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24 juin 2011 5 24 /06 /juin /2011 15:50

M. Dugenou 

Est-ce l’effet de l’été ou des vacances prochaines qui se fait sentir ? On a le sentiment que les Français sont un peu plus indulgents avec leur classe politique. La série de sondages publiée par le Monde jeudi dernier l’illustre assez bien. Malgré l’affaire Strauss Kahn, malgré tous les déballages qu’elle a provoquée au vu et au su de tous, le parti socialiste conserve finalement toutes ses chances de remporter l’élection présidentielle de l’an prochain. On s’attendait au moins à ce qu’une ligne plus morale, moins bourgeoise, et pour tout dire, plus à gauche s’affirme. Ce n’est pas le cas. M. Melenchon et l’extrême gauche font des scores anecdotiques et, des trois principaux candidats à l’investiture socialiste, c’est M. Hollande qui est le mieux placé pour l’emporter, à quelques encablures de Mme Aubry et très loin devant Mme Royal. M. Hollande serait même, aux yeux des sondés, celui des candidats dont la « stature présidentielle » (sic) est la plus forte.

Voilà de quoi combler d’aise le Petit Chose de Tulle, qui n’envisageait il y a quelques semaines encore qu’une campagne de témoignage et qui se trouve brusquement propulsé au premier rang. Voilà aussi de quoi rassurer ses amis de l’oligarchie de gauche, privés de leur candidat « naturel » depuis la bouffonnerie du Sofitel, et qui s’inquiétaient de leurs places et de leur avenir. Qu’ils se tranquillisent ! L’équipe de campagne de M. Hollande est prête à les accueillir à bras ouverts  et l’on fera aux amis les mêmes promesses que celles que leur avait faites DSK. Le fond de commerce du directeur général du FMI a maintenant trouvé un repreneur. On l’annonce d’ailleurs à longueur de colonnes dans Le Monde, Libération et Le Nouvel Observateur, ne serait-ce que pour rassurer Bruxelles et les marchés sur les intentions de la gauche, si d’aventure elle devait accéder au pouvoir.

Reste maintenant à convaincre les Français, ce qui n’est pas nécessairement le plus facile. M. Hollande est trop fin connaisseur de la vie politique pour ignorer qu’une campagne présidentielle se gagne sur une posture et non pas sur des idées. Il a trouvé la sienne. Il assure vouloir être le candidat de la « normalité », après cinq années d’agitation sarkozyste.  Finis les rodomontades, les coups, les opérations de communication sans lendemains. Il faut à la France un « président comme tout le monde », un « monsieur tout le monde » qui agisse sans affectation, sans forfanterie, sans foucades. Les Français aspirent à plus de calme ? Eh bien M. Hollande leur promet un long sommeil réparateur, de grandes vacances politiques, cinq années sans un mot plus haut que l’autre, une forme de paix des sens à la sauce démocratique. Après la République remuante, la République lénifiante… voilà le futur slogan de notre Corrézien.

Quand certains disent que Pompidou est son modèle, ils se trompent. Pompidou était trop cultivé, trop bien élevé, trop amateur d’art, de bonnes phrases et de bonne chère, en un mot trop brillant pour M. Hollande. Il vise plus bas, plus morne, plus assoupi. On sent qu’il brule de nous parler de Vincent Auriol, de René Coty, de Gaston Doumergue, de Paul Deschanel et, pourquoi pas d’Henri Queuille ! Il rêve d’une démocratie somnolente, où les gouvernements se taisent, où les ministres pensent à peine, où le Sénat ronfle plus fort que l’Assemblée nationale. Il va de soi que les affaires du pays seraient mises entre de bonnes mains, celles d’une caste d’experts et de technocrates dévoués dont M. Hollande, esprit pratique et prévoyant, a déjà dressé la liste. Quant aux Français, on leur demandera leur avis le moins possible, pour qu’ils puissent jouir en toute quiétude de leurs activités favorites : la pêche à la ligne, la belote, le tiercé, la gay pride ou la lecture des œuvres complètes de Kautsky.

Cette posture sera-t-elle suffisante pour permettre à M. Hollande de l’emporter ? Rien n’est moins sûr. Quoi de plus banal en effet que la « normalité ». Quelques mauvais esprits ne manqueront pas de faire remarquer que si la France avait été dirigé depuis mille ans par des esprits normaux, elle ne serait sans doute pas la France et que nous serions déjà depuis très longtemps en démocratie. Nos Français n’aiment pas qu’on leur parle avec de grands airs mais ils ne supportent pas que le successeur des rois de France ait la même binette et le même QI que leurs voisins de palier. Qu’à cela ne tienne, M. Hollande a d’autres tours dans son sac. A défaut d’endormir les Français, il peut tout aussi bien les faire rêver. Son rêve français, c’est celui « du progrès, de la confiance en l’avenir, de la garantie de jours meilleurs pour les enfants, de la réussite, le rêve né de la Révolution d’égalité et de liberté, du Front populaire, du Conseil national de la Résistance, le rêve de 68, le rêve des alternances de 1981, 1988, de Lionel Jospin en 1997 ». « Faites ce rêve avec moi, ce sera la réalité de demain ! » plaidait-il lors d’un récent meeting. On aimerait tellement y croire.

Mais il se trouve que certains Français ont la mémoire longue. Ceux là se souviennent, qu’en fait de Front populaire et de programme du CNR, M. Hollande fut de 1997 à 2002 le soutien constant, le directeur de la propagande d’un pouvoir qui a privatisé plus qu’aucun gouvernement précédent, qui a initié la casse systématique des services publics, le démantèlement de nos frontières, la mise en concurrence de nos emplois et de nos activités, au nom de l’Europe fédérale et de la mondialisation. Qu’en fait de mai 68 et de rêves d’alternance, il fut pendant toutes ces longues années le chef de file le plus conformiste et le plus sectaire de l’aile bourgeoise de la social-démocratie, qu’il est un des « parrains » de cette oligarchie de hauts fonctionnaires, de journalistes, d’hommes d’affaires et de banquiers, qui, issus des mêmes milieux et des mêmes écoles, tiennent ce pays en coupe réglée. Qu’en fait de démocratie et de liberté, il fut, lui, Hollande, un des responsables de ce déni de démocratie que fut l’adoption du traité de Lisbonne : les patriotes de ce pays se rappellent parfaitement le rôle qu’il a joué, en pleine complicité avec Nicolas Sarkozy, pour imposer une approbation du traité par la voie parlementaire, alors que la gauche s’était engagée à exiger un référendum et qu’elle aurait pu l’obtenir !

C’est le même Hollande qui, dans une brochure modestement intitulée «Parlons de la France» [1], annonce noir sur blanc qu’il ne reviendra pas sur la réforme des retraites, contrairement là encore aux déclarations de son parti. Que c’est le même qui, au nom du réalisme et de notre « avenir européen », laisse entendre dans le même programme que le retour de la France dans l’Otan est un fait acquis, que nous devons nous engager sans discussion dans une politique de désarmement nucléaire et qu’il faudra envisager sérieusement une fusion de nos forces armées avec celle de l’Allemagne ! Voilà le programme, voilà les vraies idées de François Hollande, celles qu’il va s’employer à dissimuler, soyons en sûr, dans les semaines et mois qui viennent derrière le rideau de fumée de sa république lénifiante et de son « rêve français » à deux sous.

M. Hollande n’offre pour le moment qu’une seule face à la lumière. Celle du notable rondouillard et rassurant, qui fait le tour des banquets républicains, des maisons de retraite et des comices agricoles, l’œil égrillard et l’œillet à la boutonnière. Celle aussi du démagogue, de l’histrion parfaitement vulgaire qui prétend que « son rôle est de convaincre Mme Dugenou », ce qui en dit long sur le mépris qu’il porte au peuple français. Mais il existe un autre Hollande, plus chafouin, plus sournois, plus dissimulateur. Celui là sait très bien où il va. Il vient d’hériter du programme de M. Strauss-Kahn et il fera tout pour en être l’exécuteur. Il le fera sans état d’âme, convaincu que le projet qu’il porte – européiste, mondialisateur – est le seul possible. Plus idéologue, moins visible que Dominique Strauss-Kahn, il n’en est que plus dangereux. Il est indispensable de démasquer le personnage et d’en faire connaître les vraies idées et les vrais états de service. De faire savoir partout que Hollande, c’est Strauss-Kahn en pire.

Hubert de Marans.

 


[1]. On trouvera la brochure « Parlons de la France avec François Hollande » à l’adresse suivante : http://www.repondreagauche.fr/sites/repondreagauche.fr/files/parlonsdelafrance.pdf

 

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7 mai 2011 6 07 /05 /mai /2011 09:47

Demain, nous fêterons Jeanne d'Arc...   

Demain matin, vers 10 heures, nous serons nombreux devant la statue de la place des Pyramides à célébrer la fête nationale de Jeanne d'Arc et à rendre hommage à la protectrice de notre indépendance et de nos libertés. Jamais depuis des années les circonstances n'auront donné à cette journée patriotique une signification plus profonde et plus positive.

