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14 décembre 2008 7 14 /12 /décembre /2008 16:02

Le regard vide                          

 

par Jean-François Mattéi

Mis en ligne : [21-11-2008]

Domaine : Idées






 


 

Jean-François Mattéi, membre de l'Institut universitaire de France, est professeur émérite de philosophie à l'université de Nice-Sophia Antipolis et à l'Institut d'études politiques d'Aix-en-Provence. Il est notamment l'auteur de La Barbarie intérieure (Quadrige, 2004), De l'indignation (La Table ronde, 2005) et L'Enigme de la pensée (Les Paradigmes, 2006).



Jean-François Mattéi, Le regard vide, Essai sur l'épuisement de la culture européenne, Paris, L'Age d'Homme, Septembre 2007, 315 pages.

Notre culture classique - les humanités que célèbrent George Steiner, Marc Fumaroli ou Alain Finkielkraut - a toujours été une " figure unique de l'inquiétude dans le courant des civilisations ", selon Jean-François Mattéi. Des plus grands penseurs du siècle passé aux " déclinologues " d'aujourd'hui, tous sont hantés par la possible extinction de la culture européenne. Qu'est-ce donc qui menace de s'éteindre ? L'Europe est certes l'héritière d'Athènes, de Rome, de Jérusalem, de Byzance et de Cordoue. Mais elle est davantage encore, telle est la thèse de cet essai, caractérisée par les modalités du regard qu'elle porte sur le monde, sur la cité et sur l'âme. C'est ce regard théorique et critique (regard se dit theoria en grec) qui a permis la diffusion universelle de sa culture, de Homère à Kundera. Mais, de critique, ce regard est devenu profondément autocritique, comme en témoigne la diatribe de Susan Sontag : " La vérité est que Mozart, Pascal, l'algèbre de Boole, Shakespeare, le régime parlementaire, les églises baroques, Newton, l'émancipation des femmes, Kant, Marx, les ballets de Balanchine, etc., ne rachètent pas ce que cette civilisation particulière a déversé sur le monde. La race blanche est le cancer de l'humanité. " Arborant le relativisme en blason et prônant la repentance, la pensée dominante refuse d'assumer l'identité de sa culture au motif que toute identité est menace. Jetant un regard vide sur leur époque, les intellectuels sont ainsi devenus des " symboles de l'expiation ", selon le mot de Lévi-Strauss à propos des ethnologues. Pour Jean-François Mattéi, la question de l'éminence, voire de la supériorité, de la culture européenne mérite d'être posée : n'est-elle pas la seule à avoir véritablement " regardé " les autres cultures ?

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14 décembre 2008 7 14 /12 /décembre /2008 15:54

Oeuvres                                     

 

de Joseph de Maistre

Mis en ligne : [21-11-2008]

Domaine : Idées




 

Le comte Joseph de Maistre, né à Chambéry en Savoie le 1er avril 1753 et mort à Turin (Piémont) le 26 février 1821, est un homme politique, écrivain et philosophe savoisien. Il est membre du Sénat savoisien, avant d'émigrer à Lausanne en 1793 quand les français occupent la Savoie ; il passe ensuite quelques années en Russie, avant de retourner à Turin. Joseph de Maistre reste l'un des pères de la philosophie contre-révolutionnaire française et antilumière. Joseph de Maistre est le principal représentant, avec Louis-Gabriel de Bonald, de la réaction traditionaliste contre la Révolution française. Il oppose au rationalisme du XVIIIème siècle le sens commun, la foi, les lois non-écrites. Il notamment l'auteur des Considérations sur la France (1796), du Pape (1819), des Soirées de St-Petersbourg ou Entretiens sur le gouvernement temporel de la Providence (1821), de l'Examen de la philosophie de Bacon (1836).


Pierre Glaudes, professeur de littérature française à l'université de Toulouse II, a consacré l'essentiel de ses travaux aux romanciers et essayistes français du XIXe siècle. Il a établi pour "Bouquins" l'édition du Journal de Léon Bloy.

 


Joseph de Maistre, Oeuvres, Présentées par Pierre Glaudes, Paris, Robert Laffont, Janvier 2007, 1348 pages.

