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27 juin 2009 6 27 /06 /juin /2009 01:00
 VICO
 
Etude sur Vico (fin)
 
X.

 

Vico s'est également penché sur les modes d'expression des idées humaines. Pour lui, une langue ancienne est un précieux témoignage des premiers temps du monde. Il cherche, selon son habitude, à déterminer les grandes étapes du processus de formation d'une langue. Selon lui, les premières expressions de l'homme se rapportaient non pas aux choses mais aux émotions. Le langage, qui prenait sans doute alors la forme d'un chant primitif, n'était pas employé, comme aujourd'hui, pour les usages simples : son utilisation était exceptionnelle, certainement réduite aux consultations d'oracles ou à l'expression du droit. L'idée que le droit primitif ait pu jouer un grand rôle dans l'histoire des langues recoupe d'ailleurs cette intuition d'Aristote selon laquelle « la parole humaine est faite pour exprimer le bien et le mal et, par suite, le juste et l'injuste».

 

XI.

 

La difficulté que l'on rencontre souvent dans l'étude des anciennes civilisations est de savoir comment fonctionnait cette logique de l'imagination qui remplaçait alors la logique du philosophe. Là encore, Vico apporte un éclairage intéressant. Pour lui, les primitifs, n'ayant pas acquis la possibilité d'abstraction, ont recours par défaut à l'imagination. Cette imagination possède d'ailleurs une certaine faculté d'abstraction, mais elle abstrait à sa manière, en rassemblant sur un signe, le plus généralement sur un personnage - héros ou dieu -  un ensemble de traits ou d'actions. Ce qui caractérise la pensée vulgaire, c'est cette incapacité à séparer le signe et les relations auxquelles il renvoie. Ce qui explique pourquoi les anciens avaient autant de difficultés à séparer compositions poétiques et compositions historiques. A cet égard, Vico fait remarquer qu'il ne faut pas confondre, comme on le fait encore trop souvent, le mélange d'histoire et de légende, qui est propre aux périodes antiques et l'interprétation faussée de l'Histoire, qui se développe plutôt dans les périodes de haute civilisation.

 

XII.

 

L'anthropomorphisme se rattache également à cette logique de l'imagination. Les premiers hommes donnèrent des sentiments et des passions aux phénomènes naturels et aux êtres matériels ; nous faisons la même chose à l'égard des choses intellectuelles. De même, dans ce que nous appelons science, et qui n'est bien souvent qu'un ensemble assez confus de raisonnements, l'imagination joue encore un rôle très important. Selon Sorel, l'évolution historique ne fait pas disparaitre l'imagination et l'homme ne deviendra pas un être purement intellectuel ; il a constamment besoin de recourir à des procédés anthropomorphiques pour fixer « l'idée » et se faire mieux comprendre.

 

Il resterait à examiner pourquoi les poètes anciens, en animant la nature, ont produit des inventions sublimes : Vico parle très sou-vent de cette qualité  de la vieille poésie, mais ne fournit point d'explications bien claires. Il faut retenir, cependant, cette règle importante [1] : « le sublime poétique doit toujours avoir quelque chose de populaire. » On peut bien en conclure qu'il est plus voisin des méthodes de représentations psychologiques que de la logique ou de la science ; mais cela n'épuise pas le sujet.

L'observation de Vico nous permet de comprendre pourquoi A. Comte et ses disciples ont été souverainement ridicules dans leurs prétendus essais d'élé vation religieuse ; c'est qu'ils appartenaient à des classes absorbées par le travail intellectuel et incapables de comprendre les choses d'une manière populaire. On observe au Moyen-Age un phénomène analogue ; les écrivains ecclésiastiques ont eu rarement des idées sublimes; ils vivaient d'une vie étrangère à celle du peuple et leurs ouvrages montrent qu'ils ignoraient, à peu près totalement, le monde contemporain.

