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29 juin 2013 6 29 /06 /juin /2013 23:00
 
 
les deux styles
 
 
 
Devant le parc anglais, plein d'ombre romantique,
Qui, même aux plus beaux jours, porte un deuil automnal,
Je ferai dessiner, ainsi qu'au temps royal,
Un parterre français, orné d'un marbre antique.

Tout le jour, aux détours du parc mélancolique,
J'errerrai, promeneur sombre et sentimental;
Et je serai, le soir, si lassé de mon mal
Que la Mort tentera mon âme chimérique.

Mais alors, retirant mes pas au jardin clos,
J'apaiserai mon sein, tout chargé de sanglots,
Près du dieu grec, devant la charmille française.

En sorte que mon coeur, épris d'un double amour,
Aura, sans nul dommage, accueilli tour à tour,
La raison la plus fière et le plus beau malaise.
 
 
 
Gustave Valmont (1881-1914). L'Aile de l'amour (1911).
 
 
je voudrais...
 
 
 
Je voudrais, comme se précise
La forme des monts au grand jour,
Voir s'éclairer votre âme exquise
Aux larges flammes de l'amour.

Je saurais alors le mystère
Que cache votre corps tremblant,
Et je saurais ce que veut taire
Votre cœur timide et dolent.

Mais pourrais-je, réelle amante,
Vous aimer plus profondément
Que je n'aime l'ombre charmante
Que je berce si doucement ?

Pour que votre baiser m'enlève
Toute peine et toute rancœur,
Il vous faudrait combler un rêve
Que ne conçoit pas votre cœur...

Aimons notre imparfait délice !
Et s'il faut quand même souffrir,
Savourons jusqu'à ce supplice
De trembler au bord du désir...
 
 
 
Gustave Valmont (1881-1914). L'Aile de l'amour (1911).
 
 
le piege
 
 
 
Vous choisîtes, un peu soucieuse, une allée
Qui dormait près d'une eau de branchages voilée...
Attentif et rêveur, je marchais près de vous,
Mesurant mon pas grave à votre pas si doux...
Derrière nous, avec des plaintes saisissantes,
L'Été vieilli pleurait ses grâces finissantes.
Un cygne au bord des eaux naviguait mollement.
Et parfois je croyais sentir, frisson charmant,
Un autre cygne blanc me frôler au passage
Quand le vent me poussait vos voiles au visage.
 
 
 
Gustave Valmont (1881-1914). L'Aile de l'amour (1911).
 
 
colombe-copie-1.jpg
 
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23 juin 2013 7 23 /06 /juin /2013 08:59
Actualité de
Montherlant
 
 
 
 

 

LETTRES
Montherlant
ou l'indignation
tragique.
Philippe de
Saint Robert.
Hermann.
Novembre 2012.
257 pages.
 

 
Philippe de Saint Robert, né en 1934, est écrivain et journaliste. Gaulliste intransigeant, défenseur farouche de la langue française et de la francophonie, il est l'auteur d'un grand nombre de chroniques politiques ou littéraires (dans Combat, Notre République, La Nation française, Le Quotidien de Paris, Le Figaro...). Il a récemment publié :  Ecrire n'est pas jouer (Hermann, 2009), Juin 40 ou les paradoxes de l'honneur (CNRS Ed., 2010)
    
Présentation de l'éditeur.
Montherlant s'est donné la mort il y a 40 ans, en septembre 1972. On pourrait le présenter aujourd'hui comme un avant-gardiste des "indignés" de notre époque, lui qui écrivait, dès 1935, dans Service inutile : "On m'a reproché quelquefois de n'avoir pas beaucoup d'amour, mais j'ai de l'indignation, qui est une forme d'amour". Philippe de Saint Robert revisite tant le romancier d'avant-guerre que l'auteur dramatique de la seconde partie de sa vie. Trois sources d'inspiration, venant de sa jeunesse, irriguent cette oeuvre : le monde romain et ses cruautés, comme miroir de notre temps, le christianisme dont le fatum l'obsède sans qu'il y adhère autrement que par admiration, et enfin un patriotisme amer à la Caton, forgé au feu de la Grande Guerre et désolé par le pacifisme et la lâcheté qui s'ensuivirent et aboutirent à la défaite que l'on sait. Montherlant s'est toujours défendu d'avoir donné un théâtre de la grandeur ; ce qu'il recherche, c'est ce qu'il y a de grandeur en des êtres faibles. Lui qui se défend d'être psychologue, poursuit une quête constante de la nature et de l'âme humaines. L'exceptionnelle qualité de son style n'explique pas l'apparent éloignement dont il souffre aujourd'hui. Les écrivains ne se démodent que dans l'esprit de ceux qui ne les ont pas lus, ou qui ne les ont pas compris. Montherlant demeure, par sa clairvoyance, plus que tout autre, un écrivain pour notre temps. .
 
