Royaumes intérieurs |
| LETTRES Géographies de la mémoire. Philippe Le Guillou. Gallimard. Février 2016. 265 pages.
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La Revue Critique des idées et des livres |
"Ce n’est pas seulement pour vivre ensemble, mais pour bien vivre ensemble qu’on forme un État." aristote |
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Royaumes intérieurs |
| LETTRES Géographies de la mémoire. Philippe Le Guillou. Gallimard. Février 2016. 265 pages.
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offrande à l'automne | ||
Femme au front couronné de lierre et de grenades, Je te salue, Automne, amante des exils ! Saison du souvenir, de l'oubli, des malades, Des retours hasardeux et des coeurs en péril ! Comme le coeur mouvant de Chérubin, tu changes Chaque jour tes décors moroses ou joyeux, Et tu sembles mêler une langueur étrange Aux horizons du soir comme au miroir des yeux. Tu troubles à la fois l'Océan et les âmes. Déjà d'un doigt léger tu jonches les jardins De pétales meurtris et, dans le coeur des femmes, Tu ravives les feux des amoureux chagrins. Tu réveilles ici la rumeur des vendanges, L'odeur des raisins bleus et des sureaux pesants, Et tu te plais, le soir, parmi le foin des granges, Aux rires de l'amour, maître d'un jeune sang. Tu guides le départ des tendres hirondelles, Automne qui te plais aux larmes des adieux, Et tu sais ajouter une beauté nouvelle Aux objets bien-aimés, quand nous sommes loin d'eux. Je t'ai toujours aimé, soutien des exilées, Bel automne doré des pays occitans, Automne rouge et bleu des ciels de Galilée, Heures douces au coeur des penseurs hésitants ! Et je vous offre à vous, déesses de l'Automne, Qui vous plaisez aux bras robustes des chasseurs, L'amour inavoué qui fleurit et rayonne, Dans mon sein rajeuni par la force des pleurs. | ||
ernest gaubert (1880-1945). Les Roses latines (1908). |
terre d'oc | ||
En ce temps, le Midi, riche et libre, au soleil Dressait, au long des fleuves bleus, ses cités blanches Et, comme un flot mouvant hors d'une âme s'épanche, Ses vins rouges faisaient le couchant plus vermeil ! Le fer de la charrue est frère de l’épée ! Seigneurs et paysans cousinaient dans nos bourgs, Et tous avaient au cœur, alors, un même amour Pour cette Terre d'Oc que l'on n'a pas domptée. Pour qu'une terre soit meilleure, il faut du sang ! Un soir de cour d'amour, nos aïeux écoutèrent, Dominant l'écho des violes et les chants, Soudain venu du Nord, un sourd fracas de guerre!... Et, se profilant sur l'azur sombre des monts, Le pâtre de Gascogne aperçut à l'aurore, Sur leurs genets d'Anjou, sur leurs cavales mores, Les chevaliers du Christ, pareils à des démons ! Comme des loups errants, et comme des voleurs. Et dès l'abord vainqueurs par des trahisons viles, Ils pillaient les châteaux, incendiaient les villes, Et nos soirs étaient pleins de flammes et de pleurs. Comme s'ouvrent parfois les grenades trop mûres, Les remparts des cités croulaient devant Montfort, Et sur les murs détruits et les combattants morts Les Barbares dressaient les croix de leurs armures ! Les Albigeois debout firent face aux Croisés : Nous luttâmes en vain, de Béziers à Toulouse, L'Ame des grands tueurs d'hommes était jalouse Des cadavres couchés sous les cieux embrasés. Et Pierre d'Aragon parmi leur tourbe immonde Opposait sa poitrine aux soudards d'Amalric, Et comme au Golgotha, sur le funèbre pic De Montségur brûla le bûcher d'Esclarmonde ! O toi, notre Hypathie et notre Jeanne d'Arc, Vierge platonicienne et guerrière, ô Prêtresse Qui captivais un peuple en dénouant tes tresses, Esclarmonde, tu fus une race et son Art ! Que ton ombre sublime et chastement voilée Se penche sur la tombe où dorment les faidits, Pour leur apprendre à tous ce que la Voix a dit, Qui monte de nos cœurs vers la nuit étoilée ! « O toi qui, bien que mort, voulus être debout, Ecarte ton linceul et soulève ta pierre, Entends au vent d'avril une chanson de guerre. La Revanche, ce soir, nous rassemblera tous. « Lève l'épée, ami, voici nue et divine La jeune liberté offrant au vent marin Ses cheveux dénoués et portant dans sa main L'avenir glorieux des Provinces latines. » | ||
ernest gaubert (1880-1945). Les Roses latines (1908). |
inscription | ||
