudra se contenter des bonnes paroles de M. Hollande sur la protection des négociations collectives. Un principe posé il y a un demi-siècle par les gaullistes et qui ne fonctionne qu’à une seule condition : l’existence de syndicats représentatifs,  puissants et respectés ! On en revient toujours à la même question.
 
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Attentisme des Français, stratégie confuse des bureaucraties syndicales…  Et pourtant le malaise social continue à se diffuser dans l’ensemble du pays. Nous avons signalé dans notre précédente chronique cette désaffection vis-à-vis du travail qui touche aujourd’hui l’ensemble du corps social, cadres, employés, ouvriers de l’industrie… Une enquête publiée fin septembre par le cabinet Mercer indique qu’un salarié sur trois aspire à quitter son entreprise. Ce chiffre marque une hausse de 57% par rapport à la précédente enquête publiée en 2007. Le taux des salariés « satisfaits » au travail tombe de 72% à 57 % en moins de quatre ans. Stress ? Peur du chômage ? Pas seulement. Les enquêtes sociales mettent en évidence une dégradation profonde des relations au sein de l’entreprise : arrogance et incompétence du management supérieur, démobilisation des cadres, absentéisme, travail en miette, dictature de l’urgence, refus d’appliquer la législation sociale, recherche du profit à court terme, mépris du client, de la qualité… Ces signes inquiétants, que chacun peut constater dans son environnement professionnel, ne sont sans doute pas sans conséquences sur les performances économiques de nos entreprises depuis cinq ans. Voilà un aspect du sarkozysme qui était jusqu’à présent resté dans l’ombre et dont il faudra bien, un jour, faire le bilan.
 
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Ce qui, en revanche, est bien visible, c’est l’incapacité du pouvoir à défendre l’emploi français et l’industrie nationale. L’actualité sociale nous en donne encore trois exemples. Le plus terrible concerne l’arrêt de la raffinerie LyondellBasell à Fos. Décidée à l’aveuglette par une direction américaine aussi stupide qu’arrogante, cette fermeture aurait du émouvoir et faire rapidement bouger le gouvernement. Au lieu de quoi on a laissé la situation se dégrader. Les organisations syndicales ont pourtant  alerté tout de suite les autorités sur les conséquences dramatiques de cette décision. Elles ont mis des semaines à trouver un interlocuteur. Une grève dure s’est alors déclenchée qui aurait pu paralyser l’ensemble du secteur de la raffinerie et, par là même, tout le pays.  La riposte sociale a été suffisamment forte pour dissuader LyondellBasell de mener son projet de fermeture au pas de charge et dans le mépris du code du travail. Pour autant, le site sera bien fermé et la filière du raffinage français perd ainsi un de ses fleurons.
Toujours dans la région de Marseille, à Gémenos, les 182 salariés des thés Lipton/Fralib poursuivent leur combat contre le trust anglo-néerlandais Unilever. Non content de les licencier, leur ancien employeur refuse qu’ils redémarrent l’activité à leur compte. Le comité d’entreprise et la Région ont pourtant mis au point un projet de reprise qui parait crédible et qui peut être financé. Mais Unilever a décidé d’appliquer la loi du plus fort : il fermera son site un point, c’est tout.  Comme aucun contre-signal n’est venu de l’Etat, l’affaire semble entendue. L’usine restera occupée encore quelques semaines, le temps que les salariés intéressés par la reprise s’éloignent. Alors, on tirera l’échelle sur l’usine Fralib, après avoir tenté de reclasser les salariés les plus âgés.
Et puis il y a la Lorraine. La Lorraine qui souffre à nouveau. Sa filière bois-papier voit ses unités fermer les unes après les autres et ce sont des centaines d’emplois dans la production, la transformation et la sous-traitance qui sont en train de disparaitre dans les Vosges. Là encore, rien n’a été anticipé, rien n’a été planifié. Mais c’est aussi la Lorraine de la sidérurgie qui souffre aujourd’hui. La Lorraine des hauts-fourneaux et des promesses envolées de M. Sarkozy. Les 600 de Gandrange qui ont perdu leur emploi en 2008, malgré les assurances de l’Etat, ne sont pas prêts d’oublier. C’est maintenant au site de Florange, longtemps un des plus modernes d’Europe, de subir la volonté de son actionnaire indien, le groupe Mittal. Après l’arrêt prolongé d’un premier haut-fourneau cet été, c’est le second que l’on vient de mettre en sommeil et près d’un millier de salariés se retrouvent brutalement en chômage technique. Que restera-t-il d’ici quelques mois d’une des plus grandes filières industrielles française et européennes, sauvée à plusieurs reprises de la faillite par le contribuable ? Peu de choses. C’est sans doute pour cela que François Hollande est venu, sur place, dans le cadre des primaires socialistes, faire des promesses qu’il ne tiendra pas. Il les a faites avec si peu de conviction que les Lorrains ont décidé de ne pas y croire.
Henri Valois.

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28 juillet 2011 4 28 /07 /juillet /2011 23:21
La France qui se bat
 