L'article de Gilles Brochard. - Service littéraire. - février 2013.
Montherlant, l'indigné tragique. Classique ou moderne, Montherlant reste un auteur actuel, revisité par Philippe de Saint-Robert, son fidèle admirateur. Et si Montherlant avait raison, lui qui assurait dans ses « Carnets » qu’« il ne faut pas que l’artiste s’intéresse trop à son époque, sous peine de faire des œuvres qui n’intéressent que son époque » ?
Quarante ans après son suicide, Philippe de Saint Robert observe dans un essai brillant : « Le risque est considérable, le pari est quasiment pascalien. Car le courage qui ne mise pas sur son temps ne connaîtra pas la réponse », ajoute-t-il avec lucidité. Quel lecteur ne sait pas que « l’œuvre de Montherlant fourmille de passions sociales », comme la passion de la justice ou même la passion de la patrie, « horrible maladie. Mais pas plus que tout amour » (Carnets). Les feux de la passion, Montherlant les a connus depuis l’enfance, d’accord avec le mot de Bernanos : « L’esprit d’enfance va juger le monde ». Homme libre, Montherlant soupire : « Je sais bien ce qui me nourrit : ce sont les satisfactions de mon esprit, de mon cœur, de ma chair ; tout cela demande de la liberté ».
On le croit hautain, il n’est que sensible ; on le pense cynique, il se veut détaché de tout et « anarchiste supérieur », dixit Saint Robert. On le fait passer pour un formaliste, alors qu’il est un vrai « subversif ». Ne dites pas qu’il est carré dans ses opinions, il ne cesse de défendre le principe de « l’alternance ». « Professeur d’élan vital » a écrit de lui Gabriel Matzneff. Et celui qui a chanté les morts de Verdun prenait goût au libertinage. « N’est-ce pas une vie bien ordonnée, que celle où l’on a consacré sa jeunesse à b…, son âge mûr à écrire, et sa vieillesse à dire la vérité ? », clame encore dans ses « Carnets » l’auteur d’un « Don Juan » admirable. Romancier d’abord, puis auteur de théâtre ensuite, à nul autre pareil, Montherlant savait mettre de lui-même dans tous ses personnages, les forts comme les faibles, reconnaissant que « partout où il y a élévation, il y a grâce ». De Sevrais (« La Ville dont le prince est un enfant ») à Costals (« Les Jeunes filles »), même intensité dans le nihilisme que dans la quête du bonheur. Ce peintre du tragique des sentiments savait y faire : « La colère ressort en cris de tendresse ; la douleur en cris de plaisir, peu importe de quelle émotion, il faut que vous soyez émus » tranchait-il dans « Textes sous une occupation ».
Montherlant mérite mieux que la réputation que certains critiques trompés par leurs préjugés lui ont faite depuis quarante ans. C’est pourquoi Montherlant ou l’indignation tragique est d’une lecture roborative, essentielle pour percer l’âme de celui que Saint Robert nomme « cette sorte d’aventurier qui se cache de l’être ». Pour se rendre compte de la modernité d’une telle œuvre, un conseil : regarder l’adaptation réussie au cinéma d’ « Un incompris », par François Ozon, devenu « Un lever de rideau », avec Louis Garrel et Vahina Giocanti, superbe bonus ajouté au DVD de « Potiche ».
 
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25 mai 2013 6 25 /05 /mai /2013 22:20
 
 
parfum d'octobre
 
 
 
Octobre, soir des mois et déclin de l'année,
Voici que tu parais à l'horizon des mers
Avec tes vents frileux où par les longs soirs verts
Rôde un doux souvenir de flûtes oubliées.

Au lac d'or du couchant vois naître les étoiles
Pour consoler du deuil affligeant de l'automne
Nos cœurs en qui s'éveille et renaît et frissonne
Ce désir endormi que recelaient nos moelles

Oh ! reste: nulle voile au large que n'émeuve
La brise, et descendu peut-être au long du fleuve,
Un bel Espoir défunt va revenir d'exil.

Selon l'aveu qui naît à nos lèvres tremblées
Voici ressusciter, vaguement puérils,
Les vieux passés défunts où nos âmes sont nées.
 
 
 
Roger Allard (1885-1961). La Divine Aventure. (1905)
 
 
petite fugue d'été
 
 
 
Moi qu'enchantèrent les regrets
Et les romans et les romance
Maintenant je souhaiterais
Des yeux ou rien ne recommence.

Quand le goût des baisers anciens
Remonte à deux bouches offertes,
Chacune entend garder les siens
Et veut l'autre nue et déserte;

Mais ce qu'un jour on a donné
Où donc irait-on le reprendre ?
Comme on dit au Pays du Tendre :
C'est macache et midi-sonné.
 
 
 
Roger Allard (1885-1961). Revue Le Divan. (1923).
 
 
tu me plais...
 
 
 
Tu me plais après le bain
Humide et lasse des vagues;
Garde ta couronne d'algues
O charmant monstre marin
Qui jaillis de cette écume
Hors le temps et la coutume !

Pour y gouter en secret
Ta peau de sel et d'iode,
J'aime ce lit incommode
Creusé dans le sable frais :
Sois-y l'épave ou je pille
Les fruits brûlants des Antilles.
 
 
 
Roger Allard (1885-1961). L'Appartement des jeunes filles. (1919).
 
  femme  
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19 mai 2013 7 19 /05 /mai /2013 21:56
La grâce
et le salut
 
 
 
 

 

IDEES
Bernanos.
Littérature
et théologie.

Eric Benoit.
Cerf.
Juin 2013.
268 pages.
 

 
Eric Benoit, né en 1962, est critique littéraire. Ancien élève de l'école normale supérieure, il enseigne la littérature française à l'université de Bordeaux. Il a récemment publié : Néant sonore. Mallarmé ou la traversée des paradoxes (Droz, 2007), La Bible en clair (Éditions Ellipses, 2009).
 