Dans l'esprit de Vico le sublime est propre aux civilisations primitives et il ne pourrait plus se reproduire avant que le retour de l'histoire idéale ramène les temps barbares et, en effet, à plusieursreprises, Vico fait intervenir la puissance exceptionnelle des faculté sensitives des primitifs: ils suppose qu'ils étaient organisés autrement que nous [2]. « La Providence voulut qu'à l'é poque où l'homme était tombé dans un état de brutalité, il eût pour sa conservation les sens les plus actifs et les plus subtils et qu'ensuite ces sens s'affaiblissent lorsque viendrait l'âge de la réflexion et que cette faculté  prévoyante protégerait le corps à  son tour. On doit comprendre, d'après ce qui précède, pourquoi les descriptions héroïques, telles que celles d'Homère, ont tant d'éclat et sont si frappantes, que tous les poètes des âges suivants n'ont pu les imiter, bien loin de les égaler. » Dansd'autres passages, il parle de la même manière de l'extraordinaire mémoire et de la forte imagination des peuples barbares.

Je ne pense pas que cette dégénérescence physiologique soit facile à démontrer ; en tous cas, l'expérience devait démontrer durant le siècle qui suivit la mort de Vico que la poésie lyrique la plus élevée était encore possible.

Il y a toutefois quelque chose de juste dans la thèse de Vico ; la manière de sentir des primitifs est bien plus poétique que la manière de se représenter les choses qui appartient aux âges de la réflexion. Les premiers animent la nature sans la décomposer, tandis que les classiques superposaient à la nature un monde de personnages fictifs, dont l'intervention est une des choses les plus nauséabondes qu'on puisse imaginer : les génies, les fées, les nymphes, rendent odieuse toute description. La poésie moderne a retrouvé la nature et s'est mise directement en contact avec elle : il a fallu l'animer dans une certaine mesure, parce qu'il a fallu parler un langage tout plein d'images tirées des états affectifs ; mais on a trouvé moyen de ne pas reproduire les formes du passé ; de nos jours, il eut été impossible de refaire unemythologie naturelle, mê me très barbare, sans arriver tout de suite à la plate mythologie de nos classiques [3].

On peut encore rapprocher la poésie moderne de la poésie primitive par un autre caractère : le sublime exige que l'âme ressente des émotions qui appartiendraient au domaine de la crainte pour peu qu'elles fussent plus développées. Les barbares éprouvent des terreurs qui nous semblent bien puériles, quand nous fréquentons les lieux qu'ils ont peuplés d'ê tres fantastiques ; la littérature classique s'attacha à décrire les lieux que la tradition avait consacrées et elle ne pouvait produire aucune émotion. Pour retrouver le sublime, il fallait se transporter dans des milieux tout autres, mais capables de provoquer sur nos âmes civilisées des émotions analogues à celles que les primitifs avaient connues. La mer, la montagne, la grande solitude, sont capables de donner cette impression de sous-terreur (si on peut employer ce mot barbare) sans laquelle il n'y a pas de sublime [4].

 

XIII.

 

Après avoir évoqué la façon dont Vico traitait de l'évolution des mœurs, des sentiments, des langues à travers l'histoire, Sorel achève son étude par les transformations du droit.

 

Les transformations du droit occupent une grande place dans la Science nouvelle ; il faut, tout d'abord, se rendre bien compte d'un certain nombre de notions d'une haute importance. Vico [5] emprunte à Ulpien cette définition de l'équité civile : « c'est une présomption de droit, qui n'est point connue naturellement à tous les hommes, mais seulement à un petit nombre d'hommes, qui, réunissant la sagesse, l'expérience et l'étude, ont appris ce qui est nécessaire au maintien de la société . C'est ce que nous appelons la raison d'État. » Au contraire [6] « l'équité naturelle de la jurisprudence humaine dans son plus grand développement est une pratique, une application de la sagesse aux choses de l'utilité ; car la sagesse, en prenant ce mot dans le sens le plus étendu, n'est que la science de faire des choses l'usage qu'elles ont dans la nature. » Ces formules ne sont pas très satisfaisantes, car la première suppose que les chefs des primitifs possèdent déjà une culture assez avancée pour raisonner sur le maintien de la société, ce qui ne peut se rencontrer que dans un état de civilisation beaucoup plus voisin de nous. Ulpien pensait à une époque où la jurisprudence romaine était déjà constituée et ce n'était pas une époque primitive tant s'en faut! Quand à la seconde définition, on voit quelle dépend de l'idée fausse que l'ancienne philosophie se faisait de la Justice. Vico croyait, comme presque tout le monde, que le Bien existe et que l'homme peut arriver à le connaître, au moins dans la limite que sa faiblesse impose à ses facultés ; j'ai déjà insisté sur l'importance de cette théorie dans la Science nouvelle.

