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27 octobre 2010 3 27 /10 /octobre /2010 00:34
Comédie policière
 
Barbouzes, policiers et toutes vos équipes,
Régimistes payés, nous fouaillerons vos tripes !
Gaullards, plongez dans l'ombre avant qu'on vous agrippe...[1]
                                         (Air connu de notre belle jeunesse)
 
Le pouvoir vient de subir une rude épreuve. Ce n’est pas avant quinze jours que nous saurons si l’orage est réellement passé ou s’il peut éclater à nouveau, voire dégénérer en quelque chose d’encore plus redoutable. Mais ce qui est sûr, c’est que M. Sarkozy doit ce passage de cap difficile à deux hommes et à deux hommes seulement, Brice Hortefeux et Claude Guéant. Nous avions bien senti que les évènements de cet été (discours de Grenoble, expulsion des Roms...) annonçaient un durcissement du régime, un changement de méthode, d’équipe et de ligne politique. Le chef de l’Etat, qui sort très affaibli de deux  années de crise et de mauvais résultats, a visiblement fait le choix de revenir à ses fondamentaux : la fermeté et la sécurité. Et qui sont les mieux à même d’incarner ces valeurs auprès de lui, sinon le ministre de l’intérieur qui dirige la police et le secrétaire général de l’Elysée qui tient entre ses mains le réseau des préfets ? C’est ce tandem qui est désormais aux commandes de l’Etat. Il a toutes les chances d’y rester jusqu’à la fin du mandat, quel que soit le nom du successeur de M. Fillon.
Ce duo est plus qu’un duo, disions nous en septembre [2]. C’est un système à deux têtes. La police dans sa version politique, avec ses conciliabules feutrés, ses visiteurs du soir, ses hauts fonctionnaires, ses réseaux d’influence. Mais aussi la basse police, celle qui manœuvre les CRS, les gardes mobiles, celle qui salarie les barbouzes et les officines de désinformation, celle qui fabrique les fichiers occultes et qui pose les écoutes téléphoniques. Ceux qui ont suivi de près l’histoire de ces six semaines de conflit social conviendront que nous étions dans le vrai en dénonçant la dérive policière du régime. Peut-être même un peu en dessous de la réalité. Incontestablement, MM. Hortefeux et Guéant ont du savoir-faire. Ils ont été, l’un comme l’autre, formés à bonne école, celle d’une République qui sait se défendre, à défaut de savoir gouverner. L’héritage des Malvy, des Frot et, plus près de nous, des Frey, Marcellin, Poniatowski ou Joxe n’a pas été perdu pour tout le monde. Cette équipe connaît son affaire sur le bout des doigts. Elle vient de nous le démontrer en déminant rondement le conflit des retraites. En cinq actes, dans la plus pure tradition des comédies classiques.
Premier acte : la temporisation. Prudence, doigté et diplomatie, ce sont des domaines dans lesquels M. Guéant excelle. Il est payé pour être l'ami de tout le monde et d'abord des leaders syndicaux avec lesquels il entretient les meilleures relations. En particulier avec M. Thibault,  qui est, tout comme lui, un homme d'ordre. L’Elysée a tout de suite su faire passer son message sur les retraites : le droit de grève et la contestation sociale sont légitimes, ils seront tolérés dans des limites raisonnables mais ils ne changeront rien à la détermination du gouvernement d'aller au bout de sa réforme. Message reçu fort et clair aussi bien par la CGT que par la CFDT. L’une comme l’autre entendaient bien d'ailleurs en rester aux figures imposées : on manifesterait pour le principe, dans la légalité et sans débordements. A charge pour le pouvoir de lacher un peu de lest au Parlement s'il fallait faire tomber la pression. Dans ce schéma, le gouvernement pensait en finir avec l'encombrante réforme des retraites à la mi octobre. Ce qui permettait d'embrayer dès l’automne sur d'autres sujets, comme les questions sécuritaires si chères au cœur du Président et de sa majorité.
C'était compter sans la profondeur du mécontentement populaire. Qui pouvait prévoir que la base se prendrait au jeu et que les cortèges syndicaux rassembleraient dès le départ des foules énormes et inattendues ? Tous ceux qui ont assisté aux manifestations parisiennes ou provinciales ont bien vu que les appareils étaient très vite débordés. Les dirigeants, pris à parti, houspillés par des manifestants déterminés et prêts à en découdre, ont fini par ouvrir les yeux. C’est le 8 octobre que l'intersyndicale commence à percevoir la puissance du mouvement et qu’elle décide de durcir le ton. La journée d'action du 12 octobre marque un tournant, avec l'entrée en scène du secteur privé qui manifeste et commence à débrayer en Ile de France, à Marseille, à Toulouse et dans la plupart des bassins industriels en restructuration. L'autre élément qui brouille les cartes, c'est l'arrivée des jeunes et d'abord des lycéens qui bloquent près de 400 établissements en quelques jours et font masse dans les cortèges à partir du 15 octobre.
 C'est là que s’ouvre le deuxième acte de notre comédie policière : celui de l’intimidation. M. Hortefeux et ses limiers de la place Beauvau sont en piste. On met ouvertement en garde les étudiants, les parents et les enseignants contre les risques de violence. L’heure est aux compagnies de CRS, déployées dès huit heures du matin devant les lycées bloqués, qui vont intervenir très vite, aux limites de la provocation. C’est aussi l’heure des casseurs. Les premières bandes qui interviennent le 18 octobre à Nanterre n’ont aucun lien avec le mouvement lycéen; les affrontements, assez violents mais sporadiques, sont le fait de petites équipes rapidement circonscrites. Même chose en Seine Saint Denis, où l’on annonçait pourtant un embrasement des banlieues. La surprise vient de Lyon, qui est, plusieurs jours de suite, le théâtre d’affrontements de grande ampleur entre plus d’un millier d’énergumènes et les forces de l’ordre. Les évènements lyonnais, largement relayés par les médias et que le ministre de l’Intérieur s’efforcera d’exploiter habilement, sont particulièrement troublants : ils se déroulent à proximité immédiate des cortèges lycéens et étudiants qu’ils perturbent et cherchent à décrédibiliser ; ils sont le fait d’équipes « professionnelles », coordonnées, très mobiles, dont les chefs n’ont rien de jeunes gens. Le Monde, l’Humanité et Libération signalent que les gamins interpellés les 18 et 20 octobre sont pour l’essentiel de pauvres « lampistes » et que les vrais meneurs restent introuvables. A Paris, c’est le service d’ordre de la CGT qui donnera la chasse – de façon d’ailleurs très efficace - aux quelques groupes de casseurs qui agissent en marge des cortèges, sans que la police ne cherche vraiment à intervenir… [3]
Troisième acte : la médiatisation. C’est à nouveau M. Hortefeux qui est à la manœuvre. Le service de presse du ministère de l’Intérieur prend très vite un petit air de Propagandastaffel, à l'image de ce qu'il était en mai 1968. Nous n’évoquerons que pour mémoire les "unes" des feuilles gouvernementales, Figaro, Echos, Tribune, Parisien et autre Aujourd’hui  [4] qui firent, une fois de plus, la honte de la profession. Il est vrai que le gouvernement s’était donné le mot. Chaque ministre étant commis d’office pour remplir les colonnes de la bonne presse de tribunes libres et d'articles de bourrage de crâne. Plus grave fut l’attitude des grands médias télévisés et radiodiffusés. On a pu croire pendant quelques jours, entre le 16 et le 22 octobre, que l’ORTF s’était remise à émettre ! Le passage en boucle des conférences de presse de Brice Hortefeux et des interviews du petit Chatel avait quelque chose d’hallucinant. On laissa même le ministre de l’intérieur lire en direct à l’antenne une déclaration pour dénoncer les grèves et inciter les parents à garder leurs lycéens sous clé ! Depuis Michel Debré, en 1962, on n’avait rien vu d’aussi délibérément « décalé » ! décalé mais diablement efficace puisque, le soir même, les "usagers exaspérés" de l’UMP faisaient entendre sur toutes les chaînes leurs lamentations calculées. Du grand art pour le ministre qu’on était tenté d’applaudir ! Du moins grand art en revanche pour ceux des journalistes qui avaient choisi de « servir la soupe ». Gageons que certains d’entre eux ne passeront pas la prochaine Libération sans perdre quelques cheveux !
Quatrième acte : la mise en tension du pays. Nous retrouvons, là encore, notre tandem de choc, chacun dans sa partie. M. Guéant, qui prend sa mine des mauvais jours et glisse en confidence aux journalistes qu’il y a des risques de pénurie d’essence, malgré les précautions prises par le gouvernement. M. Hortefeux, en battle dress, montre les dents et fait des moulinets. Les bruits les plus fous commencent à courir. Les journaux télévisés laissent entendre, le soir même, que la moitié des stations est à sec (alors que les défauts d’approvisionnement toucheront au maximum un distributeur sur cinq), que l’activité des aéroports va se ralentir et que les vacances de la Toussaint risquent d'être compromises. Mme Lagarde et M. Bussereau, qui cherchaient au contraire à calmer le jeu, ne savent plus à quels saints se vouer et finissent par disparaître des écrans. Il n’est plus question que de réunions de crise à Matignon et à l’Elysée et de bruits de bottes devant les dépôts et les raffineries. Les préfets signent des arrêtés de réquisition et convoquent points presse sur point presse. Dans la nuit du 20 au 21 octobre, les dépôts pétroliers de Donges, près de Saint Nazaire, du Mans et de La Rochelle sont dégagés par les forces de l’ordre. Celui de Caen est pris et réoccupé à plusieurs reprises dans la journée du 22, les organisations syndicales répliquant point à point aux provocations policières, sous l’œil avide des caméras de TF1. La tension atteint son maximum avec l’assaut donné, dans la nuit du 23, à la raffinerie de Grandpuit (Seine et Marne) qui commande l’approvisionnement de la région parisienne. Les gendarmes mobiles y sont reçus comme il convient par une équipe de gros bras de la CGT, qui fait front pendant plusieurs heures et obtient de se retirer sans interpellation. D’une façon générale, ces journées sont sévères pour la police qui découvre, chaque fois à ses dépens, qu’il est plus facile de matraquer les jeunes que de subir la colère des travailleurs. Il n’empêche ! Le battage médiatique a fait son œuvre, les premiers sondages tombent qui confirment la lassitude du pays et l’intersyndicale donne des signes de faiblesse. Avec le vote de la loi le 27 octobre, le mouvement social perd de sa pugnacité et le pouvoir retrouve le sourire. Il revient de loin. Son obstination l’aura emporté mais à quel prix pour l’économie française !
« Il faut profiter de la victoire pour forcer ses avantages », disait Bonaparte. MM. Guéant et Hortefeux connaissent l’adage et le pratiqueront sans retenu. Les inquiétudes du pouvoir se déplacent de la rue aux prétoires, où l’affaire Woerth-Bettencourt fait à nouveau des siennes. Qu’à cela ne tienne, on redéploie les troupes victorieuses vers ce nouveau front. Voici l’acte cinq sur lequel s’achève notre comédie et qui pourrait s’intituler : la normalisation. Comme son nom l’indique, il ne s'y passe plus rien de très exaltant. On y fiche les journalistes et leurs informateurs, on met tout ce petit monde sur écoute aux frais des services de renseignements, qui n’ont – c’est bien connu – rien de plus utile à faire, on suit d’un œil les vols de documents, on surveille les magistrats au cas où ils prendraient des initiatives intempestives et surtout, surtout, on endort la galerie. « Normalisons, normalisons », semble dire notre duo de choc, « la France vient de se payer un printemps à l’automne, elle a besoin d’une période de calme ». Avant quelle tempête ?
Hubert de Marans.