Mercredi 1er juin
- L’arrêt prématuré de la fabrication du nouveau sèche-linge Whirlpool suscite de vives inquiétudes chez les 370 salariés employés par le groupe dans son usine d’Amiens. Devant "l’absence de réponses sur les raisons de cette décision", les syndicats de salariés annoncent leur volonté de déclencher un droit d’alerte lors du prochain comité d’entreprise de fin juin.
Vendredi 3 juin
- La direction de l'équipementier automobile MBF Technologies, basé à Saint-Claude (Jura), annonce 199 suppressions de poste sur 450 salariés. Les employés du site, très en colère, ont occupé l'usine et retenu le directeur et plusieurs cadres.
- Le groupe GPV, un des principaux fabricants européens d'enveloppes et d'emballages postaux, situé en Ardèche, est placé en redressement judiciaire. Confronté à la concurrence d'Internet, GPV enregistre des pertes depuis plusieurs années. Le groupe emploie 640 salariés en France.
- Le dernier fabricant français de batteries, Steco Power, installé à Outarville (Loiret), est placé en redressement judiciaire. L'entreprise, qui emploie 193 salariés, est dans une phase critique (forte concurrence étrangère, carnet de commande vide).
Lundi 6 juin
- 176 ex-salariés précaires de la Sofres, licenciés du jour au lendemain, sans indemnités, engage un contentieux contre leur ancien employeur. L'intersyndicale, qui soutient le mouvement, demande la mise en place d'un plan de sauvegarde de l'emploi que la direction refuse.
- La papeterie Grégoire de Saint-Nabord (Vosges), spécialisée dans la production de papier graphique, est mise en liquidation judiciaire. Elle employait 84 salariés. 
Mardi 7 juin 
- L'usine Arjowiggins de Rives (Isère), spécialisée dans la fabrication de papier technique, fermera ses portes fin 2011. Un tiers de la production sera réparti entre les usines d'Ecosse et d'Espagne et le reste sera relocalisé sur le site proche de Charavines. 47 postes de travail, sur 220 dans les deux sites français, seront supprimés. 
- La fonderie LF Tech située à proximité de Bayonne (Pyrenées Atlantiques) est mise en liquidation judiciaire. Elle employait encore une quinzaine de salariés.
L'entrepreneur voyou Philippe Jarlot a été condamné à deux ans de prison avec sursis et 90 000 euros d’amende par le tribunal correctionnel de Charleville-Mézières, pour banqueroute, détournements et abus de biens sociaux. Une peine insuffisante aux yeux des 130 anciens salariés du fabricant de boulons Lenoir-et-Mernier, qui avaient entamé une action en justice contre leur ex-PDG à la suite de la mise en liquidation de l’usine de Bogny-sur-Meuse en 2008.
Mercredi 8 juin
- L'entreprise Mémométal Technologies, spécialiste des implants chirurgicaux, installée à Bruz (Ille et Vilaine) est reprise par le groupe de santé nord-américain Stryker Corp. La société, qui emploie 120 personnes, connaît une croissance très rapide mais manque de capitaux, d'où le choix fait par les actionnaires de s'adosser à un  groupe international important.
Vendredi 10 Juin
- Un note interne de la direction du groupe PSA suggère la fermeture de l'usine d'Aulnay-sous-Bois (Seine-Saint-Denis) qui emploie 3600 salariés. Le site Sevel Nord de Hordain (Nord) qui regroupe 2800 emplois serait également menacé à terme. 
Mardi 14 juin
- Des débrayages importants ont lieu au sein du groupe de distribution Carrefour. La CGT, qui est à l'origine du mouvement, considère que 300 à 350 supermarchés sur 540 sont touchés. Les salariés demandent des hausses de salaire.
Jeudi 16 juin
- Le tribunal de commerce de Marseille prononce la liquidation judiciaire de la chocolaterie NetCacao et rejette le plan de reprise proposé par les salariés. Les 188 employés ont immédiatement occupé le site et les syndicats poursuivent les discussions avec des repreneurs pour une poursuite de l'activité.
Mardi 21 juin
- la CGT annonce son intention d'organiser fin septembre ou début octobre une journée d'action interprofessionnelle unitaire "pour un nouveau partage des richesses" avec des revendications axées sur les salaires et le pouvoir d'achat. Elle lance le mot d'ordre d'un SMIC à 1700 euros. Le prochain congrès de la centrale est prévu au printemps 2013.
- Le tribunal de commerce d'Epinal prononce la mise en liquidation de la société papetière Novacare-Riboth de Laval-sur-Vologne (Vosges). L'entreprise, qui comptait 105 salariés, était spécialisée dans la production de changes pour bébés et de culottes hygiéniques.
-  Le fabricant de linge de maison D. Porthault France (SNDPF) de Fontaine-Notre-Dame (Nord) est menacé d'expulsion par le bailleur de son site. L'entreprise venait de rembourser ses dernières créances, après une longue pérode de redressement judiciaire. Elle emploie 65 salariés sur le site. Les élus et les syndicats sont très mobilisés
Jeudi 23 juin
- La société de vente à distance Quelle, reprise par le groupe 3 Suisses en 2010, subit un nouveau plan social. L'effectif passera de 124 à 48 salariés et le site d'Orléans sera fermé au début de l'année 2012.
Vendredi 24 juin 
- L'intersyndicale de l'usine PSA d'Aulnay exige de la direction du groupe automobile un engagement écrit sur l'avenir  du site de Seine-Saint-Denis. L'option de fermeture envisagée par PSA soulèvent de vives inquiétudes chez les partenaires sociaux et dans la classe politique.
Lundi 27 juin
- Le groupe pharmaceutique américain Abbott lance un plan social sur son site dijonnais (ex Laboratoires Fournier). 64 postes seraient supprimés et une vingtaine d'emplois transférés à Bâle, en Suisse. Cette décision s'inscrit dans un plan de restructuration mondial du groupe qui envisage 3000 suppressions d'emplois dans le monde d'ici à 2012.
Henri Valois.
 
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14 juin 2011 2 14 /06 /juin /2011 23:21
La France qui se bat
 
Dimanche 1er mai
- La fête du travail ne fait pas le plein de manifestants (120 000 en France selon la CGT, 77 000 selon la police). La CFDT et la CGT réclament un coup de pouce au smic et l'ouverture de négociations salariales. 
Mercredi 4 mai
- Les Métallurgies du Forez récupèrent l'ex-usine de compresseurs du groupe américain Sullair. Ce dernier avait fermé le site et licencié ses 112 salariés en décembre dernier pour relocaliser sa production dans des pays à faibles coûts de main d'oeuvre. Le repreneur, une PME familial de Montbrison, espère 40 recrutements sous trois ans sur l'ancien site Sullair.
- Le tribunal de commerce de Troyes a prononcé, le 26 avril, la mise en liquidation judiciaire de la Société industrielle de reliures et de cartonnage, plus connue sous le nom de SIRC, à Marigny-le-Châtel (Aube). L’entreprise est en redressement judiciaire depuis octobre 2009. Les juges ont donc été contraints de prononcer la liquidation judiciaire avec une poursuite d’activité de deux mois. Du côté des 217 salariés de SIRC l’espoir d’une reprise subsiste et une solution de Scoop n’est pas exclue.
Jeudi 5 mai
- le groupe papetier finlandais M-Real menace de fermer sa grande usine d'Alizay dans l'Eure, s'il ne trouve pas de repreneur d'ici fin septembre. Le site, qui fabrique du papier pour photocopieurs, emploie aujourd'hui 330 salariés. Les syndicats mettent en avant le manque de vision stratégique de la direction et le coût de dépollution du site, estimé à plus de 150 M€.
Vendredi 6 mai
- La reprise de l’entreprise d’emboutissage Sodedit (Theil-sur-Huisne - Orne), par le groupe espagnol Gestamp Automocion, va se traduire par la suppression de 180 postes, compte tenu du faible niveau de commandes.
- Les 136 salariés de la laiterie Novandie, (Maromme - Seine-Maritime),  spécialisé dans les dans les yaourts brassés (marque Mamie Nova) se mettent en grève, afin d’obtenir des éclaircissements sur la stratégi du groupe Andros, actionnaire majoritaire de Novandie.
-  Le tribunal de commerce de Paris prononce la liquidation complète de l’entreprise Richard Ducros, soit l’arrêt de l’activité sur les sites du Gard, des Vosges et des Landes, qui regroupent 300 salariés. C’est sur le site d’Alès, que les incidences de cette fermetire seront les plus importantes.
-  Cela fait maintenant une semaine qu’une partie des 127 salariés de l’usine bayonnaise Plastitube (Pyrénées-Atlantiques) de tubes souples à destination des industries pharmaceutique et cosmétique est en grève. Les grévistes s’inquiètent du transfert d’une partie de la production vers un autre site du groupe, à Chimay, en Belgique, qui pourrait se traduire par 47 suppressions d’emploi
Lundi 9 mai
- Le tribunal de commerce de Tours place en redressement judiciaire l'entreprise Sécurité et Signalisation (SES), l'un des spécialistes français de la signalisation routière. Malmenée par la baisse des prix, SES a perdu 14% de son activité en 2010. Les salaires d'avril des 520 collaborateurs n'ont toujours pas été payés. Plusieurs repreneurs se sont manifestés.  
Mardi 10 mai
- Le plan de restructuration annoncé par le groupe 3 Suisses en décembre 2010 pour ses enseignes grand public va entraîner la suppression d'environ 280 emplois sur 4000 salariés dans cette branche du groupe. 
- Le groupe laitier Sodiaal confirme la fermeture de son unité de Trébillet-Montanges (Ain), dédiée aux fromages fondus. L’activité sera transférée à l'usine de Sainte-Catherine, à proximité d'Annecy (Haute-Savoie). Selon la direction, « les 97 salariés concernés seront très fortement incités à rejoindre la Haute-Savoie ».
- Laurent Wauquiez, ministre des affaires européennes, veut imposer des heures de "travail social " aux allocataires du RSA. Ses propositions suscitent un tollé à gauche et à droite, et jusqu'au sein du gouvernement. Le Premier ministre, M. Fillon, les critique très vivement devant le groupe UMP de l'Assemblée.
Vendredi 13 mai
- Le Monde titre son éditorial: "Faut-il punir les pauvres ou les aider ?", en référence aux propos calamiteux de M. Wauquiez. Ce débat pourrait revenir au sein de l'UMP dans le cadre de la préparation de la Présidentielle.
Mardi 17 mai
- les représentants syndicaux de l’usine de production de chocolat Net Cacao à Marseille, reprise à Nestlé en 2006, n’abandonnent pas leur lutte : ils devraient être reçus ce 17 mai au ministère de l’Industrie, à Paris, afin de plaider la cause de leur entreprise, menacée de liquidation judiciaire le 11 mai par le tribunal de commerce de Marseille. L’unité emploie 182 salariés. Une solution de reprise est à l’étude.
Jeudi 19 mai
- Le bureau confédéral de la CFTC propose à l'unanimité la candidature de M. Louis pour succéder à M. Voisin au poste de secrétaire général. La centrale chrétienne se réunira en congrès en novembre prochain pour examiner ce choix. 
- La cour d'appel de Versailles confirme le jugement du Tribunal des affaires de sécurité sociale des Hauts de Seine qui avait condamné Renault pour avoir commis une faute inexcusable, à l'origine du suicide d'un ingénieur de haut niveau le 20 octobre 2006. Le jugement, très sévère, incrimine les méthodes de management de Renault.
Lundi 23 mai
- La direction d’Exxon Mobil Chemical France confirmeun plan de suppression de postes dans son usine de Notre-Dame-de-Gravenchon, en Seine-Maritime. Un plan de sauvegarde pour l’emploi conduira à une réduction nette de l’effectif de 133 personnes. Ces suppressions de postes seront effectives dans les prochains mois.
Jeudi 26 mai
- Les salariés du centre de production de Visteon à Carvin (Pas-de-Calais) sont en grève. Ils protestent contre la décision prise par l’équipementier automobile américain de fermer le site carvinois, ce qui se traduirai par la suppression d’une centaine de postes.
Vendredi 27 mai
La CFDT annonce avoir dépassé fin 2010 le seuil des 850 000 adhérents. Près de 19 000 cotisants supplémentaires l'ont rejointe depuis un an.
- Le groupe cimentier Lafarge annonce la fermeture prochaine de son usine de Frangey (Yonne).Un coup dur pour ses 74 salariés, qui se verront toutefois proposer des solutions de reclassement au sein de la filiale Lafarge Ciments. « Il n’y aura pas de suppressions de postes », promet la direction.
Mardi 31 mai
- Le groupe américain d'électroménager Whirlpool arrête de produire des sèche-linges dans son usine d'Amiens. L'arrêt de cette activité pourrait sceller l'avenir du site picard, plusieurs fois menacé.
Henri Valois.
 