Présentation de l'éditeur.
Bernanos ! On ne peut songer à meilleur exemple pour tenter de saisir les liens possibles entre littérature et théologie. Son œuvre romanesque est sous-tendue par la théologie du christianisme, singulièrement par le dogme de la communion des saints où toute l'humanité est constituée en un grand Corps mystique où se joue l'histoire du Salut, et où la souffrance des uns peut contribuer à la rédemption des autres.La structure même de la narration romanesque est en correspondance avec ces schèmes théologiques. On prêtera notamment attention au traitement particulier de la chronologie où certains instants narratifs sont à l'intersection du temps et de l'éternité. Mais il n'y a pas que les œuvres strictement littéraires : l'auteur, de surcroît, dégage ce soubassement théologique aussi bien dans des textes plus personnels, écrits par Bemanos au début de son exil pendant la Seconde Guerre mondiale, que dans ses positions littéraires et politiques à l'égard de certains de ses contemporains comme François Mauriac. L'essai d'Eric Benoit offre au lecteur une subtile et rigoureuse exploration de Bernanos, exemple parfait de magnifique osmose entre une conscience théologique et le geste littéraire où elle se déploie.
   
L'article de Philippe Delaroche. - Lire. - septembre 2013.
Bernanos inclassable anticonformiste. Il a suscité une somme écrasante de malentendus et de contresens. Dans son œuvre et dans sa vie, Georges Bernanos (1888-1948) aurait donné l'exemple de trop d'éclats, de trop de contradictions, de trop d'énergie. Sur son compte, on a tout entendu. Romancier trop chrétien pour être écrivain. Polémiste trop emporté pour être bon chrétien. Trop trempé d'âme et d'angoisse pour aimer la vie matérielle et sensuelle. Trop sensible au péché pour se joindre au "moderne" confrère convaincu que la fin de l'injustice sociale et l'enseignement des sciences auront raison du mal. Bernanos est un phénomène. Hanté par la vérité, par la liberté. Féru de Balzac, Dostoïevski et Léon Bloy, il ne pouvait inscrire son univers romanesque, peuplé de petites gens, de notables médiocres, de prêtres déchirés ou mondains et d'enfants de la solitude, que sous haute tension. En amont, la colère; en aval, la pitié. Car toute l'œuvre romanesque de Bernanos fait écho à la théologie du christianisme, démontre Éric Benoit, professeur de littérature française à l'université de Bordeaux, dans un essai d'une profondeur et d'une hauteur de vue éblouissantes. Ce balancement entre colère et pitié, Bernanos l'a ponctué ainsi dans Les Grands Cimetières sous la lune: "La prière est, en somme, la seule révolte qui tienne debout." Robert Bresson et Maurice Pialat ont su percevoir l'intraitable générosité et l'absolue singularité de Bernanos. Son anticonformisme radical les fortifiait. Bernanos est fait d'un seul bloc. Pourtant, la critique cherchera tantôt à le diviser en opposant écrits de fiction et écrits de combat, tantôt à le vitrifier, par exemple en soutenant qu'il n'était pas revenu de son regrettable antisémitisme de jeunesse. Il est d'un bloc, mais d'un bloc prêt à se laisser fendre. À l'exemple de la conception du temps qui transpire dans Nouvelle Histoire de Mouchette ou dans La Joie. Bernanos guette l'instant qui échappe au continu. L'occasion pour Éric Benoit d'avancer cette comparaison. "L'univers de Beckett se caractérise par l'attente d'un Salut qui ne vient jamais, alors que celui de Bernanos se caractérise par l'irruption d'un Salut qu'on n'attendait pas." Chez Beckett, le même se répète. Chez Bernanos, quelque chose d'autre a été, est ou sera donné. Espérance, communion des saints, irradiation des âmes en temps réel ou diachronique, autant de thèmes dont Éric Benoit montre de façon lumineuse qu'ils ont trouvé en Bernanos, qui n'était pas théologien, un fiévreux et inimitable orfèvre.

 

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11 mai 2013 6 11 /05 /mai /2013 09:47
 BERNANOS Georges 6
 
