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4 janvier 2011 2 04 /01 /janvier /2011 13:42
Le duc de Guise                                           
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Puisqu'il faut clore le soixante-dixième anniversaire de 1940, donnons la parole à Bernanos. Sa voix, ses mots, seuls, peuvent nous permettre de regarder en face ce passé terrible qui, aujourd'hui encore, ne passe pas.  Le beau texte qui suit  a été publié par le quotidien brésilien O Jornal, le 12 septembre 1940, sous le titre "O Duque de Guise". C'est en des termes particulièrement émouvants que Bernanos évoque, du fond de son exil brésilien, la Maison de France, source de fidélité, de dignité et d'espérance après l'effroyable désastre. A l'image du vieux Prince qui s'incline puis disparait avec noblesse devant le destin de son pays succède celle du jeune prétendant, porteur des aspirations d'une France neuve, débarrassée de ses barbons et de ses vieillards précoces. C'est ce cycle d'espérance qu'il faudra un jour faire revivre pour que "le peuple le moins pharisien du monde" retrouve les chemins de son destin.
La Revue Critique .
 
Septembre 1940.

La mort de Mgr le duc de Guise a eu la simplicité et la dignité de sa vie. L'historien passionné de l'Armée française ne pouvait guère souhaiter survivre à la déroute des régiments illustres, incontestablement les plus anciens et les plus glorieux de l'Europe, à la fuite mystérieuse, incompréhensible, spectrale, des drapeaux légendaires le long de toutes les routes de France. Peut-être avait-il prévu se désastre, mais il ne pouvait pas l'attendre, il ne pouvait y conformer son coeur. Comme la plupart des princes de sa Maison, il était de formation et d'humeur libérales, modéré par goût, mais aussi par devoir d'Etat, par vocation royale, car le premier dessein de nos princes - Orléans ou Bourbon - , et on peut dire leur constante obsession depuis 1793, a été de refaire chez nous l'unanimité prodigieuse des Fêtes de la Fédération - brisée quelques mois plus tard, hélas ! -, de réconcilier les Français. "Ensemble et quand vous le voudrez, disait Henri V vers 1875 aux ouvriers parisiens, nous reprendrons le grand mouvement de 1789." Il est certain que l'expérience de nos discordes et le souvenir du mal qu'elles avaient fait à son pays devait développer chez Mgr le duc de Guise une indulgence naturelle, si dépouillée de toute amertume, qu'elle pouvait passer pour de la résignation. Mais notre déroute était le seul malheur auquel il était incapable de se résigner, et qu'il n'avait pas le droit d'absoudre. Cette catastrophe démesurée, ce drame hagard, était fait pour briser une âme haute et fière, un coeur discret, silencieux. Le vieux Prince lui a néanmoins survécu quelques semaines, comme pour témoigner ainsi qu'il ne refusait pas de le regarder en face, qu'il ne lui faisait pas baisser les yeux. Puis il est rentré dans la mort, comme dans le seul repos qu'il pût accepter sans remords.
L'un des privilèges de la monarchie est de se rajeunir d'elle-même, à chaque nouveau règne. Un futur ministre a beaucoup de chance, s'il accède au pouvoir avant la soixantaine. Si François Ier, Louis IX, Henri IV, Louis XIV avaient du patienter aussi longtemps, ils n'eussent apporté à la France qu'une expérience désabusée des hommes, de la vie, de l'amour et de la gloire. C'est à ses jeunes rois que mon pays doit d'avoir une histoire si romanesque, qu'elle faisait dire au vieux puritain Gladstone que ce n'était pas une histoire sérieuse. Une histoire que les petits garçons de notre race lisent comme un conte et qui fait rêver les petites filles, une histoire dont toute la grandeur reste toujours à la portée des coeurs d'enfant. Le peuple le moins pharisien du monde mériterait d'avoir des maîtres aussi jeunes que lui.
Il est inévitable, et même souhaitable, que les peuples se trompent parfois, car les peuples,  comme les individus, pourvu qu'ils soient de bonne race, tirent souvent merveilleusement parti de leurs fautes. Mais les fautes ne portent chance qu'aux jeunes, elles aigrissent et durcissent les vieux, qui d'ailleurs vivent rarement assez longtemps pour en subir les conséquences. Heureux les peuples et les rois assez jeunes pour faire des bêtises de jeunesse ! Les jeunes ont des passions, les vieillards des vices, et ce ne sont pas les imprudents qui perdent le monde, mais les cyniques et les avares. 
Un étranger, même s'il sait parfaitement votre histoire, peut difficilement comprendre à quel point notre monarchie est restée jeune, est restée jusqu'au bout sous le signe de la jeunesse. Certes, les institutions étaient vénérables, mais le personnel se renouvelait sans cesse. Le XIXe siècle, qui nous a donné des institutions nouvelles, en a toujours confié la garde à des barbons. J'ai écrit bien des fois, depuis vingt ans, qu'on avait livré la France aux vieillards. Leur influence était si grande, qu'elle a marqué la génération d'après-guerre, dont je parlais l'autre jour, et qui était une génération de vieillards précoces, d'adolescents raisonneurs.  Il est bien émouvant de penser aujourd'hui que, si le vieux syndic de la faillite nationale sera bientôt centenaire, l'espérance française repose sur la jeune tête de Mgr le comte de Paris. 
Georges Bernanos .
 
