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11 novembre 2009 3 11 /11 /novembre /2009 18:40
Fin de partie ?

On se serait bien passé de cette première décade de novembre ! Mardi 6 novembre, le président tchèque, à bout d’arguments et la mort dans l’âme, qui est obligé de signer le traité européen ; le triomphe particulièrement peu modeste de la Commission et de la présidence suédoise qui annoncent dès mercredi que le traité rentrera en vigueur le 1er décembre prochain. Et M. Cameron, le chef de file des tories, qui enterre vendredi  sa promesse d’organiser un référendum sur Lisbonne. Voilà bien des espoirs balayés en quelques jours ! 

Ce résultat est évidemment un crève-cœur pour les millions d’européens libres qui avaient fini par se faire à l’idée qu’il était possible d’échapper aux griffes de l’Europe bruxelloise. Nous voici ramenés à une triste réalité, avec l’obligation de subir le tintamarre de l’eurocratie triomphante. Et de retrouver à nouveau les miasmes de la démocrassouille européenne, toute à ses mic-macs et à ses marchandages et qui va pouvoir, enfin, s’en donner à cœur joie.

Même si le réveil est un peu brutal, nous aurions tort de sombrer dans la morosité et le désespoir. C’est une bataille qui a été perdue, pas la guerre. Le conflit qui oppose aujourd’hui les peuples d’Europe et leurs élites défaillantes ne fait que commencer. Il s’étendra sans doute sur plusieurs décennies. Comme il a fallu plusieurs décennies pour accoucher du monstre que nous appelons aujourd’hui l’Union européenne, il en faudra plusieurs pour tout rebâtir, jusqu’aux fondations, si l’on veut voir émerger l’Europe libre que nous appelons de nos vœux. . 

L’heure est maintenant aux bilans et il y a au moins trois leçons à tirer de cette étape. 

La première, c’est que le rapport de force a réellement changé. Nous ne sommes pas passés très loin du succès et il s’en est fallu de quelques mois, ce qui est peu au regard des cinq années de crise que vient de connaître l’Europe. Qui aurait pu imaginer il y a seulement dix ans, que trois nations – la France, les Pays Bas et l’Irlande- rejettent aussi massivement les diktats européistes, que les Allemands, les Britanniques, les Autrichiens, les Tchèques, les Roumains, voire les Grecs, les auraient sans doute aussi rejeté, s’ils avaient été loyalement consultés ? Qui aurait pu prévoir les résultats calamiteux des dernières élections européennes, leur taux de participation ridicule, la désaffection qu’elles expriment pour l’Europe telle qu’elle se construit ? Oui, les choses ont bougé, les « puissances de sentiment », comme disait Barrès, sont en train de changer de camp, le vent de l’histoire souffle à nouveau dans notre sens. 

Deuxième leçon, l’origine de nos malheurs est d’abord française. Certes, la ratification de Lisbonne n’est  pas seulement l’œuvre de Sarkozy et de son clan. L’Allemagne, le Benelux, l’Italie, d’autres y ont leur part. Mais leur attitude était logique. Le Benelux ou l’Italie ne sont rien sans l’Europe. L’Allemagne va tirer de grands profits du nouveau traité, notamment au travers du poids politique renforcée qu’il lui donne. Rien de tel pour la France. Si le chef de l’Etat, son gouvernement, sa majorité, ont pris la tête de cette croisade, c’est pour l’esbroufe, par incurie ou, pire, pour certains, comme MM. Kouchner, Jouyet et Lellouche, par idéologie. On retiendra qu’à quelques exceptions près, personne au sein de la droite française ne s’est élevé contre ce projet. Où sont les gaullistes, les patriotes d’hier ? disparus, évanouis. Quant aux socialistes, leur véritable trahison lors de la réunion du Congrès de 2008, alors qu’ils auraient pu imposer au pouvoir un nouveau référendum, n’est pas prête d’être oubliée. 

Enfin, dernière leçon, le succès sera au prix de profonds changements de stratégie. Le vieux souverainisme est mort. Ses visées purement défensives, son incapacité  à sortir des cadres nationaux, à s’appuyer sur des forces sociales, à offrir des perspectives nouvelles sont à l’origine de ce décès. Il n’y a pas lieu de le regretter, de même qu’il n’y a pas lieu de regretter le reclassement des personnalités qui, notamment en France, l’ont personnifié. Il faut désormais fédérer les peuples sur autre chose, sur un vrai contre-projet à l’échelle du continent. C’est bien sûr celui de l’Europe des nations, avec ses leaders à trouver, ses institutions politiques à esquisser, ses frontières à imaginer, sans doute jusqu’à la Turquie et jusqu’à la Russie. Ces perspectives  prennent actuellement forme dans le débat intellectuel et pas simplement en France. Accélérons ce mouvement.

 

François Renié.


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26 octobre 2009 1 26 /10 /octobre /2009 11:42
Un quatrième militant
monarchiste condamné à mort


La Conférence monarchiste internationale communique :


Davood Fardbacheh Mir-Ardabili, né en 1973, est accusé d’être membre de l'Association de la Monarchie d’Iran. Il a été arrêté le 4 mai, c’est à dire avant les manifestations post-électorales du mois de juin, ce qui ne l’a pas empêché d’être jugé par la cour Révolutionnaire de Téhéran chargée de réprimer ces évènements. Davood Fardbacheh Mir-Ardabili n’a pas été autorisé à bénéficier d’un avocat, ni à assurer lui même sa défense.

La Conférence Monarchiste Internationale (CMI) proteste une nouvelle fois contre ces procès arbitaires. Le régime iranien vient de franchir une nouvelle étape dans l’abjection. Il ne s’agit plus maintenant de procès iniques mais bien d’un véritable assassinat judiciaire.