A Léopold Dauphin. Comme une eau transparente où le ciel se reflète, Tour à tour, gris ou bleu, joyeux ou menaçant, Ainsi palpite au gré des amours différents Mon âme de poète. Et suivant le hasard qui fait pencher vers lui Le sourire d’Eros ou le rictus du faune, L’orage ou le soleil, mon poème frissonne Vers l’aube ou vers la nuit. Et mon cœur, où j’unis la lumière des larmes A la clarté des yeux qu’anime le plaisir, Dans l’orgueil du dédain, dans l’ardeur du désir, Trouve les mêmes charmes. Et la chaste Artémis, Aphrodite au sein nu, Précipitent mes pas ou calment mes colères Afin que ne me soit nulle peine étrangère, Nul amour inconnu. L’alcool donneur d’oubli, l’eau des fontaines pures, L’ivresse du matin parmi les prés mouillés, Et les soirs de débauche et de rire peuplés, Les savantes luxures. La fraîche volupté de partir sur la mer, Dans un couchant vermeil plein d’adieux et de roses, La douleur d’assister à la métamorphose De ce qui nous est cher. Le pas d’un cavalier qui sonne sur la route. Le pâtre solitaire et le soldat blessé, Et disant les espoirs en allés du passé, Ces voix que l’on redoute. Le cortège amoureux, ses flûtes, ses flambeaux, Le myrte nuptial, l’acanthe funéraire, La coupe du festin, la couronne éphémère, La lampe du Tombeau. Ces choses, ces parfums, ces extases, ces voix, Ces symboles changeants, ces douleurs éternelles Frémirent, tour à tour, dans ma strophe où je mêle Demain à l’autrefois, Afin qu’on dise un jour : « Il a vécu sa vie « Comme un rêve agréable et comme un cauchemar, « Et vers l’aube il portait à l’heure du départ « L’âme claire, assouvie... « Il fut sage, il fui fou, il pleurait, il a ri, « Et maintenant il dort et sa tombe est prochaine, « Sur ce tertre où se mêle, aux roses d’or d’Athènes, « Le sang des roses de Paris. » | ||
ernest gaubert(1880-1945). Les Roses latines (1908). |
Les conditions d'une renaissance |
| IDEES Comprendre le malheur français. Marcel Gauchet. Avec Eric Conan et François Azouvi. Stock. Mars 2016. 378 pages. |
les yeux bleus | ||
Dans une pourpre de bataille Le soleil las de chevaucher, Avait fini par se coucher Derrière les cyprès d'Hendaye. Et ce fut le plus bleu des soirs ! Et parmi tous les bleus agrestes, Les bleus marins, les bleus célestes, Bleus te semblèrent deux yeux noirs. Beaucoup d'autres soirs sur le monde Ont passé depuis ce soir-là : Cent vingt fois l'ombre s'étoila ; L'aube cent vingt fois naquit blonde. Charme fou, trouble merveilleux, Amour fondé sur un mensonge : Ils éclairent toujours ton songe Les yeux bleus qui ne sont pas bleus. | ||
fernand mazade (1863-1939). La Muse française (1940). |
berre | ||
Au ciel dont les saphirs inclinés se marient Avec l'azur profond de Berre, un vol montant D'aquatiques oiseaux silencieux s'étend Dans le flot des clartés par le soir attendries. Des pensers merveilleux, d'augustes rêveries Nous retiennent au bord amical de l'étang, A cette place chaude où débarque en chantant Le fantasque pêcheur d'oursins et d'astéries. L'automnal crépuscule est comme un beau jardin Dont les mille rosiers auraient tous le même âge Et se défleuriraient sur un signal soudain. L'odeur qui s'en exhale est enivrante et sage ; Mais je sens, plus charmant et pur que cette odeur, Se répandre parmi l'infini paysage, Le parfum de ton songe et de notre bonheur. | ||
fernand mazade (1863-1939). Poèmes inédits de "De Sable d'or" (La Muse française, 1923). |
le marin | ||
L'arbre qu'en ce moment le jardinier recèpe Avait poussé deux fois des feuillages nouveaux, Deux fois a fermenté dans le sein des cuveaux Le raisin entamé par la grive et la guêpe, Et l'automne deux fois a mordoré le cèpe Aux pentes de la sylve ou juchent les corbeaux, Depuis que je n'ai plus, le soir, sous vos flambeaux, Mangé la venaison, la chataîgne et la crêpe. Vivez heureux; vivez comme si votre fils N'avait pas vers des caps lointains largué la toile; Et ne songez à moi que le jour d'Adonis. Mais lorsque par les nuits sans lune et sans étoile, S'élanceront sur l'eau la foudre et son tambour, A l'Amour demandez de protéger ma voile : Et vous me reverrez aux fêtes de l'Amour. | ||
fernand mazade (1863-1939). Intermède fantastique (1936). |
Fascisme et crise de la démocratie |
| HISTOIRE Soudain, le fascisme. La marche sur Rome. Emilio Gentile. Traduit de l'italien par Vincent Raynaud. Gallimard, "Essais". Novembre 2015. 406 pages. |
Printemps 2016 Bernanos, le révolté | ||
- Nouveaux bien pensants, par François Renié. [lire]
Les idées et les livres
- La fin de la maison Hollande, par Hubert de Marans. [lire]
- Recompositions syndicales, par Henri Valois. [lire]
- Bernanos, le révolté, textes présentés par Rémi Clouard. [lire]
- , par Paul Gilbert. [lire]
- . [lire]
- Dans la palmeraie, une nouvelle d'Henry de Montherlant. [lire]
- Le jardin français, poèmes de T. Derème, N. Ruet, F. Mazade. [lire]
Chroniques
- Notes politiques, par Hubert de Marans.
