Bucolique | |
O toi qui me berças sous la vigne et les ormes Et qui gonflas mon cœur de ce sang radieux, Je t'inscrirai vivant en d'immortelles formes, Mes vers auront la force et l'éclat de tes yeux O mon père, le pré blanchi de fleurs brillantes, Les épis parfumés du blé substantiel Viennent, sous le soleil, baiser tes mains vaillantes, — Tes calmes gerbes d'or ombrageront le ciel ! Sais-tu que ton regard auguste a la jeunesse Des soleils printaniers, quand soudain tu souris ? — Pour qu'un cœur de héros dans ma poitrine naisse, Enfant, tu me guidais vers les lilas fleuris. Quand les bouviers brunis sous leurs chemises blanches M'apportaient un beau lys tombé sur les sillons Une cigale chaude et vibrant sur les branches, Des roses, des oiseaux, des fruits ou des grillons, Tu souriais d'orgueil ! Ah! souris plus encore Et longtemps vois jaunir et refleurir les bois ; Sois fier ! sur le luth d'or et la flûte sonore Toute ta race chante avec de belles voix !
Emmanuel Signoret. (1872-1900), Vers dorés. (1896). | ![]() |