L'héritage de Renan | IDEES La nation, la religion, l'avenir. Sur les traces d'Ernest Renan. François Hartog. Gallimard. Mars 2017. 156 pages. |
La Revue Critique des idées et des livres |
"Ce n’est pas seulement pour vivre ensemble, mais pour bien vivre ensemble qu’on forme un État." aristote |
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L'héritage de Renan | IDEES La nation, la religion, l'avenir. Sur les traces d'Ernest Renan. François Hartog. Gallimard. Mars 2017. 156 pages. |
regrets | ||
D'avoir trop aimé ma maîtresse Qui ne m'as jamais bien compris J'ai beaucoup souffert et j'ai pris Une haine obscure des caresses D'avoir trop aimé ma maîtresse Et son cœur que je n'ai compris J'en ai méprisé mon esprit Et mon amour et ma jeunesse... ... Comme le temps est passé Notre amour est trépassé Tout est bien... tu m'as quitté En emportant tes caresses Ah qu'aurions-nous fait l'été Dans les mois où l'églantier Jette au cœur des bonds d'ivresse Toi de ta jeune beauté Moi de ma vieille jeunesse. | ||
françois bernouard (1884-1948). Les Regrets à Futile. (1912). |
fin | ||
Posséder dans son lit, longtemps, même maîtresse Me semble un peu pareil à demeurer toujours Dans le même logis. L’esprit prend chaque jour, Au refrain de sa voix un regain de tristesse. Les tableaux sont au mur ; on en a l’habitude Et on ne les voit plus. Les bibelots rangés N’évoquent plus d’envie aux regards étrangers, Et cette vie à deux semble une solitude ! On s’aime en vieux amis qui veulent bien se rendre Un service futile avant de s’endormir. On parle d’une fin mais sans oser agir, Et chaque soir on sent la vieillesse descendre. | ||
françois bernouard (1884-1948). Revue « Schéhérazade ». (décembre 1909). |
la bohémienne | ||
Vielle et laide et bavarde et prétentieuse aussi Elle farde sa bouche afin d’être encore belle Et recherche le vierge adolescent transi Pour mettre en ses pensers l’espérance éternelle. Assise sur la borne à chaque coin de rue, D’une voix contrefaite elle dit le passé Et lorsqu’elle entrevoit la jeunesse accourue Pour boire à sa parole un espoir dépassé, Elle charge ses ans de la gloire infinie Des grecs et des romains et de cent peuples morts, Qui vécurent, amants, de son triste génie Voyant dans leurs espoirs la beauté de son corps. Et cette bohémienne affectueuse et nue Qui tour à tour inspire à la gloire, à l’amour ; Qui montre des tarots où l’on croit voir ses jours Et fit boire à Socrate une infâme cigüe. Ah ! quand tu verras jeune homme, en ta jeunesse, En ton désir fleuri d’un rêve adolescent Fuis son regard trompeur, méprise sa tendresse ; La Vérité est vieille et la Vérité ment. | ||
françois bernouard (1884-1948). Revue « Schéhérazade ». (mars 1911). |
L'Amérique et notre avenir | IDEES Civilisation. Comment nous sommes devenus américains. Régis Debray. Gallimard. Mai 2017. 240 pages. |
les vieux nids | ||
Au printemps, lorsque les oiseaux, A l'ombre des feuilles nouvelles, Le long des bois, aux bords des eaux, Couvent leurs amours sous leurs ailes, Si par hasard vous découvrez, Reliques des saisons dernières, Solitaires et délabrés, Quelques vieux nids dans les bruyères, Ayez pitié de ces vieux nids Qu'afflige un printemps égoïste, Et qui de leurs bonheurs finis Gardent comme un souvenir triste. Songez aux toits inhabités, A la masure démolie, Aux berceaux, aux cœurs dévastés, Aux vieilles choses qu'on oublie. Mais surtout ne les brisez pas, Ces vieux nids qu'en vos rêveries Vous découvrirez sous vos pas, Parmi les bruyères fleuries. Car, au retour des mauvais mois, Quand la neige, emplissant les haies Et s'entassant au front des bois, A recouvert toutes les baies, Las d'avoir faim, las de souffrir, Plus d'un petit oiseau, peut-être, Les soirs d'hiver, revient mourir Dans le vieux nid qui l'a vu naître. | ||
louis mercier (1870-1951). L'Enchantée. (1897). |
un soir de grand hiver | ||
