Notre chronique politique de la semaine dernière, consacrée à la campagne européenne du PS, ("La chute de la Maison Delors", RCIL du 26 Mai 2009) a suscité de nombreux commentaires, échanges et reprises, au-delà même du cercle encore modeste de nos lecteurs réguliers. C'est sans doute que les mésaventures des socialistes intriguent, que bon nombre de nos compatriotes s'interrogent sur cette capacité du PS à échouer sur toute la ligne, alors qu'il devrait se sentir pousser des ailes. Jamais, depuis les débuts de la Ve République, le chef de l'Etat n'aura été aussi décrié, honni, moqué; jamais sans doute le pouvoir en place n'aura été aussi falot, inconsistant, nul, incompétent; jamais les extrêmes - qu'il s'agisse de la droite ou de la gauche - n'auront été aussi faibles, divisés, privés de toute crédibilité. Et pourtant rien ne réussit à Mme Aubry et à ses équipes. Rien, au point que l'on se demandera dans quelques semaines pourquoi elle est encore là.
En réalité, si les Français sont aujourd'hui aussi sévères avec les socialistes, c'est qu'ils les trouvent tristes, sans audace et sans idées. Prenez le temps de lire le programme du PS pour le prochain scrutin européen, l'ennui y transpire à chaque ligne, tout y est morne, terne, sans vigueur et sans goût. Quant aux idées, nos amis de la rue de Solférino en sont à ce point privés, qu'ils tressaillent, s'épouvantent et s'enfuient à la moindre thèse nouvelle qui sort un tant soit peu de leur champ de vision habituel.
En témoigne l'aventure qui vient d'arriver à l'économiste Jacques Sapir. Sollicité pour donner un entretien à la gazette interne du PS, il développe son argumentaire bien connu sur les délocalisations, les méfaits de l'ultralibéralisme et l'impuissance des institutions européennes à répondre à la crise. Lorsqu'il finit par émettre l'idée - somme toute assez juste - que l'Europe sociale relève du pur fantasme, c'est "panique à bord" chez "l'interviouveuse" socialiste. Celle-ci finit d'ailleurs par lui préciser qu'elle ne passera pas l'entretien, pour cause d'incompatibilité avec la ligne du PS, et qu'elle n'était d'ailleurs point là pour faire de l'information mais de la communication. On ne pouvait mieux résumer ce que l'équipe de Mme Aubry entend par débats d'idées!