Panorama d'un conflit |
| HISTOIRE La Grande Guerre. Fin d'un monde, début d'un siècle. François Cochet. Perrin. Janvier 2014. 517 pages. |
La Revue Critique des idées et des livres |
"Ce n’est pas seulement pour vivre ensemble, mais pour bien vivre ensemble qu’on forme un État." aristote |
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Panorama d'un conflit |
| HISTOIRE La Grande Guerre. Fin d'un monde, début d'un siècle. François Cochet. Perrin. Janvier 2014. 517 pages. |
paroles pour ne rien dire | ||
A la manière d'Henri de Régnier. L'eau diverse des fontaines, Avec un bruit différent Tombe dans les vasques pleines; Et son double bruit m'apprend. Que, pareille à son murmure, Se prolonge la rumeur, Tantôt douce, tantôt dure, De ma peine ou ton bonheur. Mais, vois-tu, puisque la vasque N'en débordera pas moins, Ne fais sourire ton masque, Ni ne crispe tes deux poings; Et, sans chercher à comprendre, Ecoute, en le soir tombant, L'eau des fontaines s'épandre Avec un bruit différent ... | ||
jean-marc bernard (1881-1915). Sub tegmine fagi. (1923). |
programme | ||
Jetons les livres allemands, Par les fenêtres, à brassées. Foin des cuistres et des pédants, Et vivent les claires pensées! Mieux vaut, couché sur le gazon, Relire, loin des philologues, Catulle, Horace, Anacréon Et le Virgile des Eglogues. Car l'antiquité nous instruit. Chacun de ses auteurs répète : Le temps irréparable fuit... Cueille le jour, dit le poète. Ah! Contentons-nous désormais De ces vérités éternelles Que nous méditerons en paix Sous les raisins de nos tonnelles. Puisque se lamenter est vain, Ne pleurons point la mort des choses : Versons ces roses en ce vin, En ce bon vin versons ces roses. Goûtons la joie et le chagrin Que, tour à tour, chaque heure apporte; Car la Mort, pourrait bien, demain, Frapper du poing à notre porte. | ||
jean-marc bernard (1881-1915). Sub tegmine fagi. (1923). |
lentus in umbra | ||
A Charles Maurras. Presque à plat ventre dans l'herbe Qu'ombrage un fin peuplier, Je regarde scintiller Les eaux du Rhône superbe. Arbres et collines font, De l'autre côté du fleuve, Une image toujours neuve Sur l'immobile horizon. Ce paysage tranquille Sait emplir de sa douceur L'intelligence et le coeur Comme un beau vers de Virgile. Pourrai-je dire comment Il ravit mon indolence ? Mieux vaut goûter son silence Et me taire également... | ||
jean-marc bernard (1881-1915). Sub tegmine fagi. (1923). |
La force du renoncement | LETTRES Le Frémissement de la grâce. Le Roman du Grand Meaulnes. Jean-Christian Petitfils. Le Livre de Poche. Novembre 2013. 264 pages. |
Eté 2014 Le souvenir d'Alain-Fournier | ||
- Alain-Fournier, passion et renoncement, par Rémi Clouard. [lire]
Les idées et les livres
- Crise de régime, par Hubert de Marans. [lire]
Crise de l’exécutif, affrontements durs au sein de la majorité, guerre des chefs à l’UMP, montée du Front national et de la gauche contestataire… la classe politique est prise de panique et ne sait plus à quel saint se vouer. On aurait tort de croire que c’est en réformant les institutions ou en remplaçant la gauche libérale par la droite républicaine que l’on évitera la crise qui s’annonce. Ce que veulent les Français, c’est qu’on change les élites en place parce qu’elles ne savent plus gouverner et que leurs idées ont fait faillite.
- Le réveil écossais, par Gildas Kéragnel. [lire]
La tension monte en Ecosse à l'approche du référendum du mois de septembre. Même si les sondages donnent encore une légère avance aux partisans du non, l’espoir est passé du côté des indépendantistes et un vent de panique commence à souffler dans les milieux d’affaires, à Londres, à Francfort et à Bruxelles. Pour beaucoup d’Ecossais, c’est moins le Royaume Uni qui est en cause qu’une certaine idée de la souveraineté et de l’Europe.