La postérité a retenu de Joseph de Maistre qu'il a été l'un des plus fermes partisans de la contre-révolution. Ses adversaires l'ont peint comme un doctrinaire sectaire, pourfendeur des idées nouvelles. Ce portrait comporte une part de vérité : ennemi déclaré des Lumières, Maistre développe une philosophie de l'autorité, dénonçant l'illusion des droits de l'homme et de la démocratie, qui peut légitimement révolter une conscience moderne. Quelles raisons a-t-on de lire un tel penseur au début du XXIe siècle ? A en croire les meilleurs esprits, ces raisons ne manquent pas. Cioran en propose un usage thérapeutique : il s'agit de parier ironiquement sur les excès d'un dogmatisme "aussi habile à compromettre ce qu'il aime que ce qu'il déteste ". Une autre raison de lire Maistre consiste à chercher dans son œuvre un révélateur, au sens chimique du terme. C'est ce que suggère George Steiner, lorsqu'il affirme que ce penseur est un prophète, qu'il annonce le malaise idéologique de la modernité en montrant la violence inscrite dès l'origine dans l'émancipation révolutionnaire. Mais on peut aussi lire Maistre, comme Valéry, à la façon du dilettante pour la saveur de son écriture. Ses traits d'esprit sont rehaussés par une langue admirable : causticité, imagination, acuité intellectuelle, Maistre séduit jusqu'à ses adversaires. Ce volume s'adresse aux historiens, aux philosophes, aux juristes et aux amateurs de littérature. Il réunit un choix des œuvres les plus célèbres de Maistre - Considérations sur la France, Essai sur le principe générateur..., Les Soirées de Saint-Pétersbourg, Eclaircissement sur les sacrifices -, mais aussi des textes moins connus et partiellement inédits - Six Paradoxes, Sur le protestantisme - établis dans le respect des manuscrits. Et, pour la première fois, sous forme de Dictionnaire, une petite encyclopédie de la pensée maistrienne. A redécouvrir, même si l'on n'est pas un "affreux réactionnaire ". Pierre Glaudes

 

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10 décembre 2008 3 10 /12 /décembre /2008 23:18

Les illusions du progrès          

 

par Georges Sorel

Mis en ligne : [21-11-2008]

Domaine : Idées



 


Georges Eugène Sorel (1847 – 1922) est un philosophe et sociologue français. À la fois antidémocratique et révolutionnaire, la pensée de Sorel a influencé de nombreux penseurs et hommes politiques du XXème siècle, tant de droite que de gauche. Parmi eux, des personnalités proches de l'Action française comme Georges Valois, Pierre Lasserre ou le catholique René Johannet, des libéraux comme Piero Gobetti, des socialistes comme le Hongrois Ervin Szabó, des communistes comme Antonio Gramsci et le jeune Georg Lukács, des anti-conformistes comme Curzio Malaparte, des sociologues comme Jules Monnerot et Walter Benjamin, des théoriciens politiques comme Carl Schmitt ou encore des économistes comme François Perroux.
Parmi ses oeuvres majeures :  La décomposition du marxisme (Marcel Rivière 1910, réed. PUF, 1982), Réflexions sur la violence (Marcel Rivière, 1919, réed. Seuil, 1990), Matériaux d'une théorie du prolétariat (Marcel Rivière, 1919).


Yves Guchet, Agrégé de droit public, est professeur émérite de l'Université de Paris-X-Nanterre.

 


Georges Sorel, Les illusions du progrès, suivi de L'avenir socialiste des syndicats, Présenté par Yves Guchet, Paris, L'Age d'Homme, Septembre 2007, 315 pages.