[1]. Que nos amis gaullistes se rassurent, nous n’avons rien contre eux, bien au contraire ! Il faut remettre cet air innocent dans son contexte, celui de mai 68, où les officines barbouzardes pullulaient. Le Canard Enchainé parlait joliment des « gens de SAC et de corde » ! Nous les appelions plus simplement les « gaullards ». Il faut bien que jeunesse se passe !
[2]. Hubert de Marans, La police politique, RCIL du 25 septembre 2010.
[3]. La question des "faux casseurs" et des provocations policières alimente la polémique depuis quelques jours. Depuis que des chaines étrangères, comme l'agence Reuters, ont fait circuler des vidéos plus que troublantes. Le ministère, comme les syndicats de police, ne contestent plus la présence "d'hambourgeois" au sein même des cortèges. En assez grand nombre, semble-t-il. Dans ces conditions, toutes les provocations sont possibles.
[4]. Sans parler de celles des « gratuits », pas gratuits pour tout le monde ! Il faudra organiser un jour le boycott de ces saloperies patronales.

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21 octobre 2010 4 21 /10 /octobre /2010 12:42
Français,
encore un effort...                         
Jean de France 

«  Vous êtes Royaliste ? Sérieusement ? », me demande-t-on parfois. A l’évidence, mon interlocuteur préfèrerait que ce soit une blague. Non, nous n’avons pas tous été guillotinés sous la Terreur. Nous redressons même la tête, défiant une des plus grandes tentatives de castration nationale. Bien qu’elle soit persuadée du contraire, la France ne s’est jamais pardonnée d’avoir tranché la tête de Louis XVI. Le souvenir de ce parricide hante son histoire et l’emprisonne dans une névrose où la mélancolie alterne avec l’espoir de « l’homme providentiel » [1]. Cet espoir est toujours déçu car il repose sur des répliques chimériques d’un roi refoulé. Il serait temps de s’intéresser à l’original plutôt qu’à ses copies.

 Le comte de Chambord, dernier descendant de la branche aînée des Bourbons, est mort en 1883. Avant de disparaître, « il a bien marqué que, dans la tradition française, la famille d’Orléans représentait dorénavant la dynastie capétienne en France : "Les Orléans sont mes fils", a-t-il dit ». Jean de France est aujourd’hui descendant de cette famille. C’est donc lui qui sera appelé à régner lorsque les Français auront décidé de se réconcilier avec eux-mêmes. Cette mission, Jean de France s’y prépare avec sérieux. Il pose ses premiers jalons dans un livre d’entretiens accordés à Fabrice Madouas : Un prince français  [2].

