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paroles pour ne rien dire | ||
A la manière d'Henri de Régnier. L'eau diverse des fontaines, Avec un bruit différent Tombe dans les vasques pleines; Et son double bruit m'apprend. Que, pareille à son murmure, Se prolonge la rumeur, Tantôt douce, tantôt dure, De ma peine ou ton bonheur. Mais, vois-tu, puisque la vasque N'en débordera pas moins, Ne fais sourire ton masque, Ni ne crispe tes deux poings; Et, sans chercher à comprendre, Ecoute, en le soir tombant, L'eau des fontaines s'épandre Avec un bruit différent ... | ||
jean-marc bernard (1881-1915). Sub tegmine fagi. (1923). |
programme | ||
Jetons les livres allemands, Par les fenêtres, à brassées. Foin des cuistres et des pédants, Et vivent les claires pensées! Mieux vaut, couché sur le gazon, Relire, loin des philologues, Catulle, Horace, Anacréon Et le Virgile des Eglogues. Car l'antiquité nous instruit. Chacun de ses auteurs répète : Le temps irréparable fuit... Cueille le jour, dit le poète. Ah! Contentons-nous désormais De ces vérités éternelles Que nous méditerons en paix Sous les raisins de nos tonnelles. Puisque se lamenter est vain, Ne pleurons point la mort des choses : Versons ces roses en ce vin, En ce bon vin versons ces roses. Goûtons la joie et le chagrin Que, tour à tour, chaque heure apporte; Car la Mort, pourrait bien, demain, Frapper du poing à notre porte. | ||
jean-marc bernard (1881-1915). Sub tegmine fagi. (1923). |
lentus in umbra | ||
A Charles Maurras. Presque à plat ventre dans l'herbe Qu'ombrage un fin peuplier, Je regarde scintiller Les eaux du Rhône superbe. Arbres et collines font, De l'autre côté du fleuve, Une image toujours neuve Sur l'immobile horizon. Ce paysage tranquille Sait emplir de sa douceur L'intelligence et le coeur Comme un beau vers de Virgile. Pourrai-je dire comment Il ravit mon indolence ? Mieux vaut goûter son silence Et me taire également... | ||
jean-marc bernard (1881-1915). Sub tegmine fagi. (1923). |