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11 septembre 2009 5 11 /09 /septembre /2009 22:48
La reconquête
des plaines d'Abraham
  



 

 

Ce 13 septembre, le peuple québécois commémorera un évènement à la fois héroïque et douloureux : le 250e anniversaire de la bataille des plaines d'Abraham, qui marqua le début de la sanglante conquête du Canada. On se souvient que c'est lors des combats pour la défense de Québec que le marquis de Montcalm, commandant des troupes de la Nouvelle France, trouva la mort, le 14 septembre 1759, après trois ans de luttes incessantes, et souvent victorieuses, contre l'ennemi anglais.

Le gouvernement fédéral canadien a évidemment vu d'un mauvais oeil cette commémoration, qui intervient un an après les festivités qui ont marqué l'anniversaire de la création de Québec, et qui suscite dans toute la belle Province une agitation nationaliste de bon aloi. Il a cherché il y a quelques mois à en dénaturer la portée révolutionnaire et souverainiste en tentant d'organiser en lieu et place, avec la complicité plus ou moins active du gouvernement libéral du Québec, une reconstitution humiliante de la bataille, cherchant à promouvoir une illusoire réconciliation entre occupant et occupé. Au prix d'une mobilisation de toutes les forces vives du Québec - milieux intellectuels, presse, syndicats et organisations patronales - cette initiative a tourné court.

Pour autant, il n'était pas question pour les québecois de passer l'évènement sous silence et nos amis d'outre-atlantique, dont on connait l'esprit délié et ingénieux, organisèrent en quelques semaines un grand moment du souvenir et de l'espoir. L'évènement, intitulé Le Moulin à Paroles, réunira pendant vingt-quatre heures ininterrompues, du samedi 12 au dimanche, 13 septembre, la fine fleur des artistes, des créateurs, des responsables politiques et économiques du pays. Pas moins de quatre vingts personnalités connues du grand public liront des textes puisés dans "la littérature d'ici" et qui témoignent, en prose, en poésie, et en théâtre de l'histoire du Québec, depuis ses sources amérindiennes jusqu'aux multiples facettes de sa modernité.

Pour preuve de l'éclectisme de la manifestation, on annonce que M. Georges de Marestan, descendant du marquis de Montcalm, et que M. Andrew Burroughs Wolfe, descendant de son adversaire, le général anglais Wolfe, liront des textes de leurs ancêtres, à quelques pas des lieux où ils se combattirent férocement et où ils trouvèrent l'un comme l'autre la mort.

A côté de cet évènement qui devrait rencontrer une audience exceptionnelle (diffusion prévue sur les chaines francophones et sur le net[1]), d'autres manifestations auront lieu à Québec à l'occasion de l'anniversaire de la bataille. A l'instigation des mouvements nationalistes, une marche pour l'indépendance partira du centre de Québec samedi vers 10h et rejoindra les plaines d'Abraham dans le milieu de l'après midi.

Gageons que le peuple de Québec et notamment sa jeunesse auront à coeur de faire de ces deux journées un immense succès.

Rene la Prairie.



[1]. En particulier sur le site http://www.moulinaparoles.com

 

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11 septembre 2009 5 11 /09 /septembre /2009 19:29
Le moment                  
fraternité


de Régis Debray

Mis en ligne : [11-09-2009]

Domaine : Idées



Né en 1940, Régis Debray est écrivain et philosophe. Il préside depuis 2002 l'Institut européen en sciences des religions et dirige la revue Medium. Il a récemment publié:  Sur le pont d'Avignon (Flammarion, 2005), Les conditions humaines (Fayard, 2005), Supplique aux nouveaux progressistes du XXIe siècle (Gallimard, 2006), Aveuglantes Lumières (Gallimard, 2008), L'obscénité démocratique (Flammarion, 2007), Un candide en Terre-Sainte (Gallimard, 2008).


Régis Debray, Le Moment Fraternité, Paris, Gallimard, Mars 2009, 367 pages.


