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19 mars 2010 5 19 /03 /mars /2010 11:00
Clarifications

Il faut vraiment ne rien comprendre à ce qui se passe dans la tête des Français pour s'étonner  du niveau d'abstention atteint au premier tour des élections régionales. Nous dénoncions ici même il y a quelques semaines le fossé grandissant qui sépare le peuple français de ses classes dirigeantes. En voilà une nouvelle fois la confirmation. Quant aux abstentionnistes, il ne faut pas être grand clerc pour savoir où on les trouve : dans les quartiers populaires, dans les campagnes, dans les régions industrielles où le refus de vote atteint 70, 75%, dépasse même parfois 80%. Pour les habitants de ces quartiers, de ces régions, l'expression démocratique ne répond plus à aucun espoir, ne correspond à aucun besoin. Constat terrible du désenchantement dans lequel vivent bon nombre de nos concitoyens. Et il y a peu de chances que les choses s'améliorent au second tour !

Mais cet ultime dimanche d'hiver ne nous a pas livré que ces douloureuses confirmations.  Il nous a également apporté quelques joies. Le plaisir de voir les têtes de MM. Besancenot et Bayrou rouler dans la sciure électorale n'est pas mince. Nous avons savouré avec délectation le score dérisoire de ces deux grandes vedettes de télévision, nourries aux hormones et montées en graine par le buzz médiatique, et qui voient, brusquement, le sol se dérober sous leurs pieds et les caméras se tourner vers d'autres soleils éphémères.

La mine de mauvais perdant de Bayrou, exposée sur toutes les chaînes, était un rare régal. Du haut de ses 4% d'électeurs, le Béarnais feignait encore de crâner. "De tout cela nous ferons l'analyse et nous tirerons les leçons, bien sûr. Et ce que nous devrons changer, nous le changerons", répondait-il invariablement aux journalistes venus lui faire l'inventaire de ses malheurs. Mais on sentait bien que le ton n'y était plus, que le ressort était cassé. Sur les plateaux de télévision,  le MODEM prenait d'ailleurs l'eau de toutes parts. L'inusable Corinne Lepage annonçait le départ de son quarteron de militants, les ex Verts ralliés un peu rapidement au centrisme new age lorgnaient avec envie sur les scores de leurs camarades d'Europe Ecologie. Il y a là une belle curée en perspective et ceux qui dénoncent la mystification barouyste depuis son origine ne la rateront pour rien au monde. Exit enfin la pseudo troisième force sauveuse de Républiques en péril, exit les démochrétiens parés des plumes de la respectabilité et de la modernité, exit l'européisme sournois et l'atlantisme mal dissimulé, exit le mendésisme à peine retouché qui cherchait à se faire passer pour du gaullisme ! Soyons sûr qu'à quelques exceptions près - dont Bayrou lui-même, prisonnier de son personnage - tout ce petit monde aura passé le Rubicon d'ici aux prochaines cantonales, pour retrouver l'UMP, ses investitures, ses postes et ses prébendes.

Autre clarification utile, celle qui concerne le fashion-trotskysme. Besancenot, généralement à la fête dans les soirées électorales, était dimanche dernier le grand absent des plateaux de télévision. Le NPA, qui avait visiblement du mal à digérer son retour au statut de groupuscule, ne daigna même pas nous déléguer Krivine. A l'annonce des résultats de l'ex LCR, les larges sourires qui s'esquissaient du côté du Front de gauche, du PS et d'Europe Ecologie montraient que l'on peut être de gauche sans être obligatoirement bons camarades. Là encore, il y a fort à parier que les lendemains d'élections vont se traduire par des règlements de comptes sanglants et qu'il ne restera plus grand chose du mirobolant parti des travailleurs modernes et branchés et de ses congrès réglés par Jean-Paul Gaultier et Dries van Notten. Dur retour à la réalité pour toute une génération d'extrême gauche, lassée des lectures collectives du Barbichu sanglant et des confrontations stériles avec les automates de lutte Ouvrière, et qui escomptait bien sortir par le haut de la marginalité. Les meilleurs iront grossir les rangs du Front de Gauche et redonner des couleurs à une gauche protestataire qui a toute sa place dans le paysage politique français. Quant à Besancenot, si La Poste n'est pas capable de lui proposer un poste de directeur de la Communication, c'est à désespérer du service public à la française ! 

  Hubert de Marans.

 

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