L'Europe supranationale, cette Europe allemande, atlantiste et capitaliste que nous combattons depuis toujours, ne s'est jamais aussi mal portée. L'euro, son instrument de contrôle et de domination, semble condamné et les institutions de cette "mauvaise Europe" tournent désormais à vide. La super-puissance américaine vacille, son modèle économique et culturel est contesté, de nouvelles puissances apparaissent. En Amérique latine, en Asie, dans le monde arabe, les nations se réveillent, secouent leurs jougs et mettent en échec les vieilles républiques claniques et les oligarchies mondialisées.

La France, libérée du carcan européen, aura demain toute sa place dans ce nouveau concert des nations. Débarrassé des mauvaises élites auxquels il ne fait plus confiance, le peuple français peut retrouver le goût de ces grands projets, de ces grandes aventures industrielles, de ces grands desseins spirituels qui ont longtemps été le ferment de son histoire. Une renaissance française est possible. Les premiers signes de ce changement sont apparus en 2005 lorsque les Français ont eu le courage de rejeter le mauvais traité qu'on voulait leur imposer. Les progrès sont encore timides et il y faudra du temps. Mais, comme en 1918, comme en 1944, comme en 1958, le vent qui s'est levé est pour nous. Il souffle désormais dans notre sens.

Ces pensées constructives seront dans nos coeurs demain, devant Jeanne d'Arc. Nulle doute qu'elle ne les comprenne, car cette sainte est aussi une guerrière, et elle sent d'instinct les moments où la France va se reprendre, se ressaisir et repartir au combat. Ce sera l'occasion d'associer à la mémoire de Jeanne celle de Maurice Barrès. De notre Barrès. Celui qui, le 24 décembre 1914, trois mois après cette belle victoire de la Marne où il vit la main de Jeanne, monta à la tribune de la Chambre pour défendre l'union sacrée et l'idée d'une fête nationale consacrée à la sainte de patrie. Nous redonnons ci-dessous l'intervention de Barrès, superbe morceau d'émotion contenue et d'éloquence française.

On notera que, malgré Rouen, malgré le procès et le bûcher de Jeanne, Barrès y exalte l'alliance franco-britannique, rappelant - comme l'avait fait quelques mois auparavant Rudyard Kipling dans son poème pour la France - que l'histoire avait effacé le passé et qu'une amitié "impérissable" accomplissait désormais le dessein de Jeanne. Cette belle amitié franco-anglaise qui s'est encore manifestée avec ferveur la semaine dernière à l'occasion du mariage princier.

Mais il faudra attendre encore près de six ans, le 14 juillet 1920, pour que la République adopte la "loi Barrès" et qu'elle accepte enfin qu'on célèbre officiellement Jeanne le deuxième dimanche de mai. C'est pourquoi nous célébrerons aussi demain la mémoire de la poignée de dissidents qui, de 1909 à 1920, pendant plus de 10 ans, en dépit de la République, bravant la loi, et la justice, faisant front face à la police, maintint par tous les moyens illégaux le cortège d'honneur pour Jeanne d'Arc .

Demain, nous honorerons les mémoires de Charles Maurras, Léon Daudet, Henri Vaugeois, Maurice Pujo, Léon de Montesquiou, Lucien Moreau, Robert de Boisfleury, Henri Lagrange, Bernard de Vésins, Maxime Réal del Sarte, Henry des Lyons, Marius Plateau, Maurice d'Auvergne, Pascal le Quen d'Entremeuse, Lucien Lacour, Gabriel de Baleine, Octave de Barral, Jean Dorange, Guy de Bouteiller, Armand du Tertre, Léon Guéraud, Lucien Martin, Louis Sousportes... et de quelques dizaines d'autres.

Nous rendrons hommage au petit groupe d'hommes libres qui, il y a un siècle, imposa à la République, au prix de dix mille jours de prison, le culte de la Sainte de la Patrie.

La Revue Critique.

  camelots du roi 4
Paris - Fêtes de Jeanne d'Arc : les comités directeurs de l'Action française

 

Barrès et le combat pour Jeanne d’Arc

Maurice Barrès déposa le 22 décembre 1914 une proposition de loi faisant du deuxième dimanche de mai le jour de la fête nationale de Jeanne d’Arc. Voici le texte de l’intervention qu’il avait préparé :

 Il y a longtemps que nous aurions du nous parer, davantage, de Jeanne d'Arc, la mettre au-dessus de nos partis et la glorifier, chaque année, dans une journée nationale, comme la sainte de la patrie et la fleur de notre sang.

Nous le désirions tous. On sait de quel culte la pensée française, la plus populaire et la plus savante, entoure la Jeune Fille de Domrémy. Dès 1884, deux cent cinquante députés de tous les bords, sur l'initiative d'un radical, M. Joseph Fabre, proposaient à la Chambre que « la République française célébrât annuellement la fête de Jeanne d'Arc, fête du patriotisme. » En 1894, la proposition revenait, et appuyée par le Gouvernement, fut votée par le Sénat. En 1912, M. Poincaré, président du Conseil, déclara que le Gouvernement était favorable, et la Chambre, ayant nommé une Commission, la quasi-unanimité, soit dix membres sur onze, conclut à l'institution de cette fête nationale.

Alors, pourquoi ces lenteurs, et comment depuis trente années l'opinion publique n'obtient-elle pas cet acte de foi et d'amour qu'elle nous réclame, cette union solennelle autour de la plus pure des gloires?

J'écarte les petites explications tirées de l'esprit ombrageux des partis, et, allant droit au centre de nos difficultés, je crois pouvoir dire que par une sorte d'instinct nous attendions, tous, une occasion parfaite. Ce n'était pas ingratitude, ni indifférence, mais scrupule de respect. Nous attendions d'être plus sûrs de notre accord profond les uns avec les autres, et de notre accord avec cette haute figure. Quelque chose nous avertissait de ne pas nous presser et qu'une heure élue sonnerait, une de ces heures magnanimes qui portent en elles la vertu de hausser tous les esprits et de réconcilier les cœurs.

Elle est venue, cette heure victorieuse,

Soudain nous avons ou la séance parlementaire du 4 août, le pacte de l'union sacrée, la mobilisation, ardente et bien ordonnée, comme le Chant du Départ, et puis par milliers ont éclaté sur tous nos champs de bataille ces actes d'héroïsme et de sacrifice dont les mises à l'ordre du jour de l'armée ne nous peuvent garder qu'une faible partie. L'envahisseur qui déjà croyait se saisir de la France est arrêté, repoussé par la victoire de la Marne, pareille et supérieure à ces trois jour- nées de Bouvines, de délivrance d'Orléans et de Denain, qui par trois fois, jadis, nous sauvèrent, et demain la nation achèvera de bouter dehors l'étranger.

C'est l'éternel miracle français, le miracle de Jeanne d'Arc. Hier, nous semblions capables de le commenter et de l'admirer, mais non de le renouveler. Aujourd'hui, les trésors de la race apparaissent, les sources souterraines se sont mises a jaillir, les plus belles vertus refleurissent et toutes les ailes se déploient. Jeanne d'Arc est éternelle». La vierge d'Orléans, le Phénix des Gaules, renaît de ses cendres. Saisissons celte minute sacrée.

Toutes les conjonctures et nos alliances même sont propices. Hier, le poète national anglais Rudyard Kipling, dans son magnifique poème à gloire de la France, chantait: « Nous nous pardonnons nos torts réciproques et le vieux crime impardonnable, le péché dont chacun de nous eut sa part, sur la place du Marché, de Rouen » Mais il y a plus : Jeanne d'Arc voulait que nous pussions collaborer. Il faut rappeler aujourd'hui que le rêve de la généreuse fille était, une fois la France délivrée et la paix faite, de chevaucher avec les Anglais eux-mêmes pour la défense de la chrétienté. Elle le leur écrivait. Sa mission complète, c'était de défendre avec les Anglais la civilisation, Et quand il semble que nous soyons en train, Anglais et Français étroitement unis par les liens d'une impérissable amitié, d'accomplir la pensée totale de Jeanne d'Arc, n'est-ce pas l'instant de glorifier en Elle le courage de nos soldats, de proclamer par Elle notre puissance vivace de résurrection, et do définir par Elle encore la magnanimité de notre génie militaire ?

La vierge guerrière qui nous ouvre le chemin par chasser l'envahisseur, montre en même temps à l'univers le visage héroïque et bienveillant de la vaillance à la française. C’est bon aux Allemands, s'ils veulent exalter les vertus qui les ont faits grands et qui peuvent les faire plus grands, d'aller chercher des modèles dans le fond des époques barbares. Ils ont installé l'effigie du roi des Vandales sous leur temple du Walhalla, dédié aux héros qu'ils jugeaient dignes de provoquer leur enthousiasme et de former leurs âmes. Leurs savants depuis un siècle recueillent toutes lés épaves des races païennes, tous les héros, tous les dieux qui sont des conseillers de massacre et de pillage, et s'efforcent pédantesquement de les introduire au fond de la conscience nationale de Germanie. Et si l'on veut comprendre ce que signifient ces appels constants et monotones de Guillaume II a son « vieux Dieu », il faut savoir que ce « vieux Dieu », dont l'usage, nous dit-on sans rire, est spécialement réservé à l'empereur, n'est rien moins que le dieu Odin, le Père universel qui, dans le brouillard du Nord, entouré des Vierges Sanglantes, préside à des tueries indéfinies, mêlées d'affreuses ivrogneries. Ah ! la Belgique et nos provinces envahies attestent à l'univers ce que sait faire un peuple formé dans une admiration religieuse pour les plus effroyables scènes de l'humanité primitive et qui fait d'une mythologie féroce ses grands textes sacrés.