 

En attendant de connaître, par la raison, ce qui est juste, les hommes se gouvernent par la certitude de l'autorité. Selon une belle formule de Vico, « la certitude de la loi n'est qu'une ombre effacée de la raison appuyée sur l'autorité » ; elle permet aux nations, sous l'égide de la Providence, d'évoluer  progressivement vers le vrai et le bien. Sorel, tout en soulignant l'importance du sentiment de justice qui fournit à l'homme l'énergie nécessaire à la lutte, doute que cette force ait une direction constante et positive, à travers l'histoire. Dans les temps primitifs l'autorité ne semble s'appuyer sur aucune idée de justice précise, elle est pure et simple, sans s'identifier pour autant à une volonté arbitraire. Mais comment alors passe t'on de cette autorité primitive à l'autorité raisonnée, du certain au vrai ? Vico ne fournit pas de réponse claire sur ce point.

 

Quelle est la nature du terme vers lequel se dirige une transformation juridique ; j'entends ici un terme provisoire et réel? Vico rappelle une Phrase de Dion Cassius [7] : « La coutume est semblable à un roi, la loi a un tyran. » Cette formule a une très grande importance pour la détermination des idées juridiques ; il faut donc nous y arrêter car il est clair que, dans l'esprit de Vico, le régime vraiment naturel est celui de la coutume.

Lorsque de nos jours, une réforme s'accomplit, le pays se trouve partagé en deux partis : ceux contre lesquels la loi a été faite se soumettent parce qu'ils ne peuvent faire autrement et parce qu'ils n'ont pas la force ; d'ordinaire ils espèrent prendre leur revanche plus tard ; - quant aux vainqueurs, ils prétendent que le Droit s'identifie à leurs désirs, leurs intérèts, et ils s'empressent de profiter des avantages que leur donne la force [8]. Si au bout de quelques années les nouvelles règles parviennent à se faire accepter et si elles passent dans les mœurs, alors on ne s'occupe plus de connaitre leur origine. On les prend telles quelles et elles deviennent des coutumes. Il arrive même assez souvent que les gens qui avaient combattu le changement opéré, deviennent les meilleurs défenseurs de l'organisation nouvelle.

Tant qu'on vit dans la période provisoire, la loi est une gêne pour beaucoup de personnes : elle se présente toujours comme l'expression de la volonté d'un groupe. Plus tard elle n'est plus qu'un fait, que l'on considère d'une manière objective, sans discuter la légitimité de son origine et sans chercher à connaître exactement les motifs qui ont agi pour le produire. Celle transformation est éclatante pour les institutions nées de la Révolution : peu de gens s'intéressent aux causes qui les ont fait adopter ; ces causes sont, le plus souvent, très difficiles à déterminer; quand on peut les pénétrer on ne les trouve pas, d'ordinaire, très recommandables ; -  mais aujourd'hui, il importe peu de savoir si les désirs de richesses, si les passions el les haines, ont eu une influence plus ou moins considérable sur les lois votées à cette é poque. Nous ne vivons plus en 1789 et les choses doivent être appréciées au point de vue d'aujourd'hui.

Quant la loi est devenue coutume, on se contente de la justifier par des raisons généralement fort médiocres [9]) : la vraie raison de son maintien, c'est qu'elle existe depuis assez longtemps pour avoir été acceptée et pour s'être mise en rapport avec les usages nouveaux. Ce n'est pas sa conformité plus ou moins grande avec l'idéal de Justice qui la rend bonne; mais on peut dire qu'elle n'é veille plus de protestations suffisantes pour que les sentiments de justice soient excités d'une manière notable dans le pays.