Liberté, égalité, fraternité : «Les trois marches du perron suprême», disait Victor Hugo. Peut-on encore accéder à la marche d'en haut sans retomber dans la terreur ou bien dans la niaiserie ? Et comment, au royaume morcelé du moi-je, retrouver le sens et la force du nous ? C'est ce défi, peut-être le plus crucial de notre temps, que Régis Debray s'emploie à relever dans ce livre. Un nous durable faisant toujours référence à une sacralité, séculière ou révélée, il se demande d'abord ce que sacré veut dire, concrètement ; et les droits de l'homme se donnant comme l'expression contemporaine de la solidarité humaine, il ose examiner ce que cette nouvelle religion civile nous fait faire, actuellement. Ce pénible devoir accompli, Régis Debray dégage les voies d'accès à une fraternité sans phrases, qui puissent en faire autre chose qu'un fumigène : un labeur de chaque jour. Dans la conviction que l'économie seule ne fera jamais une société.


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8 septembre 2009 2 08 /09 /septembre /2009 22:00
Un Perret en culottes courtes     



 
 

On avait pris l'habitude de rencontrer Jacques Perret en reporter, en chercheur d'or, en prisonnier de guerre, en franc tireur, en capitaine au long cours ou en camelot du roi. Mais on avait un peu oublié sa période culottes courtes, bottines et costume marin. Les éditions du Dilettante [1] viennent de réparer cette lacune en rééditant six nouvelles qui sentent bon l'enfance et ses enchantements. Qu'on ne s'y trompe pas, le Perret que nous aimons, cette silhouette longue et fine, pipe au bec et l'air malicieux, qu'il soit glabre comme Gary Cooper ou qu'il porte, ferme, sa moustache de mousquetaire, a conservé le même regard que celui du petit Perret, ce "garnement de 1913"  auquel il avouait être toujours resté fidèle. Des sentes des Guyane au maquis de l'Ain, des îles à sucre aux bistrots parisiens, c'est toujours le même petit écolier français que l'on retrouve, avec ses cauchemars, ses monstres et ses émerveillements, derrière l'homme mûr qui manie avec aisance la corde à noeuds, le cran d'arrêt et le sextant de marine. Perret respire l'enfance, la vraie, celle que l'on passe en rêvant devant des cartes coloniales, des livres d'histoire  ou des récits de conquête. Il en parle bien, sans en parler, et c'est aussi pour cela que nous l'aimons. 

Voilà Perret dans sa France provinciale, celle des grand-oncles et des grand-tantes, qui offre au gamin parisien ses premières terreurs et ses premiers étonnements. On lui donne la chambre rouge, celle du bourreau, dont on exorcise les légendes à coup de lampe Pigeon. Il découvre la compagnie des vaches et s'acoquine avec un petit vacher "parfait abruti doublé d'un exemplaire voyou comme on en trouve pas dans les villes". Les vacances, c'est l'apprentissage du temps long, des après midi passés à ne rien faire, des parents qui glissent insensiblement du déjeuner  au diner puis au souper. Ces parents que l'on découvre avec d'autres yeux, et d'abord ce père  "qui promène sur le décor le regard de ses petits yeux bleus, très indulgents, mais parfaitement étrangers à tous les aspects d'un monde qu'il semblait habiter par accident, comme un séjour d'étape qui tirait un peu en longueur".

A ce paradis autobiographique succèdent d'autres histoires qui mettent en scène d'autres petits Perret, leurs jumeaux ou leurs doubles. On y trouve un éloge de la bicyclette, ou, mieux, du vélo, belle machine qui rend nos villes aimables et nous donne un coup de jeunesse pour pas cher. On y découvre les mésaventures d'un pique nique familial, sauvé de l'apocalypse par le cancre de la famille, aidé d'un oncle non conformiste. On y fait l'apologie du cartable -en éreintant au passage ses formes dénaturées, serviettes ou modernes porte-documents. On y raffole des compositions de calcul, surtout lorsqu'elles se transforment en contes de fées surréalistes, façon Lewis Carroll. On y chante, pour conclure, les louanges de la tirelire, cette grenouille des familles qui a formé à l'économie des colonies de morveux, dont le rêve dans la vie ne fut jamais de ressembler à Jérôme Kerviel.

