Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
11 mai 2009 1 11 /05 /mai /2009 22:41
Sur le front de Lisbonne

Contrairement à nos prévisions, les sénateurs tchèques ont ratifié dans l'urgence, jeudi 7 mai dernier, le traité de Lisbonne. Le contexte intérieur à la République tchèque, dominé par la chute du gouvernement libéral de M. Topolanek en pleine présidence de l'Union, a beaucoup joué dans cette adoption confuse. "Nous ne pouvions pas nous permettre une nouvelle honte", a déclaré le Premier ministre démissionnaire à l'ouverture des débats. Et c'est en effet une sorte de "sauve qui peut parlementaire" qui aura conduit une partie de l'ancienne majorité libérale, pourtant très réticente au traité, à joindre ses voix à celles des sociaux-démocrates. En aucune façon un vote d'adhésion.

Le Président Sarkozy s'est empressé de saluer une "étape importante dans la mise en oeuvre de l'engagement pris par les 27 en décembre dernier de tout faire pour permettre à ce traité d'entrer en vigueur avant la fin de l'année 2009". On sent implicitement de la fébrilité dans ce message qui conclut en faisant appel au civisme "européen" des Irlandais.

Conclusion sans doute un peu rapide. En premier lieu, le processus de ratification tchèque est loin d'être achevé. Le texte doit encore être signé par le tonitruant président tchèque, Vaclav Klaus, eurosceptique militant, qui encourage en sous-main ses amis parlementaires à saisir la Cour constitutionnelle et à susciter de nouveaux obstacles, cette fois juridiques, à la ratification. Il est peu probable que M. Klaus appose sa signature sur le traité, tant que les résultats du référendum irlandais ne seront pas connus. Ce qui nous fait glisser doucement vers l'automne.

Le référendum irlandais est, lui même, loin d'être gagné. Si les derniers sondages donnent encore un avantage au "oui", l'écart s'est beaucoup réduit depuis quelques semaines et la "purge" économique que le gouvernement du Fianna Fail fait subir à l'économie irlandaise, au nom des critères de convergence européens, n'est pas pour rendre le traité plus populaire. Dublin vient d'exiger de ses partenaires européens la confirmation des garanties qu'il prétend avoir obtenu (respect de la neutralité irlandaise, non ratification du droit à l'avortement...), en échange de son appui à Lisbonne, mais cette confirmation tarde à venir. Viendra-t-elle ?

Sur les autres fronts, rien de nouveau. En Pologne, le Président Lech Kaczynski se fait toujours tirer l'oreille pour parapher un texte que la diète polonaise a pourtant ratifié il y a plus d'un an. Même chose en Allemagne, où la Cour constitutionnelle, saisie en février, tarde à se prononcer pour ouvrir la voie d'une approbation rapide.

La divine surprise viendra-t-elle des Britanniques ? On sait que le chef des Tories, David Cameron, a annoncé qu'il soumettrait le traité à référendum  s'il arrivait au pouvoir. Le résultat de cette consultation ne fait guère de doute, le mécontentement de nos amis anglais à l'encontre des institutions européennes allant grandissant. Quant à la perspective d'une arrivée au pouvoir des conservateurs, elle prend de l'ampleur. M. Cameron tient la corde pour les prochaines municipales, prévues le 4 juin, avec près de 20 points d'avance sur les travaillistes, et le gouvernement Brown ne tient plus qu'à un cheveu. Si sa chute devait avoir lieu d'ici la fin de l'année 2009, c'en serait sans doute fini du Mauvais Traité. D'ici là, patience!


Vincent Lebreton.


Partager cet article
Repost0
4 avril 2009 6 04 /04 /avril /2009 12:56

Bonnes nouvelles

 

La motion de censure qui a emporté au milieu de la semaine dernière le gouvernement tchèque ne fera pleurer personne en Europe, pas même les crocodiles. Le cabinet de M. Topolanek vivotait depuis plusieurs mois; il ne disposait plus de vraie majorité et il était clair qu'il tomberait à la première escarmouche parlementaire. Ce qui a été le cas. Mais il est également tombé sur son bilan. Mauvais bilan sur le plan économique; la purge ultra libérale que le gouvernement a fait subir à toute l'économie tchèque, en pleine période de crise, a fait des ravages dans l'industrie et dans l'emploi privé. Bilan tout aussi mauvais pour la politique internationale; le gouvernement s'est exposé à l'hostilité, voire à la haine, d'une grande partie de l'opinion publique -traditionnellement patriote - en signant des accords militaires et diplomatiques assez honteux avec l'administration Bush, en particulier sur le déploiement de systèmes antimissiles tournés vers la Russie. L'arrogance et l'amateurisme de M. Topolanek et de son équipe ont par ailleurs lassé le dernier carré de leurs partisans.

