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11 avril 2011 1 11 /04 /avril /2011 23:21
La France qui se bat
 
L'affreuse affaire Tapie est là pour nous le rappeler : dès qu'il y a de l'argent dans les caisses de l'Etat, ce sont les amis du régime qui en profitent, pas la production nationale, pas les travailleurs français. Quand aux banques, elles ont naturellement tout oublié de la crise financière de 2008. La spéculation y bat à nouveau son plein et les surrémunérations des "traders" atteignent à nouveau des sommets. On préfère alimenter la prochaine bulle immobilière ou trafiquer sur les marchés asiatiques plutôt que de soutenir  l'industrie nationale qui a pourtant des besoins criants de capitaux.
Le dossier Yoplait illustre parfaitement cette situation : voilà un groupe performant, désendetté, très bien positionné dans la compétition mondiale. Qui plus est, ce fleuron sert de débouché à un de nos secteurs agricoles les plus importants, celui des produits laitiers. Il devrait être logiquement au coeur d'une politique industrielle innovante, volontaire, intelligente. Sa recherche et développement, entièrement localisée en France, devrait être très fortement soutenue par les pouvoirs publics. Et pourtant, il n'en est rien. Lorsqu'au début des années 2000, Yoplait a du faire face à une mutation industrielle de grande ampleur pour tenir ses positions sur le marché mondial, c'est à un fonds privé qu'il a du faire appel. Le fonds en question - FAI dirigé par M. Zinzou, banquier d'affaires et ami de Laurent Fabius - a naturellement demandé des gages aux actionnaires historiques, les coopératives laitières : en récupérant 50% du capital et la direction de l'entreprise, il a fait une première bonne affaire. En décidant, il y a quelques semaines de vendre sa participation majoritaire au géant américain General Mills, FAI dégage une énorme plus-value et réalise une seconde très bonne affaire. Sur le dos de qui ? Du secteur coopératif laitier, qui perd ainsi le contrôle d'une entreprise dont il avait pourtant porté le développement à bout de bras. Des 1300 salariés français de Yoplait, qui s'inquiètent à juste titre pour leur emploi et pour leurs conditions de travail. Et de l'Etat français lui même, qui craint de voir Yoplait découpé et revendu par activités, au gré du marché et des décisions prises par un actionnaire qui n'a rien d'un philanthrope. Résultat : l'Etat va finalement intervenir. Il le fera non pas de façon offensive - ce qui, horresco referens, l'exposerait à passer pour "interventionniste" aux yeux du capital américain! - mais de manière défensive, en aidant les coopératives laitières à conserver leur minorité de blocage dans le capital de Yoplait. Ce qui n'a pas été fait il y a 10 ans, dans des conditions de marché alors raisonnables, l'Etat va maintenant le faire et au prix fort ! Quelle absurdité et pour quels médiocres résultats ! 
Yoplait n'est ni le premier ni le dernier exemple de l'incurie de l'Etat et de la défaillance de nos structures bancaires  : on vient d'annoncer le rachat de Rhodia par le groupe belge Solvay. Rhodia, c'est l'ancien empire des activités chimiques de Rhône-Poulenc, un des fleurons de l'industrie française des années 60 et 70, séparé dans de mauvaises conditions de sa maison-mère. Rhodia, c'est l'histoire d'une restructuration douloureuse, aujourd'hui réussie, mais qui aura coûté cher, en emplois perdus, en usines fermées, en aides publiques. Et voilà que, le groupe redressé, la crise passée presque sans encombre, la France perd les bénéfices des efforts qu'elle a consentis. Pourquoi ? Parce que Rhodia, bien que remis à flot, traine un passif de 2 milliards d'euros, lié à la dépollution de ses anciens sites industriels. Qui a aidé Rhodia à éponger ce passif et à disposer des moyens de rebondir? Personne. Ni l'Etat, ni la Caisse des Dépots, ni bien évidemment le système bancaire français, celui là même qui tendait il y a deux ans la sébile aux contribuables pour effacer les traces de ses placements douteux, off shore. Exit donc Rhodia, et adieu à nos ambitions dans la chimie industrielle, une des activités de base du monde de demain.
Yoplait, Rhodia et combien d'autres... PME performantes qui ne trouvent aucun appui pour financer leur développement, petites entreprises innovantes en manque de capital, entrepreneurs, chercheurs qui se voient refuser un prêt, ouvriers, techniciens, cadres qui ne trouvent aucun soutien pour reprendre leur entreprise défaillante. Voilà la réalité, la triste réalité quotidienne de l'industrie française. Il faudra bien un jour que les choses changent. Nous aurions pu saisir l'opportunité de la crise financière de 2008 pour nationaliser nos banques et constituer de puissantes institutions financières, nationales et régionales, pour répondre aux besoins de nos entreprises et des producteurs qui les font vivre. Il n'en a rien été et les milliards d'euros de subsides versés aux banques l'ont été en pure perte. Ne laissons pas passer la prochaine occasion : la crise qui se prépare, celle de l'euro, va mettre en lumière l'incurie de nos banquiers, privés et centraux. Soyons sans pitié cette fois-ci, licencions-les, exproprions, nationalisons, régionalisons !
