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La gauche à l'épreuve 1968-2011 de Jacques Le Goff Mis en ligne : [2-01-2012] Domaine : Idées | |
Jacques Le Goff, né en 1949, est philosophe et sociologue. Il contribue à de nombreuses revues, et en particulier au Débat, et préside le club de réflexion Politique autrement. Il a récemment publié: La Démocratie post-totalitaire (La Découverte, 2002), La France morcelée (Gallimard, 2008).
Jacques Le Goff, La gauche à l'épreuve, 1968-2011. Paris, Perrin, août 2011, 288 pages.
Présentation de l'éditeur.
« Ce livre traite des évolutions de la gauche française et des bouleversements sociaux et culturels qu’a connus la société depuis plus d’un quart de siècle. Il ne prétend pas à l’expertise et encore moins à l’audit, mais aborde frontalement des changements problématiques trop longtemps sous-estimés ou déniés ». Dans la première partie : « La gauche n’est plus ce qu’elle était », Jean-Pierre Le Goff passe au crible la décomposition de l’ancienne doctrine de la gauche et ses substituts. Gauchisme recomposé, référence à un mouvement social hétéroclite, néo-management, écologisme, gauche morale et dénonciatrice, modernisme culturel et branché… se sont affirmés, dans le même temps où des socialistes français tentaient d’opérer une difficile réconciliation avec le libéralisme. Trente ans après sa victoire de 1981, la gauche n’est pas parvenue à reconstruire un nouveau cadre cohérent de pensée et d’action. Dans la seconde partie, l’auteur s’attache à montrer que cette décomposition s’inscrit dans des évolutions de la société française qui ont mis à mal les anciennes figures de l’engagement politique. De la « civilisation des loisirs » à « mai 68 », de la fin des Trente Glorieuses aux années 2000, c’est une nouvelle figure de l’individu qui a fini par s’affirmer pour qui le rejet des embrigadements passés s’est accompagné d’une morale des bons sentiments et d’un narcissisme prononcé. Les bouleversements opérés dans la famille et l’éducation alliés au chômage de masse ont produit des effets de déstructuration et de désaffiliation, entraînant un « nouveau fossé des générations », à bien des égards plus problématique que celui des années 1960. La combinaison d’une crise économique, sociale et d’un nouvel « état des moeurs » met en question « l’estime de soi » sur le plan individuel et collectif, entraînant une spirale dépressive. L’exigence d’une nouvelle reconstruction, sociale, politique et culturelle est d’autant plus présente que nous sommes arrivés à une phase d’épuisement des idéologies passées et de la révolution culturelle post-soixante-huitarde.
Recension de Jean-Louis Schlegel. - Esprit. décembre 2011.
Avec acuité, l'auteur dissèque ce qui ne va pas, ou ne va plus, à gauche depuis la date symbolique de 1968 jusqu'au premier trimestre 2011 (il est question à la première page de l'affaire DSK). Une des raisons majeures de l'autodestruction de la gauche vient du contraste, du conflit plutôt, entre l'inscription dans une tradition de gauche économique et sociale réformiste et sa déstabilisatioin constante - allant jusqu'à la culpabilisation - par une extrême gauche radicale et marxisante. S'y greffe de surcroît un discours culturel moderniste ou postmoderniste qui ne cesse de s'aligner sur des thématiques libérales-libertaires, sans réflexion sur les conséquences sociales destructrices pour les individus et la société. La gauche a perdu ce faisant "le peuple de gauche", qui est allé voir ailleurs, au Front national par exemple. On acquiesse volontiers à beaucoup d'analyses impeccablement menées et convaincantes, surtout sur les rapports entre extrême gauche, gauche tout court, gauche culturelle - même si on ne distingue pas toujours superficialités médiatiques et débats de fond. Ce qui manque peut-être, ce sont les dilemmes de la gauche, en particulier socialiste, face aux réalités à affronter : les changements de la société, l'individualisme, le multiculturel, les prodromes de la mondialisation avec ses nouveaux problèmes économiques... Les réponses, polémiques, précèdent parfois les questions.
A lire également : "La gauche en morceaux", entretien avec Jean-Pierre Le Goff. - Royaliste du 12 décembre 2011.
la Revue critique des idées et des livres
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Notes Idées