Un soir de grand hiver. La neige emplit la nuit Et sa sourde blancheur rend l'ombre plus étrange. Il neige dans la cour, il neige sur la grange, Et sur l'étable, et dans la mare et sur le puits. Tout ce que la maison peut découvrir du monde, Les champs des siens et ceux des autres, les hameaux Et les bourgs éloignés qu'on voit lorsqu'il fait beau, Tout appartient ce soir à la neige profonde. On dirait qu'elle tombe ainsi depuis des ans, Et qu'elle tombera durant toute la vie ; Il semble qu'à jamais la terre est endormie Et qu'on ne reverra jamais plus le printemps. Mais, pendant que la neige innombrable accumule Du froid et du silence autour de la maison, Et que ses flocons fous meurent dans les tisons, Le feu, paisible et fort, au cœur de l'âtre brûle; Le feu divin, source de joie et de clarté, Fils du soleil qui dort dans les arbres antiques, Rayonne, et sa lueur joyeuse et prophétique Annonce la splendeur prochaine de l'été, Et soudain, du réduit obscur dont il est l'hôte, Sentant un lumineux bien-être l'envahir, Un grillon se réveille et chante au souvenir Du chaud parfum des prés quand les herbes sont hautes. | ||
louis mercier (1870-1951). Le Poème de la maison. (1910). |
offrande d'une rose | ||
Pour bien dire ton los, glorieux Vendômois, Plutôt que de tenter, d'un doigt lourd, sur la lyre Un chant dont Apollon et toi vous pourriez rire, Que j'aimerais mieux être un jardinier françois, Maître en son art, habile à seconder les lois Des subtiles amours où les fleurs se désirent ! Lors, m’unissant à ceux que tes grandeurs inspirent Et qui vont t'acclamant du luth et de la voix, Je saurais inventer une rose nouvelle, Mignonne, veloutée et purpurine, telle Qu'elle égale en parfum, en charme, en volupté, Les lèvres de Cassandre et les lèvres d'Hélène ; Par elle avec honneur ton nom serait porté Et des roses, Ronsard, ta rose serait reine. | ||
louis mercier (1870-1951). Revue « La Muse française ». (juillet 1924). |
L'héritage de la deuxième Rome |
| HISTOIRE Pourquoi Byzance ? Un empire de onze siècles. Michel Kaplan. Gallimard. Avril 2016. 496 pages. |
Eté 2017 Le temps du mépris | ||
- Le paraître et le néant, par François Renié. [lire]
Les idées et les livres
- Le retour de la CED, par Hubert de Marans. [lire]
- Barrès et la France, par Paul Gilbert. [lire]
- Le temps du mépris, textes présentés par Hubert de Marans. [lire]
- De Gaulle avec et sans Napoléon, par Jacques Darence. [lire]
- Le centenaire de Rodin, par Sainte Colombe. [lire]
- Les aventures du major Brown, une nouvelle de J. K. Chesterton. [lire]
- Le jardin français, poèmes de L. Mercier, F. Bernouard, Pourtal de Ladevèze. [lire]
Chroniques
- Notes politiques, par Hubert de Marans.
Les nouveaux godillots. - Les affaires reprennent. - Impasses souverainistes. - Le député Mélenchon.
- Chronique internationale, par Jacques Darence.
Trump sous tutelle. - Le Brexit continue - Tensions dans le golfe.
- Chronique sociale, par Henri Valois.
Promesses guyanaises. - Loi Travail. - Divisions syndicales. - Reconversions industrielles.
- La vie littéraire, par Eugène Charles.
Duteurtre. - La Rochefoucauld. - Leroy. - Mohrt. - Monfreid. - Quignard.
- Idées et histoire, par Pierre Gilbert et Jacques Darence.
Debray. - Weil. - Spengler. - Bergson. - Leroy-Ladurie. - Bloy. - Catulle.
- Notes d'Art, par Sainte Colombe et Louis du Fresnois.
Cézanne. - Pissaro. - Venise. - Brecht.
- Revue des revues, par Paul Gilbert.
Démocratie. - Ve République. - Populisme. - Allemagne. - Valéry. - Croisades.
- Les livres, par Paul Gilbert, Eugène Charles, François Renié.
Histoire des droites en France. (Gilles Richard). - La Nation, la religion, l'avenir. Sur les traces de Renan. (François Hartog). - Maintenant. (Comité invisible). - Souveraineté, nation, religion. (Bernard Bourdin et Jacques Sapir). - Quatre-vingt-quinze. (Louis Chavanette). - Les Monarchies à l'époque moderne. (Yves-Marie Bercé). - Ecrivains et artistes. (Léon Daudet). - Saint-François d'Assise. (G.K Chesterton). - Petite sélection stendhalienne. - Livres reçus.
