L'aube rue Saint Vincent | |
Le jour doré s'accroche à l'aile D'un moulin qui ne tourne plus Et l'on sent bouillonner le zèle De Paris, moi je suis perclus. Voici, beautés d'apothéose, Merveilles du soleil levant, Traînés par une jument rose Des choux bleus et des coucous blancs. La fontaine laborieuse Redit, inutile leçon, Une chanson d'esclave heureuse Au ruisseau libre et vagabond. On ouvre et l'on ferme des portes Et des mains lèvent des miroirs Lourds de lumière, que m'importe Si je suis parfumé de soir? La lune a bu toutes mes larmes; Partageant mon vin, des filous M'ont laissé caresser leurs armes; Ma nuit fut belle. Couchons-nous. |
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André Salmon (1881-1969). Créances. ( 1905-1910).