![]() |
figaro
|
||
Figaro joue de la guitare. Ma bien–aimée, comme il joue faux ! La pluie d’été mouille les coteaux gris, verts et bleuissants du soir… Oh ! la guitare et ce bruit d’eau ! Entends-tu ? Maintenant qu’il chante, comme tu es troublée, tout à coup ! Or, ce Figaro, coiffeur dans un trou de province déjà pourrissante, n’est qu’un vieillard à moitié fou. Mais tu trembles sous ma caresse, tu te serres, nue, contre moi, nue et frissonnante tandis que ta voix, rauque un peu, répond à l’amoureuse averse qui s’abat et gémit sur le toit. |
||
Francis Carco (1886-1958). Chansons aigres-douces. (1913).
|
l'heure du poete
|
||
La fillette aux violettes Equivoque, à l'oeil cerné, Reste seule après la fête Et baise ses vieux bouquets. Ce n'est ni la nuit, ni l'aube, Mais cette heure où, dans Paris, Les rôdeurs et les chiens maigres Errent dans un brouillard gris... L'heure amère des poètes Qui se sentent tristement Portés sur l'aile inquiète Du désordre et du tourment. Et ma lampe qui charbonne Luit sur ce pauvre cahier D'où se lèvent des fantômes Que je croyais oubliés. |
||
Francis Carco (1886-1958). Petits airs. (1920).
|
dimanche
|
||
Ne parlons pas, écoute La pluie à grosses gouttes Dégouliner du toit Et ruisseler aux vitres Il pleuvait, souviens toi, Comme il pleut dans mes livres. Un vieux piano grinçait, Le vent brassait les branches Par ce sombre dimanche. Un vent âpre et glacé Et, soudain, sans qu'on sache D'où le vent le chassait, Cet air de cor de chasse... |
||
Francis Carco (1886-1958). La Romance de Paris (1949).
|
![]() |