Davood Fardbacheh Mir-Ardabili vient ajouter son nom à ceux des trois autres militants monarchistes déjà condamné à la pendaison, le journaliste Mohammad-Reza Ali-Zamani (37 ans), Hamed Rouhinejad (24 ans) et le jeune Arash Rahmanpour (20 ans).

Ensemble, exigeons la libération des prisonniers politiques iraniens !

Signez la pétition : http://www.freezamani.org

Participez à la manifestation du 3 novembre 2009 à 19h, place d’Iéna à Paris, à côté de l’Ambassade d’Iran (Métro Iéna).

Porte- parole du collectif : Sylvain ROUSSILLON, secrétaire général de la CMI
Contact presse: Judith Taubel
Adresse email: freezamani@monarchiste.com
Site de la CMI
:
http://internationale.monarchiste.com



SIGNEZ LA PÉTITION POUR SAUVER ZAMANI ET SES CAMARADES !

Libérez Zamani !

 

TOUS A LA MANIFESTATION,  MARDI 3 NOVEMBRE,  19H,

DEVANT L'AMBASSADE D'IRAN, PLACE D'IENA A PARIS !

LIBERONS NOS CAMARADES IRANIENS !

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16 octobre 2009 5 16 /10 /octobre /2009 22:40
Le chat et les souris

Décidément, Vaklav Klaus a bien du talent ! Jouer seul contre vingt-six dans la course à la montre pour la ratification du traité de Lisbonne demande déjà un bel effort. Mais accomplir un tel parcours tout en narguant les autres joueurs et en les faisant tourner en bourrique relève véritablement de l'exploit sportif.  C'est ce que vient de faire l'excellentissime chef de l'Etat tchèque en ré-exhumant le dossier empoisonné des décrets Benès. Et voilà que toutes les souris européistes, à commencer par le mirobolant Barroso, se jettent à corps perdu sur ce morceau de fromage vénéneux.

Nous sommes sûr que nos lecteurs gardent une bonne mémoire des péripéties de l'histoire récente. Ils se souviennent certainement qu'à la fin de l'été 1938, Adolf Hitler, poursuivant un plan  préparé de longue date, demanda et obtint, après Munich, le rattachement au IIIe Reich des 3 millions d'Allemands des Sudètes, alors sujets tchéco-slovaques. Une grande partie d'entre eux eurent l'imprudence et le malheur de jouer les supplétifs du régime nazi, dans une Tchécoslovaquie sous la botte allemande. Bien mal leur en pris. L'histoire n'aimant pas les vaincus, ils furent expulsés immédiatement après la guerre et le nouveau gouvernement tchèque, présidé par Edvard Benès, confisqua tous leurs biens. En échange de quoi l'Etat tchèque ne réclama pas de dommages de guerre à l'Allemagne vaincue. Voilà pour les décrets Benès.

Comme il se doit, les Sudètes spoliés n'ont pas laché prise et ils exercent régulièrement des pressions sur la République tchèque pour récupérer leurs biens. En particulier depuis l'introduction dans le traité de Lisbonne d'une Charte des droits fondamentaux, sur laquelle ils fondent beaucoup d'espoir. Comme on peut l'imaginer, l'immense majorité du peuple tchèque, qui a la mémoire longue, n'apprécie que très modérément leurs revendications, surtout lorsqu'elles paraissent  soutenues par des mains allemandes. Voilà  pourquoi le président tchèque demande aujourd'hui une protocole additionnel au traité de Lisbonne, garantissant la pérennité des décrets Benès. Il ajoute au passage que ce privilège n'est pas plus excessif que ceux que les Irlandais, les Anglais ou les Polonais ont obtenu en échange de leur adhésion au traité. On voit que l'argumentaire est assez bien pesé ! Avec le recours déposé devant la Cour constitutionnelle de Prague contre le traité, M. Klaus dispose maintenant de deux fers au feu.

Les Lisbonnards sont évidemment tombés dans le panneau à pieds joints. En réagissant avec fureur à la demande de M. Klaus, en sommant celui ci de ratifier le traité au plus vite et sans conditions, M. Barroso et le directorat européiste ont démontré une fois de plus leur manque de sang froid, de métier et leur mépris des peuples. Le président tchèque a eu beau jeu de répondre qu'il était tenu par la réponse de la Cour Constitutionnelle, qui n'examinera le recours que vers la fin du mois, et qu'il entendait que l'on traite les demandes tchèques avec un peu plus de sérieux. A Prague, la réaction des milieux politiques ne s'est pas faite attendre : les conservateurs ont pris fait et cause pour le Président, l'opposition social démocrate s'est enfoui la tête dans le sable et le gouvernement de transition de M. Fisher pousse Bruxelles à négocier. A quelques mois d'élections générales très disputées, l'opinion publique commence à grogner contre les diktats bruxellois. Résultat : Barroso, enfin conscient des risques, s'est résigné ce weekend à discuter.

Tout est désormais suspendu à la décision de la Cour constitutionnelle tchèque. Si celle ci rejette le recours, M. Klaus cherchera à arracher un dernier gage pour son pays, avant de signer. Qu'elle émette au contraire un arrêt défavorable au traité, ou qu'elle décide de prendre son temps, et la perspective d'une ratification avant fin 2009 s'évanouira. Alors, tout redeviendra  possible.


  Vincent Lebreton.

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14 octobre 2009 3 14 /10 /octobre /2009 18:42
La Terreur              
en Iran               
     




 

La Conférence Monarchiste Internationale (CMI) - organisation qui regroupe 64 organisations monarchistes représentant 29 nations -  signale  la condamnation à la peine capitale de trois militants monarchistes engagés dans le mouvement de protestation contre la réelection contestée de Mahmoud Ahmadinejad à la présidence de la République.

