Invitation | |
Je ne vous offre pas d'immenses étendues, Ni l'héroïque assaut des sapins noirs et fiers Contre les cimes défendues Par l'avalanche et les éclairs. Je ne vous offre pas les innombrables ondes De la mer, son parfum, ses îles, ses vaisseaux, Ni même entre des rives blondes Un petit lac plein de roseaux. je ne vous offre pas des remparts gigantesques, Un château dont les tours semblent porter les cieux, Des salles brillantes de fresques, Un parc où survivent des dieux. Je ne vous offre pas, désinvolte et cambrée La danse aux gais conseils et ses regards trop beaux, Ni la chasse et l'âpre curée A la lumière des flambeaux. Je vous offre un ciel pur, des collines joyeuses Entourant de leur ronde un vignoble vermeil Et sous sa couronne d'yeuses Un toit se riant du soleil. Je vous offre un ruisseau dont l’ondine farouche A fui l'œil trop ardent de l'amoureux été, Mais, au creux profond de sa couche, L'ombre dort et la volupté. Je vous offre le geai, le merle et la fauvette, La cigale du pin, le grillon des guérets, La pie, oscillante navette Sur la quenouille du cyprès. Je vous offre le jour, la nuit, les fleurs, la gerbe Des étoiles, le vent, la musique des joncs Et je vous offre parmi l'herbe Le tendre exemple des pigeons. | ![]() |