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14 juin 2011 2 14 /06 /juin /2011 14:37
Défis actuels, défis futurs.
   
Les manifestations du 1er mai ont été assez décevantes et il n'y a pas eu, dans le mois qui vient de s'écouler, d'actualité sociale majeure, tout au moins au plan national. En revanche, il est intéressant d'observer ce qui se passe au sein des confédérations. Un certain renouvellement de la ligne se fait jour, les équipes changent et les effectifs sont à la hausse. Il y a là des évolutions de fond.
C'est le cas à la CFTC. Jacques Voisin, qui termine son troisième mandat, doit passer la main au prochain congrès de novembre. Le bureau confédéral a finalement choisi de présenter la candidature de Philippe Louis, l'actuel numéro 2, un cheminot alsacien qui a franchit tous les degrés de l'organisation. C'est une surprise et un coup dur pour Jean-Louis Deroussen, l'actuel président de la CNAF, qui faisait figure de dauphin de M. Voisin. M. Louis s'appuie sur une base qui veut du changement, un rajeunissement et une orientation plus combative de la centrale chrétienne. Mme Coton, très populaire du fait de son implication dans le conflit des retraites, sera numéro deux. La vieille garde devrait donc laisser la place à une équipe plus agressive vis à vis du Medef et sans doute plus favorable à l'unité d'action. Tant mieux.
Autre évolution intéressante, celle des effectifs syndicaux. Ils sont nettement repartis à la hausse sous l'effet de la crise et du long conflit de l'automne 2010. La CFDT dénombrait plus de 851 000 adhérents au 31 décembre, soit près de 19 000 cotisants de plus qu'un an auparavant et ces chiffres, tout-à-fait excellents, ne reflètent encore que partiellement l'épisode "retraites". On recommence à parler, boulevard de la Villette, d'un objectif d'un million de cotisants à fin 2013. Même évolution positive du côté de la CGT, avec un nombre d'adhésions supplémentaires en 2010 qui sera sans doute plus élevé encore. Tout cela rend d'autant moins compréhensible la "pause sociale" décrétée par les états-majors syndicaux jusqu'aux élections de 2012. C'est, au contraire, lorsque le pouvoir est affaiblit et que le patronat est en roue libre, qu'il faut mettre la pression. Sur l'augmentation des salaires, sur la protection sociale, sur la défense de l'emploi.
Sur les salaires, le message semble compris. Enfin ! On aurait pu obtenir plus de résultats et plus vite si les confédérations, et notamment la CGT et la CFDT, s'y étaient sérieusement mises dès le début du printemps. On a bêtement laissé passer l'annonce de la prime Sarkozy qui est venue, comme il se doit, brouiller les cartes. Maintenant que tout le monde a compris qu'elle n'est qu'un leurre qui profitera à très peu de monde, il faut passer à l'offensive. Et de préférence ensemble, avec des objectifs communs, une stratégie commune. En commençant par le SMIC, comme l'a dit fort justement M. Chérèque, parce qu'il touche 2,3 millions de travailleurs pauvres qui sont les premières victimes de l'inflation et de la réduction du pouvoir d'achat. Mais il faut également engager les négociations par branche. M. Mailly a raison de réclamer un Grenelle des salaires, mais pour l'imposer il faut l'unité d'action. Or, FO a été la première organisation à saboter l'intersyndicale de l'automne. Résultat : les confédérations françaises en sont réduites à demander "un coup de pouce" au-delà de l'inflation, là où IG-Metall, le syndicat de la métallurgie allemande, a obtenu une hausse générale de 3,6% en 2010, venant après une hausse de 8% en 2008. Il est vrai qu'IG-Metall compte près de 2,3 millions de cotisants !
Sur la protection sociale, en revanche, les choses avancent très mollement. Le bilan du RSA a même été l'occasion d'une offensive d'une rare stupidité de ce qu'on appelle la "droite sociale" et qui n'a de sociale que le nom. A sa tête, Laurent Wauquiez, un fils, petit-fils et arrière petit-fils de grossiums lyonnais, normalien et énarque nomenclaturé, poule de luxe du gouvernement Sarkozy, qui a voulu se pousser du col en faisant la leçon aux travailleurs et à la classe ouvrière. On l'a rabroué, mais gentiment. On l'a "recadré", mais sans violence. "L'excellent" Daubresse", qui fait la pluie et le beau temps social chez Borloo, a parlé "d'idées justes", mais exprimées avec maladresse. Gageons qu'on retrouvera ces âneries, à peine édulcorées, dans la plateforme du candidat Sarkozy. Au titre sans doute de la lutte contre les privilèges ! Tout celà a malheureusement stérilisé le débat sur l'indemnisation du chômage et sur l'insertion où des avancées sont possibles parce qu'il y a du grain à moudre. Dommage!
Reste l'emploi. La situation dans l'industrie est toujours alarmante et aucun chiffre, aucun indice ne semble dessiner d'amélioration. Il faut le dire, partout, haut et fort : le pouvoir sarkozyste a une responsabilité majeure dans l'affaiblissement de notre industrie nationale. Il n'a rien vu et rien voulu faire et quand, par force, il a du agir, c'est pour démanteler (la recherche publique et les aides à l'innovation), pour entraver (l'action de la Caisse des Dépôts), pour déréguler ou pour se soumettre platement aux décisions d'ouverture à la concurrence décidée par Bruxelles. L'Allemagne a fait d'autres choix qui se révèlent payants : elle a confié la politique industrielle à ses Länder, c'est à dire à ses régions qui agissent avec efficacité et connaissance du terrain, loin du regard des gnomes de la Commission;  elle cible son action sur un tissu d'entreprises innovantes, petites ou moyennes, là où les mauvaises habitudes, consanguines, de l'oligarchie française, font que l'on n'aide que les gros et à du proportion des services qu'ils rendent au régime; enfin, outre-Rhin, l'industrie est au coeur du consensus social, c'est là que la cogestion s'exerce avec le plus d'efficience, au plus grand profit des salariés et de l'économie nationale. Ces choix s'imposent aux dirigeants politiques allemands parce qu'ils sont les choix de la nation, et d'abord de ses producteurs, syndicats ouvriers, techniciens, ingénieurs, créateurs.
Voilà le grand chantier que les confédérations françaises doivent ouvrir. Celui d'un syndicalisme moderne, ouvert, un syndicalisme de contenu et de propositions. Quatre ingrédients sont indispensables à cette révolution : le passage à un syndicalisme de masse, ce qui suppose l'obligation faite aux salariés de se syndiquer, la présence d'administrateurs salariés dans tous les conseils d'administration, la promotion d'un vaste secteur d'économie sociale et mutualiste, une très large décentralisation afin de remettre la société française en mouvement. Ces ingrédients sont de nature politique. C'est sur ces points que le syndicalisme français devra peser dans les prochaines échéances électorales
Henri Valois.