La prière de Bernanos
 
Demain, comme chaque deuxième dimanche de mai, nous célébrerons Jeanne d'Arc. On fleurira ses statues un peu partout en France, des prises d’armes ou des festivités civiles auront lieu dans la plupart des grandes villes et ceux d'entre nous qui habitent Paris ou qui s'y trouveront pour l'occasion auront à cœur de défiler comme chaque année devant la sainte à cheval, casquée et vêtue d'or, de la place des Pyramides.
L'an dernier, la fête de Jeanne d’Arc aurait du prendre un relief particulier. Elle coïncidait en effet avec le six centième anniversaire de la naissance de Jeanne et avec le cent cinquantième anniversaire de son mentor moderne, M. Maurice Barrès. Mais la République ne l’entendait pas de cette oreille. Elle ne s’est mise en frais ni pour l'un, ni pour l'autre. Nos deux lorrains n'ont eu droit à aucune commémoration officielle. Il est vrai que nous étions en pleine frénésie présidentielle et que le culte de la Pucelle n'a jamais fait bon ménage avec la démocratie. Les deux candidats qui cherchèrent, bien timidement d’ailleurs, à récupérer l'image de Jeanne, n'en tirèrent aucun avantage et c’est tant mieux.
Cette année, il serait bien venu de placer l'hommage à Jeanne sous le patronage de Georges Bernanos. Ses textes johanniques sont moins connus que ceux de Barrès, de Péguy ou de Claudel mais ils sont d’une grande beauté. Qui peut lire Jeanne relapse et sainte sans être pris par la force du texte, sa puissance poétique et par sa profonde vérité ? Le petit document que nous publions ci-dessous est une prière des jours sombres. Il vient du Brésil. Bernanos, après avoir connu l'amertume de l'exil, puis le drame de la défaite de la France, commence à recouvrer l'espoir. Il pensait être venu en Amérique du Sud pour y cuver sa honte. Mais, comme il le dit dans sa Lettre aux Anglais, "je n'y ai pas cuvé ma honte, j'y ai retrouvé ma fierté, et c'est le peuple du Brésil qui me l'a rendue".
En réalité, cette prière à Jeanne d'Arc, rédigée en mai 1941 et qui sera diffusée en juin sur les ondes de la BBC, ne contient que de premières traces d’espoir. Le temps de la sérénité, celui de la patrie retrouvée seront encore long à venir. "Je ne crois pas, nous dit Bernanos, à la prochaine restauration de l'Honneur... Le grain que nous aurons semé devra pourrir d'abord sous la terre avant de germer dans de nouveaux cœurs, pour un nouveau printemps. Je ne connaîtrai pas ce printemps." De fait, lorsqu’il reviendra d’exil en juin 1945, il ne retrouvera pas dans la France de la Libération le visage du pays qu'il aimait.
On a voulu nous faire croire, à nous aussi, que ce visage aimé de la France ne réapparaitrait plus. Ne nous a-t-on pas dit et répété, des décennies durant, que les nations n’avaient plus d’avenir, la France encore moins qu’une autre ? Et que l’amour du pays, l'attachement à ses traditions, à ses paysages, à son histoire ne seraient bientôt plus que des sentiments d’un autre âge, à l’heure de l’Europe et du « village global » ? Combien de fois a-t-on cherché à rabaisser la France, à la ravaler au rang de nation de second ordre, sans autre perspective que d’être diluée, aspirée, dissoute dans le grand magma européen ?
Ce n’est pourtant pas le sens que prend l’histoire. En Europe, le mythe fédéraliste ne fait plus rêver personne. D’Athènes à Rome, de Lisbonne à Madrid, c’est contre lui qu’on se révolte et ce sont les vieux drapeaux nationaux que la jeunesse exhibe avec fierté dans les rues et les places de la colère. A l’échelle du monde, le jeu des empires hérité de Yalta a laissé place à un autre système, multipolarisé, où nouveaux Etats et vieilles nations réussissent à cohabiter. L’hégémonie culturelle des Etats Unis est contestée, rejetée, battue en brèche, y compris sur le continent américain. En Asie, en Afrique du Nord, dans le monde arabe, les régimes corrompus mis en place du temps de la décolonisation ou de la guerre froide sont balayés par le printemps des peuples. On assiste partout au retour des nations.
Et la France ? Son tour viendra. A la différence de la nation vaincue de 1940, elle n’a plus d’ennemi, elle est libre. L’effort de tout un peuple pendant six décennies lui a redonné les moyens de la puissance. Il lui reste à reprendre confiance en elle, à se débarrasser de ses fantômes et à retrouver le goût des projets. Elle devra également faire le ménage et se libérer des mauvaises élites qui ne lui apportent plus rien parce qu’elles servent en réalité d’autres intérêts que les siens. C’est là que la prière de Bernanos nous touche par son actualité. Lorsqu’il évoque les traitres, les lâches, les imbéciles et les capitulards, c’est aux mauvaises élites de l’époque que son discours s’adresse, aux gouvernants qui ont trainé son pays dans la boue. Comment ne pas faire le lien avec ceux qui nous dirigent aujourd’hui ? C’est de ceux-là qu’à notre tour nous demanderons demain à Jeanne de nous protéger. 
La Revue Critique.

 

Prière à Jeanne d'Arc

 

Vois la grande pitié qui est au pays de France,
Va et délivre-le, Jeanne !

 

 Jeanne, les chrétiens vous nomment Sainte et vous honorent comme telle, mais tout soldat français, croyant ou incroyant, a le droit de vous appeler Jeanne, car c'est sous ce nom-là que vous ont connue les gens de guerre.

Jeanne, nous savons bien que les honneurs ne vous ont jamais tourné la tête en ce monde, ils ne vous l'auront certainement pas tournée dans l'autre. Vous n'avez pas renié vos amis, votre place est toujours parmi les hommes d'armes. Nous parlerons aujourd'hui dans leur langage, le seul - avec celui de vos Saintes - que vous ayez compris et aimé.

Jeanne, nous vous apportons ce qui reste de l'Honneur français, afin que, posant sur lui les mains, vous lui rendiez la vie, comme vous avez jadis ressuscité le cadavre d'un petit enfant. Nous vous apportons aussi la Honte, car nous ne refusons pas notre part de honte. Ni dans l'Honneur, ni dans la Honte, nous ne nous séparons de la Nation.

Jeanne, l'ennemi est à Orléans, mais il est aussi dans la Ville du Sacre. Il tient Notre-Dame de Reims, Notre-Dame de Paris, Notre-Dame de Rouen, Notre-Dame d'Amiens, Notre-Dame de Chartres. il fait boire ses chevaux dans la Seine, la Loire et la Meuse. Il est aussi dans votre petit village natal. C'est lui qui cueillera cet automne les mirabelles de Domrémy.

Jeanne, entre lui et nous ce compte est ouvert, et nous le réglerons tôt ou tard. Ce que nous implorons ce soir de Votre Grâce, c'est qu'elle ne nous laisse pas frapper dans le dos, qu'elle nous protège des Traîtres, des Lâches et des Imbéciles. Nous en appelons solennellement à vous devant Dieu, contre les Misérables qui, pour retarder l'heure du châtiment, offrent en hommage à l'ennemi, le nom et les morts de Verdun, mettent nos étendards en gage, et empruntent à la petite semaine sur l'Honneur de la Patrie !