Le titre donné par Sorel au recueil d'articles publiés dans le Mouvement socialiste, il y a un siècle, pourrait induire en erreur. Les Illusions du progrès ne constituent pas une dénonciation du progrès technique, mais la remise en cause d'une idéologie qui trouve son origine au XVIIe siècle avec la pensée cartésienne, pour s'affirmer au siècle suivant comme idéologie de la bourgeoisie, à travers l'Encyclopédie de Condorcet. Mais conquérante, puis dominante, la bourgeoisie n'a plus qu'une ambition : se maintenir au pouvoir, et l'idéologie du progrès y contribue en pénétrant l'ensemble de la société. Cette idéologie a un principe: trouver des explications simples permettant de " résoudre toutes les difficultés que présente la vie quotidienne ". Dès lors, le progrès n'apparaît pas " comme l'accumulation de savoirs mais dans l'ornement de l'Esprit qui, débarrassé des préjugés, sûr de lui même et confiant dans l'avenir, s'est fait une philosophie assurant le bonheur à tous les gens qui possèdent les moyens de vivre largement ". Et doit-on ajouter, de tous les autres qui se laissent abuser. C'est cette philosophie illusoire du progrès que Sorel se propose de dévoiler pour mieux la combattre.

 

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10 décembre 2008 3 10 /12 /décembre /2008 00:34

La reine du monde                

 

par Jacques Julliard 

Mis en ligne : [21-11-2008]

Domaine : Idées






Jacques Julliard, né le 4 mars 1933 est un journaliste et intellectuel français, historien de formation et ancien responsable syndical. Figure emblématique du catholiscisme de gauche, il a assumé jusqu'en 1976 des responsabilités confédérales au SGEN et à la CFDT. Il collabore régulièrement à la revue Esprit, au Nouvel Observateur et dirige la revue Mil neuf cent. Il est également directeur d'études à l'Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales (EHESS). Il a récemment publié : Dictionnaire des intellectuels français
(Seuil, 2002), Le choix de Pascal (Desclée de Brouwer, 2003), Que sont les grands hommes devenus ? Essai sur la démocratie charismatique (Saint-Simon, 2004), Le Malheur français, Flammarion (Flammarion, 2005), L'Argent, Dieu et Le Diable, Péguy, Bernanos, Claudel face au monde moderne ( Flammarion, 2008).

Jacques Julliard, La reine du monde, Essai sur la démocratie d'opinion, Paris, Flammarion, Janvier 2008, 125 pages.


Ce livre est né d'une réflexion à chaud sur ce que la dernière campagne présidentielle a changé dans les mentalités et dans les mécanismes politiques : nous sommes en train de passer de la démocratie représentative, c'est-à-dire le Parlement, à la démocratie d'opinion, ou doxocratie. Le système parlementaire du passé, fondé sur une véritable délégation de souveraineté de l'électeur à l'élu, a fonctionné tant que le citoyen n'avait pour tout moyen d'expression que le droit de suffrage. Aujourd' hui, les sondages, la télévision et surtout Internet ont ont bouleversé la donne : l'électeur ne se contente pas d'être souverain un jour tous les cinq ans, il veut participer à son propre gouvernement. N'est-ce pas la loi de la démocratie ?

 

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8 décembre 2008 1 08 /12 /décembre /2008 23:45

La pensée française                      

à l'épreuve de l'Europe


par Justine Lacroix

Mis en ligne : [21-11-2008]

Domaine : Idées

 



Justine Lacroix est professeur de sciences politiques à l'Université libre de Bruxelles. Elle est l'auteur de plusieurs ouvrages dont Michaël Walzer, le pluralisme et l'universel (Michalon, 2001) ; Communautarisme versus libéralisme : quel modèle d'intégration politique ? (Editions de l'ULB, 2003) et L'Europe en procès: quel patriotisme au-delà des nationalismes ? (Editions du Cerf, 2004).


Justine Lacroix, La pensée française à l'épreuve de l'Europe, Paris, Grasset, Juin 2008, 129 pages.