Mais les armées de la France vont à la guerre, aujourd'hui comme toujours, avec les sentiments d'héroïsme généreux qui animaient la chevaleresque Jeanne d'Arc. Nous portons en nous son exemple, et, fût-ce à notre insu, les impulsions mêmes qui l'avaient mises en mouvement, Quand les Allemands déifient la déloyauté et la cruauté, et quand, justifiés par leur idéal, ils projettent d'écraser les faibles et d'asservir le monde, groupons- nous autour d'une vierge toute faite de vaillance, de bonté, de droiture et de sacrifice, pour proclamer d'une voix unanime, Français de tous les partis, que le propre de la puissance est de délivrer et de protéger.

Tel serait le sens d'une fête nationale de Jeanne d'Arc. En conséquence, nous avons l'honneur de reprendre, pour le soumettre à la Chambre, le texte qui, dès le 8 juin 1894, avait été adopté par le Sénat, et qui propose que la République française célèbre chaque année, au deuxième dimanche de mai, la fête de Jeanne d'Arc, fête du patriotisme.

 En faveur de cette proposition, Barrès reçut, dès la première heure, le soutien de nombreux parlementaires patriotes, de droite comme de gauche. Mais le souvenir des affrontements politiques et religieux des années 1900 à 1912 continuait à marquer les esprits et il fallut attendre 1920 et la Chambre Bleu horizon pour que la loi Barrès soit votée.


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15 avril 2011 5 15 /04 /avril /2011 00:35
Autopsie d'un débat
 
Le gouvernement et l'UMP n'ont pas de chance avec les débats. Celui de l'an dernier sur l'identité nationale produisit une telle confusion au sein de la majorité que le gouvernement fut contraint d'y mettre un terme avant l'heure. Cette année, c'est au tour du débat sur la laïcité. Il a suffit d’une journée de colloque pour que le parti présidentiel s’entre-déchire et pour que toute la droite prenne feu. Après des cantonales calamiteuses, et à un an d’une échéance cruciale pour le pouvoir, voilà qui n'arrange pas les affaires de M. Sarkozy. 
Depuis le 5 avril, date des fameuses rencontres à l'hôtel Pullmann, on ne sait plus très bien quoi penser. M. Copé, le secrétaire général de l'UMP, s'est félicité dans un premier temps de la tenue "d'un débat de bonne tenue et sans langue de bois". Il devait concéder à mi-mots, quelques heures plus tard, que ces rencontres n'avaient pas eu le succès escompté et que la balle était maintenant dans le camp du gouvernement et du Parlement, pour le vote d'un code de la laïcité. Même confusion au sein de l'état-major et des groupes parlementaires de l'UMP, où on est passé en quelques jours d'une communication triomphante à un silence gêné, puis au doute.
Les coups de bec les plus durs sont venus du gouvernement. "La page est tournée et bien tournée", s'est exclamé avec soulagement M. Juppé. "Il est derrière nous ce débat", a renchéri le porte-parole du gouvernement, M. Baroin, sans évoquer de suites - débat parlementaire - à court terme. Les ministres Lagarde, Bachelot et Kosciusko-Morizet se sont exprimés dans le même sens et l'on sait que le Premier ministre, volontairement silencieux depuis sa passe d'armes avec M. Copé, est sur la même longueur d'onde. Côté centriste, la démarche de l'UMP a provoqué de violents échanges entre parlementaires et M. Sauvadet, le président du groupe NC au Palais Bourbon, s'est senti obligé, en fin de semaine dernière, d'appeler ses troupes à la retenue.
Le débat lui même n'a d'ailleurs pas apporté beaucoup d'eau au moulin de l'UMP. Au vu du tapage médiatique qui a accompagné sa préparation, la plupart des instances religieuses ont préféré se faire discrètes et n'envoyer que des observateurs. Les représentants de l'islam, après pas mal d'hésitations, ont estimé qu'ils n'y avaient pas leur place. Les seules sommités à faire le déplacement, le grand rabbin Bernheim et le Père Rougé pour l'épiscopat, ont dénoncé ensemble à la tribune une laïcité qui se radicalise, qui divise et qui tend à devenir une sorte de contre-religion. Quant aux obédiences maçonniques, elles avaient, elles aussi, dénoncé la veille dans un communiqué commun "un débat qui divise la Nation". On imagine la tête des organisateurs devant un tel concert de critiques !
L'affaire se termine donc par un échec pour M. Copé, un de plus. On s'en félicitera car, dans le cas d'espèce, le mensonge, le bourrage de crâne et la démagogie n'ont pas payé. Il n'en reste pas moins que l'UMP et M. Sarkozy ont pris, avec cette initiative, des risques considérables. Pour eux-mêmes et la classe politique, mais surtout pour la paix civile, l'unité du pays, son image et son rôle dans le monde
Le risque est d'abord terrible pour la droite de gouvernement. Il y a désormais deux lignes politiques au sein de la majorité : celle des sarkozystes qui veulent poursuivre leur offensive sur le terrain mouvant de l'islam et de l'immigration et celle des chiraco-centristes qui s'inquiètent de la publicité qu'on donne à ces sujets, en pleine ascension du Front national. «Sur ces terrains-là, nous ne serons jamais crédibles», estime-t-on dans l’entourage de M. Fillon, «les électeurs préféreront toujours l’original à la copie». Le premier bénéficiaire de cette situation, c'est M. Borloo, à qui l'on a fourni un prétexte en or pour quitter le navire sarkozyste et fédérer le "centre social et républicain". Ses initiatives commencent à attirer beaucoup de monde. L'autre gagnante, c'est naturellement Mme Le Pen, qui n'espérait pas tirer si vite les dividendes de son recentrage. Entre les deux, le gros des troupes de la droite classique n'aura bientôt plus le choix qu'entre le ralliement ou la démobilisation.
Il y a aussi un risque pour la classe politique dans son ensemble. M. Copé tient à sa résolution parlementaire sur la laïcité. Son objectif est bien sûr l'opposition et, en première cible, le parti socialiste. Il s'agit de réveiller au sein de la gauche les tendances les plus laïcardes, comme ce fut le cas il y a un an pour la résolution sur l'interdiction du voile intégral, que le PS avait voté après un sérieux débat interne. "Ce sera très intéressant de voir qui vote cette résolution dans l'opposition. Je suis très frappé de voir que le Parti socialiste a été extraordinairement critique, violent, a même été dans le déni par rapport au débat initié par le chef de l'Etat". Et M. Copé d'enfoncer le clou : "les socialistes ont du mal à se prononcer sur le fond parce qu'ils sont profondément divisés entre ceux qui sont communautaristes et ceux qui sont tenants d'une laïcité dure". Diviser, l'objectif est clair. Comme on a divisé la droite, on cherchera aussi à diviser la gauche. A quel résultat aboutira cette politique de gribouille ? A accroître encore la confusion. Le sarkozysme ne prospère jamais aussi bien qu'en eau trouble.
Mais il y a également un risque pour les libertés et pour l'unité du pays, et là le sujet est infiniment plus grave. En jouant avec la laïcité, les dirigeants de l'UMP se sont conduits comme de véritables apprentis-sorciers. Ainsi que le souligne fort justement le rabbin Bernheim, le laïcisme tend de plus en plus à prendre la forme d'une contre-religion assez primaire, "le culte de ceux qui n'en ont pas". Ce sectarisme était jusqu'à présent l'apanage d'une fraction de la gauche, agissante mais minoritaire. Une grande partie de la droite et de l'extrême droite est en passe de s'y rallier, par aversion pour l'islam, par peur de l'autre, par xénophobie. C'est un nouvel épisode de la "guerre de tous contre tous" qui est à craindre. N'est ce pas d'ailleurs ce que l'on cherche ? Car si la guerre laïque ne résout rien, ne débouche sur rien, sinon sur la division et sur la discorde civile, c'est une guerre commode car elle permet les diversions. Elle a l'immense mérite, aux yeux de certains, de faire oublier les vrais sujets, ceux dont souffrent réellement le pays, et d'abord cette question sociale, cette précarisation de la société qui est à l'origine de toutes les tensions. Dieu fasse qu'il reste assez d'esprits clairvoyants pour le dire haut et fort !
C'est enfin l'image et la place de la France dans le monde qui est mise en cause. Le débat sur la laïcité et la place de l'islam préoccupe les capitales arabes et du tiers monde. Au Caire, à Beyrouth, à Rabat, à Tunis et ailleurs, on s'étonne et on s'inquiète de voir la France rouler sur cette mauvaise pente. L'éditorialiste du Quotidien d'Oran signalait fin mars : "cette campagne de mise à l'index de l'islam et des musulmans menée depuis plusieurs années [qui] a pour effet premier de légitimer le discours de l'extrême droite. Les sondages le montrent sans ambages, la grande bénéficiaire du délire antimusulman qui frappe une partie de la droite est Marine Le Pen, chef d'un parti autrefois d'essence pétainiste et antisémite auquel elle a fait opérer un aggiornamento pro-israélien et viscéralement anti-arabe. [...] Mais il serait trompeur de circonscrire cette pathologie à la seule droite : nombreux sont ceux qui, à gauche, au nom d'une laïcité de combat se retrouvent sur une ligne identique" [1]. Preuve, s'il le fallait, qu'on nous voit, qu'on nous connait et qu'on nous juge assez bien. Alors que les peuples d'Orient et d'Afrique du Nord tournent une page de leur histoire, la France n'a-t-elle pas d'autre visage à leur montrer que celui de la démagogie, du populisme et de l'intolérance ? Et pourquoi prétons nous si facilement l'oreille à ceux qui cherchent à influencer notre politique au Proche-Orient, en diffusant, chez nous, une sale propagande anti-arabe ?
Est-ce parce que les  risques que nous venons de décrire sont sérieux que le pouvoir s'apprête à faire machine arrière ? On dit que M. Guéant serait prêt à jeter aux orties les marottes de M. Copé - et en particulier l'idée d'une loi de renforcement de la laïcité - pour revenir à plus de sérénité. Acceptons-en l'augure, même si l'actuel ministre de l'intérieur nous a habitué à varier dans ses positions. M. Guéant s'est dit sensible aux arguments des responsables religieux. Si c'est le cas, la preuve sera faite que c'est le dialogue et l'union des spiritualités qui est le meilleur viatique contre la bétise laïcarde. Nous le pressentions.
  Hubert de Marans.
 