Le premier de ces condamnés, Mohammad-Reza Ali-Zamani, un militant monarchiste de 37 ans, membre de l'Association Monarchie d’Iran, avait comparu le 8 août dernier, en compagnie de Clothilde REISS devant le Tribunal révolutionnaire de Téhéran. Mohammad Reza Ali Zamani est aujourd’hui en sursis jusqu’au 4 novembre 2009.

Deux autres militants monarchistes iranien, membres de l’Association Monarchie d’Iran, viennent d’être condamné à la pendaison par le Tribunal révolutionnaire de Téhéran à la suite des manifestations de juin dernier. Il s’agit de Hamed Rouhinejad et de Arash Rahmanpour, ce dernier âgé de 20 ans seulement.

Au-delà de l’engagement politique de Mohammad-Reza, Hamed et Arash, c’est l’ensemble de la communauté internationale qui doit aujourd’hui se mobiliser pour sauver la vie de prisonniers politiques condamnés à mort du simple fait de leur opposition au régime terroriste iranien.

Afin d’aider à la mobilisation des énergies et des consciences, la Conférence Monarchiste Internationale vient de mettre en place un collectif  et de lancer une pétition pour la libération de Mohammad-Reza Ali-Zamani et de ses camarades. D’autres initiatives sont en préparation. 



SIGNEZ LA PÉTITION POUR SAUVER ZAMANI ET SES CAMARADES !

Libérez Zamani !


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7 octobre 2009 3 07 /10 /octobre /2009 22:40

De Dublin à Prague

Nous n'avons pas voulu commenter à chaud les résultats du référendum irlandais. C'était d'autant plus inutile que samedi 3 octobre vers midi, tous les grands médias français et européens donnaient le "oui" gagnant à 67%, sans aucune autre précision, et alors même qu'un tiers environ des bulletins restaient à dépouiller. On était visiblement pressé d'en finir avec la question "irlandaise", au prix de quelques infidélités à la démocratie. L'affaire ne prit d'ailleurs qu'assez peu de place à la une des journaux, comme si on avait quelque chose à cacher, quelque chose de honteux, de pas net qui pouvait entacher d'opprobre cette victoire, jugée pourtant si "brillante".

Après quelques jours de recul, on comprend mieux ce qui s'est passé et le mutisme un peu gêné des partisans de l'Europe fédérale. Il y a d'abord ce taux d'abstention, assez mauvais malgré l'énorme flot de propagande déversé sur le peuple irlandais pendant près de six mois: avec 58% de votants, on est loin de la mobilisation pour la victoire, anticipée, puis annoncée sans retenue par les Lisbonnards quelques semaines avant le scrutin; on retrouve en revanche un niveau de participation tout à fait comparable avec celui des dernières élections européennes, ces élections de la défiance vis à vis de Bruxelles et son système. Ce qui signifie, comme on pouvait s'y attendre, que près d'un irlandais sur deux a refusé la mascarade de ce deuxième vote, présenté comme une punition, une expiation. Ne disait-on pas dans l'entourage de Barroso : "les  Irlandais, ils voteront jusqu'à ce qu'ils aient dit oui!"

Autre sujet de gêne, la façon dont cette victoire a été acquise. N'insistons pas sur la disproportion des moyens entre les camps. Elle fut tellement choquante que des journaux comme Le Monde ou Le Figaro, pourtant bien intentionnés vis à vis du "oui", durent reconnaître qu'on était aux limites du bourrage de crâne. Que dire en effet de ces grands groupes américains présents en Irlande (Google, IBM, Microsoft, Intel...), qui ont fait savoir sur d'immenses panneaux publicitaires leur engagement dans le camp du "oui"? Que dire de M. O'Leary, ci-devant PDG de Ryanair, qui proclamait, sur les mêmes panneaux, avec peut être un peu moins de finesse, que "sans l'Europe, l'économie irlandaise serait gouvernée par les politiciens incompétents, une fonction publique inepte et des syndicats qui ont détruit la compétitivité du pays" ? Que dire de l'argent bruxellois, coulant à flot via le gouvernement irlandais et les innombrables officines fédéralistes ? Tout cela a bien sûr fortement joué pour l'abstention.

Mais on n'a pas hésité à aller encore plus loin. A travers une campagne mensongère, ignoble, scandaleuse, on a cherché à culpabiliser tout un peuple, en jouant sur la peur de la récession, de la crise, en annonçant sciemment les pires catastrophes, alors même que c'est le gouvernement de M. Cowen et sa politique ultra libérale inspirée par la BCE qui est à l'origine de tous les maux que connaît aujourd'hui le pays. On a menacé l'Irlande, si son peuple votait mal, d'être mise au ban de l'Union. Et, soufflant le chaud et le froid, on a promis n'importe quoi : des emplois, le retour à la croissance, des investissements, toutes choses qui n'engagent que ceux qui les entendent. M. Ganley, l'opposant le plus acharné au traité, résumait parfaitement la situation lundi matin en parlant d'un vote fondé sur "la crainte plus que sur l'espoir", dont les Irlandais découvriront l'inanité dans peu de temps. On comprend mieux désormais le relatif silence des médias.

Il est également vrai que ce que l'on appelle désormais "l'obstacle tchèque" a eu tendance à relativiser les résultats du scrutin irlandais. M. Klaus, l'excellent président de la République tchèque, tient bon. Il a reçu il y a quelques jours une lettre de M. Cameron, leader des conservateurs anglais, qui lui confirme son intention d'organiser un référendum sur le Traité s'il accède au pouvoir après les élections générales de 2010. On s'attend à ce que M. Cameron confirme cet engagement devant le congrès conservateur qui s'est ouvert aujourd'hui à Manchester. Lorsque l'on sait que plus de 80% des militants conservateurs partagent ce choix, on ne voit pas bien ce qui pourrait conduire M. Cameron à ne pas jouer cette carte à fond. Après la bataille de Dublin, perdu dans l'honneur, voilà donc que s'ouvre la bataille de Prague. Gageons qu'elle sera longue. 