Penser à l’Europe n’est pas le passe-temps favori de la plupart des gens. Ce n’est pas non plus l’occupation la plus prisée des philosophes contemporains, notamment en France, où les principaux auteurs ne s’y sont intéressés que ré-cemment, et le plus souvent grâce à l’impulsion donnée par les deux référendums organisés en 1992 et en 2005. Pourtant, depuis le projet pour " la paix perpétuelle " de l’abbé de Saint-Pierre et celui de la confédération des peuples de Jean-Jacques Rousseau jusqu’au plan pour la " réorganisation de la société européenne " du comte Henri de Saint-Simon, la pensée française a, dans le passé, abondamment nourri les interrogations sur l’identité politique de l’Europe. Les idéaux cosmopolitiques du républicanisme kantien ont également joué un rôle décisif dans la reformulation des conceptions républicaines au XIXe siècle. Contrairement à ce que prétend une vulgate qui s’est parfois revendiquée comme l’héritière de la IIIe République pour promouvoir une vision étroite de l’État-nation, le combat pour un ordre politique et juridique international et pour une forme de patriotisme européen articulé au patriotisme national était au cœur des préoccupations d’un Célestin Bouglé ou d’un Léon Bourgeois . Quant à Jules Barni, il prônait l’instauration des " États-Unis d’Europe " en défendant, par référence à Emmanuel Kant, la mise en place d’une " confédération de libres démocraties " . En 1933, quelques décennies et une guerre mondiale plus tard, Julien Benda publiait son Discours à la nation européenne. Dans ce pamphlet, aujourd’hui largement oublié, l’essayiste livrait un vibrant plaidoyer en faveur d’une Europe identifiée à la victoire de la raison et de l’universalité sur les dangers du particularisme incarné par " l’ortie des caractéristiques nationales ". C’est pourquoi, contrairement à ce que suggérait le titre de son livre, l’Europe ne devait pas, pour Benda, " s’enclore dans un nationalisme à la seconde puissance " : la construction européenne n’a de portée morale que si, " loin d’être une fin à elle-même, elle n’est qu’un moment de notre retour à Dieu, où doivent sombrer tous les instincts, avec tous les orgueils et tous les égoïsmes " . L’unification européenne devait marquer, en somme, la victoire de la raison et de l’abstraction sur le concret et la particularité. Avec cette ambiguïté, cependant, que l’universalisme est alors fort opportunément identifié à la France et les dangers du particularisme à l’Allemagne. Quant à la question de savoir quelle serait la langue supranationale, il ne semble guère faire de doute, pour Benda, que les Européens choisiraient la plus rationnelle, à savoir le français. En d’autres termes, " le schéma directeur européen de Benda prend plutôt la forme d’un hexagone ". A la même époque, la question européenne faisait partie des préoccupations desdits " non-conformistes des années trente " et, plus particulièrement, de ces figures emblématiques de l’Ordre nouveau que furent Robert Aron et Alexandre Marc. Ces derniers refusaient de fonder leurs appels au fédéralisme sur une simple association d’États-nations condamnés, selon eux, à une rivalité aussi incessante que stérile. C’est pourquoi un des textes publiés, la même année que le pamphlet de Benda, par l’Ordre nouveau se prononçait pour une " organisation régionaliste de l’Europe ". Une idée approfondie dans la livraison de novembre 1934 où René Dupuis exprimait le vœu que les peuples européens s’acheminent vers une " révolution fédéraliste " propre à permettre l’épanouissement d’un pluralisme brimé par le morcellement de l’Europe " en unités politiques de plus en plus étanches et fermées " . Dans le même numéro, Robert Aron proposait notamment d’instaurer entre les peuples européens une " zone d’échanges planés " et de créer, pour ce faire, " un organisme supranational " ayant pour tâche de coordonner la production et la répartition des " produits nécessaires à la vie " . Après la guerre, tant les idées que les hommes autour desquels s’était constituée cette génération " non-conformiste " ressurgiront dans les mouvements fédéralistes - et notamment dans le groupe et la revue La Fédération où Marc et Aron seront rapidement rejoints par des anciens de la Jeune Droite d’avant guerre, tels que Jean de Fabrègues ou Thierry Maulnier . Curieusement, cette réflexion foisonnante a connu une sorte d’éclipse depuis le lancement effectif de la construction européenne, à la fin des années 1950. De la signature du traité de Rome, en mars 1957, à celle du traité de Maastricht, en février 1992, peu de grandes figures de la pensée politique française sont intervenues sur le processus d’intégration entre les pays du Vieux Continent. A quelques exceptions notables, parmi lesquelles Raymond Aron dans certains de ses écrits. On sait que ce dernier a régulièrement fait preuve d’une attitude réservée quant aux projets d’unification européenne. Pourtant, comme l’a montré Pierre Kende, le scepticisme du philosophe n’était peut-être " que l’expression d’une déception, elle-même conséquence d’un investissement affectif de tout premier ordre ". C’est du moins ce que semble indiquer cette véritable profession de foi adressée à des étudiants allemands : " La communauté européenne, ce n’est pas le thème pour l’enthousiasme d’un jour, c’est le terme de l’effort qui donne un sens à une vie ou fixe un objectif à une génération ". Ce discours fut prononcé en 1952, soit deux ans avant l’échec du seul projet d’unification politique (la Communauté européenne de défense) qu’Aron aura eu l’occasion d’observer. C’est pourquoi l’histoire des institutions européennes - qui s’est inscrite, durant son existence, dans le cadre d’une coopération principalement économique - n’aura pu que " nourrir son scepticisme " dans la mesure où elle éludait ce qui était essentiel pour lui, à savoir " le politique et le militaire " . Plus précisément, ce seraient avant tout des " considérations sociologiques " qui permettraient de rendre compte de la position dubitative d’Aron sur la question européenne. Dès 1962, dans Paix et guerre entre les nations, il estimait ainsi que la formation d’un Marché commun ne déboucherait " ni par nécessité juridique ni par nécessité économique sur une authentique fédération ". Penser que l’intégration économique engendrerait, " d’un coup de baguette magique ", l’Europe unie revenait, pour lui, à supposer que l’économique englobe le politique ou que la chute des barrières douanières ferait tomber d’elles-mêmes les barrières politiques et militaires. Or, pour Aron, " ces deux suppositions sont fausses ". La thèse du " fédéralisme clandestin " ou du " fédéralisme sans douleur " manquerait l’essentiel, à savoir le " pouvoir communautaire, animé d’une volonté communautaire, l’État et la nation, la collectivité humaine, consciente de son originalité et résolue à l’affirmer face aux autres collectivités " . Autrement dit, " le système d’obligations " tissé par les institutions européennes ne créerait pas de lui-même la volonté commune parmi les Français, les Allemands, les Italiens d’" être autonomes désormais en tant qu’Européens et non plus en tant que membres des nations historiques ". Ce qui ne signifie pas pour autant, pour Aron, qu’une autorité légitime ou la conscience d’une nationalité supérieure ne puisse émerger progressivement de la Communauté économique, mais cela ne pourrait se faire qu’à la condition sine qua non que " les peuples le veuillent et que les gouvernants agissent en fonction de cette volonté, ou encore à condition que les gouvernements agissent en vue de la fédération et que les peuples y consentent ".