- Le souvenir d'Alain-Fournier, textes présentés par Rémi Clouard. [lire]
" Mon credo en art et en littérature : l'enfance. Arriver à la rendre sans aucune puérilité, avec sa profondeur qui touche les mystères". Tel fut, jusqu'à sa mort tragique dans les premières semaines de la Grande guerre, le programme d'Alain-Fournier, cette quête du moment précis où l'enfance bascule, où elle passe du bonheur simple au désenchantement. Si l'univers et le style de l'auteur du Grand Meaulnes restent inimitables et inimités, ses sources sont simples et claires : Péguy, Nerval, Dostoïevski, le premier Barrès. Et la trace qu'il a laissé dans notre littérature est encore bien visible: Radiguet, Giraudoux, Green, Nimier, Gracq, ... nombreux sont ceux qui ont subi et qui subissent encore la force de son envoutement.
- Bouvines et l'unité française, par Jacques Darence. [lire]
Le 27 juillet 1214, à Bouvines, la France triomphe du reste de l’Europe. Philippe Auguste y remporte une grande victoire militaire, à la tête d'une armée unie derrière son roi. Mais Bouvines est aussi un succès politique où la France s’affranchit de la tutelle anglaise et où elle s’affirme comme nation et comme puissance moderne face au vieil empire romain et germanique, rongé par ses divisions.
- Un solitaire, Nicolas de Staël, par Sainte Colombe. [lire]
Deux belles expositions - l’une au Havre, l’autre à Antibes – rendent hommage à l’une des figures les plus originales de la peinture contemporaine. Esprit libre, homme de son temps et contre son temps, Nicolas de Staël pris le parti de ne pas choisir entre figuration et abstraction. Et de laisser son œuvre osciller entre les deux lumières qui la subliment. Celle du midi, nette et violente, et celle, plus calme et plus ondoyante, de ses paysages de Normandie, du Nord et de l’Ile de France.
- Les dernières vacances, un conte d'André Fraigneau. [lire]
L'été 39. Des cousins fêtent la fin des vacances dans le domaine de leur enfance. On s’amuse, on valse, on devise, sur fond de nostalgie. Le temps de l’insouciance est fini et la guerre n’est pas loin.
- Le jardin français, poèmes de J. M. Bernard, A. Arnoux, A. Berry. [lire]
Chroniques
- Notes politiques, par Hubert de Marans.
L'alibi Montebourg. - Changer pour survivre. - De Tapie à Lagarde. - En attendant Sarkozy.
- Chronique internationale, par Jacques Darence.
Eurosceptiques allemands. - Offensive russe. - Un nouveau sultan. - Victoire argentine.
- Chronique sociale, par Henri Valois et Hugues Lagrange.
Libertés universitaires. - Bruxelles et ses réformes. - Jeu trouble au Medef. - Révoltes ouvrières.
- La vie littéraire, par Eugène Charles.
Bellanger. - Blas de Roblès. - Lafourcade.- Kundera. - Maulin. - Rouart.
- Idées et histoire, par Jacques Darence et Vincent Maire.
Grimaldi. - Cochet. - Morand.
- Notes d'Art, par Sainte Colombe et Jean Lalo.
Le Perugin. - Duchamp. - Molière.
- Revue des revues, par Paul Gilbert.
Le nouveau désordre mondial. - Déclin de l'Occident ? - Rameau-Gluck.
- Les livres, par Paul Gilbert, Eugène Charles, François Renié.
La France périphérique. (Christophe Guilly). - Une Vie avec l'Histoire. (Emmanuel Leroy-Ladurie). - Oeuvres complètes (Madame de la Fayette). - Je ne renie rien. (Françoise Sagan). - Les derniers jours. (Jean Clair). - André Malraux et la cascade de Nachi. (Tadao Takemoto). - Le Congrès de Vérone. (Chateaubriand). - Voyager avec Nietzsche. (Jean Lacoste). - Petite sélection stendhalienne. - Livres reçus.