Six nouvelles donc, six petits textes bien charnus et plein d'existence, jusqu'ici dispersés dans divers volumes de l'oeuvre perretienne et que l'éditeur a rassemblé sous le titre évocateur d'Enfantillages. On y retrouve à pleines phrases ce talent de conteur, cette joie de vivre, mais toute en retenue, cette mélancolie, jamais sans ironie, qui font les charmes de l'auteur du Caporal. Quant à ceux d'entre nous - et ils sont encore quelques belles cohortes -  qui ont pris le parti de ne plus sacrifier chaque matin au culte végétarien de la démocratie et de la République, qu'ils se rassurent : ils reviendront de leur lecture les bras chargés de ces bons mots ou de ces  aphorismes qui font pleurer de rage les sectateurs de Jaurès et du petit père Combes. Comme en  témoigne ce beau passage qui jettera dans la consternation plus d'un sénateur rural : 


Les noms des quatre-vingt-trois départements n'ont jamais chanté à mes oreilles comme le vivant  poème de l'amour patriotique, j'en trouve la déclamation froide, monotone et scolaire quand elle n'est pas tristement associée à l'atmosphère trouble des scrutins. Mon jugement est évidemment marqué d'un parti  pris contre les réformateurs brouillons de la Constituante, je le reconnais, mais il a sa véritable origine dans l'affreux souvenir des leçons de géographie qui obligeaient encore les gamins de ma génération à savoir par coeur la liste des départements avec chefs-lieux et sous-préfectures.


Mais au fond peu importe! Que vous soyez royaliste ou jacobin, impérialiste ou plébiscitaire, kantien ou leibnizien, stalinien, anarchiste ou prochinois, lisez Perret. C'est un signe de bonne santé, qui vous permettra  de prolonger en toute quiétude votre enfance loin, très loin, vers le grand âge. 

Eugène Charles.



[1]. Félicitons les excellentes Editions du Dilettante (19, rue Racine - Paris 6e), qui nous restituent année après année des petites merveilles oubliées ou méconnues de Jacques Perret : Les Collectionneurs (1989), Comme Baptiste... ou les tranquillisants à travers les âges (1992), François, Alfred, Gustave et les autres... (1996), L'Aventure en bretelles, suivi de Un Blanc chez les Rouges (2004) et pour finir Mutinerie à bord (2006), avec une belle préface d'Erik Orsenna.

 

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6 septembre 2009 7 06 /09 /septembre /2009 20:00
 
 
les épiceries
 
 
 
Le soleil meurt : son sang ruisselle aux devantures ;
Et la boutique immense est comme un reposoir
Où sont, par le patron, rangés sur le comptoir,
Comme des cœurs de feu, les bols de confitures.

Et, pour mieux célébrer la chute du soleil,
L'épicier triomphal qui descend de son trône,
Porte dans ses bras lourds un bocal d'huile jaune
Gomme un calice d'or colossal et vermeil.

L'astre est mort ; ses derniers rayons crevant les nues
Illuminent de fièvre et d'ardeurs inconnues
La timide praline et les bonbons anglais.

Heureux celui qui peut dans nos cités flétries
Contempler un seul soir pour n'oublier jamais
La gloire des couchants sur les épiceries !
 
 
 
vincent muselli (1879-1956). Les Masques (1919).
 
 
les aventuriers
 
 
 
Stériles comme un glaive enceint des seuls éclairs !
Vous n'avez point fondé d'état ni de famille,
Rien laissé qu'aux débris d'une pourpre guenille,
Cent bouches à vos noms clamantes dans les airs.

La cité, les travaux, les tranquilles partages,
L'inexorable abri des lois et des maisons...
Pourtant si vos yeux pillent les horizons,
Qu'ils sont beaux ces destins fatiguant les cordages !

Les lâches, les jaloux couvrent le parapet :
Partez grands cœurs ! L'océan gronde et vous promet
La gloire des dangers allumée à leurs pointes.

Que votre pavillon soit frère de la nuit !
Vous verrez le ciel poindre aux morales disjointes,
Et, dans le sang versé, l'ombre des dieux qui luit.
 
 
 
vincent muselli (1879-1956). La Revue anarchiste. (janvier 1930).
 
 
intérieur
 
 
 
Qu'il faille leur concours pour gonfler l'édredon,
Suspendre les rideaux, dresser les étagères,
Les Dieux sont avec toi, belle Iris, quand tu gères
La chambre et les loisirs dont l'amant te fit don.

Psyché sur un tapis pleure son abandon,
Le Faune au ciel du lit courtise les bergères,
Et creusant l'acajou de leurs pointes légères
Les flèches de l'Amour ornent le guéridon.

Reine de ces trésors ils occupent tes heures,
Souvent aussi, debout longuement tu demeures
Rendant à ton miroir l'honneur que tu lui dois,

Et sur la cheminée un couple de Silènes
Ecoutent lamenter au choc dur de tes doigts
Une flûte captive au creux des porcelaines.
 
 
 
vincent muselli (1879-1956). Revue "Les Marges". (mars 1914).
 