[1].K. Selim, "Délire antimusulman en France", le Quotidien d'Oran, 10 mars 2011.
 
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2 avril 2011 6 02 /04 /avril /2011 15:50
Docteur Strauss et mister Kahn
 
M. Strauss-Kahn n'est sans doute pas l'homme d'Etat dont la France a besoin, mais il a toutes les qualités du grand comédien. Le suspens qu'il entretient sur sa candidature aux présidentielles de 2012 est réglé avec maestria. Il n'utilise pourtant que des recettes assez simples : sourire d'un air satisfait, ne jamais répondre aux questions, ne rien faire qui puisse laisser penser que sa décision est prise, parler le moins possible et ne dire que des choses insignifiantes. Force est de constater que ça marche : les rédactions sont sur le grill, les militants au bord de l'hystérie, les états-majors politiques à la torture. La pression est tellement forte qu'on dénombre déjà plusieurs cas de suicide parmi les lecteurs du Monde, du Nouvel Observateur ou de la Gazette de Francfort. Si l'on veut éviter une hécatombe d'électeurs de gauche et de rentiers luxembourgeois, il importe qu'il lève au plus vite un coin du voile.
Mais il faudra d'abord qu'il nous dise à qui nous avons affaire. Qui est le candidat, ou le présumé candidat, qui pourrait se présenter à nos suffrages ? S'agit-il de l'excellent docteur Strauss ou de son double, l'impénétrable Mister Kahn ?
Le docteur Strauss, c'est ce bon papa gâteau qui distribue des bonbons aux enfants dans les fêtes socialistes, qui se déguise en Père Noël pour les mômes de Sarcelles et qui échange des bons mots avec les journalistes sur les plateaux de télévision. Affable, avenant, d'une bonhomie qui rappelle celle de Dom Juan lorsqu'il accommode Monsieur Dimanche, il est l'ami de tout le monde. C'est le personnage tout en sourire que nous avons reçu chez nous le 20 février dernier, grâce au miracle de la télévision. Parfaitement mis en valeur par le journaliste de France 2 qui le questionnait, il n'eut pas de mots assez forts pour stigmatiser ces gouvernements qui ne se préoccupent que d'économie, qui n'ont que la finance à la bouche alors que les temps sont durs pour le pauvre monde. "On a surmonté la crise économique, pas la crise sociale", devait-il déclarer dans un soupir. Alors qu'on l'interrogeait sur ses propres recettes, il répondit d'un sourire gêné qu'il n'était que le directeur général du FMI et qu'il ne lui appartenait pas de se substituer aux politiques. "Un homme extrêmement convaincant et très compétent", comme dit M. Fabius. Et modeste, en plus.
Mister Kahn, c'est tout à fait autre chose. N'essayez pas de parler de Mister Kahn à un Grec, à un Argentin ou à un Roumain ou il vous arrivera malheur. Le directeur général du FMI est sans doute l'un des hommes les plus haïs de la planète. Il est hué, sifflé, conspué, vilipendé partout où il passe et son image est brûlée en effigie dans toutes les capitales du tiers-monde. Faut-il y voir l'effet de ce populisme ravageur, de ce "pré-fascisme rampant" qui sévit maintenant sans retenue dans tous les bidonvilles du monde - de Niamey à Yamoussoukro, de Port au Prince à Calcutta - ou simplement l'expression de peuples qui ont faim et qui ont peur de l'avenir que le FMI leur réserve ? Nous nous garderons bien de trancher ce point, sinon pour dire que Mister Kahn, ses sourires carnassiers, ses gros cigares, ses grosses voitures et ses collaborateurs à lunettes noires, habillés comme des croque-morts, inquiètent les grandes personnes et terrorisent les enfants. Ce qui est à peu près sûr, c'est qu'il n'est pas le meilleur ambassadeur de la culture et de l'humanisme à la française. Avez vous remarqué notre sourire gêné lorsqu'un étranger nous demande si Mister Kahn fait bien partie de nos compatriotes. Combien d'entre nous ont répondu à cette question embarassante : "Vous êtes sûr ? j'ai toujours cru qu'il était belge ! ou suisse !  Mais oui, bien sûr, il est suisse, de Genève même!". Lorsque Jean-Luc Mélenchon, toujours excessif, traite le bon docteur Strauss "d'affameur des peuples", il se méprend. C'est de Mister Kahn qu'il veut parler. 
Une fois cette clarification faite - et on voit qu'elle est essentielle à la qualité de nos futurs débats démocratiques - il restera à Strauss, ou à Kahn, à se mettre en campagne et à décliner son programme. Pures formalités d'ailleurs, tant l'histoire semble déjà écrite par les instituts de sondage. Il est clair en effet que l'annonce de la candidature de DSK va provoquer un immense soulagement d'un bord à l'autre de la gauche française. Martine Aubry en concevra un peu d'amertume, mais son ressentiment sera vite effacé par les perspectives d'une victoire éclatante sur la droite la plus réactionnaire du monde. Hollande ira revendre ses costumes désormais trop étroits et se remettra à grossir. Les électeurs de la "gauche plurielle" tiendront leur revanche, après tant d'occasions manquées depuis 1995. Le gros de ce qui reste du Modem, quelques poignées de radicaux et deux sacristies de démocrates chrétiens initieront leur ralliement. Il y aura bien quelques ronchons, quelques râleurs du côté des communistes ou des mélenchonistes, mais que pèsent-ils ? L'alliance PS-Verts, qui structure désormais la gauche française, les relègue au rang de supplétifs ou de ringards. A eux de choisir. Le seul espoir qui leur reste, c'est que le pacte conclu entre Mme Aubry et DSK ne fonctionne pas ou que Mme Royal fasse de la résistance. Scénarios peu probables, qui conduiraient l'une ou l'autre des égéries du PS à jouer contre son camp. Laquelle est prête à assumer ce mauvais rôle ?
Retenons donc l'hypothèse la plus vraisemblable : le docteur Strauss, après avoir proprement éliminé son double empoisonnant, se présente aux primaires socialistes d'octobre et les gagne par acclamations. Gageons que le ralliement d'une grande partie du pays légal - médias, milieux économiques, formations de la gauche et du centre, show business et représentants de l'art subventionné - se fera rapidement et que la ligue strauss-kahnienne prendra des dimensions jamais atteintes depuis la FGDS de François Mitterrand. Deux schémas sont alors possibles : celui d'un affrontement au second tour de la présidentielle entre Marine Le Pen et DSK, affrontement violent, destructeur, qui conduira sans doute une partie de la droite française et des milieux populaires à passer le Rubicon du Front national. M. Strauss-Kahn en sortira vainqueur, mais au prix d'une déstabilisation en profondeur de la République. L'autre schéma est un schéma par défaut : il met au prises les deux tenants habituels de l'oligarchie, le chef de l'Etat actuel, dévalorisé, fatigué, et son challenger social-démocrate. Dans ce scénario, où les jeux sont faits par avance, la désaffection populaire, aiguillonée par l'ultra gauche et l'ultra droite, risque d'être considérable. Le débat sera faible, l'essentiel se passera à l'extérieur, l'abstention atteindra des records et le chef de l'Etat sera mal élu. Dans les deux cas de figure, la France sortira de cette épreuve encore plus profondément divisée qu'aujourd'hui.
Un autre aspect de M. Strauss-Kahn doit donner à réfléchir. Il est rappelé par notre consoeur et amie Angélique Lacane, dans la dernière livraison de l'excellent bimensuel Royaliste [1]:
 
Cette opération de propagande prêterait à rire si DSK n’avait pas agressé le peuple grec en des termes parfaitement choisis quant à la vulgarité : « La réalité, c'est que ces gens là, ils sont dans la merde. Et y sont gravement. Ils ont beaucoup bricolé, ils savent très bien qu' ils ne paient pas d'impôts, que c'est un sport national de ne pas payer d'impôts en Grèce, que ça truande un maximum. » Ce passage a bien entendu été repris en Grèce et la popularité du FMI a encore augmenté. Si l’expert en truandage pose le pied à Athènes, il sera, n’en doutons pas, accueilli avec toute la chaleur dont le vaillant peuple hellène se montre capable. Les Français pourront quant à eux méditer sur deux manières d’être vulgaire en politique. Il y a la vulgarité sarkozienne, primaire, mêlant la flatterie et l’offense, démagogique mais certainement pas populaire comme on le voit dans les réactions de l’opinion publique. Il y a la vulgarité strauss-khanienne,  mondaine, qui est le fait d’esprits qui se croient supérieurs et qui vous font la grâce de se mettre à votre niveau, quand il s vous reçoivent dans leur cuisine. Il n’y a pas flatterie, mais condescendance. Si nous passions de Sarkozy en DSK, nous ne ferions que changer de vulgarité mais ce serait toujours le même mépris.
 