Etre roi des Français suppose de savoir détecter, en se réglant sur une longueur d’onde historique en adéquation avec l’actualité, ce qui favorise en chacun l’impulsion créatrice – source de bonheur. A l’évidence, Jean de France possède cette faculté. Qu’il s’agisse d’éducation, de justice, d’économie, de culture, de politique étrangère ou bien de défense, Un prince français offre sur tous ces sujets une approche pertinente et originale : « Aujourd’hui, je ne regarde presque plus la télévision et je ne m’en porte pas plus mal. Il faut savoir se détacher des écrans : l’image, en sollicitant nos émotions, interdit la réflexion et favorise les conformismes. J’ai appris à m’en méfier. ».

Ces profondeurs de vue sont la conséquence d’une histoire personnelle que Jean de France aborde dans ces entretiens : son enfance, son parcours professionnel, ses goûts artistiques y sont détaillés. J’abonde dans son sens lorsqu’il cite Fénelon : « Quand un prince aime les lettres, il se forme pendant son règne beaucoup de grands hommes. Ses récompenses et son estime excitent une noble émulation ; le goût se perfectionne. » Pas étonnant que nous n’ayons, aujourd’hui, que de petits hommes : « Les "normaliens sachant écrire" ont cédé le pas aux gestionnaires et aux "communicants". Nos gouvernants n’ont plus l’amour des lettres, mais celui des petites phrases. »

Les hommes politiques ? « Pour se faire élire, l’homme politique succombe nécessairement à la tentation de la séduction. D’où ce show permanent, ce mouvement perpétuel qui ne laisse jamais à l’opinion le temps de la réflexion : on saute d’un problème à l’autre, sans s’assurer que le précédent a bien été réglé. » Des décisions sont ajournées, des projets avortent parce que personne, au-dessus des partis, n’en est le garant : « Un roi peut se consacrer à l’essentiel, car il n’a pas besoin de créer chaque jour l’évènement pour exister. Il est plus serein pour s’occuper, en profondeur, des affaires du pays – étant entendu qu’il agit dans le cadre de la Constitution. » Car rétablir une monarchie absolue serait absurde : la royauté doit être réinventée, notamment en s’inspirant du règne de Louis-Philippe qui « a tenté de trouver un arrangement entre la tradition capétienne et les innovations de la Révolution ». On ne refait pas l’histoire, 1789 a bien eu lieu : « La Révolution a laissé l’homme seul, sans défense face à l’Etat, "le plus froid de tous les monstres froids", disait Nietzsche [3]. Nous payons encore aujourd’hui le prix de cet aveuglement idéologique qui est d’abord un péché d’orgueil. »

Cet Etat est aujourd’hui omniprésent, maternant, étouffant : « Je crois en effet que l’Etat doit se tenir en réserve. Il n’a pas pour vocation de s’occuper de tout, mais de favoriser la prospérité des familles et du pays en définissant un cadre législatif et réglementaire propice à leur réussite. Le bonheur est une œuvre de liberté. » Un philosophe contemporain de la Révolution française, qu’il convient de ne pas bouder, aurait ajouté : « Je conviens que l’on ne peut pas faire autant de lois qu’il y a d’hommes ; mais les lois peuvent être si douces, en si petit nombre, que tous les hommes, de quelque caractère qu’ils soient, puissent facilement s’y plier. […] Faisons peu de lois, mais qu’elles soient bonnes. »

   Le bonheur est une œuvre de liberté… Français, encore un effort si vous voulez être républicains… Redevenez Royalistes !

Gilles Monplaisir. 



[1]. Gilles Monplaisir, La France masochiste, Royaliste N° 965.
[2]. Jean de France, Un prince français, Ed. Pygmalion, 2009. 
[3]. Trouvez-moi un homme politique qui, aujourd’hui, cite Friedrich Nietzsche…
 
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15 octobre 2010 5 15 /10 /octobre /2010 18:15

Provocations laïcardes 

Xavier Malakine a publié il y a quelques jours sur son excellent site Horizons un long article dénonçant les dérives et les délires islamophobes de certaines sectes laïcardes ou ultra républicaines. L'article intitulé "Le djihad laïque, ça suffit !" recueille notre plein accord et nous invitons nos lecteurs à le lire et à largement le diffuser autour d'eux. La collusion qui existe aujourd'hui entre certains milieux laïques et l'extrême droite  doit être connue de tous, de même que les officines qui alimentent ces campagnes. Nous reviendrons plus complètement sur ce phénomène qui cherche à stigmatiser et à exclure la communauté musulmane de France.

  Paul Gilbert.

 

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2 octobre 2010 6 02 /10 /octobre /2010 10:00

La Royale se renforce

 

C’est très discrètement que la Marine nationale vient de mettre en service deux pièces essentielles de notre nouvel arsenal nucléaire : le 20 septembre dernier, le quatrième et dernier sous-marin nucléaire lanceur d’engins de nouvelle génération (SLNE-NG), le Terrible, entrait en service actif, et le 27 septembre, le nouveau missile nucléaire balistique M 51 faisait son apparition. 

Le Terrible, construit à Cherbourg et basé à l’Ile Longue dans la rade de Brest, est le premier SNLE de la classe du Triomphant à recevoir le nouveau M 51. Il devient ainsi le fer de lance de la dissuasion nucléaire française. Lancé en mars 2008, il a effectué ses derniers tirs de validation en juillet dernier. Il entrera au premier trimestre 2011 dans le cycle opérationnel des patrouilles en mer, aux côtés des autres unités de la Force océanique stratégique.
Quant au missile M 51, il offre des performances très supérieures aux engins qui équipaient jusqu’à présent la FOS : de 8 à 10000 km de portée, une précision inférieure à 200 m, une vitesse pouvant atteindre Mach 15, une capacité d’emport de charges nucléaires double de la génération de missiles balistiques actuels. Son déploiement complet s’achèvera en 2016.

Le programme de 16 milliards d’euros, qui consistait à remplacer les six sous-marins nucléaires de la génération du Redoutable, par quatre submersibles de grande puissance, se poursuit. Les trois premiers de série – le Triomphant mis en service en 1997, le Téméraire et le Vigilant en 2004 – vont maintenant faire l’objet d’une modernisation complète et seront adaptés pour accueillir le missile M 51.

Voilà du moins la vision de l'état-major de la Marine sur la réalisation de ce programme.  Il reste à s'assurer que ce sera bien celle du gouvernement et du Parlement. Dans un contexte où l'on ne compte plus les mauvais coups portés au budget de la Défense, les discussions sur la loi de finances 2011 qui s'engageront dans les prochaines semaines montreront si les moyens consacrés à ce programme sont bien au rendez vous et si la volonté politique existe pour le mener à bon terme.

   

Commandant Jean d'Aulon (c.r.).