 

 
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5 septembre 2009 6 05 /09 /septembre /2009 21:55
Le néant et l'ennui

M. Montebourg aura donc gagné son pari. Alors que la question des primaires ne figurait pas au programme de l'Université du PS, il a fini, à force de pressions, de discours et de petites phrases, par mettre son sujet de prédilection au coeur des débats de La Rochelle. Tant pis pour les  militants ou les élus de base qui étaient venus dans l'espoir de débattre  des "valeurs de gauche", du "projet", de la "démocratie de proximité" ou de tas d'autres choses tout aussi ennuyeuses. Ils n'auront eu droit à rien de tout cela. En revanche, quel spectacle! pendant trois jours, La Rochelle a pris des allures d'Avignon, avec son "festival in", sagement organisé autour des forums et des "ateliers"  officiels, et son "festival off", constitué des mille lieux où éléphants, sous-éléphants, cornacs et éléphanteaux tenaient salon, se mettaient joyeusement en scène,  en distillant vacheries et bons mots. Dans cette catégorie, les éternels quadras, Valls, Peillon, Cambadélis, Hamon et autres Montebourg, firent  une nouvelle fois preuve de leur savoir-faire et ils furent naturellement très applaudis.

Le mot "rénovation" était bien sur toutes les lèvres et dans tous les discours. Mais c'était surtout pour conjurer le sort et éviter d'avoir quoi que ce soit à dire sur le fond. Il est vrai que Mme Aubry avait elle-même donné, dès l'ouverture de ces journées, le signal du conformisme intellectuel et de la médiocrité. Dans une tribune publiée la veille dans le Monde [1], la première secrétaire du PS nous servait un bien mauvais brouet, celui que l'énarchie socialiste nous livre depuis vingt ans : peu de chose dans la forme, rien sur le fond. Deux cent cinquante pauvres lignes, grisâtres, presque sans couleur et sans saveur, d'où surnageaient quelques morceaux de pensée molle (" la société décente" volée à Orwell, "une société d'individus" copiée sur Robert Castel, "réinventer la démocratie" ressassé depuis plus d'un siècle derrière Jaurès...). Avec pour conclusion inévitable l'appel au chèque en blanc ("il n'y aura pas d'alternative sans alternance") et l'engagement qui n'engage personne ("pas d'alternance à gauche sans un PS rayonnant, porteur d'idées et profondément rénové"). La lecture de cette purge, que n'aurait pas renié Guy Mollet, montre une nouvelle fois, après l'échec de 2007, le congrès de Reims et la Bérézina des européennes, que les dirigeants de la social-démocratie française n'ont plus ni la volonté, ni la capacité intellectuelle de proposer un projet au pays. Dont acte.

A défaut d'idées nouvelles, on pouvait au moins espérer un minimum d'échanges sur les sujets d'actualité. Là encore, déception sur toute la ligne. Il fut à peine question de la crise industrielle, et des tensions sociales qui minent un peu partout le pays. On ne parla guère plus de la mondialisation, des conséquences de l'ouverture des marchés ou des désordres de la finance mondiale (de peur sans doute d'avoir à déjuger MM. Lamy et Strauss Kahn dont les ombres planaient sur ces journées). Quant à l'Europe, pas un mot. Les querelles du référendum de 2005 ou du traité de Lisbonne devaient rester au vestiaire et il n'était pas question d'inquiéter les militants sur les collusions entre socialistes et conservateurs à Bruxelles et sur les grandes manoeuvres autour de la réélection de M. Barroso.

Ni idées nouvelles, ni sujets qui fâchent,... Le risque existait de voir ces journées d'études tourner court et le désarroi s'emparer à nouveau du PS. Heureusement M. Montebourg et son magasin de farces et attrapes étaient là pour sauver la mise à tout le monde. On lança  successivement  le feu d'artifices des primaires, celui du cumul des mandats, celui des alliances avec le MODEM, tous sujets qui, à défaut d'intéresser les Français, passionnent les élus socialistes et font frétiller la queue des journalistes. Les résultats de cette excellente diversion ne se firent pas attendre. Sur le front des primaires, on assista à un parfait bal de  faux c...ls : MM. Delanoé et Fabius, hier encore hostiles, se ralliaient avec des accents d'enthousiasme, sous l'amicale pression de leurs amis.  Le débat fit rage, comme on pouvait s'y attendre, sur le cumul des mandats, qui touche, il est vrai, quasiment tous les caciques du Parti. On s'empailla joyeusement  sur l'alliance avec Bayrou, qu'à ce stade, Ségolène et son clan sont à peu près seuls à plébisciter. On vit à l'inverse l'assemblée communier dans l'extase, lorsque M. Montebourg esquissa l'idée d'une VIéme République, jusqu'à ce que certains esprits chagrins fassent remarquer qu'elle avait un peu trop de points communs avec la IVéme ! L'université d'été s'achevait mieux qu'elle n'avait commencé. Les gazettes finissaient par décrèter que Mme Aubry avait parfaitement réussi son coup, qu'elle avait repris la main et que tout allait pour le mieux au pays des socialistes. On se dispersa aux accents joyeux de La Jeune Garde, du Grand Métinge et du Petit Vin Blanc.