  Vincent Lebreton.

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1 octobre 2009 4 01 /10 /octobre /2009 22:40
Les maîtres chanteurs

Il est encore trop tôt pour donner des estimations fiables sur le référendum irlandais. Mais on vient d'apprendre une nouvelle qui réchauffera le coeur de tous les anti-lisbonnards. Un nouveau recours contre la ratification du mauvais traité a été déposé devant la Cour constitutionnelle tchèque par un groupe de sénateurs eurosceptiques, mardi 29 septembre à Prague. Ces parlementaires, proches du Président Vaclav Klaus, mettent en avant de nombreuses contradictions entre le texte bruxellois et la loi fondamentale tchèque. Selon Jiri Oberfalzer, sénateur du parti ODS, à l'origine de cette initiative, la Cour de Prague devra dire si l'Union européenne est une "organisation internationale" ou un "super-Etat" en devenir. Visiblement le recours est très sérieusement fondé et a été préparé de haute main par les meilleurs juristes.

Selon certains milieux diplomatiques à Bruxelles, la démarche des sénateurs tchèques serait de nature à retarder de plusieurs mois - on parle même d'un délai supérieur à 6 mois - la ratification du traité européen par Prague et sa mise en oeuvre effective. De plus, elle contrarie très sérieusement les plans de M. Barroso qui comptait mettre en place sa nouvelle Commission dans un délai d'un à deux mois, en s'appuyant sur les règles de Lisbonne qui conservent à chaque pays la possibilité de disposer d'au moins d'un commissaire. Si le traité ne pouvait être approuvé avant fin 2009, l'équipe Barroso devrait alors être désignée selon les critères du traité de Nice qui restreint fortement le nombre de commissaires. Ce qui ne manquerait pas de provoquer une crise politique durable des institutions européennes.

On commence à percevoir à Bruxelles la portée dramatique de ce recours. Certains ne manquent pas d'y voir l'action directe du chef de l'Etat tchèque, qui ne cache pas sa volonté d'utiliser tous les moyens en son pouvoir pour s'opposer au mauvais traité. Comme nous l'indiquions ici même mardi dernier (RCIL du 29 septembre), le calcul de M. Klaus pourrait être assez simple : le recours des parlementaires de Prague est de nature à faire trainer les choses jusqu'aux élections générales en Grande Bretagne prévue au printemps 2010, qui devraient logiquement voir l'arrivée au pouvoir des conservateurs de M. Cameron. Or M. Cameron a encore confirmé mercredi 1er octobre que "si ce traité est encore en débat en Europe dans 8 mois, nous fixerons une date de référendum durant la campagne et nous l'organiserons immédiatement après l'élection. Et je défendrai le non". Les tories ont d'autant plus de raisons de mettre leur projet à exécution que l'opposition à l'Europe de Lisbonne les rend très populaires auprès de l'ensemble des électeurs britanniques.

Il semble qu'à Bruxelles, personne n'ait vu le coup venir. Toute l'oligarchie européiste pensait se débarasser ce weekend de l'affaire irlandaise et elle s'étouffe évidemment de rage à la vue de ce nouvel obstacle. L'atlantiste Javier Solana, ci devant diplomate en chef de l'Union européenne,  y est allé hier de sa petite larme de crocodile : "Le monde a besoin d'une Union Européenne en bonne forme. Il serait absurde, étant donné la crise économique et le changement climatique (sic!), de ne pas permettre à l'UE de réaliser tout le potentiel que lui promet ce traité". Mais derrière M. Solana et ses propos à l'eau tiède, les commentaires des excités de l'eurocratie sont  beaucoup moins modérés et certains rèvent d'en découdre avec les Tchèques. Plusieurs gouvernements envisageaient sérieusement la tenue d'un Conseil européen extraordinaire, une fois les résultats irlandais connus, pour mettre Prague en accusation mais la Suède, qui préside actuellement l'Union, a rapidement désamorcé ces demandes, par crainte de braquer davantage encore les dirigeants et l'opinion tchèques. D'autres boutefeux agitent des menaces dans tous les sens: on parle de priver les tchèques de commissaire européen, de réduire unilatéralement les fonds européens attribués à Prague, tout celà naturellement dans la plus pure illégalité démocratique. M. Lellouche, sous ministre français des affaires européennes, tonnait contre le président Klaus et annonçait qu'en cas de blocage, "il y aura des choses désagréables pour la République tchèque". Il y a vingt ans, la prononciation de  telles aneries nous aurait valu  une crise diplomatique, mais qui connait M. Lellouche à Prague ?

Ce soir, dans le palais du Hradschin qui surplombe la vieille ville de Prague, l'homme que les tchèques ont placé à leur tête, il y a un peu plus de 5 ans, se frotte sans doute les mains, en savourant un de ses énormes cigares. S'il réussit son coup, celui qui se définit lui même comme "un dissident européen" aura droit à la gratitude de tous les hommes libres du continent. Le peuple français, dont la voix est baillonnée depuis 2005 par des politiciens indignes, saura s'en souvenir.

 

  Vincent Lebreton.