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3 janvier 2011 1 03 /01 /janvier /2011 13:00
La grandeur de l'homme          
au siècle de Périclès        
 
de Jacqueline de Romilly
Mis en ligne : [3-01-2011]
Domaine : Histoire
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Jacqueline de Romilly, récemment disparue, était philologue et hélléniste. Membre de l'Académie française, première femme professeur au Collège de France, elle est connue sur le plan international pour ses travaux sur la civilisation et la langue de la Grèce antique, en particulier à propos de Thucydide. Elle  a récemment publié  : Dans le Jardin des mots (LGF, août 2008), Petite leçon sur le grec ancien (LGF, 2010). 


Jacqueline de Romilly, La grandeur de l'homme au siècle de Périclès Paris, Editions de Fallois, juin 2010, 123 pages.


Présentation de l'éditeur.
A travers la lecture des grands écrivains grecs, Jacqueline de Romilly tente de nous faire mieux comprendre cette théorie de la grandeur de l'homme qui apparaît, pour la première fois peut-être, au Ve siècle avant Jésus-Christ à Athènes. Pour la première fois, les dieux n'ont plus des têtes d'oiseaux ou d'animaux, ne sont plus des faucons, des béliers, des chiens ou des vaches, ni des êtres impossibles aux attributs terrifiants, comme en Asie, ni des divinités aux mille bras, comme en Inde. Pour la première fois, ce sont tout simplement des humains. Mais cet essai ne conduit pas à un optimisme naïf. Les Grecs ne croient pas que tout va bien pour l'homme. La tragédie et l'histoire nous montrent au contraire qu'ils sont parfaitement conscients des défaites, des malheurs, des souffrances auxquelles l'humanité est exposée.
 
Recension. - L'Express, 24 juin 2010.
Jacqueline de Romilly porte un regard sur la civilisation. L'oeuvre de Jacqueline de Romilly est immense. Nul n'a su mieux qu'elle allier la connaissance érudite du monde grec et ce qu'il nous apprend, pour l'éternité, de notre humaine condition. Dans une méditation à la fois inquiète et pourtant optimiste, Jacqueline de Romilly s'attache une fois encore à exposer l'apport des Grecs à ce que l'on nomme justement après eux : la civilisation. C'est à la découverte à Athènes, au Ve siècle avant Jésus-Christ, de l'homme et de sa grandeur que nous devons ce saut décisif. S'appuyant sur son cher Thucydide, qui s'attache à penser la raison dans l'histoire, Jacqueline de Romilly montre que c'est bien à ce moment-là que l'homme s'émancipe du monde magique dans lequel il s'inscrivait jusqu'alors. De ce moment, et avant même que Protagoras ne le formule, l'homme devient la mesure de toute chose. La culture s'émancipe de la nature. L'homme est, désormais, seul et c'est la condition de sa grandeur. De cette audace ne doit pas naître, cependant, l'ubris, la folie des grandeurs. La tragédie grecque est alors là pour nous rappeler à quels malheurs les passions nous exposent. Mais "le lumineux mérite de la pensée de la Grèce est d'avoir eu le désir passionné de dominer cette situation et de se vouer à un idéal supérieur qui serait quelque chose de durable et de beau". Il faut donc lire cet admirable plaidoyer pour les humanités qui est inséparablement un acte de foi en l'humanité. D'autant que dans les dernières lignes, bouleversantes, de ce court texte, Jacqueline de Romilly nous avertit que l'âge exerce sa tyrannie et que le temps de ne plus écrire est sans doute venu. "Je ne sais, nous dit-elle, si l'on m'entendra [...] du moins aurais-je essayé et c'est comme si le dernier mot que j'écrivais était pour dire merci." 
 
