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27 août 2017 7 27 /08 /août /2017 12:18
François Bernouard
 
 
regrets
 
 
 
D'avoir trop aimé ma maîtresse
Qui ne m'as jamais bien compris
J'ai beaucoup souffert et j'ai pris
Une haine obscure des caresses

D'avoir trop aimé ma maîtresse
Et son cœur que je n'ai compris
J'en ai méprisé mon esprit
Et mon amour et ma jeunesse...

... Comme le temps est passé
Notre amour est trépassé
Tout est bien... tu m'as quitté
En emportant tes caresses

Ah qu'aurions-nous fait l'été
Dans les mois où l'églantier
Jette au cœur des bonds d'ivresse
Toi de ta jeune beauté
Moi de ma vieille jeunesse.
 
 
 
françois bernouard (1884-1948). Les Regrets à Futile. (1912).
 
 
fin
 
 
 
Posséder dans son lit, longtemps, même maîtresse
Me semble un peu pareil à demeurer toujours
Dans le même logis. L’esprit prend chaque jour,
Au refrain de sa voix un regain de tristesse.

Les tableaux sont au mur ; on en a l’habitude
Et on ne les voit plus. Les bibelots rangés
N’évoquent plus d’envie aux regards étrangers,
Et cette vie à deux semble une solitude !

On s’aime en vieux amis qui veulent bien se rendre
Un service futile avant de s’endormir.
On parle d’une fin mais sans oser agir,
Et chaque soir on sent la vieillesse descendre.
 
 
 
françois bernouard (1884-1948). Revue « Schéhérazade ». (décembre 1909).
 
 
la bohémienne
 
 
 
Vielle et laide et bavarde et prétentieuse aussi
Elle farde sa bouche afin d’être encore belle
Et recherche le vierge adolescent transi
Pour mettre en ses pensers l’espérance éternelle.

Assise sur la borne à chaque coin de rue,
D’une voix contrefaite elle dit le passé
Et lorsqu’elle entrevoit la jeunesse accourue
Pour boire à sa parole un espoir dépassé,

Elle charge ses ans de la gloire infinie
Des grecs et des romains et de cent peuples morts,
Qui vécurent, amants, de son triste génie
Voyant dans leurs espoirs la beauté de son corps.

Et cette bohémienne affectueuse et nue
Qui tour à tour inspire à la gloire, à l’amour ;
Qui montre des tarots où l’on croit voir ses jours
Et fit boire à Socrate une infâme cigüe.

Ah ! quand tu verras jeune homme, en ta jeunesse,
En ton désir fleuri d’un rêve adolescent
Fuis son regard trompeur, méprise sa tendresse ;
La Vérité est vieille et la Vérité ment.
 
 
 
françois bernouard (1884-1948). Revue « Schéhérazade ». (mars 1911).
 
 

 
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