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28 novembre 2008 5 28 /11 /novembre /2008 08:31

La légitimité démocratique      

 

par Pierre Rosanvallon

Mis en ligne : [21-11-2008]

Domaine : Idées

 



Né en 1948, Pierre Rosanvallon est un historien et sociologue français. Ses travaux portent principalement sur l'histoire de la démocratie, et du modèle politique français, et sur le rôle de l'Etat et la question de la justice sociale dans les sociétés contemporaines. Il a été l'un des principaux théoriciens de l'autogestion  associée à la CFDT. Il occupe depuis 2001 la chaire d'histoire moderne et contemporaine du politique au Collège de France tout en demeurant directeur d'études à l'Ecole des hautes études en sciences sociales  (EHESS), où il dirige le Centre de recherches politiques Raymond Aron. Il a récemment publié La Démocratie inachevée. Histoire de la souveraineté du peuple en France, (Gallimard, Bibliothèque des histoires, 2000), Le Sacre du citoyen. Histoire du suffrage universel en France, (Folio Histoire, 2001), Pour une histoire conceptuelle du politique, (Le Seuil, 2003), Le Modèle politique français. La société civile contre le jacobinisme de 1789 à nos jours, (Le Seuil, 2004), La contre-démocratie, La politique à l'âge de la défiance, Seuil, 2006.