Recension de Marie Goudot. - Etudes, novembre 2010.
Comment concilier le rôle écrasant des dieux dans les tragédies du ve siècle avec le sens de la grandeur de l’homme qu’a l’Athénien d’alors ? J. de Romilly dit consacrer à cette interrogation ses « dernières forces ». Des forces tou­jours vibrantes : son livre est un magni­fique plaidoyer en faveur de la pensée de la Grèce classique, de la pérennité des questions qui s’y posent. Il pourra constituer en même temps une belle introduction à l’oeuvre de Thucydide, l’écrivain qu’elle a si souvent traduit, commenté, réalisant ainsi son souhait d’être utile par-delà les siècles. Mais c’est, cette fois, dans une confrontation de ses perspectives et de celles de Sophocle. Chez l’historien de La guerre du Péloponnèse, nulle évocation du rôle des dieux mais une dénonciation des excès des hommes, des méfaits de tout impérialisme. Malgré ses héros abat­tus, la tragédie de Sophocle présente « un idéal de tolérance, de pardon ». Si éloignés au premier abord, les deux écrivains se rejoignent dans l’idée que « le sens de la grandeur est un but, une conquête » auxquels un homme digne de ce nom doit se consacrer. Une idée, un message qui concernent tous les siècles. Cette foi de la Grèce classique dans les possibilités de la raison humaine, les deux heures d’entretien de J. de Romilly avec P. Lismonde la déclinent, soulignant aussi comment elle peut aider à traverser les crises. C’est pourquoi ce « professeur dans l’âme » n’a cessé de combattre pour le maintien des études classiques. Si son livre s’achève sur un « merci » à ses lec­teurs, c’est le même mot qu’on a envie de lui adresser. Pour ses luttes, pour ses oeuvres. Pour ce livre qui, en dépit de sa cécité, ne saurait être le dernier.

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1 janvier 2011 6 01 /01 /janvier /2011 19:27

« L’imposture climatique » et l’indignation des belles âmes

 

Luc Ferry a publié dans Le Figaro du 20 octobre dernier une superbe chronique qui nous a complètement échappé. Nous la donnons intégralement ci-dessous. Ferry y défend courageusement  Allègre contre les mystificateurs du "changement climatique". Il plaide pour une écologie sérieuse, raisonnée et responsable, qui cherche à répondre aux priorités du moment - la malnutrition et l'accès à l'eau, premiers fléaux de la planète -  en ne cédant ni à  la peur, ni à l'ignorance, ni à la pression médiatique. Ce texte, plein d'intelligence, empreint de cette ironie mordante qui fait l'esprit français, doit être lu et largement diffusé. On notera qu'il s'agit d'un texte positif, offensif qui confirme la profonde  évolution qui se fait jour dans les milieux universitaires et intellectuels  vis-à-vis de l'écologie politique et de ses dérives idéologiques. En cette fin d'année 2010, voilà encore un signe encourageant du retour de l'esprit critique !

Paul Gilbert.

 

Claude Allègre, après la tempête déclenchée par son livre, L'Imposture climatique, a décidé de renouer avec des actions positives en créant une fondation pour l'écologie. Il m'a demandé d'en faire partie. J'ai accepté et, depuis lors, je suis assailli par une cohorte d'indignés qui m'incitent ardemment à ne pas m'afficher avec un homme aussi politiquement incorrect. Corinne Lepage a publié sur son blog un édito rageur qui dénonce cette connivence coupable et accuse mon propre livre, Le Nouvel Ordre écologique, d'avoir fait « perdre vingt ans » aux progrès de l'écologie politique en France. Rien que ça ! C'est me faire beaucoup d'honneur.

C'est surtout se tromper du tout au tout sur le sens de mes interventions. Loin de lui être hostiles, elles en appellent au contraire à la création d'une écologie scientifique et humaniste enfin débarrassée des oripeaux du gauchisme. Comme Allègre n'a cessé de le dire, le terme « d'imposture » ne visait dans son esprit ni les écologistes authentiques ni a fortiori les scientifiques. Il portait sur deux points - et dans les deux cas, je suis convaincu qu'il a raison. C'est donc sans le moindre état d'âme que je persiste et signe. Voici pourquoi.

En premier lieu, il me semble en effet aberrant de prétendre prédire le climat général de la planète dans un siècle, attendu que nous n'avons pas la moindre idée de l'état de l'humanité dans trente ans. Y aura-t-il eu des guerres, des progrès démocratiques ou technologiques insoupçonnés, de nouvelles sources d'énergie découvertes ou mises au point ? Nul n'en sait rien. On objectera que c'est justement pour ça qu'il faut appliquer le principe de précaution. Erreur funeste. Il faut au contraire innover, inventer, prendre des risques intellectuels et politiques comme jamais.

