je vous dirai l'odeur | ||
Que la pluie a trempé l'herbe épaisse des prés, Le doux balancement des roses sur leur tige, La forme du nuage au vent qui le dirige, L'hirondelle et son jeu de navette, et l'azur, Et l'avoine qui tremble au faîte du vieux mur Je vous dirai l'heure dorée, et l'ombre lente, Et la source où bruit la Nymphe diligente, Et la cloche qui sonne, égale, et chaque instant Mesure nos plaisirs et notre part de temps... | ||
émile henriot (1889-1961). Aquarelles (1922). |
l'automne | ||
On a coupé les fleurs, on a cueilli les fruits, Et dans le pâle ciel que l'hirondelle a fui Déjà monte un néfaste et ténébreux nuage. Adieu ! L'été n'est plus. Son doux sourire a lui. Le regard éclatant s'éteint dans le visage, Et le coeur qui se calme, hélas ! et devient sage S'abandonne aux langueurs du monotone ennui. Hélas ! Rien ici-bas ne dure. Tout s'efface. Seule une éternité de rêve prend la place Des chers biens qu'on croyait jamais ne voir finir ! Mais non ! l'amour n'eût-il bati que sur le sable, De nos bonheurs passés le reste impérissable Ta cendre nous le garde, ô brûlant souvenir ! | ||
émile henriot (1889-1961). Aquarelles (1922). |
esquisses | ||
J'aime les frais matins peuplés de tourterelles, Les ciels purs et lavés comme des aquarelles, L'azur, tout ce qui chante et tout ce qui sourit, L'humble lilas qui s'ouvre et doucement fleurit, L'oiseau, comme un désir, posé de branche en branche, Et dans un jardin clair, avec sa robe blanche, Une rose au corsage ainsi qu'un cœur de feu, Légère et douce à voir, mon amie à l'œil bleu Qui rêve, et longuement presse contre sa bouche Une autre rose rouge et dont l'odeur la touche... | ||
émile henriot (1889-1961). Les Temps innocents (1921). |