Pierre Rosanvallon, La légitimité démocratique, Impartialité, reflexivité, proximité, Paris, Seuil, Septembre 2008, 367 pages.


 

Le peuple est la source de tout pouvoir démocratique. Mais l'élection ne garantit pas qu'un gouvernement soit au service de l'intérêt général, ni qu'il y reste. Le verdict des urnes ne peut donc être le seul étalon de la légitimité. Les citoyens en ont de plus en plus fortement conscience. Une appréhension élargie de l'idée de volonté générale s'est ainsi imposée. Un pouvoir n'est désormais considéré comme pleinement démocratique que s'il est soumis à des épreuves de contrôle et de validation à la fois concurrentes et complémentaires de l'expression majoritaire. Il doit se plier à un triple impératif de mise à distance des positions partisanes et des intérêts particuliers (légitimité d'impartialité), de prise en compte des expressions plurielles du bien commun (légitimité de réflexivité), et de reconnaissance de toutes les singularités (légitimité de proximité). D'où le développement d'institutions comme les autorités indépendantes et les cours constitutionnelles, ainsi que l'émergence d'un art de gouvernement toujours plus attentif aux individus et aux situations particulières. Nous sommes entrés dans ce nouveau monde sans en avoir perçu la cohérence ni interrogé lucidement les problèmes et les conséquences. C'est à en dévoiler les ressorts et les implications que s'emploie ici Pierre Rosanvallon. Après avoir publié La Contre-démocratie (Seuil, 2006), il propose, dans ce deuxième volet de son enquête sur les mutations de la démocratie au XXIe siècle, une histoire et une théorie de cette révolution de la légitimité.

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27 novembre 2008 4 27 /11 /novembre /2008 00:10
L'avènement                           
de la démocratie          


par Marcel Gauchet

Mis en ligne : [2-12-2008]

Domaine :    Idées





Né en 1946, Marcel Gauchet est philosophe et historien des idées. Il est actuellement directeur d’études à l'Ecole des hautes études en sciences sociales, au Centre de recherches politiques Raymond-Aron et rédacteur en chef de la revue Le Débat. Il a notamment publié La démocratie contre elle-même (Gallimard, 2002), La condition historique (Stock, 2003), La condition politique, (Gallimard, 2005).


Marcel Gaucher, L'avènement de la démocratie, Tome 1 - La révolution moderne, Tome 2 - La crise du libéralisme, 1880 - 1914, Paris, Gallimard, Novembre 2007, 206 et 309 pages. 
L'Avènement de la démocratie propose, échelonnées sur quatre livres, à la fois une histoire philosophique du XX siècle et une théorie de la démocratie. L'entreprise constitue la suite du Désenchantement du monde. Ce qui advient avec la sortie de la religion, c'est un monde où les hommes ambitionnent de se gouverner eux-mêmes. Mais c'est en fait le monde le plus difficile à maîtriser qui soit. Ce sont les péripéties (le ce parcours tumultueux, traversé d'embardées et de crises, dont il est fait une analyse raisonnée. Le premier volume, La Révolution moderne, est une sorte de prologue. Il campe l'arrière-fond. en retraçant sous une forme ramassée la révolution qui court entre 1500 et 1900, celle de l'autonomie. Surtout, il s'emploie à identifier les trois composantes spécifiques du monde désenchanté, du point de vue politique, juridique et historique. L'originalité (le notre démocratie tient à la combinaison de ces trois éléments, qui est simultanément son problème permanent. Le deuxième volume, La Crise du libéralisme, présente une analyse en profondeur des années 1880-1914, qui constituent la matrice du XXe siècle. de ses tragédies et de ses réussites. En même temps que sont jetées les bases de la démocratie libérale, à la faveur de l'association du régime représentatif et du suffrage universel, le nouvel univers qui se déploie fait exploser le cadre hérité de l'univers religieux qui avait soutenu l'édifice des libertés fraîchement acquises. Ce sera la source des folies totalitaires comme ce sera le ressort de l'approfondissement et de la stabilisation des démocraties libérales. C'est précisément cet épisode crucial qu'examinera le troisième volume, A l'épreuve des totalitarismes. Le quatrième et dernier volume, Le Nouveau Monde, sera consacré, dans la même perspective et avec les mêmes instruments de lecture, à la réorientation de la vie de nos sociétés depuis le milieu des années 1970 et à la nouvelle crise de croissance de la démocratie dans laquelle elle nous a plongés.