Le cirque Macron. - Nuit debout. - Désir d'autorité. - Les demi-traitres.
- Chronique internationale, par Jacques Darence.
Le non hollandais. - Rejet du TIPP ? - L'ordre règne-t-il à Athènes ? - Otan et Russie.
- Chronique sociale, par Henri Valois.
- La vie littéraire, par Eugène Charles.
Bardolle. - Leroy. - Meridol. - Le Guillou. - d'Ormesson.
- Idées et histoire, par Jacques Darence et Vincent Maire.
Bergson. - Guillebaud. - Vico. - Diplomatie.- Leroy-Ladurie. - Durrell.
- Notes d'Art, par Sainte Colombe et Louis du Fresnois.
Apollinaire. - Klee. - E. Bond.
- Revue des revues, par Paul Gilbert.
Colères (suite). - Légitimité. - Moyen-Orient. - Péguy. - Boulez.
- Les livres, par Paul Gilbert, Eugène Charles, François Renié.
La Fin de l'intellectuel français. (Shlomo Sand). - Le Dernier qui s'en va éteint la lumière. (Paul Jorion). - L'Homme inutile. (Pierre-Noël Giraud). - Naissance de l'Action française. (Laurent Joly). - La Fin des empires. (Patrice Gueniffey). - Le Proche-Orient pendant la seconde guerre mondiale. (Christian Destremau). - Simon Leys, navigateur entre les deux mondes. (Pierre Paquet). - Petite sélection stendhalienne. - Livres reçus.
Accès à la revue
printemps | ||
Plus mol sur mes coteaux que duvet de palombes, Cher aux petits enfants le matin des Rameaux, Fleurissant les vergers, couvrant d'oubli les tombes, Le Printemps a chassé l’Hiver et les corbeaux. L'hirondelle revient, Dieu bénisse ma grange Où j'ai depuis toujours vu s'accrocher son nid. Qu'elle porte bonheur aux récoltes, voici Les foins, puis les moissons, et bientôt les vendanges. Les travaux et les mois se tiennent par la main. Le visage des champs de semaine en semaine Se modèle. Chaque fleur a son lendemain, Chaque saison ses fruits et chaque jour sa peine. Les roses au jardin et les voiles au port Sont toutes blanches, mais la fraîcheur est tarie Pour une âme, ô Printemps, que trop jeune a vieillie L'angoisse de l'amour et celle de la mort. | ||
henri duclos (1902-1984). La Muse française (1926). |
languedoc | ||
Celui qui n'a senti sur sa terre natale Darder sur un gerbier le soleil méridien, Ni dans le peuplier qu'on nomme carolin Entendu crisser la cigale, Ignore ce qu'un champ de notre Languedoc Peut avoir de grandeur et de mélancolie, Quand le Cers, vent du Nord, rase le sol et plie Un fenouil épargné du soc, Quand les foins sont coupés et les vignes heureuses, Quand l'air est habité par des milliers d'essaims Et que luttent aussi les ruches des jardins Avec le fredon des batteuses. | ||
henri duclos (1902-1984). De l'hiver à l'automne. (1925). |
inconstance | ||
Ciel pommelé, femme fardée; Bergère, rentre tes moutons. Femme fardée, ciel pommelé; Amoureux, cesse ta chanson. Une rose s'est effeuillée, Et tout le jardin s'en attriste; Est triste la rainette artiste; La rose est pleurée par l'œillet. Le poète est rogue. Sa muse Lui fait des infidélités. Amour léger. Elle s'amuse Et peut revenir cet été. Vois : Ronsard froisse des pétales, Et Malherbe, au fier encrier, Est rêveur, quand il songe, pâle, A la rose de du Perrier. Quand les pigeons baignent leurs pattes, Quand nous sentons qu'il va pleuvoir, L'heure est si douce, délicate, — Laisse ton livre et viens t'asseoir. Goûtons ensemble l'inconstance, Le charme du ciel pommelé. J'aime la volonté qui danse, La rose, et la femme fardée. | ||
henri duclos (1902-1984). La Muse française (1922). |
Pierre Boutang, tel qu'en lui-même |
| IDEES Pierre Boutang. Stéphane Giocanti. Flammarion. Mars 2016. 458 pages. |
[1] Pierre Boutang, Sartre est-il un possédé ? (La Table Ronde, 1946).