   P.S.  Nous n'avons pas évoqué le seul sujet social qui semble un tant soit peu agiter les rédactions : je veux parler de la pénétration du Front national dans les syndicats. On a l'impression que certains découvrent la lune : dans la mesure où le FN rassemble sur son nom plus de 4 millions d'électeurs et qu'il représenterait (selon les sondages) entre 30 et 40 % de l'électorat ouvrier et employé, qui y a-t-il d'étonnant à cela ? Il est même assez vraisemblable que de l'ordre de 10 à 15% des responsables syndicaux locaux (à l'exception peut-être de la CFDT) aient de la sympathie pour les idées du Front. Faut-il s'en émouvoir ? Non. L'angélisme démocratique est-il suffisant pour y répondre ? Certainement pas. Alors, que faire ? Sortir de la langue de bois, ce qui est souvent la meilleur option. Reconnaître en particulier qu'il y a une question européenne, que l'euro est l'outil des rentiers, pas des producteurs, qu'une dose de protectionnisme national ne ferait pas de mal et que les travailleurs grecs, demain espagnols et portugais, ont raison d'agir par la grève générale contre leurs dirigeants européistes. Reconnaître qu'il y a une question salariale en France et que la seule façon de sortir les classes défavorisées et moyennes de la prolétarisation, c'est de renouer avec une politique de salaires élevés. Reconnaître que l'intégration des travailleurs d'origine étrangère passe, comme on le voit aujourd'hui en Allemagne ou en Italie, par un syndicalisme de masse. Convenir enfin que ce sont les patrons, pas les travailleurs, qui ont intérêt à une politique d'immigration sans contrôle parce qu'elle permet d'abaisser les salaires et de faire disparaître les frontières. Voilà ce qu'il faut répondre à ceux d'entre nous qui posent de "vraies questions", sans apporter les bonnes réponses.
H.V.

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23 mai 2011 1 23 /05 /mai /2011 08:18
Un rapport utile 
 
Le Médiateur de la République a remis, il y a quelques semaines, son rapport annuel au gouvernement. M. Delevoye ne mâche pas ses mots. Il tire à nouveau le signal d’alarme sur l’état social et moral du pays. Dans le rapport qu’il avait remis l’année dernière, il avait posé le diagnostic d’une France "en grande tension nerveuse, comme si elle était psychiquement fatiguée". Il pointe cette année les causes de cet épuisement moral et intellectuel. Beaucoup de Français ne savent plus à quel saint se vouer, nous dit-il. Ils ont le sentiment de lutter seuls contre les démons du chômage, de la précarité, du stress et des licenciements abusifs. Sans soutien, sans projet collectif, sans perspective, ils se sentent abandonnés par les élites qui nous gouvernent. "Jamais l'engagement individuel et collectif n'a été aussi nécessaire, jamais le découragement et la lassitude n'ont été aussi grands", souligne, dans une formule terrible, notre médiateur républicain. 
Il est regrettable que ce rapport n’ait pas fait davantage de bruit dans les médias. Les commentateurs s’en sont tenus, comme l’an dernier, à l’écume des choses, alors que le texte regorge de chiffres, d’exemples et d’analyses qui auraient fait, dans d’autres temps, les choux gras des chroniqueurs politiques. Le réquisitoire du Médiateur a été plutôt mal reçu dans les allées du pouvoir, ce qui était prévisible. Mais il n’a non plus suscité l’enthousiasme dans les rangs de l’opposition. Il est vrai que M. Delevoye pointe des évolutions qui ne datent pas d’hier : l’insécurité sociale, le sentiment de déclassement d’une partie croissante de la population, la montée des inégalités, le blocage de « l’ascenseur social » sont des phénomènes qui ont massivement émergé  à la fin des années 80. Tous les gouvernements qui se sont succédé au pouvoir y ont plus ou moins leur part. « Les enjeux déterminants pour notre avenir ne trouvent pas de réponse politique à la hauteur », note le Médiateur. Là encore, droite et gauche sont renvoyées dos à dos.
Le diagnostic de M. Delevoye a-t-il été mieux compris par les milieux économiques ? Pas du tout, et l’on devine pourquoi. Le patronat et la presse d’argent n’ont généralement  pas de mots assez durs pour dénoncer la mauvaise habitude qu’ont pris les Français de s’apitoyer sur leur sort, alors qu’ailleurs, les fourmilières du monde regorgent de travailleurs souriants et heureux. Assez de mauvais esprit ! Ne dit-on pas d’ailleurs un peu partout que la France a plutôt bien tiré son épingle du jeu dans la dernière crise, que nos atouts sont intacts, que le modèle social français résiste plutôt mieux que d’autres à la mondialisation? De brillants économistes ne vont-ils pas jusqu’à dire – avec Jean-Hervé Lorenzi – que tous les espoirs d’une « moyenne grande puissance » nous sont ouverts? Alors, pourquoi nous lamenter? Et n’est-il pas paradoxal que des gaullistes, comme M. Delevoye, des patriotes, comme M. Chevènement, et, ici même, des nationalistes et des royalistes tiennent le discours d’une France entreprenante, vigoureuse, renaissante et qu’ils relayent dans le même temps un constat social aussi alarmiste?
Il n’y a là aucun paradoxe. Et ceux qui prétendent le contraire ont mal lu M. Delevoye, comme ils ont mal lu MM. Lorenzi et Chevènement  et comme ils nous ont mal lus. Les Français ne sont pas inquiets pour eux-mêmes. Ils sont parfaitement conscients de leur capacité à produire, à innover, à rebondir dans la compétition mondiale. Nos entreprises tournent, leurs succès sont réels, elles gagnent de l’argent, et, pour certaines, beaucoup d’argent. Toutes les enquêtes d'opinion confirment que les Français ont une vision positive de leur avenir personnel, de celui de leur famille, de leurs proches, de leurs affaires. C'est sur le résultat d’ensemble que leur jugement s'inverse mais le constat qu'ils font est moins celui d'une faillite que d'un formidable gâchis. Comme le dit très justement M. Delevoye : "Le burn out de la société française trahit un besoin urgent de bâtir de nouvelles espérances à la hauteur des efforts fournis". Les Français ont le sentiment que le fruit de leur travail est mal employé, que l'effort accumulé par trois générations depuis la dernière guerre n’est plus mis au service d’un projet collectif, d’un dessein national. Ils ont l’impression que les hommes qui nous gouvernent travaillent à un avenir qui n'est pas pour nous, qu'ils poursuivent des intérêts qui ne sont plus les nôtres.
Non, la France n’est pas ce pays qui a peur de lui-même, qui doute de ses hommes, de ses talents, de son avenir, comme on veut trop souvent nous le faire croire. Ce n’est pas ce que la réalité nous révèle. Le malaise français est d’une tout autre nature : il exprime une perte de confiance profonde, irrésistible, entre la nation, ses institutions et ses élites. Malaise politique, qui conduit des millions de citoyens, élections après élections, à se retirer du « jeu » des partis, à se mettre volontairement en marge des institutions démocratiques. Malaise social dû à la désindustrialisation, au chômage de masse et, d’une façon plus générale, à une organisation du travail qui ne profite plus aux salariés et qu’ils rejettent massivement. Malaise des classes moyennes et populaires vis à vis d'une école publique qui ne joue plus son rôle d'ascension sociale, et que l'on déserte sans faire de scandale, sur la pointe des pieds, lorsqu'on en a les moyens. Malaise enfin vis à vis d'un projet européen qui a perdu tous ses charmes, et que les Français ressentent de plus en plus comme une mauvaise potion qu’on cherche à leur faire avaler de force.
Ces malaises, ces angoisses, ces mécontentements sont-ils susceptibles, à plus ou moins brève échéance, de déboucher sur des ruptures ? Rien de moins sûr, selon M. Delevoye, qui parle plutôt de résignation, de découragement et qui évoque, comme il y a 40 ans, la perspective d’une société bloquée. Il nous semble au contraire que les choses se mettent en mouvement et que la photographie du Médiateur est en train de bouger. Certaines perspectives, impensables il y a encore cinq ans – sortie de l’euro, renégociation de notre adhésion à l’union européenne, nationalisation du secteur bancaire, politique industrielle active  - ne sont plus taboues aujourd’hui. Même si aucun programme révolutionnaire n’est encore sur la table, les premiers éléments d’une alternative à la « société de la désespérance » commencent à s’esquisser. Après l’apathie, le fatalisme et le calme plat, voici que le vent semble se lever et qu’il souffle dans notre sens. Il est temps d’agir.
Henri Valois.
 