Pourquoi ? Mais parce que, de toute façon, nous n'avons, nous les Européens, aucun moyen ni aucun droit d'empêcher l'Inde et la Chine d'entrer, comme nous l'avons fait nous-mêmes sans vergogne, dans l'ère de la consommation de masse. Ce n'est pas en saccageant la recherche sur les OGM ni en limitant notre développement qu'on sauvera la planète, car nous ne stopperons pas le leur, mais en inventant des moyens de les aider à le conduire sans dévaster le monde. On objectera que c'est un pari risqué. Sans doute. J'affirme seulement que de là où nous sommes, c'est-à-dire en Europe, il n'en est rigoureusement aucun- autre. Il est absurde d'imaginer que, de Paris ou de Bruxelles, nous allons freiner la croissance des nouveaux entrants. Or c'est pourtant là l'essentiel du problème. Si une chose est juste dans le Grenelle cher à Jean-Louis Borloo, c'est bien celle-ci : c'est en intégrant l'écologie à l'économie, en investissant dans la recherche et l'innovation qu'on protégera l'Univers, pas en nous infligeant des taxes ni en cultivant le mythe de la décroissance.

Dans ces conditions, et telle est la seconde imposture pointée par Allègre, c'est une faute de persuader nos dirigeants que la priorité des priorités réside dans le changement climatique. Un enfant meurt de malnutrition toutes les six secondes. Cela se passe aujourd'hui, ici et maintenant, sans que nos politiques s'en émeuvent. Mais pour en rester à la seule écologie, la question démographique et celle de l'eau sont à l'évidence autrement plus urgentes que celle du climat. Pourquoi laissent-elles de marbre nos dirigeants, alors que les travaux du Giec réunissent une centaine de chefs d'État à Copenhague autour de l'avenir du protocole de Kyoto ? Face à cette logique médiatico-politique exorbitante, tous les autres sujets semblent avoir disparu comme par magie. Est-ce raisonnable ? C'est ici toute la question de la hiérarchisation des priorités en matière d'écologie qu'il faut reprendre à la racine.

Devant ces distorsions de la réalité, la question décisive est la suivante : jusqu'à quand allons-nous continuer à accepter que l'écologie soit guidée au seul radar de l'émotion médiatique ? Qu'il y ait eu, de part et d'autre, des maladresses et des excès est bien possible, et sans doute regrettable. Du reste, Claude Allègre n'en fait pas mystère : son combat pour rouvrir une discussion qui était verrouillée est maintenant derrière lui. Depuis plus de vingt ans, nous plaidons l'un comme l'autre pour une réconciliation de l'écologie, de la démocratie et de la science. Là est l'essentiel, et sur ce terrain, je vois mal à quel titre les écologistes et les scientifiques authentiques pourraient ne pas nous rejoindre.

Luc FERRY, Le Figaro du jeudi 21 octobre

 

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1 janvier 2011 6 01 /01 /janvier /2011 11:50

Hiver 2010/2011
Rousseau
et ses héritiers
 

- En 1912, par François Renié. [lire]

Les idées et les livres

- La question allemande, par Henri de la Barre de Fréville. [lire]
L'Allemagne a cessé d'être le bon élève de l'Europe. Elle a profité de la crise financière de 2008 et du désarroi des institutions communautaires pour se faire un autre visage. Celui d'un Etat sûr de son destin et qui ne veut plus transiger sur ses intérêts. "Ou l'Europe en passe par l'Allemagne, ou il n'y aura plus d'Europe", semble nous dire Mme Merkel en pleine crise de l'euro. Le torchon brûle entre Berlin et la Commission et il brûle aussi avec Paris et Londres. La nouvelle Allemagne a-t-elle réellement les moyens de ses ambitions en Europe et dans le monde ? Ou ne cherche-t-elle pas plutôt à jouer son va-tout, au moment où son déclin démographique s'amorce ? N'est-elle pas en celà plus dangereuse pour nous ?

- Rousseau et ses héritiers, par Vincent Maire. [lire]
Avec le succès de l'écologie politique, on assiste au retour en grâce des idéologies naturistes, que le marxisme avait cru supplanter. Rousseau revient à la mode et, avec lui, une certaine vision du monde, méfiante vis-à-vis de l'histoire, de l'idée de civilisation et qui évacue rapidement la question du travail. Des philosophes et des penseurs, à droite comme à gauche, commencent à s'élever contre ce qu'ils considèrent comme une régression intellectuelle. Quelle place tient le "rousseauisme" dans la pensée des écologistes et de la fraction de la social-démocratie qu'ils influencent de plus en plus ? Comment d'autres courants de pensée - socialisme français, fédéralisme, traditionalisme - peuvent-ils servir d'antidote à cette nouvelle et envahissante doxa ?

- Nouveaux visages de la laïcité, par Antoine de Pascal. [lire]
La laïcité, qui faisait partie du magasin d'accessoires de la République, renait de ces cendres. L'extrême droite et une partie de la droite cherchent à en faire un instrument de combat contre l'islam et contre l'immigration nord-africaine. D'autres, à gauche, veulent profiter de l'islamophobie ambiante pour lancer une nouvelle croisade contre les religions, et c'est d'abord le catholicisme, qu'on cherche à atteindre. Sans compter ceux qui cherchent à importer par ce biais en France la querelle du Proche-Orient. Dérives dangereuses.