Lorsqu'il en est ainsi, la règle ne paraît plus être un ordre extérieur fondé sur la force du coercitive, mais elle semble être purement naturelle : c'est ainsi que les philosophes ne sont pas tout a fait déraisonnables quand ils prétendent rapporter à la nature humaine les usages les plus généraux et les moins contestés. Vico dit [10] : « La sagesse divine n'a pas besoin de la force des lois; elle aime mieux nous conduire par les coutumes que nous observons librement, puis-que les suivre, c'est suivre notre nature. » Quand on abandonne la théorie morale traditionnelle, on voit que le droit naturel ne justifie pas les coutumes, mais qu'il est seulement une manière de traduire les coutumes dans une langue métaphysique, en vue de les grouper, de lescoordonner et d'en déduire des règles de dé tail. La Justice n'apparaît plus comme un terme vers lequel on marche, ni comme une force intérieure qui nous meut ; elle n'exerce son action que d'une manière intermittente, quand nous éprouvons le besoin de changer nos règles juridiques : elle n'est pas plus dans le terme extrême que dans le terme de dé part : elle n'est que dans le mouvement.

 

Vico s'interroge enfin sur la rigidité des lois et de la jurisprudence primitive dans le droit antique. Il fait le lien entre les anciens rites religieux latins, qui supposaient des formules consacrées dans lesquelles on ne peut changer une lettre, et les formules de la jurisprudence romaine. Celle-ci s'appuyait sans doute aussi à l'origine sur la logique d'imagination et sur la poésie des fables. Selon Sorel, cette rigité du système juridique est aussi une expression de l'organisation des sociétés primitives, où l'aristocratie détenait non seulement le pouvoir politique mais aussi les magistratures et les sacerdoces.

 

*
*  *

 

Pour terminer, Sorel évoque la conception qu'avait Vico de la jurisprudence moderne. « Les jugements humains ne sont pas aveugles et inflexibles comme les jugements héroïques. La règle qu'on y suit, c'est la vérité des faits...Les monarques, dans ces jugements, se font gloire d'être supérieurs aux lois et de ne dépendre que de leur conscience et de Dieu. ». En réalité, nous dit Sorel, le rôle des monarques dans la création ou le changement de jurisprudence est exceptionnel ; de même il est peu vraisemblable de penser que les « législateurs » de l'antiquité étaient à l'origine de la modification des lois; ils intervenaient plutôt pour en régulariser la pratique et en codifier la forme. Dans la plupart des cas, ces changements proviennent de jugements particuliers dont on généralise, par la suite, la portée.

 

Les jugements particuliers ne sont pas de deux espèces : les uns provenant de l'ignorance et de la simplicité des primitifs incapables de généraliser, - les autres révélant la pleine connaissance de l'équité chez les princes civilisés. Dans tous les temps, ils sont la source du droit et ils constituent le moyen normal par lequel se modifient les institutions

A mesure que les relations deviennent plus complexes dans la société moderne, on éprouve le besoin de provoquer davantage ces mouvements juridiques ; et on les provoque par la mé thode que je viens de décrire et qui est une des manifestations les plus claires du matérialisme historique: la théorie suit la pratique et ne la précède pas. Pour que le droit puisse s'adapter facilement aux besoins nouveaux, on s'efforce partout de créer des juridictions d'exception, étrangères à l'enseigne-ment des écoles et aux traditions de la magistrature professionnelle. Souvent des fanatiques de l'unité ont réclamé le retour aux principes de la Ré volution et l'unification de tous les tribunaux. Nous voyons, à l'heure actuelle, de nombreux auteurs attaquer le jury. En fait, lenombre des commissions laiques va toujours en augmentant [11].