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25 septembre 2010 6 25 /09 /septembre /2010 00:34
La police politique
 
Barbouzes, policiers et toutes vos équipes,
Régimistes payés, nous fouaillerons vos tripes...
(Air connu de notre belle jeunesse)
 

  Nous étions quelques uns, avant l'été, à annoncer la fin du sarkozysme. Ce qui n'était alors qu'une intuition, qu'un pressentiment, tend à devenir une réalité. On le sent bien, le pouvoir est aux abois. Sa politique économique a échoué et le pays s'enfonce chaque jour davantage dans le chômage et une sorte de dépression molle mais inéluctable. L'épouvantable affaire Woerth-Bettencourt a mis à jour tous les vices du régime - corruption, affairisme, attirance malsaine pour l'argent, mensonge, arrogance -  et le poison du doute et de la défiance s'est largement diffusé dans l'opinion. Le chef de l'Etat récolte chaque jour son lot de mauvaises nouvelles et tout ce qu'il entreprend pour sortir de la nasse l'y plonge encore plus profondément. M. Sarkozy ressemble de plus en plus à un boxeur en fin de match, qui titube sous les coups, qui sent inconsciemment que la partie est perdue, mais qui continue à s'accrocher aux cordes du ring. Pour combien de temps ?
C'est généralement à cet instant que l'appareil d'Etat dysfonctionne. Notre histoire est pleine de ces moments où le sort des dirigeants bascule, où les pouvoirs finissants tentent le tout pour le tout. On l'a vu récemment lors des fins de règne de MM. Giscard d'Estaing, Mitterrand ou Chirac : il faut gagner du temps, créer des diversions, garder la main sur les derniers alliés, démasquer les transfuges. Alors on surveille, on fiche, on contrôle, on intrigue. Il faut agir et agir vite contre la mauvaise herbe qui gagne, et peu importe les motivations et les moyens employés. C'est l'heure où le ministère de l'Intérieur, le ministère des coups tordus, prend les manettes, l'heure où les mauvais conseilleurs sortent de l'ombre, où l'on réactive les cabinets noirs. L'heure où la police politique prend le pas sur la police. Nous y sommes, ou à peu près.
Que l'on ne s'y méprenne pas. Il n'y a pas à proprement parler de tournant sécuritaire du régime, comme le dénonce une certaine gauche à longueur de colonnes du Monde ou de Libération. Les choses sont en réalité infiniment plus simples. L'exécutif compte en son sein une composante à la fois policière et politique qui y joue un rôle très actif. Ce groupe s'est constitué bien avant 2007, lorsque M. Sarkozy était ministre de l'Intérieur. Il associe de façon très étroite des préfets, des membres de la haute hiérarchie policière qui ont fidèlement servi le chef de l'Etat lorsqu'il était place Beauvau et des sarkozystes historiques, comme MM. Hortefeux, Estrosi, Devedjian et quelques autres. Il repose aujourd'hui sur deux têtes: le préfet Claude Guéant, secrétaire général de l'Elysée, véritable éminence grise du président de la République, et l'actuel ministre de l'Intérieur, lui-même préfet, qui dirige d'une main de fer la haute administration de la police. L'un et l'autre s'appuient  sur une chaîne de commandement parfaitement rodée: des membres du corps préfectoral présents dans chacun des ministères-clés et le réseau territorial des préfets de région et de département, entièrement épuré et mis au pas depuis 2007, qui quadrille le pays.
Cet Etat dans l'Etat n'est pas nouveau. Il a toujours plus ou moins existé sous la République. L'actuel chef de l'Etat l'a institué et en a codifié l'organisation dès le début de son quinquennat, tout en veillant à ce qu'il cohabite avec d'autres secteurs d'influence au sein du  gouvernement : Matignon et l'équipe rapprochée du Premier ministre, les financiers de Bercy, le Quai d'Orsay de Bernard Kouchner, la haute hiérarchie militaire, le ministère des affaires sociales d'Eric Woerth...  Ce qui est réellement nouveau, c'est le poids qu'il a pris au sein de l'exécutif depuis environ six mois. Très affecté par ses échecs, M. Sarkozy ne fait visiblement plus confiance qu'à cette garde rapprochée d'amis fidèles et d'exécutants sans état d'âme. C'est à eux qu'il a clairement confié la direction des opérations. L'Etat est désormais entre les mains d'une équipe dont le seul programme est de sauver les meubles et de préparer 2012. Si l'apparence du pouvoir reste à l'Elysée, sa réalité s'appelle aujourd'hui  Claude Guéant et Brice Hortefeux et on peut compter sur ces deux-là pour ne faire aucun cadeau à leurs adversaires.
Jusqu'à quelles extrémités ? La question a été récemment posée à l'occasion de l'affaire des fuites qui oppose le journal Le Monde à l'Elysée. Il est vrai que les moyens mis en oeuvre pour identifier la taupe de l'enquête Bettencourt relèvent des meilleures traditions barbouzardes et que le directeur général de la police nationale, M. Péchenard, et son collègue des renseignements généraux, M. Squarcini, n'y ont pas été par quatre chemins. Leur proximité avec le chef de l'Etat est bien connue et leur comportement parfaitement caractéristique des méthodes de la "nébuleuse" Guéant-Hortefeux. On a parlé de police politique et on a eu raison. Faut-il pour autant élever ce dossier au rang d'affaire d'Etat, comme voudrait le faire Le Monde ? Si les moyens utilisés pour démasquer la source sont répréhensibles, n'est-il pas tout aussi choquant de publier des comptes-rendus d'audience couverts par le secret de l'instruction? Attention à ce qu'un sujet aussi médiatique ne vienne pas occulter d'autres dérives, beaucoup plus graves. 
Et d'abord ce qui s'est passé en juillet dans les banlieues. Le discours de Grenoble n'est pas le résultat d'un coup de chaleur de l'été. Il a été conçu par les équipes de Beauvau et de l'Elysée dans une optique parfaitement claire : retrouver les suffrages des milieux populaires, satisfaire l'ensemble de l'électorat de droite. Au prix, si nécessaire, d'un nouvel incendie des banlieues, d'une stigmatisation des étrangers et, fait nouveau, des Français d'origine étrangère. Manque de chance, la ficelle était un peu grosse et la stratégie a fait long feu. Contrairement à ce qu'espérait le pouvoir, les Français ont réagi une fois de plus avec le sang froid et le bon sens qu'on leur connaît. Comme en témoignent les enquêtes d'opinion, les discours d'exclusion ne font plus recette et les causes de l'insécurité urbaine - démantèlement des polices de proximité, réduction massive des effectifs de police -  sont parfaitement pointés du doigt. Pour autant, on peut être sûr que le pouvoir reviendra sur ce terrain, car la tentation est trop forte. On raconte que, pendant cette période, le chef de l'Etat s'est fait communiquer chaque jour la courbe des adhésions à l'UMP, se félicitant qu'elles "rentrent bien". Pour rallier quelques bataillons d'adhérents ou d'électeurs de plus, l'exécutif actuel est prêt à aller loin, très loin. 
L'affaire des Roms en a fourni une autre illustration. Là encore  l'appareil préfectoral et policier s'est mobilisé comme un seul homme. Avec quelques maladresses, comme cette circulaire rédigée en toute hâte, qui donne priorité au démantèlement des camps Roms, et qui nous vaut d'être mis au ban de l'Europe. Mais avec une volonté claire de faire du chiffre, puisque on annonçe l'expulsion de plus d'un millier de Roumains et de Bulgares entre fin juillet et fin août. Le clou de cette affaire fut sans aucun doute l'épisode européen de la semaine dernière. Il est parfaitement clair que les déclarations de Viviane Reding, la commissaire européenne à la justice, ont été pris par l'Elysée comme du pain béni. L'occasion était trop belle de rassembler dans une même protestation anti-bruxelloise les partisans d'une ligne dure en matière d'immigration et ceux qui refusent, quel que soit le sujet, que la Commission viennent nous faire la leçon. La grosse colère de M. Sarkozy au sommet européen, parfaitement médiatisée, a fait le reste. C'est sans état d'âme que la Police politique considère qu'elle a marqué des points avec le dossier des Roms. Même s'il fragilise la France au plan international et nous déconsidère aux yeux de nombreux pays, alliés ou amis. 
Nos préfets et policiers n'ont d'ailleurs aucun état d'âme à régenter d'autres domaines que les leurs. A commencer par la défense et la politique étrangère, qu'ils considèrent comme des extensions naturelles de leur champ d'action. Et pourtant géostratégie et chaussettes à clous n'ont jamais fait très bon ménage. On l'a vu il y a un peu plus d'un an, lorsque le préfet Guéant a imposé à l'armée une réforme indigeste et destructive au nom de la fameuse Revue générale des politiques publiques (RGPP), sur laquelle il a la haute main. On l'a vu également dans les arbitrages qui ont conduit à regrouper autour du ministère de l'Intérieur tous les pouvoirs en matière de sécurité intérieur, y compris la Gendarmerie, au détriment des intérêts de la défense nationale. Il en est hélas de même pour la diplomatie: M. Guéant, nouveau Foccard, règne sur une politique africaine de la France qui se résume à peu de choses près aux questions de sécurité. Il est aussi, avec M. Hortefeux, l'homme des missions et des intermédiations difficiles, comme on l'a vu au Proche Orient ou dans l'affaire d'Afghanistan. Le corps diplomatique et, plus mezzo voce, M. Kouchner, ont beau dénoncer le manque de professionnalisme de cette "diplomatie policière", ces critiques ne rencontrent plus aucun écho au sommet de l'Etat.
Plus on s'approchera des prochaines échéances politiques, plus la dérive policière du pouvoir va s'aggraver. L'affaire du Monde a permis de lever un coin du voile sur cette dérive et de mettre l'opinion en alerte. Mais la vérité exige d'aller plus loin. Il est indispensable de mettre sous les yeux des Français l'étendue d'un phénomène qui conduit à dénaturer l'Etat, à l'asservir tout entier à la volonté d'un parti et d'un clan. Et si, comme nous l'espérons tous, le sarkozysme vient à disparaître - en 2012 voire avant - de nos écrans de contrôle, il faudra d'une façon ou d'une autre tirer les enseignements de cette période. Nous avons déjà eu l'occasion d'insister sur le fait que nos institutions républicaines ne garantissent plus aujourd'hui l'indépendance de l'Etat. Il sera tout aussi indispensable de réfléchir à une réforme en profondeur de la haute administration, dont on perçoit tous les travers. C'est tout particulièrement vrai du corps préfectoral dont les fonctions de quadrillage politique du pays relève d'un autre temps. A l'heure de la décentralisation, cette institution ne répond plus à aucune nécessité et l'on a aujourd'hui sous les yeux le mal qu'elle peut produire entre les mains d'un pouvoir partisan et égaré. La France moderne et libre n'a plus besoin de préfets.
 