- Triomphe de Molière, par Eugène Charles. [lire]
Molière est une sorte d'énigme française. Il traverse le temps sans prendre de rides et chaque époque cherche à lui donner le beau rôle. Le XIXe siècle a fait de lui le sympathique représentant du bon sens bourgeois face aux excès de son temps. Le XXe siècle l'a peint sous les traits d'un contestataire avant la lettre. On découvre aujourd'hui qu'il était - tout comme La Fontaine - un homme de la "civilisation mondaine", à l'aise avec son époque et avec ses contemporains. La leçon de Molière est moins morale que politique. Elle cherche à préserver un certain art de vivre.

- Vaudeville chez Sherlock Holmes, un conte de Jean Giraudoux. [lire]
Jean Giraudoux ne fut pas seulement un homme de théâtre doublé d’un romancier hors pair. A partir de vingt ans, il écrit des nouvelles. Au retour d’un premier séjour en Amérique, il fait son entrée au Matin, un des gros tirages de la presse parisienne, où on lui demande de renouveler la rubrique des « contes du matin ». On y découvre un Giraudoux plein d’humour et de vie, farceur, presque potache, qui n’hésite pas à pasticher les classiques. Le conte que nous donnons ci-dessous illustre l’aplomb, voire l’effronterie avec lequel notre apprenti romancier traitait ses histoires. Il y est question de Sherlock Holmes, mais d’un Sherlock Holmes de comédie, qui est ici sa propre dupe.

- Le jardin français, poèmes de J. M. Bernard, T. Corbière, G. Fourest. [lire]

Chroniques

- Notes politiques, par Hubert de Marans. [lire]
Docteur Strauss et mister Kahn. - Malaise à la CGT. - L'Hôtel de la Marine.

- Chronique internationale, par Jacques Darence. [lire]
Sur le front de l'euro. - Censeurs et pyromanes. - Benghazi.

- La vie littéraire, par Eugène Charles. [lire]
Stendhal. - Albert Vidalie. - Jacques Réda. - Jean-Claude Pirotte.

- Idées et histoire, par François Renié. [lire]
Régis Debray, avec et sans frontières.

- Revue des revues, par Paul Gilbert. [lire]
Myopies démocratiques. - Pierre Manent. - Gide et Maurras. 

- Les livres, par Paul Gilbert, Eugène Charles, François Renié. [lire]
Mainstream (Frédéric Martel). - La nouvelle idéologie française (Béatrice Durand). - Alexandre Soljénitsyne (Lioudmila Saraskina). - La séparation des races (Charles-Ferdinand Ramuz).- Louis-Philippe (Arnaud Teyssier). - La grandeur de l'homme au siècle de Périclès (Jacqueline de Romilly). - Petite sélection stendhalienne. - Livres reçus.

 

Accès à la revue

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1 janvier 2011 6 01 /01 /janvier /2011 11:37
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1711-2011 : hommage à Nicolas Boileau
 

L'équipe de la Revue Critique des idées et des livres présente à Mgr le Comte de Paris, à la Maison de France, à ses lecteurs et à tous ses amis ses voeux de bonheur et de prospérité pour l'année 2011.

 

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31 décembre 2010 5 31 /12 /décembre /2010 00:59

 

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La Revue critique vous souhaite
une belle année 2011

 

 

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30 décembre 2010 4 30 /12 /décembre /2010 23:00
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2011 : troisième centenaire

de la mort de Nicolas Boileau

 

La rédaction de la Revue Critique des idées et des livres présente à Mgr le Comte de Paris, à la Maison de France, à ses lecteurs et amis tous ses voeux de bonheur et de prospérité pour l'année 2011.


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30 décembre 2010 4 30 /12 /décembre /2010 12:07

Vérités socialistes

 

La vérité est-elle en train de devenir une idée neuve à gauche ? On pourrait le penser à la lecture des programmes que nous mitonnent les candidats aux primaires du PS. Vrai, il faut « parler vrai », nous disent-ils en chœur. Seule la vérité paye, n’essayons plus d’embobiner les Français avec des promesses, ca ne marche plus, cherchons au contraire à leur tenir un langage de vérité, ca dérange au départ, mais ca peut rapporter gros à l’arrivée… La sincérité, voilà donc le nouveau fonds de commerce des socialistes. Il a le mérite d’être simple, de bon goût, accessible à tous et surtout… de ne plus avoir à s’encombrer de promesses qu’on ne saura pas tenir. Car, bien entendu, pour nos éléphants roses, parler vrai, c’est d’abord chercher à nous convaincre qu’en dehors de la mondialisation régulée, rien – ou presque rien – n’est possible.