Accès à la revue
1940 | ||
Ses villes et ses champs dans le fond de l’offense, Prisonniers de nos jours aux élans condamnés Je vous regarde tous à survivre obstinés. Ô France, je voudrais te parler sans témoins, Toi que voilà dans l’ombre à d’obscures distances, Ton malheur est si dur qu’il meurtrit les lointains Et qu’un frisson mortel sonde en tous sens l’espace. Elle était donc ainsi la France en sa ruine, Longue à se reconnaître et connaître l’abîme, Sur ses faibles genoux elle veut se tenir, Si pâle de cacher son horreur de mourir. Nous sommes très loin en nous-mêmes Avec la France dans les bras, Chacun se croit seul avec elle Et pense qu’on ne le voit pas. Chacun est plein de gaucherie Devant un bien si précieux, Est-ce donc elle, la patrie, Ce corps à la face des cieux ? Chacun la tient à sa façon Dans une étreinte sans mesure Et se mire dans sa figure Comme au miroir le plus profond. Visages anciens qui sortez des ténèbres, Lunes de nos désirs et de nos libertés, Approchez-vous vivants au sortir de nos rêves Et dissipez ce bas brouillard ensanglanté, Jeanne, ne sais-tu pas que la France est battue, Que l’ennemi en tient une immense moitié, Que c’est pire qu’au temps où tu chassas l’Anglais, Que même notre ciel est clos et sans issue ? Victorieuse toi, et te mêlant à nous, Insensible au bûcher qui jusqu’ici rayonne, Apprends-nous à ne pas nous brûler chaque jour Et à ne pas mourir du chagrin d’être au monde. | ||
jules supervielle (1884-1960). Poèmes de la France malheureuse (1939-1941). |
la france au loin | ||
Avec des mains avides, Je cherche dans le vide A de grandes distances. Caressant nos montagnes, Me mouillant aux rivières, Mes mains allaient et venaient, Fleurant la France entière, Faites que je retrouve, Et qu'on me les redonne, Les Français tous en groupe, Le ciel qui les couronne. Qu'elle devenue, Qu'elle ne répond plus, A mes gestes perdus, Dans le fond de la nue ? Son grand miroir poli, En forme d'hexagone, Où passaient les profils, De si grandes personnes, Ah ! comment se fait-il, Qu'il ait cédé la place, A l'immobile face, D'un soldat ennemi ? | ||
jules supervielle (1884-1960). Poèmes de la France malheureuse (1939-1941). |
les couleurs de ce jour | ||
Aux amis de la France. Les couleurs de ce jour sont tristes sans la France, Le bleu et le lilas, le vert, le violet Ne trouvent en ces lieux rien à leur convenance Demeurent suspendus, ne savent se poser Je ne peux plus voir clair dans ce lointain exil, Redonnez-moi Paris que je m'y reconnaisse. Ici tout m'est brouillard et malgré sa rudesse Ce soleil ne sait pas descendre dans ma nuit, Et reste sur le haut des marches, interdit. | ||
jules supervielle (1884-1960). Poèmes de la France malheureuse (1939-1941). |
Un présent sans passé, ni futur |
| IDEES Modérément moderne. Rémi Brague. Flammarion. Mars 2014. 383 pages. |
le rêve de l'aventurier | ||
Que ce soit l’hiver ou l’été Qu’il soleille, qu’il pleuve ou qu’il neige, Dans le village ou la cité Je n’ai jamais pu rattraper Le cheval de bois qui trottait Devant le mien, sur le manège, Et je l’ai toujours regretté… Qu’elle soit brune, qu’elle soit blonde, Non je n’ai jamais rencontré Dans mon voyage autour du monde La fille qui m’aurait ancré Dans une baie vaste et profonde Sous un toit de brassé carré Auprès d’un jardin de curé. Qu’importe au lieu de mon tombeau Le cyprès l’if ou la colombe L’outremer ou le bleu barbeau D’un ciel éclaté comme bombe, Ou gésir entre algue et turbot Au fond de la mer errabonde, A moins qu’une sirène verte M’accueille en ses bras entr’ouverts Et me prodigue pour ma perte L’ombre d’étranges univers D’étoiles de mer fleurs offertes Dans ses palais aux volets verts. | ||
maurice fombeure (1906-1981). Poèmes inédits (Seghers, 1957). |
trois chevaliers | ||