Hubert de Marans.

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29 juillet 2010 4 29 /07 /juillet /2010 00:34
Annonces à blanc
 
Avec M. Sarkozy, un clou chasse l’autre. L’affaire Woerth/Bettencourt a-t-elle pris ses quartiers d’été que l’on reparle de M. Proglio et des intentions équivoques du pouvoir vis-à-vis d’EDF et de la filière électronucléaire française.
On connait nos soupçons. Ils ne se limitent pas, loin s’en faut, à la situation personnelle de M. Proglio et aux avantages qu’il aurait pu tirer de son double salaire à la tête d’EDF et de Veolia, péché somme toute assez véniel en Sarkozie. Ils se situent à un tout autre niveau : il existe un risque sérieux que les amis du pouvoir et les groupes privés de services urbains mettent la main sur l’ensemble de notre filière énergétique. Ces manœuvres ont  commencé bien avant l’arrivée de M. Proglio à la tête d’EDF. Elles datent très précisément de la prise de contrôle de GDF par Suez-Lyonnaise, opération initiée par M. Sarkozy lorsqu’il trônait à Bercy et achevée dès le début de son règne. C’est après et seulement après que la main est passée à Veolia, avec l’arrivée à la tête de l’électricien national de M. Proglio et de la quasi-totalité de ses anciens collaborateurs de la rue d’Anjou. La nouvelle équipe d’EDF n’a d’ailleurs pas mis beaucoup de temps à abattre ses cartes en revendiquant le contrôle de l’ensemble de la filière nucléaire, la mise sous tutelle d’AREVA – qui avait eu la mauvaise idée de prendre des accords avec Suez, concurrent d’EDF, sur le marché européen – et si possible sa fusion avec Alstom, troisième larron stratégique de la filière. Tout cela s’était terminé par une brouille mémorable à l’hiver 2009 entre Henri Proglio et Anne Lauvergeon, la bouillante présidente d’AREVA, et un appel à l’arbitrage de l’Etat. MM. Sarkozy et Fillon avait promis de s’exprimer sur le sujet à l’été.
Lorsque l’Elysée annonça il y a quelques jours qu’un « conseil de politique nucléaire » se tiendrait le 27 juillet, on pouvait légitimement craindre le pire. On savait M. Sarkozy pressé d’en finir avec un dossier nucléaire qui risque de ne pas être ficelé comme il le souhaite avant les échéances de 2012. Le rapport commandé par le gouvernement à François Roussely, ancien PDG d’EDF sous Mitterrand, avait également de quoi émouvoir. Ne parlait-on pas d’une entrée en force d’EDF au capital d’AREVA et d’une privatisation à terme de l’ensemble de la filière ? De quoi commencer à inquiéter des syndicats et des partis de gauche, bien discrets jusqu’à présent sur M. Proglio et ses projets. Il est vrai que notre homme a acquis beaucoup d’entregent lorsqu’il dirigeait Veolia et qu’il dispose de réseaux efficaces !
Au final, l’affaire accouche une fois encore d’une souris, voire d’une demi-souris. Si EDF est consacré « architecte ensemblier » du nucléaire français, en particulier sur les marchés à l’export, sa prise de participation dans AREVA ne dépassera sans doute pas 10% et évitera surtout à l’Etat de sortir de l’argent frais pour recapitaliser sa filiale. Mme Lauvergeon ne figurera pas, en tous cas dans l’immédiat, au tableau de chasse de M. Proglio, même si ses griffes sont un peu rognées. Le vrai vainqueur de cette journée de dupes, c’est une fois de plus Bercy qui évite des décisions à l’emporte-pièce et gagne du temps.
Les perdants, en revanche, ce sont une fois de plus les Français. Les sommes qu’EDF va  investir dans AREVA auraient sans doute été bien mieux placées dans le renouvellement du parc français, le renforcement de sa sécurité et le développement d’énergies alternatives au nucléaire ou au pétrole. La seule logique qui prévaut désormais dans ce dossier est la défense de nos positions sur les marchés étrangers, intention louable mais qui ne résume en rien les enjeux énergétiques de la France d’aujourd’hui et ceux de demain. Une fois de plus nos intérêts à long terme sont sacrifiés à des impératifs essentiellement marchands et contingents. Si l’affaire Proglio n’a finalement pas connu les développements que l’on craignait, elle est loin d’être encore terminée. Restons vigilants.
Hubert de Marans.