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23 novembre 2008 7 23 /11 /novembre /2008 01:17

L'universalisme                        

européen          

 

par Immanuel Wallerstein

Mis en ligne : [21-11-2008]

Domaine : Idées

 


l-universalisme-europeen.jpg


Né en 1930, Immanuel Wallerstein est un sociologue américain. Inspirée à la fois par Karl Marx et par Fernand Braudel, son oeuvre met en avant l'unité et les contradictions du "système-monde" capitaliste, organisé en centre, semi-périphérie et périphérie.  Pour lui, ce "système-monde" porte comme unique valeur la marchandisation des choses. Les ressources naturelles, les terres, la main-d’œuvre mais également les relations humaines se font peu à peu arracher leur valeur « intrinsèque » et sont transformés en marchandises sur un marché qui dicte leur valeur d’échange. Il est l'auteur de L'Après-libéralisme : Essai sur un système-Monde à réinventer (Éditions de l'Aube, 1999), L'histoire continue (Editions de l'Aube, 1999), L'Utopistique, ou les choix politiques du XXe siècle (Éditions de l'Aube, 2000), Une nouvelle phase du capitalisme ?  (Ed. Syllepse, 2001).

 


Immanuel Wallerstein, L'universalisme européen, De la colonisation au droit d'ingérence,Paris, Démopolis, Février 2008, 137 pages. 


Né au XVIe siècle, le concept d'universalisme européen a servi à justifier le colonialisme. Sous la forme du droit à l'ingérence, il légitime aujourd'hui les interventions des Etats et des ONG dans le monde. Pour Immanuel Wallerstein, la défense des droits de l'homme, la notion de choc de civilisations, l'absence d'alternative au néolibéralisme sont trois formes contemporaines de l'universalisme européen. Il appelle ici à un véritable universalisme au service du bien commun.

Immanuel Wallerstein traque la logique du monde depuis un demi-siècle. Sociologue, africaniste de formation (...) Son grand oeuvre, en trois volumes, retrace l'histoire du «système-monde moderne», terme qu'il a forgé à partir du concept d'«économie-monde» par lequel Fernand Braudel décrivait la Méditerranée. Dans un système-monde, les Etats, les frontières, les hiérarchies nationales sont des concepts «relationnels» (...) «L' accumulation illimitée est un concept relativement simple : les hommes et les entreprises accumulent du capital dans le but d en accumuler encore et encore», explique-t-il dans un précédent ouvrage (...) Pour le dire autrement : le système-monde où nous vivons est l'autre nom du capitalisme.
Telle une horlogerie subtile, il est animé de forces contradictoires qui travaillent dans un déséquilibre permanent. Les Etats périphériques sont allégrement pillés, mais leur main-d'oeuvre sert de réservoir pour contenir la hausse des salaires ; les entreprises du centre récusent l'immixtion de l'Etat dans leurs affaires, mais ne sauraient vivre sans la protection qu'il leur assure (droit de la propriété, prise en charge des infrastructures) ; elles préfèrent utiliser des «sous-prolétaires» corvéables à merci, mais, ayant besoin de consommateurs, elles finissent par en faire de véritables «prolétaires», mieux formés, mieux payés, capables de revendiquer, etc. Tout concourt à pousser le «système-monde» à «son asymptote», à ses limites, prélude à la transition vers sinon un nouveau système, du moins une nouvelle hégémonie au sein des Etats du centre, une nouvelle superpuissance capable de fixer les règles du jeu.
Prophète inlassable du déclin de l'empire américain, Immanuel Wallerstein est un participant assidu des forums sociaux mondiaux depuis leur création . L'altermondialisme est-il la promesse d'un autre «système-monde» ou bien les rouages sont-ils condamnés à de simples ajustements des positions étatiques ? En résumant à outrance : un autre monde, et donc un autre universalisme, est-il réellement possible ? C est précisément le sujet de son dernier livre, déconstruction méthodique de «l'universalisme européen» comme idéologie du système-monde. «Ceux qui dominent ont le besoin constant de se sentir moralement et historiquement justifiée par leur position de domination collective et leur statut de récipiendaires privilégiés du surplus économique généré par le système.» D ailleurs, dans sa version originale, l'ouvrage est sous-titré The Rhetoric of Power.
De cette rhétorique du pouvoir, Wallerstein identifie trois «variantes» aussi vieilles que le système-monde lui-même : le droit d'ingérence, l'orientalisme et la notion de vérité scientifique. Le droit d'ingérence, par exemple, loin d'avoir été inventé par Bernard Kouchner, fut débattu dès 1550 lors de la controverse de Valladolid. Le théologien espagnol Sepúlveda y justifia les conversions forcées et les massacres d Amérindiens, ces «barbares» dont les sacrifices humains violent la «loi naturelle» et continueront de la violer si rien n'est fait ; et dont l'idolâtrie empêche la propagation de la parole de Dieu. Quatre arguments qui «ont servi par la suite à justifier toutes les ingérences des civilisés du monde moderne dans les zones non civilisées : la barbarie des autres, le devoir de mettre fin à des pratiques qui violent des valeurs universelles, la défense des innocents face à la cruauté des autres, la nécessité de faciliter la diffusion des idées universelles.» De même, science des civilisations «autres», l'orientalisme fut dès sa conception l'instrument de cet ethnocentrisme singulier qu'est l'universalisme européen.