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29 septembre 2009 2 29 /09 /septembre /2009 21:55
Échéances

Nous avons coutume de dire que la République gouverne mal mais qu'elle se défend bien. Il en est de même, hélas, de l'Union Européenne. Malgré les claques que les peuples d'Europe lui ont allègrement distribué depuis 2005 (référendums français, hollandais, irlandais, désaffection massive aux dernières élections européennes...), la machine européiste est toujours en état de marche; elle brinquebale, elle cahote, elle marche au jugé, elle avance avec difficultés, mais elle est toujours debout. On sait que les prochaines semaines seront décisives pour le traité de Lisbonne et pour l'orientation du processus européen. On saura à leur issue si le vieux modèle supranational et libéral est réellement touché à mort ou s'il n'a connu qu'un accès de faiblesse. D'ici là, nous sommes condamnés à interpréter des signes assez largement contradictoires.

Le premier de ces signes, peu engageant, est la réélection de M. Barroso. On nous avait promis un scrutin très disputé. Ses opposants, notamment français, jouaient des muscles, de l'ineffable Cohn-Bendit aux élus du Modem. No pasaran! criaient-ils, comme dans les faubourgs de Madrid. Et pourtant il est passé, et bien passé. Un résultat sans appel : 382 voix pour, soit la majorité absolue, 219 contre et 117 abstentions. La défaite est cuisante pour ceux qui ont cru, ou voulu nous faire croire, qu'une autre majorité était possible au sein du Parlement européen. C'est par troupeaux entiers que les conservateurs et les libéraux de tous poils ont été voter Barroso, suivi de près par une petite cohorte de dissidents socialistes qui allaient délibérément à la soupe. Le reste de la troupe social-démocrate s'abstenait piteusement, assurant par là même l'élection du président sortant  dans un fauteuil de sénateur. La tartufferie des élus du PSE, trahissant leurs électeurs de juin  et leurs alliés traditionnels de la gauche européenne, faisait peine à voir. Il est vrai que Barroso avait arrosé large, promettant de faire plus pour le social, la régulation, l'écologie... et multipliant surtout les promesses de postes de commissaires en direction des libéraux et des socialistes. Dans ces conditions, on comprend que toute résistance ait été impossible ! Que ceux qui, il y a encore quelques semaines, nous vantaient l'assemblée européenne comme un modèle de démocratie avancée veuillent bien regarder avec sérieux ce qui s'est passé à Strasbourg ce 16 septembre et les jours précédents : partout des conciliabules saumâtres, des réunions troubles, des déjeuners de traîtres, des dîners de ralliés, des soupers de vendus... Les eurodéputés nous ont donné le spectacle du parlementarisme le plus nauséabond. On se serait cru sous la IVe République, aux heures délicieuses où René Pleven, Georges Bidault et Henri Queuille nous concoctaient leurs bons gouvernements ! 

  Le second signal vient d'Allemagne, et il est, lui aussi, peu encourageant.  On s'était réjoui  de l'arrêt rendu le 30 juin dernier par la Cour constitutionnelle de Karlsruhe, qui enjoignait au Bundestag de renforcer ses pouvoirs de contrôle sur les décisions européennes, et notamment celles qui prévoyaient de nouveaux transferts de souveraineté. En y ajoutant la perspective des élections législatives allemandes de septembre et l'attitude de plus en plus eurosceptique de la CSU bavaroise, allié traditionnel de Mme Merkel, on pouvait s'attendre à un report de plusieurs mois de l'approbation du traité par Berlin. Mais, là encore, force est de constater que le lobby européiste, qui sait disposer de puissants appuis dans tous les partis allemands, a été redoutablement efficace. Le Bundestag a approuvé dans des délais records, début septembre,  les dispositions conservatoires demandées par la Cour constitutionnelle, suivi quelques jours plus tard par le Bundesrat et le président Horst Köhler vient de ratifier le texte.  On se consolera à peu de frais en prenant connaissance de la loi votée, qui donne au Parlement allemand de réels pouvoirs de surveillance du process européen. Inutile de dire que rien n'équivalent n'est prévu en France, où les pouvoirs exécutifs et législatifs ont l'habitude  de se coucher au premier diktat de Bruxelles. Vérité d'un côté du Rhin, mensonge en deçà !

Quant à l'Irlande, elle se prépare à revoter le 2 octobre prochain, dans un climat d'assez grande tension. Toute l'eurocratie, Barroso en tête, s'est projeté à Dublin, en cherchant à faire monter la température. N'a-t-on pas été jusqu'à menacer nos pauvres amis irlandais, en cas de nouveau vote négatif, de les priver de poste de commissaire européen. On imagine  l'effet que ces arguments de Père Fouettard ont pu avoir sur les fiers citoyens de la libre Irlande ! Plus sérieusement, les analystes politiques s'attendent à un scrutin serré. Le gouvernement de M. Cowen, qui fait subir au pays une purge d'austérité  comme  les aime M. Trichet, atteint des sommets d'impopularité, ce qui ne sera pas sans conséquence sur les votes. A l'inverse, toutes les congrégations économiques d'Irlande - banquiers, brasseurs, industriels, et milieux de la presse - s'emploient à tromper l'électeur, en faisant campagne sur le thème de l'aggravation de la récession, si le traité n'était pas voté. Quel lien entre le traité et le fait que l'Irlande ait besoin - ou non - de l'Europe ?, s'exclame l'homme de la rue, que l'on ne bernera pas aussi facilement. Pour ce qui est des sondages, M. Cowen n'a aucun scrupule: seules les enquêtes favorables au "oui" ont droit de cité et on les diffuse en boucle sur radios et télévisions. Faut-il rappeler qu'une semaine avant le précédent référendum, l'ensemble des enquêtes d'opinion donnait le "oui" en tête? Tout reste donc possible.