Chacun accommodera par la suite cette exigence de vérité à ses discours, sa conscience ou son génie propre, s’il en a.

Pour  M. Strauss-Kahn,  par exemple, cela ne fait aucun doute : « la gauche doit dire la vérité ». Invité de France Inter le 16 novembre dernier, le directeur général du FMI n’a pas eu de mots assez durs pour les hommes politiques et les gouvernements qui se laissent aller à faire des promesses alors que les marchés n’en tiendront aucune. Regardez la Grèce, nous suggère Dominique, les socialistes viennent de s’y faire réélire alors qu’ils ne promettent que du sang et des larmes. Voilà la nouvelle gouvernance mondiale qui se prépare – et dont il se déclare lui-même l’inventeur : des gouvernements de progrès à la manœuvre, « une gauche qui fait bouger le monde ». Et puis une droite qui ramasse la mise, une fois le sale boulot fait. Mais là, c’est nous qui rajoutons.

Pour M. Fabius aussi, la vérité est la seule voie possible vers le socialisme. A condition, naturellement, qu’elle soit à géométrie variable et qu’on puisse s’affranchir très vite des vérités périmées. C’est sans doute ce sens aigu de la vérité qui l'a conduit à faire adopter en novembre dernier par le PS une plateforme de politique étrangère ultra européiste, alors qu’il fut il y a cinq ans le chef de file des « nonistes ». C’est le même esprit de loyauté vis-à-vis de lui-même qui lui a récemment fait dire qu’en cas de victoire de la gauche la France ne sortirait évidemment pas du commandement intégré de l’OTAN [1], alors qu’il fut parmi les premiers à critiquer – et avec quelle véhémence – les lâchetés et les accommodements sarkozistes vis-à-vis de l’Amérique. Comme il n’a plus de perspective présidentielle, on dirait que M. Fabius s’est donné comme objectif de dégouter à jamais les Français de voter à gauche. Il y parvient assez bien.

Au jeu de la vérité, celle qui réussit tout de même le mieux, c’est Mme Aubry. Elle n’y a pas beaucoup de mérite puisqu’elle est tombée dedans lorsqu’elle était petite. Son père, en bon démo-chrétien, ne lui a-t-il pas appris qu’il fallait toujours dire la vérité ? C’est ce à quoi elle s’emploie depuis qu’elle est à la tête du PS. Vis-à-vis des chefs d’entreprises et des « forces vives économiques », en les rassurant sur le fait que le retour des socialistes au pouvoir ne changera à peu près rien pour eux, et qu’on pourra même revoir s’il le faut à la marge les 35 heures. Vis-à-vis du prolétariat urbain et rural, en lui promettant qu’à défaut d’ascenseur social, on ouvrira tout grand le dispensaire social, ce fameux « care » qui, dans la novlangue socialiste, s’assimile à une sorte de soupe populaire élargie aux choses de l’esprit. Quant aux militants et sympathisants, ils auront droit eux aussi à leur part de vérité avec les primaires, ce processus démocratique, transparent et ouvert, où aucun accord saumâtre entre tel et tel gros éléphant et contre tel(le) autre ne viendra troubler la partie. C’est promis !

Et puisque au PS, comme disait Zola, « la vérité est en marche », certains se demandent si le temps n'est pas venu de dire vraiment ce que l'on pense. C'est le cas de François Hollande.  On connaissait ses talents d’apparatchik et d’avaleur de couleuvres, mitterrandiennes ou jospiniennes. On connaissait aussi sa capacité à métamorphoser le « parti de la transformation sociale » en un gros ramassis d’élus radicaux-socialistes en mal de banquets républicains. On connaissait moins ses qualités de penseur. Le mal est réparé avec le petit manifeste qu’il vient de publier sous un titre alléchant, « Parlons de la France ». On sautera  rapidement les chapitres sur l’économie et le social, pleins d’idées plates et de pensées molles, pour en arriver à la politique internationale et à la défense. Là notre François se « lâche » et il s’ébroue. S’agissant du nucléaire, fini d’apparaître comme les « mauvais joueurs », il faut s’engager résolument dans le désarmement, quitte à être les dupes des jeux des autres grandes puissances. Pour les armes conventionnelles, puisque nous n’avons plus les moyens de notre indépendance, allons-y à fond dans la coopération avec les autres. Et pourquoi ne pas fusionner (oui, oui, vous lisez bien fusionner) nos forces terrestres avec celles de l’Allemagne ! Cette Allemagne, à qui le PS, dans sa plateforme de politique étrangère, offrirait bien un siège de membre permanent du Conseil de sécurité des Nations unies! Désarmement nucléaire, intégration confirmée dans l’OTAN, retour au projet de Communauté européenne de défense, abaissement vis-à-vis de l’Allemagne… Voilà donc le rêve international des « hollandais » mis au clair : le retour à la IVe République, l’enterrement définitif du gaullisme, une France des grands discours, impuissante, rapidement inutile. Gageons, hélas, que c’est le rêve inavoué de beaucoup de socialistes.

