Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
17 novembre 2012 6 17 /11 /novembre /2012 23:59
Présence
de Barrès
 
 
 

 

LETTRES
Maurice Barrès.
François Broche.
Bartillat.
Septembre 2012.
352 pages.
 

 
François Broche, né en 1939, est historien et journaliste. Spécialiste de la France Libre et de l'histoire politique et littéraire du XXe siècle, il a publié des ouvrages de référence sur le général de Gaulle, le comte de Paris, Maurice Barrès ou Anna de Noailles. Publications récentes : Dictionnaire de la France Libre. (Robert Laffont, 2010), La Commune démystifiée. (France-Empire, 2012).

 

Présentation de l'éditeur.
Cette biographie insiste sur de nombreux aspects méconnus et pourtant essentiels de la vie de Maurice Barrès (1862-1923). Elle modifie l'approche habituelle d'une oeuvre singulièrement diverse, moderne et à certains égards visionnaire. Barrès a en effet ouvert des voies nouvelles, annoncé un élargissement de l'inspiration, fait pressentir un univers radicalement différent de celui du XIXe siècle et influencé les plus grands écrivains du XXe.  Cet ouvrage ne cache rien de ses erreurs et ses égarements et rappelle que Barrès lui-même les a reconnus et reniés. En s'appuyant sur des sources récentes et sur une réflexion personnelle approfondie, François Broche permet de redécouvrir un grand écrivain, le "divin mélodiste" dont parlait Proust, qui fut un éternel foyer de contradictions, mais aussi un éveilleur d'intelligences et de sensibilités, témoin capital et passeur incomparable, maître à sentir, à analyser, à juger par soi-même.
 
L'article de Michel Bernard. - Service littéraire. - novembre 2012.
Les charmes du maître de Charmes. L'influence de Barrès sur ses contemporains fut considérable par l'étendue et par la hauteur des talents sur lesquels elle s'exerça. Proust, Claudel, Mauriac, Bernanos, Aragon, Malraux lui doivent beaucoup et l'ont reconnu, pour s'en détacher. Le général de Gaulle, qui le cita rarement, y prit une certaine idée de la France. «Toute licence sauf contre l'amour», « N'importe où hors du monde», ces titres qu'on jurerait de Breton, sont de Barrès qu'il insulta. François Broche est celui qui aujourd'hui connait le mieux l'écrivain et son temps. Sa nouvelle biographie du maître de Charmes enjambe, avec allégresse et précision, le fatras d'idées viellies qui font une fausse réputation à l'écrivain, et s'intéresse à l'homme. A quoi bon aller s'enquérir de Maurice Barrès que la postérité a déjà fusillé cent fois pour haute trahison de la pensée du jour ? Parce qu'il a écrit de puissants et beaux livres. La Colline inspirée, âpre, difficile, est l'oeuvre maîtresse d'une cetaine manière française, ce lyrisme retenu dans une narration austère, qui s'épanche par à coup, magnifiquement, comme dans un quatuor. Amori et dolori sacrum, Le Mystère en pleine lumière recèlent quelques-uns des trésors de la prose française. Celui qui accabla le malheureux capitaine Dreyfus, puis se repentit, reste avec Chateaubriand et Hugo, un de ses plus grands artistes. Ce que nous appelons maintenant l'écriture, et la ratiocination narrative et prétentieuse qui l'entoure, François Broche le montre, sont radicalement étrangers à Barrès. Il croit au style qui est le chant que produit la lumière du jour, le vent, la pluie, la vue sur les forêts et la plaine, lorsqu'en tel point du monde, à tel instant du temps d'une vie, on en est traversé. Il croit aux choses et à une certaine façon, amoureuse et détachée, d'habiter le monde. François Broche saisit admirablement Barrès dans le mouvement de la fuite. Ce fut d'abord les voyages, l'Orient, l'Italie, l'Espagne. Ce fut surtout la Lorraine. Le biographe l'a placée au centre de son livre, elle en est le point d'équilibre, comme elle le fut pour son héros. Une vieille rue de Metz porte le nom de l'auteur de Colette Baudoche, et la plaque bleue précise "Patriote lorrain". C'est étroit et c'est très vrai. Barrès a profndément aimé cette province peu gracieuse. C'est sur cette terre, entre l'Argonne et les Vosges, que son âme a reçu les coups d'archet les plus précisément appliqués. Qu'on relise le grand chant géographique des premières pages d'Au service de l'Allemagne : cet ample survol du plateau lorrain en trois pages contient un des plus beaux paysages et un des plus beaux ciels de la littérature. Sa phrase exigeante et sinueuse change de climat avant que le point ne l'ait refermé. Elle est comme la Lorraine, sévère et maussade, qui, tout à coup, par la grâce d'une lumière sur les pierres et les fruits blonds, et les verts brillants de la campagne, révèle un coin d'Italie. Barrès est devenu cela, qui dure plus que les idées, une région secrète et belle de la langue française.
 
Partager cet article
Repost0

commentaires

 
Revue trimestrielle
N°1 - 2009/01
 
Présentation
 

Accueil

Présentation

Manifeste

Historique

Rédaction

Nous contacter

Recherche