Trois chevaliers chaussés à la poulaine Vois. Ils s'en vont vers l'épaisseur des bois Jean Bedelaine Bec de Molène Robe de Job de Gobelin Bernois Tels sont leurs noms. La fine fleur de France Des chevaliers qui s'en vont à cheval Le sein des vents se gonflait en silence La lune fuit à pas d'or vers l'aval Où s'en vont-ils ? Chasser la darigole Tout empennée d'oiseau comme un poisson Bête rusée qui n'est point malivole, Vient se poser parfois sur votre arçon Soleil français reluira sur la plaine Mais velouté crépuscule du soir Les accompagne et feutre de futaine Leurs pas trèfles semés au coeur des soirs La grand' forêt gigogne des légendes Souvre pour eux comme un coeur de lilas Parfume ses bruyères et ses branches Fait chuchoter ses chouettes et ses glas Tels ils s'en vont vers la lune unicorne Vers un sommeil qui n'aura pas de fin Chasser la darigole ou la licorne A pas feutrés sur ce monde défunt.... | ||
maurice fombeure (1906-1981). Aux créneaux de la pluie (Gallimard, 1946). |
les écoliers | ||
Que ce soit l’hiver ou l’été Sur la route couleur de sable, Le 'moyen', le 'bon', le 'passable' Vont à galoches que veux-tu Vers leur école intarissable. Ils ont dans leurs plumiers des gommes Et des hannetons du matin, Dans leurs poches du pain, des pommes, Des billes, ô précieux butin Gagné sur d'autres petits hommes. Ils ont la ruse et la paresse Mais l'innocence et la fraîcheur Près d'eux les filles ont des tresses Et des yeux bleus couleur de fleur, Et des vraies fleurs pour leur maîtresse. Puis les voilà tous à s'asseoir. Dans l'école crépie de lune On les enferme jusqu'au soir, Jusqu'à ce qu'il leur pousse plume Pour s'envoler. Après, bonsoir ! | ||
maurice fombeure (1906-1981). A dos d'oiseau (Gallimard, 1942). |
Silence de la mer |
| LETTRES La grande nageuse. Olivier Frébourg. Mercure de France. Mai 2014. 153 pages. |
rondeau des fontaines | ||
Verdine, Ondine et Bordine aux yeux verts. ronsard. Jonquine, Ondine, Antrine, Verdeline, Au matinet, quand sifflent rubeline, Tarin, linotte, un souffle zéphirin Apporte aux prés harmonie angéline, Jusque à tant qu’à l’orière décline L’ombre du bois ou menace le grain. Alors se tait l’échôle et le clarain : Dorment les bœufs ; c’est midi souverain, Le bain sacré de Diane Ourceline ; Près de la source où git sa javeline, On n’entend plus rubeline et tarin. Jonquine, Ondine, Antrine, Verdeline. Sous les rainceaux guigne l’œil satyrin A basse vêpre un corps alabâtrin. Le ciel s’éclaire au loin d’une chaline. Enfin la nuit a refermé l’écrin, Mais plus souef que flûte et tambourin, Je r’ois chanter le long de la colline Jonquine, Ondine, Antrine, Verdeline. | ||
andré mary (1879-1962). Poèmes inédits (Le Divan, 1941). |
rondeau des petits enfants prisonniers de l'hiver | ||
En ces mois noirs, errant par sentes et chalées, Nous ressentons aux mains chauboulures, onglées, Et tout autour de nos oreilles les pinçons De la brise aigre, encependant que nous paissons De faînes et calots et prunelles gelées. Ou bien, le soir, devant les flammes enroulées, Sur sellettes de bois sommes petits garçons, Frileux, encoquillés si comme limaçons, En ces mois noirs. Quand orrons-nous subler fauvettes et quinsons ? Las ! ne reverrons-nous le temps des béniçons Ou bien tant seulement le lundi des roulées, Le vert bois, la prairie aux rives glaïolées ? Enfantelets petits, c'est à quoi nous pensons En ces mois noirs. | ||
andré mary (1879-1962). Les Rondeaux (1924). |
rondeau des bedons | ||
Toujours assis, les pieds sous le bâton De chaise, au cou la touaille de coton, Ne leur chaut prou Montfaucon ni Vatable : Leur ventrelot s'arrondit sous la table Dont le rebord caresse leur menton. Or de pinter, or d'engouler, glouton, Râble de lièvre, éclanche de mouton, Puis vont ronflant comme porcs en l'étable, Toujours assis. A l'heure dite ils iront chez Pluton De l'eau du Styx attremper leur picton, Ensevelis en nappe délitable, Car ils ont fait testament véritable, Pour être mis au tombeau, ce dit-on, Toujours assis. | ||
andré mary (1879-1962). Poèmes inédits (La Muse française, 1938). |
Rome, grandeur et démesure |
| LETTRES Oeuvres complètes. Tacite. Préface et traduction de Catherine Salles. Robert Laffont. Février 2014. 864 pages. |
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Revue trimestrielle
N°1 - 2009/01 |
Présentation
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