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10 juillet 2010 6 10 /07 /juillet /2010 10:00
La fin du Monde ?
 
D'intenses grenouillages se déroulent depuis quelques semaines pour le contrôle du journal Le Monde. On sait que l'ex-quotidien du boulevard des Italiens va mal, qu'il va même très mal et qu'il a un besoin pressant d'argent frais. Sa direction paye sans aucun doute une gestion approximative et à courte vue, mais elle paye surtout les erreurs du trio infernal Colombani-Minc-Plesnel, ses acquisitions et ses projets éditoriaux ruineux, à l'origine d'un trou financier qui dépasse aujourd'hui les 100 M€. Après plusieurs vaines tentatives de restructuration, les salariés du Monde ont du se résoudre à l'idée que leur journal devait perdre sa liberté et s'adosser à un groupe d'actionnaires majoritaires. Terrible constat pour un titre de presse dont la réputation s'est faite depuis 60 ans sur l'indépendance et le mépris de l'argent. 
Les personnels du Monde se sont prononcés fin juin sur les deux dossiers de reprise qui restaient en lice.  La proposition  du trio Pierre Bergé, Xavier Niel et Mathieu Pigasse - qui préserve une minorité de blocage aux rédacteurs - a été finalement préférée à celle de Claude Perdriel et du groupe du Nouvel Observateur, qui semblait financièrement plus fragile. Les interventions intempestives de M. Sarkozy dans ce dossier ont achevé de convaincre les salariés du Monde de voter pour l'offre que le président s'était employée à dénigrer et qui contrariait à l'évidence ses plans pour 2012. Les nouveaux investisseurs et l'équipe du Monde ont maintenant trois mois pour clore leurs négociations. 
Qui sont les futurs patrons du Monde ?  M. Pigasse, ci-devant directeur chez Lazard frères, est un ancien du cabinet de Dominique Strauss-Kahn. Il vient de prendre la présidence du magazine américain de langue française, Les Inrockuptibles, symbole de la gauche friquée et débraillée. Xavier Niel est, lui aussi, un curieux mélange d'entrepreneur, de financier et d'aventurier. Créateur du distributeur d'accès internet Free, il est également le propriétaire des droits des chansons de Claude François. On devine que son coeur est à gauche, son portefeuille à droite et ses amitiés entre les deux. Comme Pigasse. Et comme Pierre Bergé, éternelle figure de la mode parisienne, un pied chez Ségolène, deux pieds chez les mitterrandistes, qui fonda, lui aussi, en son temps cet archétype de la gauche caviar, l'éphémère et ruineux magazine Globe
Qui est derrière ces trois pieds nickelés de la finance, des fringues et du numérique ? Il est difficile de ne pas y voir l'ombre M. Strauss-Kahn. C'est en tous cas le sentiment de l'Elysée et des équipes de Mme Aubry. Le projet éditorial est plus flou. On sent que les pages culturelles et société du Monde vont y perdre le peu de sérieux qu'il leur restait, que l'heure sera sans doute davantage à l'air du temps, aux articles racoleurs qu'à l'analyse sérieuse et approfondie. En revanche, n'en doutons pas, les pages financières et de bourse resteront, elles, bien fournies et en bonne place. 
La prise de contrôle du Monde a une  signification plus profonde. Elle marque en quelque sorte la fin d'une histoire, celle d'une certaine presse écrite française, née avec la Libération. Que reste-il de cette aventure ? France Soir et l'Aurore ont disparu. L'Humanité et La Croix ne sont plus que l'ombre d'eux-mêmes. Le Parisien est à vendre. Le Figaro, qui eut ses heures de gloire, n'est plus qu'un journal de larbins et d'arrivistes. La Tribune et Les Echos sont de tristes bulletins de bourse. Libération dépérit sous la férule d'Edouard de Rothschild et des valeurs de la gauche d'argent. Quant à la presse dite régionale, elle n'en finit plus de mourir à l'ombre de ses chiens et de ses chats écrasés... Un grand pays ne peut pas vivre sans une presse libre, attentive, intelligente et ouverte sur le monde [1] . Il faudra un jour refaire une presse française.
  Paul Gilbert.

 


[1]. "Nous avons besoin d'un grand journal pour l'extérieur", dira le général de Gaulle à la Libération. Le quotidien Le Monde fut créé le 18 décembre 1944 par Hubert Beuve-Méry, avec l'appui du chef de la France Libre.


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26 juin 2010 6 26 /06 /juin /2010 10:00
Les satrapes et les voyous
 
     Le choeur . - Où sont tous vos amis fidèles? Où sont tous vos satrapes?...
Eschyle, Les Perses.

 

"Affaire après affaire, le poisson pourrit par la tête", pronostiquait en début de semaine le député vert Noël Mamère. C'est en effet ce que confirme notre odorat. On assiste à l'évidence à la fin du sarkozysme, cette maladie de la droite française. Mais le malade empeste et les effluves pestilentielles, qui s'étaient déplacées pendant quelques jours dans la banlieue du Cap, ont  regagné les bords de la Seine. La presse, ou du moins celle qui a compris que le vent tournait, s'en donne à coeur joie. L'Assemblée nationale n'a pas voulu être en reste et la séance des questions s'est transformée, mercredi, en marché aux poissons napolitain. M. Woerth, d'ordinaire si sûr de lui, blanchissait au banc du gouvernement. M. Fillon tenta une sortie mais ses propos, trop convenus, n'ont convaincu personne. L'ombre de Mme Bettencourt et de ses comptes en Suisse plane désormais sur les débats et chacun sent bien qu'avec l'affaire Woerth-Bettencourt, on a franchi une étape dans la décomposition du pouvoir.

Tout cela met en lumière la double nature du sarkozysme. Nous avions affaire jusqu'à présent aux voyous. Aux cigares de tel ou tel ministre, aux logements de fonction mis à la disposition des familles de tel ou tel autre, aux doubles appointements d'une ex-membre du gouvernement, à la voiture de fonction d'une autre, aux salaires de nabab d'une présidente de Haute Autorité, aux passe-droits attribués à tel ou tel enfant du "prince"... Nous étions en face d'une première réalité, celle d'une frange assez malpropre de la bourgeoisie française, d'une bande de nouveaux riches venue des marges de la politique-spectacle, du showbiz  et du monde économique, habituée à taper dans la caisse et à considérer le pouvoir comme sa propriété. On savait par avance que lorsque cette bande quitterait le gouvernement, il faudrait recompter les chandeliers, les rince-doigts et les petites cuillères dans les ministères ! Mais ce n'était pas à proprement parler une affaire d'Etat.

