les deux styles
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Devant le parc anglais, plein d'ombre romantique, Qui, même aux plus beaux jours, porte un deuil automnal, Je ferai dessiner, ainsi qu'au temps royal, Un parterre français, orné d'un marbre antique. Tout le jour, aux détours du parc mélancolique, J'errerrai, promeneur sombre et sentimental; Et je serai, le soir, si lassé de mon mal Que la Mort tentera mon âme chimérique. Mais alors, retirant mes pas au jardin clos, J'apaiserai mon sein, tout chargé de sanglots, Près du dieu grec, devant la charmille française. En sorte que mon coeur, épris d'un double amour, Aura, sans nul dommage, accueilli tour à tour, La raison la plus fière et le plus beau malaise. |
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Gustave Valmont (1881-1914). L'Aile de l'amour (1911).
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je voudrais...
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Je voudrais, comme se précise La forme des monts au grand jour, Voir s'éclairer votre âme exquise Aux larges flammes de l'amour. Je saurais alors le mystère Que cache votre corps tremblant, Et je saurais ce que veut taire Votre cœur timide et dolent. Mais pourrais-je, réelle amante, Vous aimer plus profondément Que je n'aime l'ombre charmante Que je berce si doucement ? Pour que votre baiser m'enlève Toute peine et toute rancœur, Il vous faudrait combler un rêve Que ne conçoit pas votre cœur... Aimons notre imparfait délice ! Et s'il faut quand même souffrir, Savourons jusqu'à ce supplice De trembler au bord du désir... |
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Gustave Valmont (1881-1914). L'Aile de l'amour (1911).
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le piege
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Vous choisîtes, un peu soucieuse, une allée Qui dormait près d'une eau de branchages voilée... Attentif et rêveur, je marchais près de vous, Mesurant mon pas grave à votre pas si doux... Derrière nous, avec des plaintes saisissantes, L'Été vieilli pleurait ses grâces finissantes. Un cygne au bord des eaux naviguait mollement. Et parfois je croyais sentir, frisson charmant, Un autre cygne blanc me frôler au passage Quand le vent me poussait vos voiles au visage. |
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Gustave Valmont (1881-1914). L'Aile de l'amour (1911).
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