Reste Ségolène. Sa déclaration de candidature a surpris sur la forme. Elle a promis de nous étonner sur le fond. Si c’est en se démarquant des « vérités » désespérantes ou malodorantes de ses camarades, elle sera la bienvenue. Chez les socialistes aussi, après tout, l’espérance pourrait être royale.

Hubert de Marans.



[1]. Devant l’Association de la Presse Internationale, à l’occasion de la présentation de la plateforme internationale du PS dont il a supervisé la rédaction, M. Fabius a confirmé, qu’en cas de victoire de la gauche, la France resterait dans le commandement intégré de l’OTAN (Source Marianne du 4 décembre 2010).


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26 décembre 2010 7 26 /12 /décembre /2010 23:00
Parlez moi de la France           
 
de Michel Winock
Mis en ligne : [27-12-2010]
Domaine :  Idées  
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Michel Winock, né en 1937, est historien. Il enseigne l'histoire contemporaine à l'Institut d'Etudes Politiques de Paris et est l'auteur de nombreux ouvrages sur la République, le nationalisme et l'histoire des idées. Il a récemment publié Clémenceau (Perrin, 2007), 1958, La naissance de la Ve République (Gallimard, 2008), L'Élection présidentielle en France, (Perrin, 2008), Le XXe siècle idéologique et politique (Perrin, 2009), Madame de Staël, (Fayard, 2010).


Michel Winock, Parlez-moi de la France. Paris, Perrin, octobre 2010, 347 pages.


Présentation de l'éditeur.
"Personne n'est plus convaincu que moi que la France est multiple", disait de Gaulle. Comment alors la décrire, pour la faire connaître et aimer ? " Les contradictions dont les siècles l'ont pétrie intimident le portraitiste, écrit Michel Winock. La France ne cesse d'être double, royaliste et républicaine, catholique et incrédule, parisienne et provinciale, hospitalière et xénophobe, classique et romantique, ancienne et moderne, on n'en finit pas de décliner l'interminable dualité d'un pays où tout et le contraire de tout paraît s'y être fait naturaliser. " Pourtant, à l'heure où l'Europe inquiète et où la mondialisation menace, les Français entendent bien demeurer cette vieille nation fière d'elle-même. Mais la France en a-t-elle encore les moyens ? II importe d'abord, pour en juger, de bien la connaître. Personne n'était mieux placé que Michel Winock pour en donner les clés. Voici donc sa France, qui est la nôtre.


Article de Thomas Wieder. Le Monde, 11 décembre 2010.
Paradoxes hexagonaux. Que tous ceux qui considèrent la France comme une sorte de "substance platonicienne" dotée d'une identité éternelle et immuable se plongent dans ce livre ! Avec la clarté qu'on lui connaît, Michel Winock y brosse un salutaire "portrait historique" qui se lit comme une réponse aux essentialistes de toutes obédiences. Son postulat est le suivant : "La notion d'identité nationale est mouvante, tributaire des événements qui se succèdent et des transformations en profondeur moins visibles qui modifient nos façons de voir et de juger."Paru en 1995, mais actualisé et augmenté des articles que l'auteur a publiés sur le blog qu'il a tenu sur le site du mensuel L'Histoire de décembre 2009 à mars 2010, cet essai ne renonce pas à faire la généalogie de quelques "passions" bien françaises. Celle, par exemple, de la révolution, scène fondatrice d'où découleraient "l'insuffisance de notre culture réformiste" et notre persistante "inaptitude à la négociation". Passion, aussi, de la propriété, "penchant séculaire" que l'historien fait remonter à l'Ancien Régime et qui expliquerait l'étonnant "poids des conservatismes au pays des révolutions". Autre passion, ce pessimisme "endémique" issu de la débâcle de 1940 et qui se traduirait par un "sentiment sous-jacent de dégradation nationale", dont l'auteur emprunte la définition à l'historien Pierre Nora : "La France se sait un futur, mais elle ne se voit pas d'avenir." Structurantes, ces passions n'en évoluent pas moins avec le temps. Exemple : la France reste marquée par son passé de "fille aînée de l'Eglise", mais cette fille est devenue une "fille perdue" - le pays où "le trône et l'autel" ont formé un couple si solide étant aussi celui qui a fait de la laïcité l'une de ses valeurs cardinales. Ces héritages pluriels font des Français les champions du paradoxe. Leur culte de l'égalité, ainsi, ne les a jamais vaccinés contre un "idéal plus ou moins aristocratique" : pour ces éternels "bourgeois gentilshommes", note l'historien, l'"esprit de caste" n'a jamais été soluble dans les institutions démocratiques. Autre paradoxe : ce pays qui a fait de la lutte le moteur de son histoire, et qui n'a pas son pareil pour changer de régime et récrire ses Constitutions, est aussi celui où le rêve d'unité est la chose du monde la mieux partagée. L'historien le résume ainsi : "Les gaullistes ont rêvé d'une nation unifiée par sa propre grandeur. Les communistes ont rêvé de voir un jour la société sans classes. Les catholiques ont eu la nostalgie d'une chrétienté où les enfants de Dieu chantent au diapason. Les nationalistes ont rêvé d'une société qui marche au pas au son de la musique militaire." Cultures politiques antagonistes, héritages contradictoires et horizons inconciliables : l'"arbre généalogique collectif" que dessine ici Michel Winock a des racines singulièrement ramifiées. Une telle complexité explique sans doute pourquoi toute tentative visant à définir "une" identité nationale est par avance vouée à l'échec. A moins de définir celle-ci par la négative, autrement dit par l'impossibilité, selon l'expression de l'historien, de "chercher une "essence" de la francité".
 