Avec le dossier Woerth, on est peut-être en face d'autre chose. De quelque chose d'évidemment plus grave et qui tendrait à penser qu'on a utilisé l'Etat, non plus pour les futilités de quelques ma-tu-vus, mais au profit de tout un système. Qui est en effet M. Woerth ? Le trésorier de l'UMP, comme il fut pendant des années celui du RPR.  Et qui est Mme Bettencourt ? Une des principales sources de financement de la droite française depuis des décennies. Un sponsor de poids, à qui on peut être tenté de passer beaucoup de chose, y compris des aventures helvétiques. M. Woerth a-t-il eu cette tentation ? La suite le dira. A-t-il été le premier à se retrouver devant cette tentation ? Certainement pas. Mais l'affaire tombe mal. Au moment où l'on annonce à des millions de Français qu'il va falloir se serrer la ceinture, comment peut-on accepter que certains contribuables fraudent aussi ouvertement le fisc ?  Au moment où le même Woerth brutalise des millions de Français sur les retraites, comment expliquer le sort particulier fait à quelques uns ? Ce qui apparaissait déjà comme une injustice avec le bouclier fiscal, apparaît aujourd'hui comme une erreur politique majeure avec le dossier des comptes Bettencourt. Et chaque jour qui passe semble montrer qu'entre les uns et les autres, les relations n'étaient pas de pure convenance. Là nous risquons bien d'être dans l'affaire d'Etat.

Si tout cela devait se confirmer, une autre réalité du sarkozysme serait alors définitivement mis à jour: celle des satrapes. C'est-à-dire d'un réseau d'hommes liges qui veillent aux intérêts du pouvoir. La presse, depuis trois ans, s'est fait l'écho de faits troublants. Les millions retrouvés de M. Tapie, l'étrange confusion des genres née de l'arrivée de M. Proglio à la tête d'EDF, les bonnes fortunes de M. Mestrallet et de son groupe à GDF, les milieux immobiliers qui s'agitent avec gourmandise autour de la Défense ou du dossier du Grand Paris, l'empressement à libéraliser le marché des jeux en ligne pour le plus grand bonheur de M. Courbit et de ses amis, la ténébreuse affaire de la revente de la régie publicitaire de France Télévisions, où l'on retrouve encore, semble-t-il, l'ombre de M. Courbit, celle de M. Minc et de M. Guéant,  l'incontournable secrétaire général de l'Elysée... Voilà bien des d'éléments qui, mis bout à bout, pourraient laisser penser qu'il existe une volonté de mettre l'Etat en coupe réglée. Il n'y aura pas trop de deux ans pour démêler la pelote de ces réseaux,... s'ils existent.

L'accaparement de l'Etat par quelques uns - partis, groupes d'intérêts,... - est un risque permanent de nos républiques. Sous Giscard, sous Mitterrand ou sous Chirac, des soupçons ont existé, ils atteignent aujourd'hui des sommets. A l'heure où l'imagination est au pouvoir en matière institutionnelle, où l'on parle de VIe République, de démocratie participative, de cumul des mandats ou de réforme du Sénat, la première demande des Français, c'est l'indépendance de l'Etat. Si la Ve République, qui a été créée en grande partie pour cela, n'est plus en situation d'apporter cette garantie, il faudra bien un jour imaginer des solutions plus durables et plus expéditives.

  Hubert de Marans.

  

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21 juin 2010 1 21 /06 /juin /2010 10:00
Admonestations bourgeoises
 
Mais quelle mouche a donc piqué l'éditorialiste du Monde, samedi dernier (1)? Qu'il se soit mal remis de la défaite de notre équipe de football, on peut le comprendre. Mais qu'il essaie de mettre cette débandade sur le dos de la France et de notre légendaire esprit gaulois, là non, trois fois non !
Non, il n'est pas vrai que cette équipe soit à l'image du pays, et l'origine et la couleur de peau  ne font rien à l'affaire. Si elle est à l'image de quelque chose, c'est plutôt de la  Jet Set politique et médiatique qui nous dirige : nullarde, incompétente, suffisante, fumiste, pourrie par l'argent jusqu'à la moelle. Dans nos banlieues comme dans nos stades, il y a aussi des électeurs de Sarkozy.
Non, cher éditorialiste mondain, il est faux de prétendre que "le sport est un révélateur anecdotique mais impitoyable de l'esprit des nations". Sauf à considérer que l'esprit des nations se confond avec le  bourrage de crâne médiatique, avec la propagande ou avec le fric qui ont toujours été les meilleurs ressorts du sport de masse. Sauf à considérer que les J.O. de 1936 étaient la quintessence de l'esprit allemand, ceux de Moscou l'expression du génie russe et ceux de Pékin le témoignage indépassable de la culture chinoise ! Il n'y a pas un centimètre cube de génie français dans les onze pantins, leurs remplaçants, leurs entraîneurs qui s'agitent en Afrique du sud et couvrent la France de ridicule.
Non, cher échotier de notre quotidien suisse de langue française, il n'est pas vrai de dire qu'on trouve dans cette équipe tous les stygmates d'un pays "qui peine trop souvent à se rassembler, à dépasser ses morosités et ses divisions, à mobiliser ses énergies". Qu'ont à voir les onze braillards du Cap et les millions de travailleurs français, de souche ou d'origine étrangère, qui font tous les jours front face aux lois du marché, au travail précaire, au stress patronal, à la muflerie financière et à la bêtise gouvernementale ? Si ceux là ont parfois un léger, très léger, sentiment de lassitude, de ras le bol ou de découragement, ce n'est ni parce que les hôtels, ni parce que les putes de luxe ne sont pas à leur goût, c'est parce qu'ils ont du mal à retrouver leur pays et ses valeurs dans le Casino mondialisé qu'on leur présente comme la France. Mais que l'on se rassure, cette lassitude se change parfois en révolte, et cette révolte en révolution.
On s'explique mal l'injustice du Monde, sauf à voir dans ces remontrances autre chose qu'un dépit mal placé ou de la mauvaise humeur post-défaite. Et s'il s'agissait une fois encore de s'adonner au sport préféré de nos élites, ce dénigrement, ce clabaudage, ce débinage systématique qui cache en réalité un incommensurable mépris du peuple français ?  "Français, si vos sportifs sont nuls, c'est que vous êtes foncièrement ringards!" cet air-là, nous en connaissons bien la musique, c'est le même qui fait dire à nos patrons et aux économistes qu'ils stipendient "Français, si le pays va mal, c'est que vous êtes tous des feignants", et à nos politiciens "Français, si l'Europe va mal, c'est que vous êtes tous de mauvais européens". Lorsque notre éditorialiste du samedi concède du bout de la plume "qu'il serait de mauvais goût de pousser le parrallèle jusqu'à comparer l'étrange défaite de l'équipe de France de football en Afrique du Sud à celle d'un autre mois de juin, qui, il y a soixante-dix ans, avait conduit le pays à la catastrophe", on sent qu'il n'en faudrait pas beaucoup pour que l'image de la France du PMU, du vin rouge, du pastis et des congés payés ne remonte à la surface. Et avec elle le cortège de tous ceux qui depuis des décennies nous prédisent le pire si nous ne rentrons pas dans les rangs. 
Ce qui est étrange, ce n'est pas que Le Monde  nous serve ce mauvais discours vichyssois, c'est qu'il nous le serve au lendemain du 18 juin. 
  Paul Gilbert.
 

(1). Chronique d'une déroute annoncée, Le Monde. - samedi 19 juin 2010.