Georges Bernanos.
Mai 1941. Message diffusé par la BBC.

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29 avril 2013 1 29 /04 /avril /2013 22:31
La France 
qui se bat...        
Revoltes-ouvrieres-1.jpg
 
Mardi 2 avril
- Après la décision du groupe énergétique allemand E.ON de fermer sa centrale à charbon d'Hornaing (Nord), la CGT demande au Gouvernement de réquisitionner l'usine et de sauver les 85 emplois concernés. "Le site a de l'avenir", plaide les syndicats.
Mercredi 3 avril
- Le fabricant de meubles Forège de Treize-Septiers (Vendée) est placé en liquidation judiciaire.  L'entreprise, qui emploie 135 salariés, a déjà connu deux plans sociaux récents qui ont entrainé la suppression de plus de 200 postes de travail. Les repreneurs ont jusqu'au 30 avril pour déposer une offre.
Jeudi 4 avril
- Les administrateurs judiciaires de la raffinerie Petroplus de Petit-Couronne (Seine Maritime) transmettent deux propositions de reprise au tribunal de commerce de Rouen, qui les examinera dans les prochains jours. Pour les 470 salariés du site, une relance de l'activité est toujours possible 
Vendredi  5 avril
- Le groupe anglais R&R confirme son intention de fermer l'usine de crèmes glacées Pilpa de Carcassonne d'ici fin 2013. Les 117 salariés ont déjà fait annuler deux premiers plans sociaux et bloquent l'accès à l'usine. Aucune reprise du dialogue social n'est envisagé.
Lundi  8 avril
- Le carrossier Heuliez, repris récemment par le groupe allemand BGI, dépose son bilan. Le sort des 283 salariés de Cerizay (Deux-Sèvres) dépend désormais des offres des éventuels repreneurs.
Mardi 9 avril
- Deux unités du fabricant de meubles Cauval sont placées en liquidation judiciaire. L'usine Confort et Systèmes de Sévérac-le-Château (Aveyron), qui emploie 220 salariés, est fermée, faute de repreneurs et celle d'Atmosphères Interiors à Bar-sur-Aube (Aube), qui compte 191 postes, obtient deux mois de poursuite d'activité.
Vendredi 12 avril
- ArcelorMittal confirme que le projet européen Ulcas ne verra jamais le jour. La transformation d'un des deux hauts-fourneaux de Florange en "laboratoire" de production d'acier "propre" était pourtant l'un des engagements forts de l'accord signé le 30 novembre dernier entre le groupe sidérurgiste et le gouvernement. Mais ni M. Mittal, ni M. Hollande n'en sont à un mensonge près dans le dossier de Florange.
- Steco Power, dernier fabricant français de batteries, est placé en liquidation judiciaire. 124 emplois sont menacés à Outarville (Loiret).
Mardi 16 avril
- Le tribunal de commerce de Rouen rejettent les deux offres de reprise de Petroplus. La procédure de licenciement collectif sera déclenchée dans les prochains jours pour les 470 salariés de la raffinerie. C'est un nouvel échec pour le ministre du redressement productif Arnaud Montebourg  qui voulait donner une valeur d'exemple à cette reprise.
- Le laboratoire Bioluz de Saint-Jean-de-Luz (Pyrenées Atlantiques) passe aux mains de ses salariés. Le tribunal de commerce de Bayonne choisit la proposition de reprises présentée par les 50 employés de l'entreprise, organisés en SCOP. Les collectivités locales apporteront leur soutien au projet.
Mercredi 17 avril
- Mme Caroline Couvert est élue présidente de la CGC. Cadre en marketing issue du groupe GDF-Suez, la nouvelle présidente entend moderniser la centrale pour qu'elle redevienne leader dans l'encadrement. Aux élections professionnelles, CGT et CFDT ont devancé la CGC dans les collèges des cadres et agents de maîtrise.
Jeudi 18 avril
- La fonderie Tamaris Industries d'Alès est liquidée. Les 75 salariés de l'entreprise font les frais du conflit entre l'ancien propriétaire du site, le groupe Delachaud, et un repreneur américain qui n'a pas donné suite à son offre. Les salariés occupent l'usine pour préserver l'outil de travail.
Mercredi 24 avril
- Le groupe américain IBM confirme son intention de supprimer d'ici fin 2014 plus de 1200 postes de travail en France, sur un effectif global de 9700 salariés. Toutes les activités seront concernées.
 Vendredi 26 avril
- M. Thierry Lepaon, nouveau secrétaire général de la CGT, adresse une lettre ouverte à François Hollande pour lui demander de changer de cap économique et social. Selon M. Lepaon, depuis l'élection du chef de l'Etat "pour les salariés, rien n'a changé positivement dans leur vie dans le travail et dans leurs conditions sociales".
- L’entreprise textile Virtuose, qui employe 98 personnes à Hirsingue (Haut-Rhin), est placée en liquidation judiciaire. Virtuose, spécialisée dans le tissage et la teinturerie, avait déposé le bilan en décembre 2012, victime de la hausse des matières premières.
- La direction de Goodyear rejette le projet de SCOP présenté par la CGT pour la reprise de l'usine d'Amiens Nord. Cette décision tend à nouveau les relations entre le groupe américain et ses salariés français.
Lundi 29 avril
- Le laboratoire d'analyses médicales Biomnis de Lyon, propriété du fond d'investissement britannique Duke Street, est en restructuration. La suppression de 200 emplois sur 500 est prévue sur 3 ans. La CGT craint que ce plan social soit le prélude à la fermeture du site lyonnais.

