Georges Fourest
(1867-1945)
Georges Fourest nait à Limoges le 6 avril 1867 dans une famille de la bonne bourgeoisie provinciale. Après des études secondaires au lycée Gay-Lussac de Limoges, il fait son droit à la faculté de Toulouse. C'est là qu'il noue plusieurs amitiés qui compteront dans sa vie de poète et qu'il fait la connaissance décisive d'un aîné, Laurent Tailhade. En 1889, il quitte Toulouse pour achever ses études à Paris mais il fréquente très vite la bohème du Quartier Latin et de Montmartre, en compagnie de Tailhade, qui devient son mentor. A partir de 1890, il collabore régulièrement à l'Ermitage d'Henri Mazel et à la Plume de Léon Deschamps, où paraissent ses premiers vers. En 1908, il adopte un mode de vie plus rangé et se marie à une pianiste, dont il aura deux enfants. Il se consacre à la gestion des biens familiaux, de la vie de famille et tant soit peu de la littérature. Sa Négresse Blonde est bien accueillie par la critique et régulièrement republiée. Après une vie consacrée à la poésie burlesque et au pastiche, Georges Fourest meurt le 25 janvier 1945. Il est enterré au cimetière du Père Lachaise.
Georges Fourest personnifie presque à lui seul la poésie burlesque du XXe siècle, dans ses talents et dans ses excès. Irrévérencieux, truculent, parfois jusqu'au vulgaire, ce mystificateur de génie s'est nourri de tous les excès des écoles poétiques : romantique, parnassienne, néo classique. Henri Clouard porte sur son art un jugement mesuré : "Excellent ouvrier du vers, il a une métrique souple, un rythme sûre quoi que varié. Ses clowneries les plus risquées restent humanistes. Et ses parodies soulagent une impatience critique. (...) Que de gammes il a fait siennes, en y insérant sa propre fantaisie de truculence lucide ! Toutefois, qu'on ne se monte pas la tête. La plaisanterie facile, bonne pour le cabaret, décolorait par avance la poésie de Fourest."
La Négresse Blonde (Messein, 1909). - Contes pour les satyres (Messein, 1923). - Le Géranium Ovipare (José Corti, 1935)
Bibliographie : Henri Clouard, Histoire de la littérature française, du symbolisme à nos jours (Albin Michel, 1947). – Robert Sabatier, Histoire de la poésie française, la poésie du XXe siècle (Albin Michel, 1982).
| Ballade à l'encontre de messieurs du Tiers-Etat A Paris comme dans l'Anjou, A Montluçon comme à Grenade, Plus laids qu'un très vieux sapajou, Les bourgeois gavés de panade Pour sucre ont de la cassonade, Aussi, frère en pantalonnade, Il faut compisser les Bourgeois ! Doucement ouvrons la cage où Leur serin perle sa roulade; Cassons leurs meubles d'acajou, Mettons des vers dans leur salade Et crachons dans leur marmelade; Que n'avons-nous le feu grégeois Pour rôtir cette engeance fade: Il faut compisser les Bourgeois ! Durand, Cocquard ou Fromajou, Ils vont flâner sur l'Esplanade, A leurs femmes disent : "Bijou!" Donnons-leur de la limonade Purgative (ça rend malade) Ils diront : "Hier, je me purgeois!" Oh ! leur donner la bastonnade : Il faut compisser les Bourgeois ! envoi Prince, revenu de Croisade, A tous mécréants Albigeois Vociférez cette ballade: Il faut compisser les Bourgeois ! | |
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| Georges Fourest (1867-1945). Revue L'Ermitage (1890). |
| Ballade des petits gommeux limousins Ils sont à l’instar de Paris, Fument le nauséeux manille, Vont aux courses, font des paris Sur Primerose ou Cochenille ; Or le chic de leur souquenille Parfois épate les voisins; Ils puent le musc et la vanille Les petits gommeux Limousins ! Joignant l’humour des canaris A la grâce des chenilles, Ils ne manquent point de houris : Hortense, Agathe ou Pétronille, Ils traînent, immonde guenille, Le rebut de tous les bousins ; Mais, bien giflés, qui décanille ? Les petits gommeux Limousins Puis quand leurs coffres sont taris, Leur très honorable famille Les enrôle dans les maris : Plus de soupers sous la charmille, Plus de baccara, la manille, Le soir, parmi de vieux cousins : Ils crèvent dans la camomille, Les petits gommeux Limousins envoi Prince, de Lille à Vintimille, Chassez, comme des argousins, Ces poux dont l’engeance fourmille : Les petits gommeux Limousins ! | |
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| Georges Fourest (1867-1945). Revue La Plume (1895). |