Reste la Pologne et la République Tchéque. Sur cette partie du front, le climat est assez calme. Le président polonais Lech Kaczynski a vaguement promis aux allemands qu'il reconsidérerait sa position sur Lisbonne si l'Irlande approuvait le traité, mais, visiblement cette promesse n'engage que celui qui l'a reçue. Quant à Vaclav Klaus, le chef d'Etat tchèque, il garde le calme des vieilles troupes et ne prend aucun engagement. Il est vrai que la situation politique à Prague est particulièrement tendue et que les tchèques ont d'autres chats à fouetter que les traités européens. Et puis, comme le dit avec un large sourire notre ami Vaclav, il y a la Grande Bretagne. David Cameron ne va faire qu'une bouchée des travaillistes de Gordon Brown, dont le pouvoir ne tient plus qu'à un fil. Et il est si bien ce petit Cameron et vraiment excellente son idée de consulter les Anglais par référendum sur Lisbonne! Un Anglais face à un traité européen, c'est comme un taureau devant la muleta. Rien à craindre de ce côté là. Croyez moi, dit l'excellent Vaclav en rallumant son énorme cigare, ils n'en ont pas encore fini avec Lisbonne.

  Vincent Lebreton.
 
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24 juillet 2009 5 24 /07 /juillet /2009 21:55
Déconvenues européistes

Pauvres conservateurs européens ! Le ciel vient encore de leur tomber sur la tête ... Ils étaient tellement persuadés d'être sortis grands vainqueurs des élections européennes, qu'à aucun moment ils n'ont pu imaginer que leur candidat, M. Barroso, pouvait ne pas être reconduit à la tête de la Commission de Bruxelles. Tout avait été mis en scène pour celà. Le 18 juin, le sommet des chefs d'Etat et de gouvernement - y compris les représentants de la gauche européenne - adoubait dans l'enthousiasme M. Barroso, sans porter la moindre appréciation sur son bilan et celui de sa Commission. Sur ces entrefaits, le Parti Populaire Européen manoeuvrait auprès de ses partenaires, libéraux, verts et socialistes, pour que l'investiture de M. Barroso ait lieu dès la séance inaugurale de la nouvelle assemblée européenne, le 15 juillet. On imagine le symbole !

Mais voilà, les plus belles histoires ont une fin et le petit monde de Strasbourg n'est malheureusement pas peuplé que de députés godillots de l'UMP ou de la CDU. Tout fiers de leur nouvelle existence politique, les Verts ont sonné la charge contre le président sortant, suivi de près par les libéraux, qui espèrent imposer une autre candidature, "plus centriste et donc plus consensuelle". Restaient les socialistes, tiraillés entre leurs convictions antilibérales et l'alliance "technique" passée dans le passé avec les conservateurs. Cette alliance, forme de cogestion à la strasbourgeoise, qu'ils venaient de reconduire avec le PPE et qui leur valait quelques postes clés au Parlement, d'où une intense réflexion des députés du PSE, qui n'avait, on l'imagine, rien d'intellectuelle et de désintéressée. Finalement, le groupe socialiste se donnait lui aussi le temps de murir sa décision. Le vote est-il simplement reporté en septembre, comme le proclame haut et fort les membres du PPE ? Rien n'est moins sûr. Dans une de ces décisions "byzantines" dont les institutions européennes ont le secret, il a finalement été convenu que le Parlement se prononcerait le 10 septembre prochain pour savoir s'il organise ou non un vote d'investiture le 16 septembre. On appréciera les contorsions ! Les conservateurs, ainsi que les entourages de M. Sarkozy et de Mme Merkel, ne décolèrent pas, d'autant que les derniers pointages faits au sein des groupes n'étaient pas en faveur de M. Barroso. Mais dans les affaires délicates, on sait que la colère n'est pas toujours la meilleure conseillère.

Autre désillusion pour les conservateurs : la résurgence des eurosceptiques. Lors de la séance inaugurale du nouveau Parlement, le 15 juillet, les adversaires les plus virulents du traité de Lisbonne ont réussi à constituer un groupe ("Europe de la Liberté et de la démocratie") qui rassemble plus de 30 eurodéputés. Son président, le britannique Nigel Farage, a promis d'être la voie de l'opposition à l'Europe fédéraliste et de jouer un rôle actif dans la campagne du "non" pour le référendum irlandais. Pire encore, comme nous l'avions annoncé (RCIL des 11 et 23 juin , 55 parlementaires  conservateurs, parmi lesquels l'ensemble des tories anglais, ont décidé de rompre les amarres avec le PPE et de constituer un second groupe eurosceptique ("Conservateurs et réformistes européens"). Si l'on y ajoute le groupe d'extrème gauche, traditionnellement rétif à l'Europe libérale et fédéral, plus quelques non inscrits peu conformistes, ce sont près de 140 députés, soit 20% des sièges, qui porteront à Strasbourg un discours critique vis à vis de l'actuelle construction européenne. Du jamais vu !

Cette situation  ne sera évidemment pas sans répercusion sur la procédure de ratification du Traité de Lisbonne, que Mme Merkel, MM. Sarkozy et Barroso suivent comme "le lait sur le feu". La reconduction de M. Barroso, dès le mois de juillet, à la tête de la Commission pouvait en effet donner le sentiment d'une sorte de retour à la normal, d'une fin du "cycle maudit "commencé avec le reférendum français de 2005 et qui s'est poursuivi avec la consultation irlandaise de 2008. Ce signal n'a pas eu lieu, les contestations du Traité européen ne sont pas éteintes et l'inquiétude commence à gagner les rangs des "Lisbonnards". Il est vrai que le temps joue maintenant contre eux et que d'importants foyers de rébellion  persistent à Londres, à Berlin, à Prague, à Varsovie et à Dublin, ce qui fait beaucoup.

