Soirs d'été | |
Vois, c'est déjà le soir. Notre table est dressée Dans le jardin, avec ses assiettes de fruits, Et les insectes d’or l’entourent de leurs bruits Et les derniers rayons du soir l’ont caressée. Les grands magnolias répandent leurs odeurs. Sous leurs rameaux luisants, jusqu'au sol qui [l'accueille, L'eau qu'on vient de lancer, coule de feuille en feuille. Le soleil, en mourant, baigne encore leurs fleurs. Au delà du jardin où la terre s'incline, Avec ses champs abrupts et ses bosquets de pins, Dans le silence, ainsi qu'un grand autel divin Où brûlent des flambeaux, s'élève la colline. Le chant de la fontaine emplit la paix du soir. La lumière s'éteint aux briques scintillantes, Sous les légers rameaux de roses odorantes. Auprès de ses bassins monte un grand laurier noir. Voici venir la soupe aux mains de la servante. Nous allons nous asseoir sous les branchages bleus Et manger dans le silence religieux, Le pain coupé par toi sur la nappe brillante. Le vent est tiède ; on sent venir les nuits d’été. Ton beau geste, ô ma mère, a fait resplendir l'heure. Le soir est rayonnant et la vieille demeure Luit dans l’ombre qui croît avec sérénité» |
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