Henri Valois.
 
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27 avril 2013 6 27 /04 /avril /2013 22:20
 
 
clowns anglais
 
 
 
Dans le bruit, aux lumières électriques
Fardant les corps disloqués,
Mon coeur, souviens toi, tu fus consolé
Par les clowns britanniques.

C'est triste comme une fille exotique,
Comme un port plein de bateaux
Comme eux fertile en plaisir cérébraux
Et très vainement pathétiques.

Et c'est doux au coeur, pourtant comme un jour
Facile et de songeries;
Car la musique rythme tous les tours
A coup d'âpres harmonies.

Et le clown saute en l'air, tombe, se casse
Ironique, dédaigneux
Et ses pirouettes comme des aveux
Ont besoin des airs de valse.

Ses sauts les plus fous sont graves. Il a
Cette saveur un peu grossière,
Qu'ont dans les bars anglais les premiers verres
De gin, de whisky-soda.
 
 
 
René Bizet (1887-1947). Revue "Le Cahier des Poètes". (1912)
 
 
faust
 
 
 
Ne regarde pas la lumière
Ni les femmes. Ferme tes yeux.
Tu sentiras crouler les vieux
Palais où logent tes misères.

Et plus de soleils, ironiques
A ton coeur d'hiver. Plus de bruits
Insultants aux larges musiques
Qui chantent en toi. Mais la nuit...

En toi surgit toute la terre,
Toutes les mers où les bateaux
S'en sont allés, sans satisfaire
Nos nostalgies d'occidentaux.

Tous les cieux devinés, aux pages
Des livres, au rythme d'un vers,
Tout ce qui fait qu'on veut fuir, vers
Les Singapour de nos images,

Tout est en toi. Ferme les yeux.
N'écoute rien qui ne te vienne
Du fond de ton coeur riche, où règne
L'heure propice que tu veux.

Et vas, à ton seul gré. Contemple
Les humains qui sourient et font
Leurs tâches, en tournant en rond
Bombay t'accueille avec ses temples...
 
 
 
René Bizet (1887-1947). Inédit. (1913).
 
 
ces hotels où j'ai vecu
 
 
 
Hôtels peuplés de personnages de romans
Où le jeune romantique
S'isole pour surprendre un soir, sournoisement,
L'Elvire maigre et phtisique.

Hôtels des clowns, des acrobates, des jongleurs
Du cirque, des écuyères
Où tout le ramassis des routes et des coeurs
Vient se mettre à "l'ordinaire",

C'est dans vos murs que je voudrais, un soir, mourir,
Moi, scrupuleux locataire
D'années trop souvent bissextiles, qui veut fuir
Vers ce qui n'est plus la terre.
 
 
 
René Bizet (1887-1947). Poèmes posthumes. (1957).
 
 oiseau-copie-3.jpg
 
 
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21 avril 2013 7 21 /04 /avril /2013 21:19
Matzneff persiste
et signe
 

 

LETTRES
Séraphin,
c'est la fin !
Gabriel Matzneff.
La Table Ronde.
Février 2013.
266 pages.
 

 
Gabriel Matzneff, né en 1936, est romancier et essayiste. Esprit profond, doublé d'une fine lame. Après des débuts dans le journaliste, il se consacre entièrement à la littérature et livre des chefs-d’œuvre comme L'Archimandrite (La Table ronde, 1966), Le Carnet arabe (La Table ronde, 1971), Nous n'irons plus au Luxembourg (La Table ronde, 1972). Il a récemment publié : La Séquence de l'énergumène. (Leo Scheer, 2012), Monsieur le comte monte en ballon. (Leo Scheer, 2012).
 
Présentation de l'éditeur.
La liberté n'est jamais acquise, elle est une perpétuelle reconquête. Quand je vois l'imbécile "nouvel ordre mondial" prôné par les pharisiens glabres d'outre-Atlantique et les excités barbus d'Arabie (qui, les uns et les autres, prétendent régenter nos moeurs, nous dicter ce que nous devons penser, croire, écrire, manger, fumer, aimer) étendre son ombre sur la planète, j'ai l'impression d'avoir labouré la mer, écrit et agi en vain. Pourtant, je m'opiniâtre. Qu'il s'agisse de la résistance au décervelage opéré par les media, de la résistance à l'omniprésente vulgarité des mufles, de la résistance aux prurigineux anathèmes des quakeresses de gauche et des psychiatres de droite. "Séraphin, c'est la fin !" où sont assemblées des pages écrites de 1964 à 2012, témoigne que je demeure fidèle aux passions qui ont empli ma vie d'homme et inspiré mon travail d'écrivain ; que, jusqu'au bout, je persiste dans mon être.
 