Côté britannique, le sujet est des plus sérieux. On savait, depuis les résultats des élections européennes, que le gouvernement de M. Gordon Brown ne tenait plus qu'à un fil et les Tories avaient clairement indiqué qu'ils soumettraient le traité européen à référendum, au cas où ils arriveraient au pouvoir l'an prochain. Cette menace n'est pas proférée à la légère. M. William Hague, ministre des affaires étrangères du shadow cabinet tory vient même d'enfoncer le clou en déclarant qu'en cas de victoire conservatrice au printemps 2010, le gouvernement reverrait profondément l'orientation de sa politique étrangère, au profit du fameux "air du large".  En bons tacticiens, les Tories savent parfaitement combien ce genre de propositions plait un opinion publique restée très patriote et lassée depuis longtemps de la pétaudière bruxelloise. Le risque est d'importance mais on considère à Paris, à Bruxelles et à Berlin que la crise, si crise il y a, ne se produira au mieux que dans 8 mois et qu'il faut laisser le temps au temps...

Car le péril le plus immédiat n'est pas là, il vient en réalité du coeur de la coalition "européiste", c'est à dire de l'Allemagne elle-même. Bien que les deux chambres, Bundestag et Bundesrat, aient approuvé le Traité, à une majorité assez large, au printemps 2008, plusieurs groupes politiques (CSU bavaroise et gauche radical) ont logiquement saisi la Cour constitutionnelle de Karlsruhe des abus de pouvoir introduits par le texte. Or, ce qui ne devait être, selon l'exécutif allemand, qu'une formalité, s'est transformé une fois encore en une cinglante déconvenue. Les juges de Karlsruhe ont non seulement donné raison aux plaignants, mais ils ont aussi décidé de bloquer la ratification du traité européen tant qu'une loi d'accompagnement garantissant les prérogatives du Parlement allemand ne serait pas votée par le Bundestag [1]. La situation est d'autant plus critique pour l'équipe Merkel que les élections législatives allemandes sont prévues fin septembre, que, pour les gagner, l'actuelle chancelière a besoin des voix de la CSU bavaroise et que celle ci conditionne son soutien à l'adoption d'un texte limitant fortement les effets du traité de Lisbonne. On voit donc que l'affaire est plus que mal partie et qu'il y a fort à parier que le Bundestag sera, au mieux,  saisi d'un texte de loi après les législatives. C'est à dire à un moment où la campagne irlandaise battra son plein.

Car l'autre péril pour le mauvais traité, c'est à Dublin qu'il se situe. Le seul point à peu près sûr pour les irlandais, c'est la date du second référendum, fixée au 2 octobre. Pour le reste, tout est ouvert. Le Premier ministre Brian Cowen se prévaut des garanties qu'il aurait obtenues du Conseil européen de juin dernier sur le maintien de certaines spécificités irlandaise (neutralité militaire, fiscalité, avortement...) et sur les derniers sondages qui donnent une légère avance au "oui". Mais les partisans du "non" font valoir qu'il en était de même quelques semaines avant le premier référendum, qui avait pourtant abouti au résultat inverse, et que M. Cowen sera d'abord jugé sur son bilan économique, qui est encore bien pire qu'en 2008. Prudence donc, disent les analystes, y compris et peut être surtout dans le camp européiste.

Désillusions, déboires, prudence... le moral des conservateurs européens serait décidemment au plus bas, si l'éternelle bonne humeur de leurs amis Lech Kaczynski et Vaclav Klaus n'était pas là pour leur redonner espoir. Il est vrai que sans ces deux provocateurs impénitents, l'Europe serait plus triste! Le président polonais n'a -t-il pas déclaré il y a quelques jours et le plus sérieusement du monde qu'il signerait le traité "le jour même où nos amis irlandais l'accepteraient, dès  l'annonce des résultats officiels" ? Il pourrait utilement y rajouter " et quand les exigences de la cour de Karlsruhe seront satisfaites". Quant à son homologue tchèque, amateur de bons cigares et de bons mots, il cherche encore la transposition dans sa langue de l'expression "quand les poules auront des dents". Promis, juré, dès qu'il en a trouvé une traduction acceptable, il signe tout de suite!

  Vincent Lebreton.

 


[1]. Nous accueillons cette décision avec une joie mélée d'un peu de tristesse. Pour les Allemands, la question de la place du droit européen vis à vis du droit national reste ouverte, ils n'ont aucune honte à tenir ce débat  et il sera particulièrement intéressant de savoir quelles conséquences pratiques ils en tireront. Une preuve supplémentaire que le rôle de la nation et le respect du droit du peuple restent au coeur des institutions allemandes, comme ils sont au coeur des institutions britanniques. On regrettera qu'il n'en soit pas de même en France, où la défense de nos intérêts vitaux a été depuis trop longtemps abandonné à des dirigeants dévoyés, des assemblées de godillots et des juristes indignes. Qui nous dira un jour pourquoi l'Allemagne a le droit de se poser ces questions et pas nous ?

 

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23 juin 2009 2 23 /06 /juin /2009 21:11
Guerre aux cabris !

Comme nous l'avions annoncé (RCIL du 11 juin), les eurodéputés conservateurs britanniques, les Polonais du parti Droit et Justice de Jaroslaw Kaczynski et les Tchèques du parti libéral ODS de Mirek Topolanek ont confirmé hier leur départ du Parti populaire européen (PPE) et la création d'un nouveau groupe au Parlement européen, ouvertement eurosceptique. Rassemblant 55 eurodéputés et baptisé Groupe des réformateurs et conservateurs européens, le nouvel ensemble est désormais le quatrième groupe politique à Strasbourg, derrière le PPE, les socialistes (PSE) et les libéraux de l'ADLE. L'ensemble des forces ouvertement eurocritiques ou souverainistes n'ont jamais été aussi nombreuses au sein du Parlement : fortes de plus de 110 eurodéputés, elles ont maintenant les moyens de s'opposer aux textes ou directives d'inspiration fédéralistes et aux initiatives délirantes de la Commission. M. Barroso et sa future équipe de vieilles gloires trouveront désormais à qui parler.