Les Français viennent de subir cinq années de vulgarité et d'arrogance satisfaite sous le règne de M. Sarkozy. Accepteront-t-ils d'en reprendre pour cinq ans avec M. Strauss-Kahn ? Au risque de subir ce que nos amis italiens éprouvent aujourd'hui avec le pitre Berlusconi. Voilà un argument qui devrait faire réfléchir dans les chaumières françaises !
Hubert de Marans.
  

[1]. Angélique Lacane,"Agression", Royaliste n° 988 du 28 mars 2011.

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23 mars 2011 3 23 /03 /mars /2011 01:35
Un mauvais débat
 
Le grand rabbin de France, M. Gilles Berheim, est un homme avisé. Il y a un an, alors qu'un débat calamiteux sur l'identité nationale battait son plein, ses appels à la tolérance et à l'intelligence collective nous avaient frappés par leur justesse et par leur sagesse. L'entretien qu'il a donné samedi soir au journal le Monde est de la même eau. M. Bernheim met en garde contre le débat que l'UMP s'apprête à lancer sur l'islam et il a raison. Il souligne que ce débat s'ouvre dans le pire des climats et qu'il ne peut aboutir qu'à cristalliser et à aviver les passions et les peurs. Il a doublement raison.
Le rabbin Bernheim ne va pas jusqu'à ajouter - mais peut-être le pense-t-il très fort - que les responsables de ce climat malsain sont les organisateurs mêmes de ce débat [1]. Il s'agit moins pour eux d'ouvrir le dialogue que d'aller pêcher les voix en eau trouble. On ne dénoncera jamais assez le rôle que M. Copé joue dans cette affaire. Vaniteux, arriviste, cynique, sur le fond parfaitement nul, le secrétaire général de l'UMP est sans doute ce qui se fait de pire dans notre classe politique. Il était l'été dernier au premier rang de la campagne contre les Roms. C'est lui qui agite depuis des mois la tourbe nauséabonde de l'islamophobie. Il a voulu ce débat, de toutes ses forces, et contre l'avis de la plupart de ses amis politiques. Sa suffisance est telle qu'il en sera sans doute fier. Si, comme nous le pensons, tout cela ne conduira qu'à diviser davantage encore les Français et à jeter des légions d'électeurs UMP dans les bras des histrions du Front national, il devra en assumer les conséquences politiques. Nous serons quelques uns à le rappeler, le moment venu, à ses électeurs. 
Que pense précisément Gilles Bernheim de la nature de ce débat ?
 
[...] Je ne suis pas convaincu de son opportunité. C'est, à mon sens, une erreur de prétendre poser toutes les questions sous forme de "débat". Tout ne se prête pas à cet exercice qui, par définition, suppose un affrontement, fût-il policé. Le risque est de figer les positions, d'organiser les antagonismes et, en l'occurence - c'est là le plus grave -, de stigmatiser une partie de la population française. 
 
"Figer les positions", "chercher l'affrontement", "stigmatiser une partie de la population française". Tout est dit et bien dit. Et M. Bernheim de rappeler ce que devrait être une laïcité véritable :
 
Comme la laïcité n'a pas de raison d'être sans les religions, je serai présent le 5 avril et je dirai que la laïcité n'est pas une doctrine, qu'elle est moins encore la religion de ceux qui n'ont pas de religion, mais qu'elle est un art de vivre ensemble. Je tiens à le dire à un moment où certains, en particulier au Front national, dévoient la laïcité dans le seul objectif de crisper et d'exclure.  [...] Il n'y a aucune contradiction entre laïcité et pratique d'une religion; la neutralité de l'espace public doit être organisée et imposée dans ce sens. Etre neutre, ce n'est ni laisser faire, ni exclure le religieux. Je ne suis pas naïf quand je parle de la laïcité comme art du vivre ensemble, en harmonie et en intelligence. 
 
Bene, optime. Peut-on mieux dire ? Et peut-on mieux dénoncer l'alliance objective qui se dessine entre ceux qui, à gauche, n'envisage la laïcité que comme une forme de police de la pensée et ceux qui, à l'extrême droite, cherche à l'instrumentaliser par haine de l'arabe et du musulman ? Cette alliance était inimaginable il y a encore quelques années. Elle prend forme, elle devient réalité. Il n'est plus rare de voir les laïcards des deux bords sympathiser dans des "apéritifs géants" ou deviser tranquillement sur les mêmes plateaux de télévision. Ce qui les rassemble ? La peur, bien sûr. La peur de l'autre, de celui qui trouble leurs certitudes. La peur, mais aussi la bêtise, nous soufflerait Bernanos. Ce fond de bétise bourgeoise, recuite, qui faisait hennir Flaubert, le ricanement obscène face à la transcendance, le sarcasme des repus face à l'humilité et à la prière, le clin d'oeil des satisfaits face à l'innocence et à la piété. 
Après les catholiques et les juifs, ce sont aujourd'hui les musulmans qui sont les victimes de cette chasse aux sorcières. On les montre du doigt, on bafoue leur croyance et leurs traditions, on leur dénie jusqu'au droit de se réunir et de prier ensemble. Certains n'hésitent pas à considérer que leur appartenance à l'islam pose problème, qu'elle les placent hors de la collectivité nationale. Ecoutons à nouveau le rabbin Bernheim : derrière le "débat sur l'islam", c'est la place des musulmans dans la société française qu'y est en cause. Par sectarisme, par une sorte de crispation intellectuelle, on finit par vouloir gommer toutes ces différences qui font notre richesse. Au plus grand mépris de l'unité nationale.  
 
Mais le véritable  enjeu est ailleurs, plus pervers et plus grave : c'est, hélas, la place des juifs et des musulmans dans la société française. [...] Je sais qu'il est souvent difficile d'être musulman en France. Cette difficulté s'alourdit aujourd'hui dans un climat malsain, aggravé par un discours en vogue qui divise au lieu de rassembler. Quand une société en est à chercher des boucs émissaires, c'est qu'elle est très malade. Je veux donc saisir l'occasion de dire à mes compratriotes musulmans que, précisément, ils sont d'abord mes compatriotes, et que ce qui nous rassemble en France, c'est la République qui nous est commune. 
 
Passons sur la République ! En fait de tolérance religieuse, il existe de meilleurs exemples !  Chez nos voisins européens, l'exercice des cultes pose infiniment moins de problèmes, les hommes de foi prennent largement part au débat intellectuel, philosophique ou politique. La liberté de conscience y est-elle plus menacée qu'en France ? Non, bien au contraire. N'est-ce pas plutôt la "laïcité à la française" qui nous empêche de poser correctement la question de la place des spiritualités dans notre société ? Cette laïcité qui s'est construite dans une logique d'affrontement avec le catholicisme et qui agit aujourd'hui avec les mêmes réflexes et la même fermeture d'esprit à l'encontre de l'islam. C'est ce qu'exprimait fort bien notre ami Gérard Leclerc, dans une récente chronique de Radio Notre Dame (1er mars) : 
 
Le second point concerne la « laïcité à la française ». Le tableau qu’on nous en dresse, les récits historiques que l’on nous chante à son propos sont attendrissants. Pardon, mais on nous raconte des fables ! Car s’il faut se féliciter de la bonne tournure qu’ont prises la loi de séparation de l’Église et de l’État et la jurisprudence qui a suivi, on oublie un peu vite que c’est dans un véritable climat de guerre civile que la Troisième République avait commencé, notamment en chassant toutes les congrégations religieuses du territoire national. Obliger les moines de la Grande Chartreuse à quitter leur monastère par recours à la force publique, ce n’était pas très glorieux. On n’en est plus là ? Je m’en félicite. Mais il a fallu un certain temps pour que l’idée de laïcité s’émancipe de la haine de la religion qui était née au dix-huitième siècle et avait abouti à la persécution de la Terreur. On n’a jamais intérêt à simplifier l’Histoire. Ce n’est pas rendre service aujourd’hui à nos compatriotes musulmans d’affirmer que miraculeusement la laïcité résoudra tous les problèmes à l’intérieur de la société française.
 