L'article de Christopher Gérard. - Causeur. - mars 2013.
Séraphin, chroniques d'un esprit libre. « J’espère que mes livres insufflent un surcroît d’énergie, un supplément de joie »confie Gabriel Matzneff dans une lettre à un professeur tenté par le suicide, l’un des inédits de ce sixième volume de chroniques, où l’écrivain caracole, toujours pareil à lui-même, fidèle à des passions schismatiques autant que fécondes.
Séraphin, c’est la fin ! rassemble en effet des textes rédigés entre 1964 et 2012 et publiés ici ou là, de Combat au Figaro, même si les trois quarts datent des dix dernières années, quand les « circonstances atmosphériques » se révèlent de plus en plus maussades, grâce, entre autres, à la bénéfique influence de l’esprit puritain sur notre merveilleuse modernité.
Par ses textes, Matzneff prouve que, loin de s’acagnarder dans un hamac en grignotant une grappe de raisins (verts), il a toujours été un artiste attentif à la marche du monde, non pas l’une de ces têtes d’œuf engagées, ridicules à force d’être péremptoires (et à côté de la plaque), mais un esprit libre, qui pense par lui-même et prend la parole quand cela lui chante.
Un « salmigondis » donc, qui témoigne d’une belle constance, d’une ferveur communicative et d’un vrai talent, car la langue de Matzneff, toute de limpidité, scintille, étonne, amuse sans jargon ni fausse note. Le naturel dans toute sa splendeur. Qu’il évoque Rozanov ou d’autres penseurs russes forcés à la clandestinité pendant trois quarts de siècle, Arafat, Harry Potter ou son cher Lucrèce, Matzneff touche son lecteur de façon miraculeuse. La preuve ? On a beau être en désaccord avec lui, par exemple à propos du mythe trinitaire ou de certaines amours, à le lire, on est conquis : non point converti, mais captivé par la musique, car rien ne « sonne creux et faux sous la lime ». À chaque page transparaît cette intelligence sensible, si précieuse tant l’écrivain prend soin de ne jamais s’abaisser au truisme : ce qui est dit est toujours senti, exprimé sans tricherie ni prudence excessive, d’où bien des malentendus. Depuis toujours, en disciple conséquent d’Héraclite et de Montherlant, Matzneff donne la parole aux voix discordantes de son cœur … et jubile d’agir ainsi. C’est en cela qu’il incarne une forme de dandysme, bien au-delà de la diététique ou du choix – important – d’une cravate. Oser déplaire pour demeurer soi-même ou, pour le citer : « un cœur noble ne peut sans déchoir se mettre à battre au même rythme que les cœurs vulgaires ».
Dans ce riche volume, Matzneff aborde ses dadas : la Russie et la philocalie, Venise et l’impérialisme anglo-saxon, le nouvel ordre moral et, surprise, le culte du phallus : un salmigondis, oui, ô combien stimulant. Plein de sympathie pour les vaincus – « après Pharsale, j’aime mieux Pompée que César » -, l’amoureux du Levant clame sa douleur de voir la Terre Promise confondue avec le Far West, son dégoût devant la vulgarité des commentaires ignominieux sur la mort de Kadhafi. Son vieil ami Casanova lui inspire de jolies pages qui sont le prétexte d’une causerie tour à tour épicurienne (carpe diem) et stoïcienne (sustine et abstine). Le sequere deum casanovien lui inspire une interprétation stendhalienne ou même nietzschéenne : pour être grand,  il faut suivre son génie particulier et aimer son destin. Cela paraît simple, et pourtant…
Les plus beaux textes de Séraphin sont, à mon sens, l’éloge d’Alain Daniélou, dont l’œuvre est considérée à juste titre comme un tournant dans la pensée contemporaine avec l’irruption de l’Inde traditionnelle, et cette évocation d’une bague vénitienne, qui lui inspire des lignes superbes. Je m’en voudrais d’oublier sa défense, devant les étudiants de l’Ecole Normale, rue d’Ulm, des Deux Etendards, de Lucien Rebatet, le collabo maudit, que Matzneff verrait bien dans la Pléiade ! Si l’écrivain est bien « un univers soutenu par un style », Matzneff, quoi que grommellent les envieux, compte parmi les rares classiques d’aujourd’hui. Lisons-le.
    
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1 avril 2013 1 01 /04 /avril /2013 08:18

Printemps 2013
L'amitié de
Pierre Boutang
 

- Saintes colères, par François Renié. [lire]

Les idées et les livres

- La machine à scandales, par Hubert de Marans. [lire]
Affaires Tapie, Cahuzac, DSK, feuilleton Bettencourt, affaire de Karachi, caisse noire des Hauts de Seine, ... On n'a jamais connu un aussi grand nombre de scandales depuis les débuts de la Ve République. Fascination du monde de l'argent, pourrissement des oligarchies en place, corruption des partis par les lobbys, les raisons de ces dérives sont multiples. Le régime est-il vraiment en situation de les corriger ? Les mesures dérisoires évoquées par le pouvoir, le rejet qu'elles ont suscité au sein du parlement, conduisent à en douter.

- Contre la loi Fioraso, par Hugues Lagrange. [lire]
Malgré une forte opposition des milieux académiques et de nombreux intellectuels, le projet de loi "Fioraso" a toutes les chances d'être voté par le Parlement. Et pourtant, le texte ne répond en rien aux difficultés de la recherche et de l'université française et il comprend même des mesures dangereuses, comme l'obligation d'enseigner en anglais. Dans ce domaine comme dans bien d'autres, le changement promis tourne au désastre.

- L'amitié de Pierre Boutang, textes présentés par Vincent Maire. [lire]
Quinze ans après sa mort, Pierre Boutang est toujours parmi nous. Ceux qui l'ont connu en parlent bien et une nouvelle génération découvre une oeuvre profonde, d'une grande actualité et dont on n'a pas encore mesuré toute la portée. L'héritage du philosophe, du politique et de l'infatigable directeur de la Nation française est en de bonnes mains. 

- Etat de la France (2), textes présentés par Paul Gilbert. [lire]
Après les historiens et les géographes, ce sont les sociologes qui nous livrent les clés des singularités françaises. Emmanuel Todd et Hervé Le Bras, à l'issue d'une enquête approfondie, montrent que la France ancienne, que l'on croyait disparue, est toujours bien vivante. Jacques Le Goff s'inquiéte des changements profonds qui affectent le monde rural et Gérard Mermet, dans sa dernière livraison de Francoscopie, confirme que le pessimiste des Français concerne davantage l'avenir du pays et les institutions que leurs destins individuels.