Car dans le même temps, les entreprises multinationales continuent à prospérer sur notre sol. Elles n'ont aucun scrupule à dégraisser leurs effectifs et à vendre les activités qui ne répondent plus à leurs standarts de compétitivité. Ainsi le groupe allemand Bayer n'hésite pas à annoncer la cession des activités pharmaceutiques qu'il exploite en Haute Savoie et c'est 350 à 380 emplois qui sont menacés par cette décision. Le suisse Nestlé restructure sa production de produits surgelés et réduit l'activité de ses usines picardes. Des incertitudes pèsent sur l'avenir des sites Bosch d'Angers et de Drancy qui emploient plus de 800 personnes. Heureusement, les salariés et leurs organisations syndicales n'hésitent plus à créer le rapport de force : c'est le cas à Strasbourg, où les employés de General Motors ont entamé une grève illimitée pour obtenir l'arrêt des plans sociaux, et à Blanquefort où les salariés de Ford, eux aussi en grève, cherchent à accélérer la revitalisation du site. C'est le cas aussi dans de nombreuses entreprises en redressement judiciaire, où les salariés décident d'intervenir dans les procédures pour négocier avec les candidats à la reprise, favoriser les meilleures propositions et susciter, s'il le faut, des repreneurs. Les producteurs s'organisent un peu partout, tant mieux !
H. V.

Mardi 1er mars
- Un an après son démarrage, VM Industries, l'entreprise créée pour reprendre l'usine de connecteurs de Molex à Villemur-sur-Tarn emploie 52 salariés, pour l'essentiel des anciens de Molex. A la fin de l'année, l'entreprise engagera une diversification dans le secteur ferroviaire. Avant sa fermeture en 2009, Molex employait 283 salariés. Par ailleurs, les salariés de Molex et la CGT Métallurgie ont saisi l'OCDE de leur conflit avec leur ancien employeur. 
- L'entreprise Hydra, implantée à Moosch (Haut-Rhin) et spécialisée dans la production de produits d'hygiène (cotons à démaquiller, bâtonnets...), demande son placement en redressement judiciaire. Hydra compte 158 salariés.  En 2008, un premier  plan social avait entraîné 45 suppressions de postes.
Mercredi 3 mars
- la majorité des 400 salariés du groupe Photowatt, spécialisé dans la fabrication de panneaux photo-voltaïques à Bourgoin-Jallieu (Isère) ont décidé de se mettre en grève pour une durée indéterminée. Ils s'opposent aux conditions de licenciement proposées dans le plan de restructuration de l’entreprise qui prévoit la suppression de 195 postes en CDI et de 126 contrats d'intérim.
Lundi 7 mars
- Le tribunal de commerce de Périgueux prononce la liquidation judiciaire de Naptural Isoplume (19 salariés en Vendée). Ce fabricant de panneaux isolants dépend du groupe Sofidile-Isoa, qui emploie 220 salariés en Aquitaine.
Mercredi 9 mars
- Le groupe pharmaceutique Sanofi-Aventis va supprimer 700 postes en Europe, notamment parmi ses visiteurs médicaux. Le Portugal serait le pays le plus touché par cette restructuration que Sanofi se refuse pour le moment à confirmer.
Lundi 14 mars
-  L'entreprise Tharreau Industries, qui emploie 135 salariés à Chemillé (Maine-et-Loire) dans les textiles techniques non tissés, va être repris par le groupe danois Fibertex Nonwovens. Les autorités de la concurrence doivent encore valider ce rachat.
Mardi 15 mars
Une manifestation rassemble plus de 1500 personnes à Carhaix (Finistère) pour protester contre la fermeture d'une usine Entremont, après la reprise du fromager par le groupe laitier Sodiaal en décembre 2010.
Mercredi 16 mars
- Accord sur les indemnités de licenciement des salariés de la raffinerie Petroplus de Reichstett (Haut Rhin). Les 255 employés ont mis fin à la grève commencée il y a une semaine. Des repreneurs sont recherchés par les syndicats. 
Jeudi 17 mars
- Un mouvement social perturbe la production de la Compagnie Fromagère de la Vallée de l'Ancre (CFVA, groupe Bongrain) qui emploie plus de 300 salariés à Beauzac (Haute-Loire). La CGT, qui conduit cette grève, demande un relèvement des salaires et une amélioration des conditions de travail.
- Le conseil national de l'Union nationale des syndicats autonomes (UNSA, 200000 adhérents) élit Luc Bérille au poste de secrétaire général. M. Bérille remplace Alain Olive, 61 ans, grande figure du syndicalisme, qui ne se représentait pas. Le nouveau secrétaire général entend poursuivre l'implantation de l'UNSA dans le secteur privé et il plaide pour un meilleur équilibre entre démocratie politique et démocratie sociale.