On imagine ce que ressent  le "peuple de gauche", une fois passée la "gueule de bois" de ce week-end mémorable. Débarbouillé de ses maquillages, loin des feux de la rampe, le Parti émerge dans sa triste réalité, celle d'un cartel de sortants, terrifiés par avance à l'idée de leurs prochaines défaites et qui ne veulent surtout prendre aucun risque. La main tendue au MODEM apparaît pour ce qu'elle est, une sorte de signal de détresse jeté à la mer. Et seule Mme Royal poursuit réellement cette dernière chance, les autres éléphants ayant, semble-t-il, renoncé à penser. Combien de temps faudra-t-il à la présidente de Poitou Charentes pour disperser la direction actuelle et mettre au mouillage ce bateau ivre ? Elle se doit d'agir vite car, après tant de rendez-vous ratés, le temps du socialisme en France semble désormais compté.


Hubert de Marans.



[1]. Martine Aubry, "Conduisons une offensive de civilisation ! C'est nécessaire et possible", Le Monde du 28 Août 2009.

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3 septembre 2009 4 03 /09 /septembre /2009 22:29
La chose écrite                         
Chroniques littéraires


de Jean Dutourd

Mis en ligne : [4-09-2009]

Domaine : Lettres



Né en 1920, Jean Dutourd est célèbre pour son franc-parler et son sens de la provocation. Sa vie est, dès ses premières années, placée sous le signe de l'évasion. Orphelin de mère à 7 ans, c'est dans l'étude qu'il se réfugie. Deux fois prisonnier durant la Seconde Guerre mondiale, il réussira à s'évader pour poursuivre des études de philosophie. Dès la Libération, Dutourd se consacre à l'écriture et collectionne rapidement les prix littéraires, premiers succès d'estime. En 1952, le prix Interallié le récompense pour Au bon beurre. En 1978, il est élu à l'Académie française. Il a récemment publié Les Perles et les cochons (Plon, 2006), Leporello (Plon, 2007), La grenade et le suppositoire (Plon, 2008).
 

Jean Dutourd, La chose écrite, Paris, Flammarion, Mars 2009, 572 pages.

«Vers l'âge de huit ans, je fis deux découvertes capitales : que les grandes personnes mentaient sans arrêt, mais que les livres rétablissaient la vérité. Les grandes personnes, par leurs leçons et leurs punitions, s'acharnaient à me faire voir le monde tel qu'il n'était pas. Les livres me le montraient tel qu'il était, c'est-à-dire comme je le voyais moi-même. En outre, ils étaient délicieux car ils mettaient la vérité en musique. La vérité était du Mozart avec Voltaire, du Wagner avec Proust, du Beethoven avec Balzac, du Schubert avec Stendhal. La passion du papier imprimé ne m'a jamais quitté, et je dirais presque comme Montesquieu : "L'étude a été pour moi le souverain remède contre les dégoûts de la vie, n'ayant jamais eu de chagrin qu'une heure de lecture n'ait dissipé."»

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29 août 2009 6 29 /08 /août /2009 22:29
Le phénomène                         
Soljénitsyne   


de Georges Nivat

Mis en ligne : [1-09-2009]

Domaine : Lettres

soljenitsyne.gif

 

Georges Nivat, slaviste réputé, professeur honoraire à l'Université de Genève, est l'auteur de Vivre en russe (L'Age d'Homme, 2007) et Sites de la mémoire russe (Fayard, 2007).
 

Georges Nivat, Le phénomène Soljénitsyne, Paris, Fayard, Février 2009, 449 pages.