Et puisque les adeptes de la "laïcité à la française" continuent à se complaire, à droite comme à gauche, dans des logiques d'affrontement et d'intransigeance d'un autre temps, pourquoi ne pas jouer à fond le jeu du dialogue inter-religieux ? L'accueil de l'islam, la place à faire à nos compatriotes musulmans, l'intégration réussie des immigrés qui nous rejoignent,  n'y a-t-il pas là un champ d'initiatives extraordinaire pour les catholiques français - religieux, intellectuels, simples croyants - , pour peu qu'ils veuillent bien sortir, eux aussi, de leurs réflexes conditionnés. Nous le croyons très profondément 
  Paul Gilbert.
 

[1]. Le communiqué proprement scandaleux, diffusé il y a quelques jours, qui appelait les musulmans de France à rejoindre une nouvelle "Union franco-musulmane", est révélatrice de la confusion intellectuelle qui règne dans une partie de l'UMP. Qui parlait de "dérive communautariste ? 
 
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13 mars 2011 7 13 /03 /mars /2011 11:00
Les UMP malades de la peste
 
                                                  Ils ne mouraient pas tous, mais tous étaient frappés...
                                                                                               La Fontaine.  
 
On savait que l’UMP n’aimait pas les pauvres, on découvre aujourd’hui qu’elle n’aime pas non plus les musulmans, surtout lorsqu’ils sont français. Cette aversion vient même de faire une première victime : le conseiller pour l’intégration de M. Sarkozy, remercié vendredi soir par un simple coup de fil pour avoir dit ce qu’il pensait du prochain « débat sur l’islam ». En lâchant « l’UMP de Copé, c’est la peste pour les musulmans » lors d’une réunion de responsables associatifs jeudi dernier à la mosquée de Paris, M. Abderrahmane Dahmane s’est pourtant contenté d’exprimer ce que des milliers de nos concitoyens de confession ou d’origine musulmane pensent aujourd’hui tout bas. En rajoutant que le débat sur l’islam est instrumentalisé au sein même de l’UMP par « une bande de néonazis », il n’a fait que reprendre des rumeurs qui trainent depuis des semaines dans les salles de presse. M. Dahmane est victime de sa bonne foi. Mais il est aussi la victime de sa trop grande confiance envers M. Sarkozy. Persuadé que ses fonctions à l’Elysée lui donnaient le droit de parler sans fard à ses coreligionnaires, il découvre un peu tard le vrai rôle qu’on voulait lui faire jouer : celui de l’alibi, du « bon arabe », du supplétif, de la caution d’un débat sordide mené par des gens ignobles. Honteux et confus, M. Dahmane assure qu’il fera campagne contre l’UMP aux prochaines cantonales et « pour toutes les élections qui suivront ». Gageons qu’il sera accueilli à bras ouvert sur le terrain, et pas seulement par les Français musulmans.
L’autre grande victime de cette affaire, c’est le « peuple UMP » lui-même. S’il existe, comme partout, en son sein des racistes, des antisémites et des imbéciles, on y trouve également des milliers de militants et des millions d’électeurs héritiers du gaullisme, de la démocratie chrétienne ou de la tradition libérale qui ne mangent pas et qui n’ont jamais mangé de ce pain là. Contrairement à l’oligarchie crapoteuse qui occupe les premiers rangs du parti, ces milliers de militants, ces millions d’électeurs ont parfaitement conscience  que les questions sociales, que les problèmes d’insécurité ne se résoudront pas en dressant les habitants de ce pays les uns contre les autres et en cherchant des boucs émissaires. Témoins au quotidien de ce qui se passe dans nos rues, dans nos quartiers, responsables associatifs, élus de base, militants syndicaux, commerçants ou petits patrons, ils constatent qu’à quelques exceptions près, nos concitoyens musulmans n’aspirent qu’à vivre en paix chez nous, qu’ils sont souvent les premières victimes de la crise, des inégalités et de l’insécurité qui minent la société française et que leurs pratiques religieuses ne comportent ni haine, ni violence à l’endroit des autres traditions qui composent la nation française.
Ces militants, ces électeurs sont, avec raison et comme l’immense majorité des Français, pour une immigration mieux contrôlée, parce qu’il y va de notre souveraineté nationale et parce que nous n’avons rien à gagner à entretenir sur le territoire des poches de ségrégation urbaine et d’hyper-chômage, potentiellement à risque. Mais, dans le même temps, et tous les sondages confirment,  ils affirment l’apport positif de cette immigration dans un pays qui a toujours fondé son essor sur la diversité et la richesse des populations qui le composent. Qui pourrait mettre en doute aujourd’hui la contribution  bénéfique des jeunes générations nées de l’immigration à notre dynamisme économique, entrepreneuriale et culturelle ? Et qui pourrait contester, à l’exception de quelques laïcards bornés ou de quelques intégristes égarés de peurs et de mythes, l’apport que peut prendre l’islam, qu’il joue d’ailleurs déjà, dans le débat intellectuel et spirituel français ?
Ce constat est-il de nature à infléchir la ligne du parti présidentiel ? Rien n’est moins sûr. M. Copé a confirmé il y a quelques jours que la convention sur l’islam, prévue le 5 avril prochain, se tiendrait quoi qu’il en coûte.  La peur s’est emparée de l’état-major de l’UMP et on sait qu’elle est mauvaise conseillère. Peur que les prochaines échéances électorales tournent au désastre, peur de tout perdre - privilèges, positions et postes -  peur de la montée du Front National, peur plus prégnante encore qu’une partie des Français cherchent à tirer vengeance du sarkozysme et de ceux qui l’ont soutenu. Cette peur, elle est comme la peste qui étreint les animaux de La Fontaine. Le silence règne sur la ménagerie, les plus forts imposent définitivement leurs lois, le peuple militant se réfugie dans les comportements moutonniers, on cherche partout des traitres et des boucs émissaires. Le musulman, surtout lorsqu’il est proche, surtout lorsqu’il est pauvre, est la cible rêvée pour jouer ce rôle. Quand à ceux, aux quelques courageux, qui chercheront à s’opposer au mouvement, on les moquera, on les marginalisera, en attendant de les exclure. Voilà la ligne que défendront jusqu’au bout, jusqu’à leur échec de 2012 – car celui-ci, au moins, est inscrit dans les astres -  les Copé, les Jacob, les Novelli, les Hortefeux, Morano et autres Gaudin. Parce qu’ils ont la peur au ventre, parce qu’ils ont la peste au corps et que rien ne compte plus aujourd’hui pour eux que la frayeur du désastre annoncé. Au risque de dévoyer définitivement les valeurs qui furent longtemps celle de la droite française – le courage, la noblesse et la générosité, l’affirmation des traditions, la défense de la spiritualité – et de jeter leurs militants et leurs électeurs dans les bras des histrions, des sectaires et des fanatiques.
Qui aura le courage de s’opposer, même en vain, à cette conjuration des imbéciles ? Qui cherchera à sauver, sinon l’honneur, du moins la dignité d’une partie du corps politique français ? C’est du côté des héritiers du gaullisme que les regards se portent aujourd’hui et l’on verra bien dans ce débat ce que valent réellement MM. de Villepin, Juppé ou Fillon, s’ils sont capables d’indépendance d’esprit ou s’ils sont définitivement à ranger dans le camp des imposteurs. C’est aussi du côté des catholiques que l’attente est vive. Il faut que des esprits indépendants se lèvent de ce côté-là, qu’ils dénoncent derrière le débat sur l’islam l’offensive menée contre les religions dans leur ensemble par les tenants du laïcisme le plus sectaire et de la société du fric, qu’ils proclament avec Péguy, avec Bernanos, avec Léon Bloy, qu’en s’attaquant au musulman, à l’arabe, c’est en réalité au pauvre, au paria, au frère qu’on s’attaque, à cette fraternité que l’on proclame chez nous aux frontons des mairies mais qu’on pratique d’abord dans le chœur sacré des églises.
Paul Gilbert.
 
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25 janvier 2011 2 25 /01 /janvier /2011 11:00
Ils n'auront pas l'Hôtel de la Marine
 
                                                  La République, c'est le gouvernement des imbéciles...
                                                                                               Léon Daudet.
 