La destitution du gouvernement Topolanek n'est pas qu'une bonne nouvelle pour le peuple tchèque. Elle réjouira également tout ceux qui contestent les diktats bruxellois et l'idéologie libérale absurde que certains cherchent à maintenir en Europe, malgré la crise. La République tchèque assure en effet la présidence de l'Union jusqu'à la fin du mois de juin et on pouvait craindre que les convergences de vues entre l'équipe Topolanek et celle de  M. Barosso à Bruxelles soient l'occasion de multiplier les discours et les mesures antiprotectionnistes, la rigueur budgétaire et la politique des taux d'intérêt élevé, alors que le reste du monde se débarrasse enfin de toutes ces chimères. Tel ne sera pas le cas; le désaveu de l'équipe Topolanek à Prague - même si celle-ci est appelée à assurer le suivi des affaires courantes, neutralise totalement l'action de la présidence tchèque à Bruxelles. Nous voilà rassurés au moins pour quelques mois[1]

S'ajoute à celà un autre élément d'importance. La crise politique en République tchèque risque d'être durable et de nouvelles élections législatives ne sont sans doute pas envisageables  avant octobre prochain, avec à la clé un durcissement prévisible du climat politique national. Il est donc de moins en moins probable que le Parlement tchèque trouve un consensus pour ratifier d'ici la fin de l'année le Traité de Lisbonne, alors que celui-ci fait déjà l'objet de controverses dans tout le pays. On peut d'ailleurs compter sur l'action en sous main du président de la République tchèque, l'eurosceptique Vaclas Klaus, pour que cette ratification se perde dans les sables.

Comme une bonne nouvelle n'arrive jamais seule, voilà qu'à son tour l'Irlande prend le chemin de renvoyer son gouvernement. Le cabinet européiste de M. Brian Cowen ne tient plus qu'à un fil. Il doit faire face à une situation économique "insoutenable", avec une chute du PIB de près de 7% en 2009, une explosion du chômage et des déficits publics. Les tours se vis budgétaires envisagés au nom des sacro saints critères de Maastricht ont déjà provoqué des manifestations monstres à Dublin en février et un effondrement de la popularité du gouvernement dans les sondages. On s'attend logiquement à une recrudescence du vote eurosceptique aux prochaines élections européennes de juin. Il est donc peu probable, dans ce contexte, sauf attitude suicidaire, que M. Cowen et son gouvernement se risquent dans un nouveau référendum de ratification de Lisbonne avant de nombreux mois. Voire plus.

Si l'on ajoute à ces réjouissantes perspectives que ni la Pologne, ni l'Allemagne n'ont encore complètement validé le Traité, et, qu'en ce qui concerne l'Allemagne, cette ratification est de moins en moins probable avant les élections générales prévues en septembre, on voit bien que 2009 a toute chance d'être comme 2008, une année sans Lisbonne. Certains d'entre nous avaient pronostiqué qu'il faudrait deux ans pour que les vapeurs, pour ne pas dire les miasmes, "du "mauvais traité" se dissipent définitivement. Nous y serons dans quelques mois. D'ici là patience!

Vincent Lebreton.

 


[1].Il semble qu'un début de panique se soit manifesté à Bruxelles, mercredi 25 mars, à l'annonce de la chute du gouvernement Topolanek, notamment dans les rangs de l'équipe Barosso. Chaque jour plus déstabilisée dans ses certitudes idéologiques par la crise, celle-ci fondait de grands espoirs dans la présidence tchèque pour amorcer un retour à la normalisation libérale. Peine perdue.

Partager cet article
Repost0

 
Revue trimestrielle
N°1 - 2009/01
 
Présentation
 

Accueil

Présentation

Manifeste

Historique

Rédaction

Nous contacter

Recherche