Ce livre embrasse tous les aspects du " phénomène Soljénitsyne " : la naissance d'un athlète de la dissidence, le labeur d'un écrivain comparable à Balzac, l'érection de deux " cathédrales " d'écriture, L'Archipel du Goulag sur la fabrique d'inhumain en utopie, et La Roue rouge sur le "déraillement" de l'histoire russe, enfin, le poète-philosophe des " Miettes en prose ", de La Maison de Matriona, des dialogues stoïciens du Premier Cercle. Alexandre Soljénitsyne lut attentivement la première version de ce livre en russe (publiée à 800 000 exemplaires à Moscou, en pleine perestroïka) et il porta ce jugement : " Une vision littéraire pleine d'acuité, une intuition morale très fine, et des conclusions générales qui visent juste. " (Esquisses d'exil) Le nouvel ouvrage tient compte de plusieurs remarques envoyées par Soljénitsyne à l'auteur. L'ancien volume est totalement refondu et largement augmenté. Georges Nivat y conduit la réflexion littéraire et morale jusqu'au terme de la longue vie d'écrivain-lutteur d'Alexandre Soljénitsyne.

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28 août 2009 5 28 /08 /août /2009 22:29
Ionesco                                     


de André Le Gall

Mis en ligne : [29-08-2009]

Domaine : Lettres


 

Ancien élève de l'ENA, André Le Gall a mené en parallèle sa carrière au service de l'Etat et une activité littéraire qui comprend un peu plus d'une vingtaine d'oeuvres dramatiques, des études sur le théâtre contemporain, et pour Flammarion, trois biographies centrées sur le XVIIe siècle : Corneille (2006), Pascal (1998) et Racine (2004).
 

André Le Gall, Ionesco, Paris, Flammarion, Janvier 2009, 617 pages.

Ionesco: un nom planétaire, un auteur méconnu. "Mise en scène d'un existant spécial en son oeuvre et en son temps" : la formule retenue par André Le Gall en sous-titre nous vaut une biographie où la voix d'Eugène Ionesco est constamment présente. Où les événements, circonstances, anecdotes, rêves, que rapportent les journaux intimes et qu'exploitent les fictions dramatiques, sont en permanence mis en rapport avec les données objectives fournies par les pièces d'archives, les coupures de presse, les mémoires des contemporains et les témoignages de comédiens, de compatriotes, d'amis. André Le Gall nous livre ainsi, par touches successives, l'image d'un Ionesco aussi attentif à occuper la scène que soucieux de préserver son quant-à-soi. Prolixe en confidences publiques, pour la plupart ignorées de son propre public, Eugène Ionesco se révèle alors à nous dans toute sa complexité : un pascalien de naissance, un mystique déguisé en farceur mondain, un homme de combat jouant le jeu du charme et de la séduction dans les salons parisiens. Esprit brillant, jongleur de mots, armé d'humour, dévoré d'angoisse, c'est surtout à ses personnages de théâtre qu'il confie le soin de présenter la pluralité des identités qui l'habitent. Se dessine ainsi en creux le portrait d'un homme de doute et de foi, grand ressasseur de questions devant l'état du monde. Un poète de l'insolite mais non point un chantre de l'absurde comme on le considère souvent à tort.André Le Gall nous offre, avec cet ouvrage, un regard neuf, passionnant et érudit sur la vie et l'oeuvre d'un auteur majeur.
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25 août 2009 2 25 /08 /août /2009 22:40
Une blessure                
française


par Pierre Péan

Mis en ligne : [26-08-2009]

Domaine : Histoire



Né en 1938, Pierre Péan est journaliste. Il a récemment publié La face cachée du Monde (Avec Philippe Cohen, Mille et une nuits, 2003), L'accordéon de mon père (Fayard, 2006), et Le Monde selon K.  (Fayard, 2009).


Pierre Péan, Une blessure française. Les soulèvements populaires dans l'ouest sous la Révolution. Paris, Fayard, Octobre 2008, 325 pages.