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12 mai 2011 4 12 /05 /mai /2011 23:21
La France qui se bat
 
Samedi 2 avril
- Le médiateur de la République dresse un diagnostic alarmant de l'état social du pays, dans le rapport annuel qu'il remet cette semaine au président de la République. Il y dénonce l'épuisement moral d'une société française soumise au chômage, à la précarité et au stress.
Mardi 5 avril
- L’incertitude est de mise sur l’avenir de l’usine Electrolux de Revin (Ardennes). Le site, qui fabrique des lave-linge, va voir sa production diminuer et l'effectif devrait tomber à 469 salariés fin mai. Cette annonce fait suite à la décision du groupe suédois de transférer la fabrication de deux modèles à Olawa en Pologne. Les élus locaux se mobilisent pour la survie du site.
- L'entreprise Abeil,  spécialisée dans la fabrication de couettes et d’oreillers à Aurillac (Cantal) est mise en liquidation judiciaire avec maintien de l’activité jusqu’au 5 mai prochain. Devant l’incertitude, les 124 employés sont en grève. Des repreneurs se sont manifestés.
Mercredi 6 avril
- le tribunal de commerce de Dijon a mis un terme au plan de sauvegarde du groupe de spiritueux Belvédère (Marie Brizard, vodka Sobieski...), dans la mesure où les dirigeants de l'entreprise n'ont tenu aucun des engagements financiers qu'ils avaient souscrits.
- La totalité des 730 salariés de Sealynx Automotive de Charleval (Eure) est en grève illimitée et bloquent l’usine. Selon la CGT, les cinq repreneurs potentiels de l'entreprise - en redressement judiciaire depuis décembre - laissent plusieurs centaines de salariés sur le carreau.  Le tribunal de commerce de Nanterre doit choisir le repreneur en mai prochain. 
Jeudi 7 avril
- Une solution de reprise se dessine pour la chocolaterie marseillaise Net Cacao. Elle émane d'un particulier, M. Philippe Masson, qui propose que Net Cacao sorte des activités de sous-traitance pour développer sa propre marque de produits chocolatés. Le repreneur dispose d'une semaine pour formaliser son projet. 
Samedi 9 avril
- FO, la CFDT et la CGT appellent à la grève dans les hypermarchés Carrefour pour obtenir une révision à la hausse des augmentations de salaire en 2011. Les propositions de la direction se limitent, pour le moment, à une augmentation annuelle de 2%.
Lundi 11 avril
- Dans un entretien au Monde, le secrétaire général de la CFDT, M. François Chérèque, s'inquière de la montée du populisme et reproche au pouvoir son alliance avec les milieux les plus fortunés, sa surenchère sur l'islam et sa volonté délibérée d'alimenter les peurs.
- Ford Europe confirme aux élus de Bordeaux son intention de fabriquer une nouvelle boite de vitesses sur son site de Blanquefort. CE projet nécessitera plus de 100 M€ d'investissement.
Mercredi 13 avril
Les salariés du groupe Toyota d'Onnaing poursuivent le mouvement de grève engagé le 31 mars dernier pour obtenir une revalorisation décente de leurs salaires. La direction refuse obstinément de reprendre les négociations.
- Un nouveau conflit s'ouvre chez l'équipementier automobile allemand Continental en Midi-Pyrénées. La CGT et la CFDT refusent de conditionner les augmentations salariales à l'acceptation d'un plan de réduction du coût du travail. Ce plan donne lieu à un bras de fer très dur depuis plusieurs mois entre syndicats et direction.
Jeudi 14 avril
- Le plan de sauvegarde pour l’emploi lancé par Aperam (ex Arcelor Mittal) sur son site d’Isbergues (Pas de Calais) touche 223 salariés sur 650. Les syndicats défendent un scénario alternatif qui permettrait de maintenir une soixantaine d’emplois. Début janvier 2011, Aperam entrait en bourse. « Au moment d’entrer en bourse, nous avons renforcé le programme de réduction des coûts initiés par ArcelorMittal », avait indiqué Bernard Fontana, le Pdg du nouveau groupe. 
Vendredi 15 avril
- Dans un entretien aux Echos, le secrétaire général de la CGT, M. Bernard Thibault, tire un bilan très négatif de l'action du pouvoir et s'inquiète de l'état d'esprit du patronat qui refuse de jouer la négociation.
- Après l’annonce surprise de son rachat par le belge Solvay, c’est avec Novacap que Rhodia négocie la cession de sa production de salicylés (composés qui interviennent comme principes actifs dans l’aspirine ou le paracétamol). Ce recentrage concerne 78 salariés en France, répartis entre les usines de Saint-Fons (Rhône) et de Roussillon (Isère). 
Lundi 18 avril
- La cour d’appel de Montpellier attribue une enveloppe de 3,2 millions d'euros à 240 anciens salariés licenciés de l'usine de chaussures Myrys de Limoux (Aude). En tenant compte des 200 salariés précédemment indemnisés, le total des indemnisations dépassent 5,5 millions d'euros.  La saga judiciaire des licenciements chez Myris aura duré près de quinze ans : l'entreprise a fermé ses portes en 2001, après une succession de plans sociaux (de 1996 à 2000).
Mardi 19 avril
- Graves difficultés pour trois filiales du groupe Focast. Placée en redressement judiciaire, la fonderie Pebeco à Port-Brillet (Mayenne) dispose de deux mois pour trouver un repreneur; ses 96 salariés sont inquiets. Focast Normandie à Pontchardon (Orne) a déposé son bilan et Focast Bretagne à Châteaubriant (Loire-Atlantique) voit sa centaine de salariés chômer deux jours par semaine. Le holding luxembourgeois Ogepar qui a pris le contrôle de Focast l'an passé ne semble plus croire à l'avenir du groupe.
Jeudi 21 avril
- Treize mois après sa reprise par l’allemand Riboth, le spécialiste de changes et culottes pour bébés Novacare à Laval-sur-Vologne (Vosges) est une nouvelle fois en redressement judiciaire. Le tribunal de commerce d’Epinal, devant lequel elle avait déposé son bilan, a accordé à l’entreprise, qui emploie encore 103 salariés, une période d’observation de six mois.
- Après la fermeture de deux sites Ideal Standart, la direction du groupe américain débloque 35 millions d’euros pour financer le plan social. Les indemnités de licenciement s’échelonneront de 32 000 euros pour un salarié récemment embauché, jusqu’à 91 000 euros pour les plus anciens. De quoi soulager les 311 salariés des usines de Dole (Jura) et de Revin (Ardennes),
Jeudi 28 avril
- La SAFE (Société des aciers fins de l'est) est sauvée de justesse de la liquidation. La forge lorraine, qui travaille pour plusieurs constructeurs automobiles, a été reprise pae Farinia,groupe spécialisé dans la transformation des métaux. 258 des 320 salariés de Safe devraient être repris. 
- Après le site d’Arches (Vosges), cédé au groupe suédois Munksjö, c’est au tour de l’usine de Rives (Isère) de faire les frais de la restructuration du papetier ArjoWiggins. La quatrième et dernière machine du site sera mise à l’arrêt d’ici la fin de l’année 2011, entraînant un arrêt définitif de la production et la suppression d’une cinquantaine de postes sur les 200 actuels. Le reste des effectifs sera transféré dans l’autre usine iséroise du groupe, à Charavines (Isère). 
- Nouveau suicide chez France Télécom : un cadre s'immole par le feu à Mérignac (Gironde). 
Vendredi 29 avril
- Les défilés du 1er mai s'annoncent relativement limités, dans un climat social assez morose. 
- Les syndicats de fonctionnaires (CGT, FSU, FO, CFDT et UNSA) décident du principe d'une journée de grève fin mai contre le gel des salaires dans la fonction publique. 