Depuis que les progrès de la grande industrie ont tant modifié les conditions du contrat de travail, il a été souvent question de mettre le Code civil en rapport avec les besoins nouveaux ; mais on en est toujours resté à d'assez vides déclamations sur le travail, parce qu'il est impossible de dire ce qu'il faudrait faire. Les mesures efficaces prises jusqu'ici ont été celles que divers pays ont réalisées en instituantsoit des conseils de conciliation, soit des chambres de travail : ces organes nouveaux n'ont pas donné encore grand'chose, mais cela tient en partie à ce qu'on a voulu les faire fonctionner d'une manière trop judiciaire et en tirer ce qu'ils ne pouvaient pas fournir. On devrait les considérer comme des commiesions chargées d'élaborer des opinions particulières, plus encore que de préparer des transactions. Lorsque le grand public aura été bien familiarisé avec les difficultés qui se présentent dans la pratique industrielle, quand beaucoup d'exemples auront été appréciés, il sera possible de songer à formuler des règles nouvelles et à rédiger un Code du travail. A l'heure actuelleon ne saurait quoi mettre dans ce Code.

Ces commissions ont surtout pour fin de mettre en forme juridique des conflits, de les préciser, de reconnaître exactement les forces en présence et de les définir. Mais il ne faut pas que leur nom (conseils arbitraux, conciliateurs, etc.) dissimule à nos yeux le fonds même, la cause fondamentale du mouvement, c'est-à-dire la lutte des classes pour la conquête de droits. J'ai déjà eu l'occasion de faire observer que Vico avait parfaitement distingué la lutte pour la conquê te des avantagesprocurés par le pouvoir et la lutte pour les droits [12]. C'est une distinction d'une très haute importance, qui doit être présente, toujours à notre esprit, quand nous examinons l'histoire des conflits contemporains, au point de vue de l'évolution des idées juridiques.

georges sorel.

 


[1]. Livre III, chap. iv, p. 530.

[2]. Livre II, chap. vii, § 2, p. 489.

[3]. Voilà bien un exemple remarquable de créations étrangères à la théorie des retours de l'histoire idéale.

[4]. Dans le troisième livre, Vico s'attache à montrer qu'on ne peut plus trouver dans les milieux civilisés des épisodes analogues à ceux dont Homère s'est servi : « la poétique, la critique peuvent faire des esprits cultivés, mais non pas leur donner de la grandeur. » (Livre III, chap. v, p. 535).

[5]. Axiome 110.

[6]. Axiome 114.

[7]. Axiome 104.

[8]. J'entends ici le mot force dans le sens général ; toute loi, voté régulièrement, qu'elle soit par un Parlement, n'est que la manifestation de la force du parti qui la réclame.

[9]. D'ordinaire les raisons que l'on donne sont des contre- sens historiques.

[10]. Livre V, chap. iv, p. 639. Cf. livre II, chap. v, § 1, p. 442. A rapprocher un passage connu d'Aristote : « La loi pour se faire obé ir n'a d'autre puissance que celle de l'habitude, et l'habitude ne se forme qu'avec le temps et lesannées. » (Politique, livre II, chap. v, § 14). Quand la coutume est ainsi établie, elle agit sur notre conscience et elle engendre nos manières de penser spé culatives au moyen des lois idéogénétiques : c'est dans ces conditions que l'on peut dire que la manière de vivre engendre la conscience et que la structure sociale se reflète dans l'esprit humain. La coutume de Vico, la loi d'Aristote, sont, en quelque sorte, assimilées par l'individu et produisent, dans nos cerveaux, leurs conséquences intellectuelles.

[11]. Dans le milieu où se recrutent ces commissions, on retrouve presque toujours, et d'une manière très claire, les phénomènes que l'on reconnaît à l'origine du droit ; les opinions se suivent et se coordonnent non point dune manière logique et scolastique, mais en vertu des affinités sentimentales. Aristote avait très bien vu ce caractère dans la justice criminelle à athènes. il dit que la gravité d'un crime se mesure à la terreur et la pitié que son récit provoque chez ceux qui l'entendent. (Rhétorique, livre I, chap. xiv, § 3).

[12]. Au point de vue du matérialisme historique, il ne serait pas très exact de parler de lutte pour le droit.

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