1793-1794. La Terreur règne dans les départements de l'Ouest. Des dizaines de milliers de " monstres ", paysans et ruraux, pauvres dans leur grande majorité, sont liquidés. Depuis deux siècles, leur réputation est si mauvaise - fanatiques ignares, asservis par une religion et des aristocrates obscurantistes ou pauvres hères constituant l'armée des ombres des princes émigrés pour récupérer le Trône et l'Autel - que peu de monde s'est indigné de la politique d'extermination menée par la Convention. Rares sont les épisodes de l'histoire de France à avoir été autant travestis. Sans doute parce qu'il était impensable que la Révolution qui a brisé l'hégémonie de la classe aristocratique ait pu dans le même temps broyer la révolte de " gens de peu ". Ceux qui firent et enseignèrent l'histoire par la suite pouvaient difficilement justifier que le mouvement qui avait érigé en nouvelles "tables de la loi" la déclaration des Droits de l'homme n'avait cessé de fouler aux pieds, par ailleurs, l'un de ces droits primordiaux : la liberté de croire et de participer au culte de son choix. En circonscrivant son enquête à la commune de Maumusson, dans le territoire d'Ancenis, une terre qui lui est particulièrement chère, aux confins de l'Anjou et de la Bretagne, Pierre Péan est parvenu à établir que ces soulèvements populaires réagirent autant à l'atteinte à la liberté de culte (la constitution civile du clergé) qu'à la paupérisation des campagnes organisée par la bourgeoisie conquérante des villes. Pour éclairer cette "blessure française ", il a dépouillé archives, registres d'état civil, correspondances, mémoires, brossant ainsi les portraits et les itinéraires des protagonistes dans un tableau de chair et de sang.

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22 août 2009 6 22 /08 /août /2009 22:40
L'Italie à la paresseuse


par Henri Calet

Mis en ligne : [23-08-2009]

Domaine : Lettres



Henri Calet (1904, 1956), journaliste et écrivain, fut d'abord le chroniqueur gouailleur et émouvant du Paris populaire de la première moitié du XXème siècle. Mais Calet, c'est aussi le voyage et une façon ironique, rieuse, non conformiste de parler de l'art de voyager, comme l'illustre cette promenade italienne, publiée pour la première fois en 1950 (Gallimard).


Henri Calet, L'Italie à la paresseuse, Paris, Le Dilettante, Mai 2009, 192 pages.


Calet en Italie,
par Emmanuel Hecht - Les Echos du 9 juin 2009.


En 1949, Henri Calet (1904-1956) daigne quitter son seul amour, le 14e arrondissement de Paris, pour Padoue. Un ami l'a invité pour représenter la presse française à un congrès international du gaz combustible. Calet se rend dans une agence Cook (« J'étais serré dans une masse de dames riches et soyeuses ») et prend un billet de 1re classe pour le Simplon-Orient-Express. Il n'est pas un voyageur comme les autres. Dès les premières pages de « L'Italie à la paresseuse », réédité par Le Dilettante, il se place sous la bannière de la baronne de Staël : « Voyager est, quoi qu'on puisse en dire, un des plus tristes plaisirs de la vie. » L'écrivain n'est pas du genre à raconter son voyage. Son esprit est diverti par les nombreux militaires se promenant sur les quais des gares (« Il est curieux de noter que les chemins de fer attirent partout les soldats »). Il devine les îles Borromées sous le store baissé par un passager anglais. Il résume Milan en une phrase : « D'une fenêtre des «gabinetti», on a une vue sur une place. » Venise ? « Vue ainsi, à distance, cela ressemblait à un petit tableau de Canaletto (ou de Guardi) » au Louvre. A Rome, il apprend que Marcel Cerdan a été battu par Jacky la Motta, le « taureau du Bronx ». En souvenir, il rapporte un presse-citron en forme de sifflet. Le camelot lui offre en prime un bouchon-verseur (« Les bouchons-verseurs sont doublement recommandables : vous ne perdez pas une goutte de liquide et vous ne tachez pas les nappes. »). Son « humour laconique et glacé », selon Francis Ponge, fait du bien. Tout chez Calet est naïf, faussement naïf et raté. « Je confesse, dit-il, que je suis un touriste apathique, et même décourageant. » La tristesse de cet homme-là n'a pas de limite. Sa tendresse, non plus. « Je la cache au fond de ma poche, comme on cacherait un mouchoir sale dont on aurait un peu honte », écrit-il dans « Peau d'ours », un ouvrage posthume. Il est désolé d'être pessimiste, il s'excuse de son désespoir. « Ce qui rend les voyages à peu près inutiles, c'est que l'on se déplace toujours avec soi, avec les mêmes pensées, le même passé, les mêmes ennuis, le même tour d'esprit, les mêmes appréciations sur les choses et les gens. »


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Revue trimestrielle
N°1 - 2009/01
 
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