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28 mai 2010 5 28 /05 /mai /2010 10:00
Un Tartuffe
 
Plus on connaît M. Bayrou, moins on l'aime. Les Français ne s'y sont d'ailleurs pas trompés : après la présidentielle de 2007, il y a eu une sorte d'"effet Bayrou", on l'a vu sur tous les plateaux de télévision, on l'a lu à longueur de colonnes dans nos magazines et dans nos journaux  et, une fois ses idées mieux connues ou moins mal dissimulées, le résultat ne s'est pas fait attendre : chute libre dans les sondages, scores de plus en plus médiocres au fil des scrutins, crise ouverte au sein du MODEM, départ des nouveaux venus... C'est sans doute pour ces raisons que M. Bayrou a choisi, aux lendemains des régionales de mars, de prendre un peu de champ. Le temps de refaire son image d'homme providentielle et de régénérer son stock d'idées nouvelles, nous disaient ses proches. Le voilà qui reparaît sur la scène politique. Quid novi ?
Si l'on en juge par l'entretien qu'il a donné lundi dernier au Monde (1) , le résultat de la cure de silence est loin d'être probant. C'est en effet un Bayrou des plus conformistes qui nous parle des déficits, de la crise européenne et de la situation internationale. D'emblée, il se range dans le camp des rigoristes, des déflationnistes, des récessionnistes. N'a-t-il pas "inlassablement, depuis dix ans" décrété la guerre aux déficits publics et proposé qu'on les mette hors la loi ? Un bon référendum, interdisant à vie les déficits de fonctionnement, voila la réponse "pertinente" que propose M. Bayrou à la crise qui risque d'emporter les économies européennes. Assorti, bien entendu d'une bonne purge d'austérité.
Certains ne manqueront pas de lui faire valoir que la vertu budgétaire n'a que peu de choses à voir avec la situation qui nous préoccupe. L'Espagne, qui s'est voulu pendant dix ans le bon élève de l'Union en matière de finances publiques, n'est-elle pas passé en quelques mois d'un excédent confortable à un déficit abyssal sous l'effet de la crise? Et les Etats-Unis, champions du monde des déficits budgétaires depuis au moins trois décennies, ont ils cessé de dominer pour autant l'économie mondiale? D'autres rappelleront à M. Bayrou que, si déficit il y a, c'est sans doute davantage du côté des recettes que des dépenses qu'il faut regarder, que les niches fiscales qui font perdre à l'Etat près de 80 milliards par an au profit des plus favorisés, que les dizaines de milliards d'euros gaspillés en pure perte pour compenser les charges sociales d'une partie des entreprises sont plus à incriminer que le budget de l'éducation nationale, celui de la recherche ou de la défense. Que l'Etat dépense mal, qu'il investisse souvent à contre-sens parce qu'il est devenu trop gros et qu'il est mal géré est un fait, hélas trop avéré. Mais il est surtout un mauvais collecteur de la ressource, démagogue et clientéliste à souhait lorsqu'il s'agit d'exonérer, de faire des largesses, voire - comme on l'a vu avec la restauration - de récompenser sans scrupule certaines catégories d'électeurs !
De tout cela M. Bayrou n'a cure. Son combat n'est ni financier, ni politique. Il est d'abord moral. A quoi sont dus nos déficits ? A l'engouement des Français pour les dépenses, l'inflation, la facilité, répond très sérieusement le Béarnais. "Nous les Français, nous aimons l'inflation et la planche à billets", "Dans la culture française, il y a l'idée profondément ancrée que l'inflation, à un moment donné, viendra effacer l'ardoise. Et puis, nous vivons dans la frénésie du court terme" "Pour moi, il est bon que notre pays ouvre les yeux devant la réalité". Voila enfin des idées nouvelles : les Français victimes d'eux mêmes, de leurs mauvaises moeurs, de leurs tares incurables, entre la danse de Saint Gui et les écrouelles : la dissipation, la prodigalité et le gaspillage. On n'avait rien entendu d'aussi neuf et d'aussi frais depuis... Pinay, certains diront même depuis Vichy !  Les millions de nos concitoyens qui se serrent la ceinture à la fin de chaque mois apprécieront !
Mais, si l'on suit M. Bayrou, comment nous libérer de tous ces mensonges qui nous ont fait tant de mal ? On ne peut pas dire, là encore, que ses réponses soient très innovantes. Il faut faire comme les autres : réduire les dépenses, les réduire et les réduire encore. Et revenir, s'il le faut, sur les avantages acquis. A cet égard, le Pyrénéen n'hésite pas à souligner ses convergences avec cet autre grand maître de la dissimulation et de la mystification politique qu'est l'actuel directeur général du FMI : "Je crois que les esprits ont beaucoup évolué. Les responsables politiques aussi. J'ai trouvé intéressant que Dominique Strauss-Kahn dise clairement que le tabou des 60 ans pour la retraite n'avait pas de sens. Mais les appareils de parti, eux, n'en sont pas là!". On imagine le programme social d'un gouvernement libéral-socialiste comprenant Strauss-Kahn, Bayrou et Cohn-Bendit ! plus besoin d'opposition de droite pendant au moins vingt ans.
Outre M. Strauss-Kahn, M. Bayrou a deux autres modèles, plus classiques. L'Allemagne d'abord. L'Allemagne, à qui nous n'avons pas de leçons à donner : "Je n'aime pas la mode anti-allemande actuelle. La chancelière, Angela Merkel, et son ministre des finances, Wolfgang Schaüble, sont des dirigeants de grande dimension qui prennent légitimement en compte la hantise historique de leur peuple. Nous les Français, nous aimons l'inflation et la planche à billets. Les Allemands ont perdu leur être, leur sang et leur âme dans une dérive qui a commencé dans l'inflation. Si on ne comprend pas cà, on ne comprend rien". Pauvres Allemands qui ne se sont toujours pas remis de la crise de 1929 et pauvre Bayrou qui croit encore à de pareils bobards !  Quant à la Commission européenne, l'autre modèle incontournable de notre démochrétien, elle a évidemment tous les droits, celui de se tromper sur tout, de n'être sanctionné sur rien et celui d'examiner si cela lui chante les budgets nationaux : "On présente bien le budget, avant de le voter, aux citoyens français. Pourquoi pas aux partenaires étrangers ? Je souhaiterais pour aller plus loin une agence européenne vraiment indépendante chargée de garantir la vérité sur les comptes des différents Etats". En commençant, cela va de soi, par les Français, qui sont non seulement jouisseurs, dépensiers et prodigues mais aussi menteurs comme des Grecs! 
  Il faut garder dans nos portefeuilles cet entretien de M. Bayrou. Au  cas où il nous arrive un jour, par extrême faiblesse mentale, par lassitude ou par distraction, d'envisager de voter pour lui ou pour l'un des siens. Nous en avons désormais la preuve : le bayrouisme, au delà des apparences et des coups de menton, est une imposture comme seule la démocratie chrétienne sait en mitonner. Une grosse dose de conservatisme, une louche de libéralisme et d'européisme, le tout recouvert d'une bonne couche de morale à deux sous. Soyons sûr qu'au prochaines échéances politiques on nous proposera cette affreuse mixture comme une alternative au sarkozysme, alors qu'elle en est le prolongement sous d'autres formes. Il nous faudra alors alerter l'opinion sur la réalité de ce nouveau Tartuffe et sur ses tartuffades. Mais, d'ici là proclamons haut et fort, en cette année de célébration d'Henri IV, que tous les Béarnais ont du talent... à l'exception notable de François Bayrou. 
 Hubert de Marans.
 

(1). François Bayrou : "Il faut consulter les Français par référendum sur les déficits", Le Monde. - 23 et 24 mai  2010.


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N°1 - 2009/01
 
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