[2] Le philétisme (mot du vocabulaire de l'Église d'Orient), c'est le nationalisme religieux.
[3] Alexis Philonenko, Schopenhauer, une philosophie de la tragédie (Vrin, 1980).
[4] Pierre Boutang, Ontologie du secret (PUF, 1973).
nostalgie | ||
La jeunesse du jour est une pluie de fleurs. Un essaim guerroyant sur les troènes glisse. La lumière envahit le jardin. Mais Clarisse Dédaigne le soleil et la blonde chaleur. Jean de Tinan l'aurait aimée, ardente et triste, Avec le double lac de ses yeux gris et verts Et cette voix suave où semble que persiste L'arabesque mélodieuse d'un beau vers. Que lui font les pavots creux remplis de clarté, Et les grappes filantes des abeilles vives Et l'insondable azur de ce matin d'été ? Rien ne touche son cœur qui fleurit sur nos rives. Cette heure flamboyante et que le soleil mord A suscité en elle un lancinant regret. Les yeux fermés, elle sourit. Car en secret Tandis que juin agite ses cymbales d'or, Elle voit se lever sur un fleuve du Nord Un matin brumeux et glacé Pareil à ceux de son passé. | ||
noël ruet (1898-1965). La Muse française (1929). |
poème de septembre | ||
Sur la masse du ciel, les étoiles scintillent. La lune a la couleur des pailles de Manille. - Ce n'est pas le printemps et ce n'est pas l'automne. Avec les feux du soir les rêves tourbillonnent. - Au bar, le disque tourne. Une douce rengaine Se noue au chant plaintif d'une femme lointaine. Ne partiras-tu pas au son de la guitare Pour l'île que fleurit un nom baroque et rare ? Embarque ton espoir et ton cœur, pauvre dupe, Puisqu'à ce point t'émeut le doux bruit d'une jupe. L'ai-je vue à l'osier des tables accoudée Ou de tiède soleil caressée et fardée ? Son pas, n'est-ce pas lui qui se cambre et qui glisse Sur l'herbe du printemps suave des « Offices » ? Et la lumière ensemble ingénue et perverse Qui flotte dans ses yeux, et ce long corps que berce Le mouvement léger des jambes, où sont-ils ? Et quel pinceau divin traça l'arc de ses cils ? Oiseau doré frôlant la vague de son aile, Une écharpe de soie flotte à sa gorge frêle. Sous la dent, la noisette est moins fraîche et moins blanche Que son étroite nuque, et la robe, à sa hanche, Pare d'un bleu profond le plus tendre contour. L'ai-je vue ? Ou n'est-elle à la fin d'un beau jour, Tandis que les plaisirs un à un m'abandonnent - Ce n'est plus le printemps et ce n'est pas l'automne — Qu'un mirage de plus et qu'un enchantement ? Car il te faut nourrir, poète, ton tourment Et donner aux mots durs et nus, farouche essaim, Le battement d'un cœur et la chaleur d'un sein. | ||
noël ruet (1898-1965). La Muse française (1930). |
isabelle | ||
Voici des vers pour vous, capricante Isabelle, Dont les bras sont dorés comme une mirabelle, Et dont le moindre geste au jardin est pareil A quelque clair envol d'oiseau dans le soleil. De Lucinde, j'ai dit la grâce convenue, La pudeur de Jenny même quand elle est nue, La plaintive douceur de Berthe, et de Simone L'amour plus inconstant que les heures d'automne. Quand il pleut, qu'aux trottoirs luisants, la nuit, scintillent Les jeux roses des bars et que passent des filles, Je songe à vous, impure Carmen, et j'évoque Vos regards ambigus, votre charme équivoque. Mais dans ce nu, dans ce froid décembre, Isabelle De toutes tu parais la plus vivante et belle. Des femmes, dans mes vers, ont noué leur guirlande. Mais nulle plus que toi ne mérite une offrande. Tendre corps, douces chairs de lait, de miel pétries, Paupières que le fard n'a point encor flétries, Oreilles que recouvrent des boucles nacrées, Longues jambes brillant sous la soie ajourée, Arc des pieds, que les Dieux, à mes vers, tour à tour Donnent votre parfait et lumineux contour. | ||
noël ruet (1898-1965). La Muse française (1926). |
La gauche, entre le vieux et le neuf |
| IDEES A demain Gramsci. Gaël Brustier. Le Cerf. Octobre 2015. 72 pages. |
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Revue trimestrielle
N°1 - 2009/01 |
Présentation
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