 

Henri Valois.

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11 avril 2011 1 11 /04 /avril /2011 23:21
La France qui se bat
 
L'affreuse affaire Tapie est là pour nous le rappeler : dès qu'il y a de l'argent dans les caisses de l'Etat, ce sont les amis du régime qui en profitent, pas la production nationale, pas les travailleurs français. Quand aux banques, elles ont naturellement tout oublié de la crise financière de 2008. La spéculation y bat à nouveau son plein et les surrémunérations des "traders" atteignent à nouveau des sommets. On préfère alimenter la prochaine bulle immobilière ou trafiquer sur les marchés asiatiques plutôt que de soutenir  l'industrie nationale qui a pourtant des besoins criants de capitaux.
Le dossier Yoplait illustre parfaitement cette situation : voilà un groupe performant, désendetté, très bien positionné dans la compétition mondiale. Qui plus est, ce fleuron sert de débouché à un de nos secteurs agricoles les plus importants, celui des produits laitiers. Il devrait être logiquement au coeur d'une politique industrielle innovante, volontaire, intelligente. Sa recherche et développement, entièrement localisée en France, devrait être très fortement soutenue par les pouvoirs publics. Et pourtant, il n'en est rien. Lorsqu'au début des années 2000, Yoplait a du faire face à une mutation industrielle de grande ampleur pour tenir ses positions sur le marché mondial, c'est à un fonds privé qu'il a du faire appel. Le fonds en question - FAI dirigé par M. Zinzou, banquier d'affaires et ami de Laurent Fabius - a naturellement demandé des gages aux actionnaires historiques, les coopératives laitières : en récupérant 50% du capital et la direction de l'entreprise, il a fait une première bonne affaire. En décidant, il y a quelques semaines de vendre sa participation majoritaire au géant américain General Mills, FAI dégage une énorme plus-value et réalise une seconde très bonne affaire. Sur le dos de qui ? Du secteur coopératif laitier, qui perd ainsi le contrôle d'une entreprise dont il avait pourtant porté le développement à bout de bras. Des 1300 salariés français de Yoplait, qui s'inquiètent à juste titre pour leur emploi et pour leurs conditions de travail. Et de l'Etat français lui même, qui craint de voir Yoplait découpé et revendu par activités, au gré du marché et des décisions prises par un actionnaire qui n'a rien d'un philanthrope. Résultat : l'Etat va finalement intervenir. Il le fera non pas de façon offensive - ce qui, horresco referens, l'exposerait à passer pour "interventionniste" aux yeux du capital américain! - mais de manière défensive, en aidant les coopératives laitières à conserver leur minorité de blocage dans le capital de Yoplait. Ce qui n'a pas été fait il y a 10 ans, dans des conditions de marché alors raisonnables, l'Etat va maintenant le faire et au prix fort ! Quelle absurdité et pour quels médiocres résultats ! 
Yoplait n'est ni le premier ni le dernier exemple de l'incurie de l'Etat et de la défaillance de nos structures bancaires  : on vient d'annoncer le rachat de Rhodia par le groupe belge Solvay. Rhodia, c'est l'ancien empire des activités chimiques de Rhône-Poulenc, un des fleurons de l'industrie française des années 60 et 70, séparé dans de mauvaises conditions de sa maison-mère. Rhodia, c'est l'histoire d'une restructuration douloureuse, aujourd'hui réussie, mais qui aura coûté cher, en emplois perdus, en usines fermées, en aides publiques. Et voilà que, le groupe redressé, la crise passée presque sans encombre, la France perd les bénéfices des efforts qu'elle a consentis. Pourquoi ? Parce que Rhodia, bien que remis à flot, traine un passif de 2 milliards d'euros, lié à la dépollution de ses anciens sites industriels. Qui a aidé Rhodia à éponger ce passif et à disposer des moyens de rebondir? Personne. Ni l'Etat, ni la Caisse des Dépots, ni bien évidemment le système bancaire français, celui là même qui tendait il y a deux ans la sébile aux contribuables pour effacer les traces de ses placements douteux, off shore. Exit donc Rhodia, et adieu à nos ambitions dans la chimie industrielle, une des activités de base du monde de demain.
Yoplait, Rhodia et combien d'autres... PME performantes qui ne trouvent aucun appui pour financer leur développement, petites entreprises innovantes en manque de capital, entrepreneurs, chercheurs qui se voient refuser un prêt, ouvriers, techniciens, cadres qui ne trouvent aucun soutien pour reprendre leur entreprise défaillante. Voilà la réalité, la triste réalité quotidienne de l'industrie française. Il faudra bien un jour que les choses changent. Nous aurions pu saisir l'opportunité de la crise financière de 2008 pour nationaliser nos banques et constituer de puissantes institutions financières, nationales et régionales, pour répondre aux besoins de nos entreprises et des producteurs qui les font vivre. Il n'en a rien été et les milliards d'euros de subsides versés aux banques l'ont été en pure perte. Ne laissons pas passer la prochaine occasion : la crise qui se prépare, celle de l'euro, va mettre en lumière l'incurie de nos banquiers, privés et centraux. Soyons sans pitié cette fois-ci, licencions-les, exproprions, nationalisons, régionalisons !
Car dans le même temps, les entreprises multinationales continuent à prospérer sur notre sol. Elles n'ont aucun scrupule à dégraisser leurs effectifs et à vendre les activités qui ne répondent plus à leurs standarts de compétitivité. Ainsi le groupe allemand Bayer n'hésite pas à annoncer la cession des activités pharmaceutiques qu'il exploite en Haute Savoie et c'est 350 à 380 emplois qui sont menacés par cette décision. Le suisse Nestlé restructure sa production de produits surgelés et réduit l'activité de ses usines picardes. Des incertitudes pèsent sur l'avenir des sites Bosch d'Angers et de Drancy qui emploient plus de 800 personnes. Heureusement, les salariés et leurs organisations syndicales n'hésitent plus à créer le rapport de force : c'est le cas à Strasbourg, où les employés de General Motors ont entamé une grève illimitée pour obtenir l'arrêt des plans sociaux, et à Blanquefort où les salariés de Ford, eux aussi en grève, cherchent à accélérer la revitalisation du site. C'est le cas aussi dans de nombreuses entreprises en redressement judiciaire, où les salariés décident d'intervenir dans les procédures pour négocier avec les candidats à la reprise, favoriser les meilleures propositions et susciter, s'il le faut, des repreneurs. Les producteurs s'organisent un peu partout, tant mieux !
H. V.

