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16 juillet 2017 7 16 /07 /juillet /2017 10:34
L'héritage de la
deuxième Rome
 

 

HISTOIRE
Pourquoi Byzance ?
Un empire de onze siècles.
Michel Kaplan.
Gallimard.
Avril 2016.
496 pages.
 

Michel Kaplan, né en 1946, est historien. Spécialiste de l'histoire médiévale, qu'il a longtemps enseignée à l’université Panthéon - Sorbonne, il est l’auteur d'une oeuvre importante sur la chrétienté orientale et la civilisation byzantine. Il a récemment publié : Byzance : villes et campagnes (Picard, 2006), Byzance (Les Belles Lettres, 2007), Le Moyen Âge en orient : Byzance et l’Islam (en collaboration, Hachette, 2012).
 
Présentation de l'éditeur.
Le mardi 29 mai 1453, les armées ottomanes de Mehmet II prennent Constantinople, la capitale inaugurée par Constantin plus de mille ans auparavant, le 11 mai 330. L'originalité profonde de l'ouvrage de Michel Kaplan est de restituer l'histoire de l'Empire byzantin en fonction des contraintes et des nécessités (politiques, religieuses, physiques, géographiques, culturelles) qui dictèrent cette histoire singulière. Ce faisant, il évalue la présence de l'héritage byzantin dans l'Europe d'aujourd'hui. Notre civilisation doit à Byzance la transmission du legs de la Grèce antique : la totalité des ouvrages conservés depuis l'Iliade jusqu'aux Pères de l'Eglise nous a été transmise par les manuscrits copiés par les Byzantins. Sur le plan artistique, largement lié à la religion, l'héritage byzantin est presque limité à l'Europe orthodoxe, avec le plan en croix grecque et l'art de l'icône, suite à l'événement le plus important de l'histoire byzantine, le rétablissement du culte des images en 843. Enfin, l'Etat byzantin a constitué durant tous ces siècles un Etat de droit. La justice reposait sur le corpus de Justinien ; le pouvoir impérial reste jusqu'au bout autocratique par principe, mais le droit prime la force. L'histoire de l'Occident plonge ses racines dans Théodoric l'Ostrogoth, Clovis le Franc et son continuateur Charlemagne, Otton Ier et ses successeurs, autant de souverains qui prenaient leurs exemples à Constantinople.
 
Recension de Pierre Chuvin. - L'Histoire. - septembre 2016.
Pourquoi Byzance ? Sous un titre légèrement provocant, Michel Kaplan, ancien président de l'université Paris-I, a caché une vraie question. Oui, pourquoi l'historiographie occidentale a-t-elle préféré ce nom réducteur pour désigner la Ville sur le Bosphore, plutôt que celui qui fit sa gloire, Constantinople, ou tout simplement la Ville, comme Rome était et reste l'Urbs ? Manière d'indiquer sa vocation mondiale, de souveraine universelle, détachée de toute définition. Les Grecs et les Turcs ne s'y sont pas trompés et ont retenu Polis, ou (Istan)bul, « la Ville ». Ce n'est pas seulement la coupole de Sainte-Sophie qui évoque irrésistiblement la voûte des cieux et l'horizon circulaire des terres et des eaux. Il en allait ainsi chez les Byzantins puis chez les Ottomans et aujourd'hui le vieux symbole garde sa force. Cette ténacité, cette continuité d'un rêve, de Constantin à Erdogan, expliquerait que cette Byzance sous-jacente, malmenée, pillée, mais jamais détruite, ait résisté à toutes les défaites, infligées de l'ouest ou de l'est, des ravages des Perses au dépeçage par les Occidentaux, de 1204 à l'occupation de 1918-1923. C'est le grand mérite du livre de Michel Kaplan d'offrir le panorama en continu, depuis la refondation de la ville en 330 jusqu'à la conquête ottomane en 1453, d'une résistance et de rebonds inouis, tout en mettant l'accent sur l'histoire politique de l'empire, et sur les questions de légitimation. Le vocabulaire administratif byzantin perd, sous cette plume alerte, un peu de sa rugosité. Loin de tous les clichés sur la décadence et les catastrophes dont il donne des analyses décapantes, par exemple à propos de la défaite byzantine de Manzikert devant le sultan seldjoukide (1071), le livre est bien au fait d'une byzantinologie française brillante et variée et animé par un réalisme manifeste et un humour certain. Un condensé d'une histoire intelligible, dans toute son ampleur.
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