19 octobre 2011
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Guerre chez les dindons
On a appris en début de semaine la mise en examen de M. Bernard Squarcini, ci-devant directeur central du renseignement intérieur. Un de plus, direz vous. Et il est vrai que cette qualification juridique s'attachant à un des plus hauts gradés de la hiérarchie policière n'a pas véritablement déclenché la verve des chroniqueurs. Une colonne par ci, deux colonnes par là. Le Monde, qui est - à son corps défendant - à l'origine des déboires judiciaires de M. Squarcini se paye même le luxe d'ignorer le sujet, ou presque. Et pourtant ...
M. Squarcini est l'illustration de ce que nous disions ici-même la semaine dernière : la haute hiérarchie de la police et du renseignement est totalement noyautée par le pouvoir, qui y a placé ses hommes de main. Un clan utilise ouvertement ces rouage essentiels de l'Etat pour régler ses affaires personnelles, faire espionner ses ennemis, ses anciens amis, des hommes d'affaires, des politiques, des journalistes, et pour mettre la justice sous contrôle. Que reproche-t-on précisément à M. Squarcini ? D'avoir mis sur écoute des journalistes et des protagonistes de l'affaire Bettencourt. D'avoir perdu son temps et celui de ses collaborateurs dans des affaires de basse police, au lieu de se consacrer à leur mission essentielle, centrale, la sécurité de la France et des Français. Et comble de tout, nos Vidocq de bas étage se sont fait prendre la main dans le sac, comme des débutants et ils sont maintenant la risée du pays. Ils ont l'air de dindons, de dindons ridicules, à la merci des dernières révélations du Monde et du Canard Enchainé. Voilà le beau résultat du passage de M. Squarcini, le protégé du chef de l'Etat, à la tête de nos services de sécurité.
Aux dernières nouvelles, M. Squarcini ne nierait même plus les faits. Il chercherait simplement à élargir le cercle des dindons, à ne pas payer tout seul les pots cassés. Il aurait même livré à la justice d'autres noms, parmi lesquels celui de M. Péchenard, autre protégé de M. Sarkozy, qui préside aux destinées de la Police nationale. C'est lui qui aurait ordonné à M. Squarcini d'agir. M. Péchenard devrait être entendu, lui aussi, par la justice dans les prochains jours. De là à ce que l'affaire dégénère en guerre ouverte entre les dindons, il n'y a plus qu'un pas. Il pourrait être vite franchi !
Hubert de Marans.
la Revue critique des idées et des livres
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