Mardi 1er mars
- Un an après son démarrage, VM Industries, l'entreprise créée pour reprendre l'usine de connecteurs de Molex à Villemur-sur-Tarn emploie 52 salariés, pour l'essentiel des anciens de Molex. A la fin de l'année, l'entreprise engagera une diversification dans le secteur ferroviaire. Avant sa fermeture en 2009, Molex employait 283 salariés. Par ailleurs, les salariés de Molex et la CGT Métallurgie ont saisi l'OCDE de leur conflit avec leur ancien employeur. 
- L'entreprise Hydra, implantée à Moosch (Haut-Rhin) et spécialisée dans la production de produits d'hygiène (cotons à démaquiller, bâtonnets...), demande son placement en redressement judiciaire. Hydra compte 158 salariés.  En 2008, un premier  plan social avait entraîné 45 suppressions de postes.
Mercredi 3 mars
- la majorité des 400 salariés du groupe Photowatt, spécialisé dans la fabrication de panneaux photo-voltaïques à Bourgoin-Jallieu (Isère) ont décidé de se mettre en grève pour une durée indéterminée. Ils s'opposent aux conditions de licenciement proposées dans le plan de restructuration de l’entreprise qui prévoit la suppression de 195 postes en CDI et de 126 contrats d'intérim.
Lundi 7 mars
- Le tribunal de commerce de Périgueux prononce la liquidation judiciaire de Naptural Isoplume (19 salariés en Vendée). Ce fabricant de panneaux isolants dépend du groupe Sofidile-Isoa, qui emploie 220 salariés en Aquitaine.
Mercredi 9 mars
- Le groupe pharmaceutique Sanofi-Aventis va supprimer 700 postes en Europe, notamment parmi ses visiteurs médicaux. Le Portugal serait le pays le plus touché par cette restructuration que Sanofi se refuse pour le moment à confirmer.
Lundi 14 mars
-  L'entreprise Tharreau Industries, qui emploie 135 salariés à Chemillé (Maine-et-Loire) dans les textiles techniques non tissés, va être repris par le groupe danois Fibertex Nonwovens. Les autorités de la concurrence doivent encore valider ce rachat.
Mardi 15 mars
Une manifestation rassemble plus de 1500 personnes à Carhaix (Finistère) pour protester contre la fermeture d'une usine Entremont, après la reprise du fromager par le groupe laitier Sodiaal en décembre 2010.
Mercredi 16 mars
- Accord sur les indemnités de licenciement des salariés de la raffinerie Petroplus de Reichstett (Haut Rhin). Les 255 employés ont mis fin à la grève commencée il y a une semaine. Des repreneurs sont recherchés par les syndicats. 
Jeudi 17 mars
- Un mouvement social perturbe la production de la Compagnie Fromagère de la Vallée de l'Ancre (CFVA, groupe Bongrain) qui emploie plus de 300 salariés à Beauzac (Haute-Loire). La CGT, qui conduit cette grève, demande un relèvement des salaires et une amélioration des conditions de travail.
- Le conseil national de l'Union nationale des syndicats autonomes (UNSA, 200000 adhérents) élit Luc Bérille au poste de secrétaire général. M. Bérille remplace Alain Olive, 61 ans, grande figure du syndicalisme, qui ne se représentait pas. Le nouveau secrétaire général entend poursuivre l'implantation de l'UNSA dans le secteur privé et il plaide pour un meilleur équilibre entre démocratie politique et démocratie sociale.
Vendredi 18 mars
L’usine Ford de Blanquefort (Gironde) tourne au ralenti et 500 salariés bloquent les livraisons. Les syndicats veulent faire pression sur la direction afin d'accélérer la reconversion du site. L'usine emploie aujourd'hui 1500 salariés et l'activité boites automatiques  destinées au marché américain doit fermer fin 2011. Ford a engagé un plan de sauvegarde de l'emploi qui concerne 336 postes.
- Le tribunal de commerce d’Evreux vient de confirmer la mise en liquidation judiciaire  de l’entreprise de transport et de logistique Logistrans de Val-de-Reuil. Les 123 salariés du site seront licenciés à la fin du mois.
Samedi 19 mars
- Le groupe laitier Yoplait va passer sous contrôle du géant américain General Mills. Le fonds d'investissement PAI, dirigé par le financier Lionel Zinsou, proche de Laurent Fabius, vend ses parts et Les coopératives laitières regroupées dans la holding Sodiaal vont devenir minoritaires. Yoplait, numéro deux mondial du yaourt, emploie 1250 salariés en France.
Lundi 21 mars
- Après douze heures de négociation au siège du Medef, les partenaires sociaux ont décidé de mettre un point final à la négociation sur l'avenir des retraites complémentaires du secteur privé Arrco et Agirc. Le Medef a refusé d'envisager une augmentation des cotisations patronales. La CFDT est toutefois prête à signer l'accord, alors que la CGT, la CGC et la CFTC devraient refuser de le parapher. La position de FO n'est pas encore connue.
Mardi 22 mars 
- Le gouvernement annonce son intention d'intervenir dans la prise de contrôle de Yoplait par General Mills. Après avoir beaucoup oeuvré pour favoriser une solution de reprise par le duo Lactalis-Nestlé, Bercy envisage de demander au FSI (Fonds stratégique d'investissement) de se mobiliser pour aider Sodiaal à conserver une minorité de contrôle dans Yoplait.
Mercredi 23 mars
- Le tribunal de grande instance de Colmar prononce la liquidation judiciaire de la Papeterie de Turckheim, dans le Haut-Rhin. 110 salariés vont être licenciés.
Vendredi 25 mars
- L'entreprise de boissons chocolatées Cacolac est reprise par Trixaim investissement, qui avait mis la main l'an dernier sur Balarama, un fabricant de barres céréalières. Le site de production de Cacolac, situé à Léognan (Gironde), devrait être conforté ainsi que les 50 emplois existants.
- Après la restructuration intervenue en 2006 et la fermeture de l’usine de Beauvais dans l’Oise l’an dernier, les incertitudes pèsent désormais sur l’usine angevine et le site de Drancy (Seine-Saint-Denis) du groupe allemand Bosch. En tout, 800 emplois seraient concernés. Seul candidat intéressé, le japonais Akebono s’est finalement rétracté au début du mois.
Samedi 26 mars
- Les élections professionnelles à la SNCF marquent un recul de la CGT et de Sud-Rail au profit des réformistes, CFDT et UNSA qui totalisent pour la première fois 35% des voix et qui pourraient, en s'alliant, signer des accords.
Lundi 29 mars
- Un mouvement de grève illimité est lancé par les employés de l'usine de boîtes de vitesses General Motors, à Strasbourg, qui emploie 1 040 personnes. Selon la CGT, 70 à 80 % du personnel de production est en grève. Les grévistes réclament l'amélioration des conditions de travail, l'arrêt du PSE qui prévoit 198 départs volontaires d'ici à fin juin et « l'annulation des accords de l'été 2010 pour tromperie envers les salariés ».
Mardi 29 mars
Les salariés du groupe de linge de maison Descamps contestent en justice la reprise de leur entreprise par l'actionnaire actuel, le groupe italien Zucchi. Ils mettent en valeur l'offre alternative présentée par la Maison de la literie qui prévoyait de conserver la totalité du personnel. 
- Les employés de La Poste lancent une grève nationale pour dénoncer le malaise social au sein du groupe et les mauvaises conditions de travail. L'incertitude liée au changement de statut de l'entreprise pèse lourdement sur le climat social.
- FO signera finalement l'accord Agirc-Arrco ainsi que l'accord sur l'assurance-chômage et celui sur les non-titulaires dans la fonction publique. La centrale de Jean-Claude Mailly profite du durcissement de la CGT pour se replacer sur l'échiquier syndical.
- Le groupe Nestlé annonce une restructuration de son activités "grand froid". 130 suppressions de postes sont envisagées dans son usine de Beauvais (sur un effectif de 300 salariés).
Jeudi 31 mars
- Le groupe allemand Bayer qui emploie près de 800 salariés dans les produits pharmaceutiques de médication familiale à Gaillard (Haute-Savoie) annonce son intention de céder cette activité. Cette mesure concernerait entre 350 et 380 salariés.
Henri Valois.