Le transfert au privé de l’Hôtel de la Marine continue de susciter beaucoup d’émoi et c’est tant mieux. On sait qu’au printemps dernier, le petit Morin, alors ministre de la Défense, envisageait sérieusement de vendre ce joyau du patrimoine national pour financer son Pentagone de Balard, projet ruineux et inutile s’il en est. En novembre, au vu des premières réactions scandalisées, on n’évoquait déjà plus qu’un transfert en gestion sous la forme d’un bail de longue durée. Après le remaniement et le limogeage de Morin, l’équipe Juppé prenait la mesure de l’héritage : « une affaire qui pue », confirmait l’entourage du ministre qui suscitait aussitôt un nouvel arbitrage de l’Elysée. Lequel est tombé le 17 janvier dernier. « Pas question de vendre l’Hôtel de la Marine ni même de l’aliéner ! » s'est écrié le Président de la République sur un ton de vierge outragé. Il est vrai que l’affaire commençait à devenir chaude : des pétitions couvertes de signatures en quelques jours, des milieux intellectuels en effervescence, l’odeur du scandale d’Etat qui commençait à allécher les rédactions… Il était temps d'allumer des contre-feux !  Alors, enterré le projet ? Pas si sûr ! Parmi les candidats intéressés par la reprise, on ne trouve pas que des philanthropes et des amateurs de belles pierres. Le consortium mené par le brasseur d’affaires Alexandre Allard, flanqué d’un ancien ministre de la culture – le nullissime Donnedieu de Vabres – et d’une star de l’architecture stipendiée – le mirobolant Jean Nouvel – a mis beaucoup d'espoir et d'argent dans ce dossier. Son projet, modestement baptisé le Royale, qui prévoit la réalisation de suites de luxe, de restaurants de prestige et de kilomètres de galeries commerciales, donne le tournis à tout ce que Paris, Londres et New-York comptent d'énarques dénaturés, de promoteurs, de banquiers et de Béotiens de la pire espèce. Ceux là et quelques autres ne sont pas prêts à lacher le morceau comme ça ! L'appel à projets  en vue de "l'occupation, la mise en valeur et l'exploitation" du batiment reste d'ailleurs toujours ouvert, malgré les déclarations du Chef de l'Etat. C’est pourquoi nous invitons tous nos lecteurs à signer et à diffuser largement autour d’eux la pétition (ci-dessous) lancée par l’Association des Amis de l’Hôtel de la Marine et son président, M. le vicomte de Rohan, pétition qui a réuni en quelques jours plus de 8000 signatures. Nous engageons aussi nos amis à bien noter et à conserver dans leurs portefeuilles le nom des protagonistes de cette triste affaire.  Pour le jour, qui n’est pas si éloigné, où certains d'entre eux oseront se présenter devant les électeurs. Mais aussi au cas où il serait permis à ces voraces de mettre leur dessein à exécution. Il faut qu’ils sachent et qu’ils sachent bien qu’ils trouveront en face d’eux des gens résolus à ne pas les laisser faire. Par tous les moyens, même légaux. 

La Revue critique.

 

 

Soutenir l’Hôtel de la Marine


Une exceptionnelle mobilisation de l’opinion publique a permis d’alerter le Président de la République sur l’impopularité d’une cession de l’Hôtel de la Marine au secteur privé, et ceci, quelle qu’en soit la forme. Celui-ci en a pris acte. Dans le discours qu’il a prononcé pour présenter ses vœux au monde de la culture et de la communication, le  19 janvier de ce mois, le Président de la République a déclaré : "Je pense que la meilleure façon de clore toutes les polémiques, c’est qu’avec Frédéric Mitterrand, nous mettions en place une commission composée de gens indépendants, la semaine prochaine, pour voir qu’elle est la meilleure utilisation de l’Hôtel de la Marine."
Tous ceux et celles qui ont déjà signé notre pétition peuvent donc avoir des raisons d’espérer que soit affirmée par le gouvernement la valeur emblématique, pour notre pays, de l’Hôtel de la Marine, du fait de sa vocation, de  son histoire et de son emplacement. Le gouvernement devra en même temps s’engager à conserver la structure de cet ensemble qui est encore à ce jour, pour l’essentiel, telle que l’avait conçue le grand architecte Gabriel, et à ne pas le dépouiller de ses collections réunies au cours de plus de deux siècles d’existence.
Aucune décision n'ayant cependant encore été prise pour nous assurer que nos souhaits seront entendus, nous devons être toujours plus nombreux à les exprimer. C’est pourquoi notre appel à signer notre pétition (voir) reste ouvert. Plus nombreux serons nous à l’avoir signé, plus nous aurons de chances de faire prévaloir nos souhaits.
Olivier de Rohan.
President des Amis de l'Hôtel de la marine 

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30 décembre 2010 4 30 /12 /décembre /2010 12:07

Vérités socialistes

 

La vérité est-elle en train de devenir une idée neuve à gauche ? On pourrait le penser à la lecture des programmes que nous mitonnent les candidats aux primaires du PS. Vrai, il faut « parler vrai », nous disent-ils en chœur. Seule la vérité paye, n’essayons plus d’embobiner les Français avec des promesses, ca ne marche plus, cherchons au contraire à leur tenir un langage de vérité, ca dérange au départ, mais ca peut rapporter gros à l’arrivée… La sincérité, voilà donc le nouveau fonds de commerce des socialistes. Il a le mérite d’être simple, de bon goût, accessible à tous et surtout… de ne plus avoir à s’encombrer de promesses qu’on ne saura pas tenir. Car, bien entendu, pour nos éléphants roses, parler vrai, c’est d’abord chercher à nous convaincre qu’en dehors de la mondialisation régulée, rien – ou presque rien – n’est possible.

Chacun accommodera par la suite cette exigence de vérité à ses discours, sa conscience ou son génie propre, s’il en a.

Pour  M. Strauss-Kahn,  par exemple, cela ne fait aucun doute : « la gauche doit dire la vérité ». Invité de France Inter le 16 novembre dernier, le directeur général du FMI n’a pas eu de mots assez durs pour les hommes politiques et les gouvernements qui se laissent aller à faire des promesses alors que les marchés n’en tiendront aucune. Regardez la Grèce, nous suggère Dominique, les socialistes viennent de s’y faire réélire alors qu’ils ne promettent que du sang et des larmes. Voilà la nouvelle gouvernance mondiale qui se prépare – et dont il se déclare lui-même l’inventeur : des gouvernements de progrès à la manœuvre, « une gauche qui fait bouger le monde ». Et puis une droite qui ramasse la mise, une fois le sale boulot fait. Mais là, c’est nous qui rajoutons.

Pour M. Fabius aussi, la vérité est la seule voie possible vers le socialisme. A condition, naturellement, qu’elle soit à géométrie variable et qu’on puisse s’affranchir très vite des vérités périmées. C’est sans doute ce sens aigu de la vérité qui l'a conduit à faire adopter en novembre dernier par le PS une plateforme de politique étrangère ultra européiste, alors qu’il fut il y a cinq ans le chef de file des « nonistes ». C’est le même esprit de loyauté vis-à-vis de lui-même qui lui a récemment fait dire qu’en cas de victoire de la gauche la France ne sortirait évidemment pas du commandement intégré de l’OTAN [1], alors qu’il fut parmi les premiers à critiquer – et avec quelle véhémence – les lâchetés et les accommodements sarkozistes vis-à-vis de l’Amérique. Comme il n’a plus de perspective présidentielle, on dirait que M. Fabius s’est donné comme objectif de dégouter à jamais les Français de voter à gauche. Il y parvient assez bien.

Au jeu de la vérité, celle qui réussit tout de même le mieux, c’est Mme Aubry. Elle n’y a pas beaucoup de mérite puisqu’elle est tombée dedans lorsqu’elle était petite. Son père, en bon démo-chrétien, ne lui a-t-il pas appris qu’il fallait toujours dire la vérité ? C’est ce à quoi elle s’emploie depuis qu’elle est à la tête du PS. Vis-à-vis des chefs d’entreprises et des « forces vives économiques », en les rassurant sur le fait que le retour des socialistes au pouvoir ne changera à peu près rien pour eux, et qu’on pourra même revoir s’il le faut à la marge les 35 heures. Vis-à-vis du prolétariat urbain et rural, en lui promettant qu’à défaut d’ascenseur social, on ouvrira tout grand le dispensaire social, ce fameux « care » qui, dans la novlangue socialiste, s’assimile à une sorte de soupe populaire élargie aux choses de l’esprit. Quant aux militants et sympathisants, ils auront droit eux aussi à leur part de vérité avec les primaires, ce processus démocratique, transparent et ouvert, où aucun accord saumâtre entre tel et tel gros éléphant et contre tel(le) autre ne viendra troubler la partie. C’est promis !

Et puisque au PS, comme disait Zola, « la vérité est en marche », certains se demandent si le temps n'est pas venu de dire vraiment ce que l'on pense. C'est le cas de François Hollande.  On connaissait ses talents d’apparatchik et d’avaleur de couleuvres, mitterrandiennes ou jospiniennes. On connaissait aussi sa capacité à métamorphoser le « parti de la transformation sociale » en un gros ramassis d’élus radicaux-socialistes en mal de banquets républicains. On connaissait moins ses qualités de penseur. Le mal est réparé avec le petit manifeste qu’il vient de publier sous un titre alléchant, « Parlons de la France ». On sautera  rapidement les chapitres sur l’économie et le social, pleins d’idées plates et de pensées molles, pour en arriver à la politique internationale et à la défense. Là notre François se « lâche » et il s’ébroue. S’agissant du nucléaire, fini d’apparaître comme les « mauvais joueurs », il faut s’engager résolument dans le désarmement, quitte à être les dupes des jeux des autres grandes puissances. Pour les armes conventionnelles, puisque nous n’avons plus les moyens de notre indépendance, allons-y à fond dans la coopération avec les autres. Et pourquoi ne pas fusionner (oui, oui, vous lisez bien fusionner) nos forces terrestres avec celles de l’Allemagne ! Cette Allemagne, à qui le PS, dans sa plateforme de politique étrangère, offrirait bien un siège de membre permanent du Conseil de sécurité des Nations unies! Désarmement nucléaire, intégration confirmée dans l’OTAN, retour au projet de Communauté européenne de défense, abaissement vis-à-vis de l’Allemagne… Voilà donc le rêve international des « hollandais » mis au clair : le retour à la IVe République, l’enterrement définitif du gaullisme, une France des grands discours, impuissante, rapidement inutile. Gageons, hélas, que c’est le rêve inavoué de beaucoup de socialistes.