Vendredi 18 mars
L’usine Ford de Blanquefort (Gironde) tourne au ralenti et 500 salariés bloquent les livraisons. Les syndicats veulent faire pression sur la direction afin d'accélérer la reconversion du site. L'usine emploie aujourd'hui 1500 salariés et l'activité boites automatiques  destinées au marché américain doit fermer fin 2011. Ford a engagé un plan de sauvegarde de l'emploi qui concerne 336 postes.
- Le tribunal de commerce d’Evreux vient de confirmer la mise en liquidation judiciaire  de l’entreprise de transport et de logistique Logistrans de Val-de-Reuil. Les 123 salariés du site seront licenciés à la fin du mois.
Samedi 19 mars
- Le groupe laitier Yoplait va passer sous contrôle du géant américain General Mills. Le fonds d'investissement PAI, dirigé par le financier Lionel Zinsou, proche de Laurent Fabius, vend ses parts et Les coopératives laitières regroupées dans la holding Sodiaal vont devenir minoritaires. Yoplait, numéro deux mondial du yaourt, emploie 1250 salariés en France.
Lundi 21 mars
- Après douze heures de négociation au siège du Medef, les partenaires sociaux ont décidé de mettre un point final à la négociation sur l'avenir des retraites complémentaires du secteur privé Arrco et Agirc. Le Medef a refusé d'envisager une augmentation des cotisations patronales. La CFDT est toutefois prête à signer l'accord, alors que la CGT, la CGC et la CFTC devraient refuser de le parapher. La position de FO n'est pas encore connue.
Mardi 22 mars 
- Le gouvernement annonce son intention d'intervenir dans la prise de contrôle de Yoplait par General Mills. Après avoir beaucoup oeuvré pour favoriser une solution de reprise par le duo Lactalis-Nestlé, Bercy envisage de demander au FSI (Fonds stratégique d'investissement) de se mobiliser pour aider Sodiaal à conserver une minorité de contrôle dans Yoplait.
Mercredi 23 mars
- Le tribunal de grande instance de Colmar prononce la liquidation judiciaire de la Papeterie de Turckheim, dans le Haut-Rhin. 110 salariés vont être licenciés.
Vendredi 25 mars
- L'entreprise de boissons chocolatées Cacolac est reprise par Trixaim investissement, qui avait mis la main l'an dernier sur Balarama, un fabricant de barres céréalières. Le site de production de Cacolac, situé à Léognan (Gironde), devrait être conforté ainsi que les 50 emplois existants.
- Après la restructuration intervenue en 2006 et la fermeture de l’usine de Beauvais dans l’Oise l’an dernier, les incertitudes pèsent désormais sur l’usine angevine et le site de Drancy (Seine-Saint-Denis) du groupe allemand Bosch. En tout, 800 emplois seraient concernés. Seul candidat intéressé, le japonais Akebono s’est finalement rétracté au début du mois.
Samedi 26 mars
- Les élections professionnelles à la SNCF marquent un recul de la CGT et de Sud-Rail au profit des réformistes, CFDT et UNSA qui totalisent pour la première fois 35% des voix et qui pourraient, en s'alliant, signer des accords.
Lundi 29 mars
- Un mouvement de grève illimité est lancé par les employés de l'usine de boîtes de vitesses General Motors, à Strasbourg, qui emploie 1 040 personnes. Selon la CGT, 70 à 80 % du personnel de production est en grève. Les grévistes réclament l'amélioration des conditions de travail, l'arrêt du PSE qui prévoit 198 départs volontaires d'ici à fin juin et « l'annulation des accords de l'été 2010 pour tromperie envers les salariés ».
Mardi 29 mars
Les salariés du groupe de linge de maison Descamps contestent en justice la reprise de leur entreprise par l'actionnaire actuel, le groupe italien Zucchi. Ils mettent en valeur l'offre alternative présentée par la Maison de la literie qui prévoyait de conserver la totalité du personnel. 
- Les employés de La Poste lancent une grève nationale pour dénoncer le malaise social au sein du groupe et les mauvaises conditions de travail. L'incertitude liée au changement de statut de l'entreprise pèse lourdement sur le climat social.
- FO signera finalement l'accord Agirc-Arrco ainsi que l'accord sur l'assurance-chômage et celui sur les non-titulaires dans la fonction publique. La centrale de Jean-Claude Mailly profite du durcissement de la CGT pour se replacer sur l'échiquier syndical.
- Le groupe Nestlé annonce une restructuration de son activités "grand froid". 130 suppressions de postes sont envisagées dans son usine de Beauvais (sur un effectif de 300 salariés).
Jeudi 31 mars
- Le groupe allemand Bayer qui emploie près de 800 salariés dans les produits pharmaceutiques de médication familiale à Gaillard (Haute-Savoie) annonce son intention de céder cette activité. Cette mesure concernerait entre 350 et 380 salariés.
Henri Valois.

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