 Autre critique à signaler :  Bruno Modica. Les Clionautes. - 24 octobre 2010
 
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26 décembre 2010 7 26 /12 /décembre /2010 20:55
Robert de La Vaissière
(1880-1937)
 

Robert de La Vaissière est né le 20 mars 1880 à Aurillac. Il prépare Saint-Cyr sans succès puis étudie les lettres à Bordeaux. Ayant dilapidé l'héritage familial, il devient répétiteur au lycée d'Agen où il rencontre Francis Carco qui occupe le même poste, et l'élève Philippe Huc, qui n'est pas encore le poète Tristan Derème. Il commence à collaborer à nombre de petites revues comme Les Facettes, Les Ecrits français, L'Ile sonnante ou La Rose rouge. Dès 1906, il se cache sous le pseudonyme de Claudien emrunté au poète latin pour écrire de courts poèmes en prose. En 1911, il s'installe à Paris et mène une vie de noctambule qui transparaît dans son oeuvre. Proche du groupe fantaisiste, il exerçe aussi une importante activité de critique littéraire (à l'Europe Nouvelle et aux Nouvelles littéraires) et devient pendant la guerre lecteur chez Albin Michel. En 1923, il publie une Anthologie de la poésie du XXe siècle qui reste encore aujourd'hui un ouvrage de référence. Il contribue également à faire connaître L'Atlantide de Pierre Benoit. Il meurt à Paris le 14 octobre 1937 renversé par un camion près de son domicile.

Discret, mystérieux, La Vaissière resta longtemps dans l'ombre. Dans ses deux oeuvres poétiques Labyrinthes (1925) et Dérélicts (1934), on est surpris, nous dit Robert Sabatier " par l'originalité et la qualité de sa prose, dans le premier livre souvent déconcertante avec un lointain parfum rimbaldien, dans le second plus directement abordable et dans un climat de haute solitude trahissant le tourment d'un homme convaincu que son domaine ne peut être celui de la terre, où il est pourtant condamné à vivre."
 
Labyrinthes (Messein, 1925). - Dérélicts (Imprimerie Wolf, 1933). 
Bibliographie : Henri Clouard, Histoire de la littérature française, du symbolisme à nos jours (Albin Michel, 1947). – Robert Sabatier, Histoire de la poésie française, la poésie du XXe siècle (Albin Michel, 1982).
 
 
Prose pour Giulia Belcredi
 
« A ce bal où je rencontrai la Ondédei, elle portait une toilette de satin bleu qui moulait son grand corps d'Italienne, et sous mon regard qui, entre les splendeurs électriques, la créa, toutes les richesses du soleil et de la. mer s'accumulèrent. Les feux, les pierres et les coquillages avaient livré leur âme pour la vie de sa chevelure, de ses yeux et de sa chair, et, d'être un pareil démon, elle élevait sa force et sa grâce, accoudée en cette salle de fêtes.
« Je compris qu'elle ne parlât point, car sa démarche exprimait seule sa musique. Sur le parquet brillant elle vécut tout une nuit entre les groupes de masques et de gentilshommes, et les cristaux des lustres déversèrent sur ses épaules les inaccessibles lumières de toute une nuit.
« Au matin encore elle était appuyée à la balustrade et je ne pus rêver près d'elle qu'aux courbes des golfes, aux richesses du soleil et de la mer, aux feux, aux pierres et aux coquillages.»
 
     
  Robert de La Vaissière, 1880-1937. Labyrinthes (1925).  
 
 

fontaine

 
 
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