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15 mars 2011 2 15 /03 /mars /2011 00:21
La France qui se bat
 
Mardi 1er février
- Après la mise en liquidation du groupe Vogica, sa filiale Manuest de Châtenois (Vosges) est reprise par le groupe d'ameublement alsacien Weber Industries. Le repreneur assure le maintien de 135 salariés sur le site de Manuest (qui en comptait près de 400 à l'été 2009). 
Vendredi 4 février
- Ouverture du comité confédéral national de la CGT. Le secrétaire général, Bernard Thibault, dément à nouveau les rumeurs de départ anticipé. Il appelle les fédérations de la centrale à accélérer leur réorganisation et plaide pour une relance de l'intersyndicale, mise en sommeil après la fin du conflit sur les retraites.
La société TES Electronic Solutions, basée à Langon (Ille-et-Vilaine), vient d'être placé en redressement judiciaire. Le groupe, qui emploie 320 salariés est spécialisé dans la sous-traitance électronique. Il fabrique des cartes pour de grands groupes, mais aussi des sous-ensembles électroniques de hautes technologies.
L'usine Schering-Plough d'Hérouville-Saint-Clair (Calvados), amputée de 100 postes. Cette usine qui emploie  426 salariés dans la fabrication de produits anticancéreux, antiviraux, antibiotiques, est l’une de celles qui seront touchées dans le cadre de la fusion entre les deux groupes américains Merck Sharp & Dohme et Schering-Plough.
Lundi 7 février
Danival, leader français de la conserve Bio, implanté à Andiran (Lot-et-Garonne), vient d’être absorbé par Lima,  filiale belge du groupe américain Hain Celestial. Fondé il y a vingt et un ans par des agriculteurs bio, Danival emploie aujourd’hui 80 salariés.L’entreprise distribue ses produits (220 références) dans le réseau des magasins bio. 
Mardi 8 février
-  Inquiétude pour l'avenir du site d'Eureneo à Bergerac. La filiale de la SNPE serait menacée par le transfert d'une partie de ses activités sur le site de l'entreprise Nexter, autre sous traitant  du ministère de la défense, situé dans le Cher. Eureneo emploie 126 salariés en Dordogne.
-  Le plan social de Fralib est jugé illégal par le tribunal de grande instance de Marseille. Les 182 salariés de l'usine de conditionnement des thés Lipton et Elephant remportent ainsi leur première grande victoire contre leur ancien employeur, le groupe multinational Unilever. L'ensemble des procédures conditionnant le plan social et la fermeture de Fralib doivent être reprises à zéro. 
Mercredi 9 février
-  Concurrencée par les produits à bas prix asiatiques, le faïencier HB-Henriot de Quimper est placé en redressement judiciaire. La direction table sur une période de 6 mois pour retrouver un repreneur. Quelques 50 personnes travaillent encore dans l'atelier d'Henriot. 
Jeudi 10 février
- Le groupe FagorBrandt, repreneur des marques Moulinex et Brandt, veut externaliser son site de Gerland (Rhône). L'usine, qui ne produit plus que des lave-linge, emploie encore 560 salariés. Les syndicats dénonce une délocalisation au profit du site polonais du groupe qui regroupe déjà l'essentiel de la production.
- Jean-Claude Mailly (FO) se pose en défenseur de la "république sociale". Il sera sans aucun doute réelu à la tête de la centrale lors du 22e congrès de FO qui se tient du 14 au 18 février à Montpellier.
Lundi 14 février
L’entreprise pharmaceutique Girex-Mazal de Quimper (Finistère), filiale du groupe indien Wockhard, est placée en redressement judiciaire. Une solution de reprise est activement recherché par les 170 salariés.
Vendredi 18 février
Selon les syndicats,  Alstom Power pourrait délocaliser une partie de sa production au Mexique, dans le cadre de son plan de suppression de 4 000 postes dans le monde. La direction du groupe se refuse à tout commentaire. L'atelier Alstom Power systems de Belfort pourrait fermer. Une centaine d’emplois est menacée. 
Samedi 19 février
- Le président de la Fonderie Messier à Arudy (Pyrénées-atlantiques), retenu depuis le 17 février par des salariés en colère, a été libéré dans la nuit. les salariés demandent des hausses salariales et l'interruption d'une procédure contre un délégué syndical.
Dimanche 20 février
- Ports : le patronat des ports de l'Etat et la CGT sont proches d'un accord sur la retraite de la main oeuvre. La pénibilité du travail sera prise en compte dans le calcul de l'âge de départ à la retraite de 6000 dockers et de plus de 2000 grutiers.
Lundi 21 février
Metaltemple, qui emploie 264 salariés dans les pièces de fonderie de précision pour l’automobile à Saint-Michel-de-Maurienne (Savoie), vient d'annoncer son intention de supprimer 65 postes. Cette mesure inquiète les salariés car elle s'inscrit dans une succession de plans sociaux qui ont supprimé près de 200 postes en quatre ans. 
Mardi 22 février
- Lusine de cartons Norampac Avot-Vallée de Blendecques (Pas-de-Calais), filiale du groupe papetier canadien Cascades, est cédé à  OpenGate Capital, un fonds d’investissement américain, basé à Los Angeles et à Paris. L’annonce du rachat suscite des  inquiétudes parmi les 160 salariés.
-  Les 316 salariés de Cooper Standard Automotive à Bolbec (Seine-Maritime), filiale de l'américain Cooper ont obtenu que la fermeture de leur site soit repoussée au 31 juillet prochain. Les employés bénéficieront de primes de licenciement significative et de la mise en place d'une cellule de conversion.
Vendredi 25 février
Alcan Softal, fabricant de profilés en aluminium pour l’automobile et le bâtiment, implantée à Ham (somme),  annonce la suppression de 100 postes sur les 200 que compte l’usine picarde et la mutation de 27 personnes. Le personnel a vivement réagi à la nouvelle, organisant aussitôt un mouvement de grève.
Samedi 26 février
Le fonds de pension Axa Private Equity va céder sa participation dans le fabricant de revêtements pour sols Gerflor à un autre fonds d'investissement international, ICG. Gerflor emploie près de 2000 personnes en France.
Henri Valois.

 
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N°1 - 2009/01
 
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