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été | ||
Un vol d'abeilles tourne au-dessus des rosiers Où la lumière matinale glisse et joue. Une enfant passe avec du soleil sur la joue, Dans la ronde des buis autour des balisiers. Sur la crête du mur parmi les groseilliers Un paon dresse son col turquoise et fait la roue ; Le peuple d'animaux de la ferme s'ébroue Et l'on entend les coqs chanter à pleins gosiers. La chaleur se répand comme une onde muette A travers les halliers et les jardins en fête ; L'arbre vibre de joie et danse en ses rameaux. O saison du soleil dont les âmes sont pleines, Tu traverses les champs, les forêts, et les eaux, Comme un grand oiseau d'or qui vole sur les plaines. | ||
frédéric saisset (1873-1907). Revue Poésie. (1928). |
airs du pays | ||
Lo Pardal s'est couché sur l'oranger, mignonne, Et l'air du soir fraîchit sur les montagnes d'or ; Le Canigou neigeux dans du soleil s'endort, N'est-ce pas ton amour qui se penche et se donne ? La Bèpe à la rivière agite l'eau sonore, Frappant de son battoir expert son tablier... Si longtemps qu'elle va sûrement oublier Qu'on l'attend, pauvre Bèpe, et qu'on la cherche encore. Mais voici Jean del Riu, le vigilant garçon Qui va, faisant danser, de village en village, Jeunes filles et jouvenceaux sur son passage, Ce brave Jean del Riu, avec son violon !... Et c'est, là-bas, un groupe où la flûte module, Au son de la guitare, un air lent et rythmé Où notre Roussillon natal s'est enfermé... Goigs dels ous, chant du nostalgique crépuscule. Mais L’Hortolana cueille au jardin des fruits verts. Ventura de la mort de son âme soupire... Pour le quadrille !... en place! ô couples en délire ! C'est tout le Roussillon qui passe dans ces airs ! | ||
frédéric saisset (1873-1907). Paysages de l'âme. (1912). |
les filles de la ferme | ||
Les Filles de la ferme, au sourire d'enfant, Qui cueillent tout le jour le raisin d'or des vignes, Ont des gestes naïfs et doux comme des cygnes Et des yeux où l'amour s'étale, triomphant. Elles rentrent le soir sous l'ombre des prairies Où leurs rires joyeux s'échappent en essaims. Un parfum jeune et chaud s'exhale de leurs seins. Leurs lèvres ont le goût des campagnes fleuries. Elles chantent. L’air clair qui caresse leur chair De sonores baisers les berce et les enivre ; Elles chantent la joie et la fierté de vivre, Et leurs rires ailés s'envolent dans l'air clair. Le Soir semble écouter, grave, au fond de la plaine, Le rythme paresseux de leurs folles chansons. Leur candeur fait rêver les oiseaux des buissons. Le ciel, plus doux, semble ridé de leur haleine. Elles chantent en chœur, et les sources des bois N'ont pas de sons plus purs que leur fraîche musique ; Et la Nuit à pas noirs, descend, mélancolique, Sur les rires derniers et les dernières voix. | ||
frédéric saisset (1873-1907). Les Soirs d'ombre et d'or. (1898). |
La démocratie loin du réel | IDEES Malaise dans la démocratie. Jean-Pierre Le Goff. Stock. Février 2016. 272 pages. |
ton cœur est fatigué des voyages | ||
Ton cœur est fatigué des voyages ? Tu cherches Pour asile un toit bas et de chaume couvert, Un verger frais baigné d’un crépuscule vert Où du linge gonflé de vent pende à des perches ? Alors ne va pas plus avant : Voici l’enclos. Cette porte d’osier qui repousse des feuilles, Ouvre-la, s’il est vrai, poète, que tu veuilles Connaître après l’amer chemin, le doux repos. Arrête-toi devant l’étable obscure. Ecoute. L’agneau bêle, le bœuf mugit et l’âne brait. Approche du cellier humide où, bruit secret, Le laitage à travers les éclisses s’égoutte. C’est le soir. La maison rêve ; regarde-la, Vois le feu qu’on y fait à l’heure accoutumée Se trahir dans l’azur par une humble fumée. Mais tu cherchais la paix de l’âme ? Entre : Elle est là. | ||
charles guérin (1873-1907). Le Semeur de cendres. (1901). |
soir de juin | ||
Il a plu. Soir de juin. Ecoute, Par la fenêtre large ouverte, Tomber le reste de l’averse De feuille en feuille, goutte à goutte. C’est l’heure choisie entre toutes Où flotte à travers la campagne L’odeur de vanille qu’exhale La poussière humide des routes. L’hirondelle joyeuse jase. Le soleil déclinant se croise Avec la nuit sur les collines ; Et son mourant sourire essuie Sur la chair pâle des glycines Les cheveux d’argent de la pluie. | ||
charles guérin (1873-1907). Le Coeur solitaire. (1898). |
la nuit | ||
La nuit répand sur le village Son ombre et sa tranquillité ; L'Ame inquiète du feuillage Soupire aux souffles de l'été. En face du jour qui s'achève Des groupes sombres sont assis, Pleins d'un impénétrable rêve, Au fond des porches obscurcis. Un chariot crie. Une fille Retire sous l'arche d'un pont Son seau clair où l'eau noire oscille. Des bœufs chargés d'herbe s'en vont. Il sort une tiède buée De l'étable où les bêtes font Leur bruit de paille remuée. Une fumée au ciel se fond. C'est l'heure grise des veillées ; Le vent limpide emporte au loin, Hors des granges entrebâillées, L'enivrant arome du foin, Et ramène des hameaux proches Le grand bourdonnement d'amour Que lui jette l'essaim des cloches Par ses ruches de pierre à jour. | ||
charles guérin (1873-1907). Le Semeur de cendres. (1901). |
Les idées neuves du socialisme | IDEES Notre ennemi, le capital. Jean-Claude Michéa. Climats. Janvier 2017. 320 pages. |
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Revue trimestrielle
N°1 - 2009/01 |
Présentation
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