V. L.


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10 juin 2009 3 10 /06 /juin /2009 23:09
Fin de partie
à Londres et à Dublin


Le Cabinet de M. Gordon Brown passera-t-il l'été ? On peut sérieusement s'interroger au vu des résultats des deux scrutins - élections européennes et élections locales - qui se sont déroulés la semaine dernière au Royaume Uni. Le Labour y subit deux défaites écrasantes. Aux élections locales, il réunit moins d'un électeur sur quatre et arrive en troisième position derrière les conservateurs de David Cameron, qui tangentent les 40%, et le minuscule parti libéral-démocrate. La potion européenne est encore plus amère à avaler: avec à peine plus de 15%, la gauche britannique se situe loin derrière ses adversaires conservateurs et eurosceptiques; et surtout, elle perd une grande partie de ses positions et de son influence à Strasbourg et à Bruxelles.

Dans ces conditions, on voit difficilement comment le Premier ministre britannique pourrait se remettre durablement en selle.  La semaine dernière, dix de ses principaux ministres et secrétaires d'Etat, parmi lesquels M. Purnell, ministre du travail et étoile montante du blairisme, ont choisi de quitter le navire pour tenter de sauver leur fief aux prochaines législatives. M. Brown a du se contenter vendredi d'un remaniement minimaliste. Au sein du parti et du groupe travailliste du Parlement, de nombreuses voix réclament maintenant son départ, ce qui était impensable il y a encore un mois. M. Brown va sans doute essayer de grappiller quelques semaines ou quelques mois de répit mais il n'a maintenant  plus d'autre choix que de gérer les affaires courantes et d'attendre la nomination de son successeur.

C'est l'usure du pouvoir qui a eu raison des travaillistes. Les britanniques  se sont fatigués de douze années de règne sans partage du Labour et des multiples scandales qui auront marqué la dernière période. Ils ont particulièrement mal vécu l'affaire des notes de frais de Westminster qui a fait rire la moitié de l'Europe au détriment du vieux parlementarisme britannique, et l'on sait que les Anglais n'ont aucun humour lorsque leurs institutions sont en cause. Mais M. Brown paye également au prix fort la "facture sociale" que lui a laissée Tony Blair. Dans un pays qui souffre plus que d'autres de la récession et du chômage, le blairisme a fini par avoir très mauvaise presse. Il est vrai que la « financiarisation » de l'économie, la désindustrialisation, les dérégulations économiques et sociales laissent aujourd'hui un grand nombre de salariés pauvres, ainsi qu'une partie de la classe moyenne, sans perspectives et sans protection. Belle leçon de chose pour ceux, qui, au Royaume Uni ou ailleurs en Europe, continuent à penser que la social-démocratie peut apporter des réponses à la mondialisation ! Les seuls qui pleurent sincèrement le départ de M. Brown, ce sont ces banquiers de la City qui s'inquiétaient hier, dans la presse financière de Londres,  de ne plus voir leurs intérêts défendus à Bruxelles, du fait de la défaite du Labour. On aura vraiment tout vu !

Le retrait de M. Brown est également une bonne nouvelle pour les adversaires du traité de Lisbonne. M. Cameron a d'ores et déjà annoncé que s'il arrivait au pouvoir après l'été, il provoquerait immédiatement un référendum sur le mauvais traité et, au train où vont les choses, cette consultation a toutes les chances d'aboutir à un résultat négatif. Mieux encore, les députés conservateurs européens ont confirmé leur intention de ne pas rejoindre le groupe du Parti Populaire Européen et de constituer, avec d'autres eurosceptiques, un puissant groupe antifédéraliste. Contrairement aux souverainistes français qui sont les champions de l'absentéisme au Parlement européen, on peut compter sur ces anglais patriotes, durs à cuire, retors à souhait, pour mener la vie dure à M. Barroso, sa Commission et la conjuration des cabris. Voilà qui va mettre un peu d'animation et de piment dans les débats à Strasbourg.

Quant au Gouvernement irlandais, son sort n'est guère plus enviable que celui de M. Brown. Alors que le pays s'enfonce, lui aussi, dans une récession sans précédent, l'équipe eurolibérale de M. Brian Cowen n'a pas hésité à sortir le grand arsenal des mesures d'austérité, avec l'appui sans faille des experts de Bruxelles. Résultats : le chômage explose, la consommation s'effondre,  la production plonge et le malade mourra bientôt guéri. L'impopularité du Premier ministre atteindrait, selon les derniers sondages, 86%, niveau au dessus duquel on commence généralement à faire ses valises. C'est d'ailleurs ce que s'apprête sans doute à faire M. Cowen, qui vient de subir lui aussi une défaite retentissante aux européennes. Dans ces conditions, il est quasiment acquis que le nouveau référendum irlandais sur Lisbonne, que toute l'eurocratie attendait avec fébrilité, n'aura pas lieu cette année. Et, autant le dire, sans doute jamais.

L'horizon de Lisbonne s'éloigne et, avec lui,  celui d'une certaine Europe. A cet égard, le scrutin européen de dimanche dernier est sans doute à marquer d'une pierre blanche, dans la mesure où il révèle des mouvements de fond - abstention record, rejet du fédéralisme, montée des formations nationalistes ou populistes - qui ne s'étaient jamais exprimés aussi nettement. Certains vont jusqu'à prédire  la fin de cette Europe que nous n'aimons pas, celle qui s'est construit depuis plus d'un demi siècle sur le mépris des peuples et des nations. N'allons pas trop vite. Comme aurait dit Churchill, « ce n'est certainement pas la fin, ni même encore le début de la fin, mais c'est peut être la fin du commencement ».

Gildas Keragnel.


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