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22 novembre 2008 6 22 /11 /novembre /2008 01:06

Le commencement                   

d'un monde

 

par Jean-Claude Guillebaud

mis en ligne : [21-11-2008]

Domaine : Idées



Né en 1944, Jean-Claude Guillebaud est un écrivain, essayiste et journaliste français. Journaliste à Sud Ouest, au Monde, puis au Nouvel Observateur, connu pour ses repotages et récits de voyage, il a récemment publié plusieurs essais importants :  L
a refondation du monde
(1999), L'esprit du lieu (2002), La force de conviction : à quoi pouvons-nous croire ? (2005), Comment je suis devenu chrétien (2007).


Jean-Claude Guillebaud, Le commencement d'un monde, vers une modernité métisse, Paris, Seuil, Août 2008, 390 pages.

 

Avec Le commencement d'un monde, Jean-Claude Guillebaud parachève  sa grande " enquête sur le désarroi contemporain ", engagée en 1995 et plusieurs fois couronnée par des prix ou récompenses internationales. Nous sommes au commencement d'un monde. Vécu dans la crainte, ce prodigieux surgissement signe la disparition de l'ancien monde, celui dans lequel nous sommes nés. Pourtant, la sourde inquiétude qui habite nos sociétés doit être dépassée. Le monde " nouveau" qui naît sous nos yeux est sans doute porteur de menaces mais plus encore de promesses. Il correspond à l'émergence d'une modernité radicalement "autre". Elle ne se confond plus avec l'Occident comme ce fut le cas pendant quatre siècles. Une longue séquence historique s'achève et la stricte hégémonie occidentale prend fin. Nous sommes en marche vers une modernité métisse. Deux malentendus nous empêchent de prendre la vraie mesure de l'événement. On annonce un "choc des civilisations ", alors même que c'est d'une rencontre progressive qu'il s'agit. On s'inquiète d'une aggravation des différences entre les peuples, quand les influences réciproques n'ont jamais été aussi fortes. Le discours dominant est trompeur. En réalité, au-delà des apparences, les "civilisations" se rapprochent les unes des autres. De l'Afrique à la Chine et de l'Inde à l'Amérique latine, Jean-Claude Guillebaud examine posément l'état des grandes cultures en mouvement, pour décrire l'avènement prometteur - et périlleux - d'une véritable modernité planétaire. Ce rendez-vous pourrait connaître des revers et engendrer des violences. Il est pourtant inéluctable et sans équivalent dans l'histoire humaine.

 

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N°1 - 2009/01
 
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