Reste Ségolène. Sa déclaration de candidature a surpris sur la forme. Elle a promis de nous étonner sur le fond. Si c’est en se démarquant des « vérités » désespérantes ou malodorantes de ses camarades, elle sera la bienvenue. Chez les socialistes aussi, après tout, l’espérance pourrait être royale.

Hubert de Marans.



[1]. Devant l’Association de la Presse Internationale, à l’occasion de la présentation de la plateforme internationale du PS dont il a supervisé la rédaction, M. Fabius a confirmé, qu’en cas de victoire de la gauche, la France resterait dans le commandement intégré de l’OTAN (Source Marianne du 4 décembre 2010).


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11 décembre 2010 6 11 /12 /décembre /2010 01:34
La soirée d'Illkirch
 
Vendredi 10 décembre, dans l'après midi, les ministres de la défense français et allemand assistaient à l'installation du Jägerbataillon 291 dans le quartier Leclerc d'Illkirch-Graffenstaden, au nord de Strasbourg. Pour la première fois depuis la libération de la France, une unité militaire allemande franchissait le Rhin et s'installait sur le sol français. Naturellement, les deux ministres, Alain Juppé pour la France et Karl Theodor Freiherr zu Guttenberg pour l'Allemagne, se livrèrent aux bonnes paroles habituelles sur l'Europe, la paix et l'amitié entre les peuples. Mais lorsque le bataillon allemand défila, après avoir hissé ses couleurs, et qu'il prit possession des lieux, les coeurs se serrèrent et de nombreux Français eurent du mal à retenir leur émotion [1]. La terrible campagne d'Alsace de l'hiver 1944, le souvenir de Leclerc, de de Lattre, de Monsabert, le sacrifice de la brigade Malraux, les exactions subies par les populations alsaciennes  pendant quatre ans d'occupation allemande, tout cela était ce soir là dans la mémoire de beaucoup d'entre nous.
Quelques jours plus tôt, c'était un autre symbole de notre prestige militaire qui palissait. A Djibouti, dans cette corne de l'Afrique où la France exerce depuis tant d'années sa vigilance,  la 13e demi brigade de la Légion Etrangère apprenait par un simple communiqué de l'Etat-major son départ pour "d'autres cieux" et sa "restructuration". Pour la première fois, une unité combattante de la Légion quittait l'Afrique. Le passé glorieux de la 13e DBLE justifiait pourtant qu'on la traitât avec d'autres égards [2]. C'est elle qui, le 13 mai 1940, sous les ordres du général Bethouart, débarqua dans la nuit polaire à Narvik et y réduisit la garnison allemande. Première unité à rejoindre la France libre, se couvrant de gloire à Keren, à Massaoua, à Bir Hakeim, à El Alamein, elle reçut les insignes de l'Ordre de la Libération. Elle participa victorieusement aux combats des Vosges et à cette libération de l'Alsace que l'évènement de vendredi vient de nous remettre tristement en mémoire.
Terribles symboles ! Alors que l'Allemagne redresse un peu partout la tête, alors qu'elle impose à toute l'Europe les lois d'airain de son industrie et de sa finance, nous courbons l'échine comme les autres, trop contents - mais pour combien de temps - de figurer encore sur la photo. Pire encore, les quelques symboles de puissance qu'il nous reste, armée, nucléaire, présence militaire dans le monde, diplomatie, nous sommes prêts à en brader les intérêts. Au nom de raisonnements financiers absurdes ou d'un angélisme politique des plus imbéciles. Le chef de l'Etat lui-même n'hésitait pas il y a quelques semaines à Londres à hypothéquer l'avenir de notre dissuasion nucléaire, au nom d'une coopération qui nous enferme dans les jeux et les choix stratégiques des anglo-saxons. Ne parle-t-on pas sérieusement de plaider auprès de l'ONU pour que l'Allemagne dispose d'un siège permanent au Conseil de sécurité ? N'a t-on pas vu ressurgir au dernier sommet de l'OTAN à Lisbonne les discours les plus délirants sur la défense européenne et sur la nécessité d'une intégration plus poussée de nos unités avec celle d'autre pays ? Et qui tient au premier chef ces discours débilitants : nos gouvernants et les tristes larbins qui leur servent de hauts fonctionnaires, comme il se doit !  
Ceux qui, au moment du remaniement, avaient pronostiqué un virage "gaullien" de la défense et de la diplomatie française en sont déjà pour leurs frais. Leur désenchantement ne fait que commencer. Mme Alliot-Marie et M. Juppé n'ont jamais été autre chose que de parfaits exécutants. Ils sont les pions de l'actuel chef de l'Etat comme ils ont été ceux de M. Chirac. Il n'y a rien à attendre de cette engeance qui n'a conservé du gaullisme qu'un goût maladif de l'autorité et des privilèges. Elle est, à tout prendre, plus "gaullarde" que gaulliste, cette droite RPR dont nous connaissons depuis des lustres la duplicité, les coups de menton et les ronds dans l'eau. Dure avec le peuple, elle est complaisante et veule face aux puissants de ce monde. C'est la même droite qui a su faire croire en 2007 à des millions d'imbéciles que Sarkozy, Guaino et quelques autres allaient restaurer les valeurs nationales ! Jusqu'aux embrassades avec Bush, jusqu'au discours de Washington, jusqu'au retour dans l'OTAN, jusqu'à l'avilissement actuel devant Berlin...
Plus encore que le chef de l'Etat, c'est M. Juppé qui risque de faire les frais de cette politique des faux semblants. Il a eu tort de se compromettre dans l'odieuse cérémonie d'Illkirch. Il a tort d'attacher son nom à l'héritage désastreux de M. Morin et au bradage de nos positions en Afrique et ailleurs. Il sera jugé d'autant plus sévèrement qu'il affirme par ailleurs ses convictions gaullistes et nationales. On dit que M. Juppé conserve l'espoir d'être un jour candidat aux plus hautes fonctions de la République. Qu'il réfléchisse bien avant d'agir, au poste où il est aujourd'hui. En politique, les Français sont prêts à pardonner beaucoup de choses, mais  pas l'imposture.
Hubert de Marans.


[1]. On en trouve le meilleur témoignage dans les propos de ce responsable de l'Association du Souvenir français qui déclarait vendredi à FR3 : "L'Alsace est toujours dans la réserve quand on voit l'armée allemande défiler sur nos terres". En revanche le Figaro, fidèle à sa tradition de premier larbin de la presse française, titrait "L'Alsace se réjouit d'accueillir un régiment allemand" ! Ils doivent avoir des archives pour trouver de pareils titres ! 
[2]. Jean-Dominique Merchet, toujours parfaitement informé, développe ces informations dans son excellent site Secret Défense. L'image de l'Etat-major et du cabinet du Ministre n'en sortent pas grandis! 

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6 novembre 2010 6 06 /11 /novembre /2010 01:34

Fébrilités

  
L'Elysée et la Place Beauvau sont en émoi depuis la publication de l'article du Canard enchaîné [1] qui accuse Nicolas Sarkozy de superviser "personnellement" l'espionnage de certains journalistes, notamment dans l'affaire Bettencourt.
Invité de France 2 ce jeudi, le ministre de l'Intérieur est apparu assez agité sur le sujet. Il a déclaré avec toute la finesse qu'on lui connait : "La DCRI ce n'est pas la Stasi ou le KGB". "Il n'y a pas de police politique dans notre pays", a t-il ajouté avant de préciser que "l'objectif de la DCRI, ce n'est pas de suivre des journalistes, c'est d'interpeller des terroristes". On pouvait le penser jusqu'à ce que la DCRI finisse elle-même par avouer ses agissements dans la recherche des fuites de l'affaire Bettencourt. Visiblement, le pouvoir lui a confié d'autres missions que l'antiterrorisme !
L'Elysée a évoqué une accusation "totalement farfelue" tandis que Xavier Bertrand, futur ex secrétaire général de l'UMP, qualifiait de "grand n'importe quoi" les accusations de l'hebdomadaire. On apprenait samedi que le secrétaire général de l'Elysée, M. Guéant, et le patron de la DRCI, M. Squarcini, avaient l'intention de porter l'affaire devant les tribunaux pour diffamation.
Le rédacteur en chef de l'hebdomadaire satirique Claude Angeli regarde toute cette agitation avec le plus grand calme. Il affirme avoir été informé par "plusieurs personnes de confiance". "Ayant peur des fuites, Nicolas Sarkozy a plus recours aux services secrets et aux services de la police que Chirac et Mitterrand", a-t-il assuré.
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Nos lecteurs, qui sont parfaitement au fait des méthodes et des circuits de la nouvelle police politique [2], attendent avec impatience la suite de cette affaire. D'ici là, nous leur conseillons de se plonger dans l'excellent ouvrage publié par Léon Daudet en 1934, La Police politique, ses moyens et ses crimes [3]. Il prendront de l'avance sur l'actualité...

Hubert de Marans.



[1]. Le Canard Enchaîné du 3 novembre 2010. Article de Claude Angeli en page 3. 
[2]. Hubert de Marans, La police politique (RCIL du 25 septembre 2010), Comédie policière (RCIL du 27 octobre 2010).
[3]. Léon Daudet, La police politique, ses moyens et ses crimes. (Denoël et Steele, 1934). 

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N°1 - 2009/01
 
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