- Barbey et le désenchantement du monde, par Eugène Charles. [lire]
Chez Barbey d’Aurevilly, comme chez Baudelaire, Bloy ou Bernanos, l’enfer existe et le mal est intimement lié à la la réalité du monde. Dans l’univers de ses romans, univers désenchanté où la grâce et l’espérance ont disparu, tous les personnages semblent prisonniers d’une angoisse et d’une solitude insurmontables. C’est par la violence, le sacrilège, les ivresses de la passion ou par le sacrifice total de leur vie qu’ils cherchent à susciter la présence d’un Dieu désespérément silencieux.

- La belle voiture, une nouvelle de Jean de La Varende. [lire]
Où il est question d'une petite jeune fille, de son compagnon, d'un drôle de chauffeur, d'une superbe voiture, le tout accommodé par la belle langue de La varende.

- Le jardin français, poèmes de D. Combette, A. Dehorne, G. Laniez. [lire]

Chroniques

- Notes politiques, par Hubert de Marans.
Hollande et l'Europe. - L'UMP danse sur un volcan. - L'opposition au mariage gay.

- Chronique internationale, par Jacques Darence.
Athènes à nouveau. - Cohabitation romaine. - Jeu de dupes en Syrie.

- Chronique sociale, par Henri Valois.
Petroplus, après Florange. - L'héritage Sarkozy. - Révoltes ouvrières.

- La vie littéraire, par Eugène Charles.
Malaparte.  - Debray. - Besson.- Maulin. - Lapaque. - Sefiris.

- Idées et histoire, par Jacques Darence et Vincent Maire.
Maulnier. - Gaxotte. - Malraux.

- Notes d'Art, par Sainte Colombe et Jean Lalo.
Exposition " De l'Allemagne". - Henri Dutilleux.

- Revue des revues, par Paul Gilbert.
Austérité et populisme. - Les guerres de Louis XIV. - Jacques Laurent.

- Les livres, par Paul Gilbert, Eugène Charles, François Renié.
La Campagne de France. (Jean-Claude Lalumière). - Les Mystères de la Gauche. (Jean-Claude Michéa). - Séraphin, c'est la fin ! (Gabriel Matzneff). - Monarchies post-révolutionnaies. (Bertrand Goujon). - La privatisation de l'Etat. (Philippe Rouvillois). - La Gloire de Rubens. (Philippe Muray). - La Cour du Roi Soleil. (Frantz Funck Brentano). - La rigueur des choses. (Jean-Luc Marion). - Petite sélection stendhalienne.  - Livres reçus.

 

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31 mars 2013 7 31 /03 /mars /2013 21:53
 
 
le jardin mouillé
 
 
 
La croisée est ouverte; il pleut
Comme minutieusement,
A petit bruit et peu à peu,
Sur le jardin frais et dormant.

Feuille à feuille, la pluie éveille
L'arbre poudreux qu'elle verdit;
Au mur, on dirait que la treuille
S'étire d'un geste engourdi.

L'herbe frémit, le gravier tiède
Crépite et l'on croirait là-bas
Entendre sur le sable et l'herbe
Comme d'imperceptibles pas.

Le jardin chuchote et tressaille,
Furtif et confidentiel;
L'averse semble maille à maille
Tisser la terre avec le ciel.

Il pleut, et, les yeux clos, j'écoute,
De toute sa pluie à la fois,
Le jardin mouillé qui s'égoutte
Dans l'ombre que j'ai faite en moi.
 
 
 
Henri de Regnier (1864-1936). Les Médailles d'argile (1903).
 
 
croquis d'orient
 
 
 
Le soleil, dans l’azur épais, luisant et gras,
Est comme un fruit obèse et dont l’écorce éclate,
Auquel ce bon vieux Turc compare sur sa natte
La citrouille turgide au milieu des cédrats.

Au seuil de sa boutique amoncellent leurs tas
L’aubergine vineuse et la rouge tomate,
Et son œil en extase aux couleurs se dilate.
Le turban rond s’enroule à son crâne au poil ras.

Dans l’ombre, il va bientôt s’étendre pour la sieste,
Tandis qu’une acre odeur de miasme et de peste
S’exhale autour de lui de ce quai d’Orient,

Où, Sultane de rêve aux merveilleux royaumes,
Il sent venir, avec un frisson souriant,
La fièvre fabuleuse et diverse en fantômes.
 
 
 
Henri de Regnier (1864-1936). Le Miroir des heures (1911).
 
 
les jardins
 
 
 
Ne pensez pas, un jour, que mon cœur vous oublie
Et qu’il ne se souvienne plus d’avoir aimé
Vos ombrages souvent dont la paix m’a charmé,
Beaux promenoirs d’amour et de mélancolie,

Vous dont la pompe illustre à la grâce s’allie,
Qui mêlez l’un à l’autre en votre air embaumé
Et la rose odorante et le buis parfumé.
Jardins, ô chers jardins, de France et d’Italie !

Vous voici. Je revois vos marbres et vos eaux ;
J’entends mon pas lointain au fond de vos échos,
Car les lieux, comme nous, ont aussi leur mémoire;
Et vous ne changez point et le temps passe en vain
Et l’ombre tourne encor, mouvante, aiguë et noire,
Autour de l’if français et du cyprès romain !
 
 
 
Henri de Regnier (1864-1936). Le Mirir des heures (1911).
 
 
fontaine.jpg
 
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