Présentation de l'éditeur.
Décembre 2016. Trente ans après s’être perdus de vue, deux anciens camarades d’études se retrouvent à l’occasion d’une émission de télévision. La fille en noir est écrivain, Guillaume Fronsac un marquis de l’aristocratie d’État devenu banquier d’affaires. De 17h à minuit, au cœur d’un Paris hanté par le terrorisme mais où la beauté de l’histoire française se révèle à chaque pas, ils vont se juger, se jauger, se confier, se séduire peut-être. À travers la confrontation de leurs existences, de leurs désirs, de leurs illusions perdues, se dessine le tableau d’un pays abimé par l’oubli de sa grandeur littéraire, enkysté dans la décomposition politique et le cynisme de son oligarchie. Comment échapper au déclinisme et aux ruines mentales de la République des Lettres ? En allant jusqu’au bout de la nuit. Écrit d’une plume allègre et brillante qui n’épargne ni les importants du jour croqués dans des portraits assassins, ni ses propres personnages traités avec une ironie grinçante, ce roman d’amour et de pouvoir est la pièce du théâtre de notre époque, dont le rideau final tombe comme une guillotine.
L'article de Raphaëlle Leyris. - Le Monde des livres - 24 février 2017.
Dialogue sur la chose publique. La dernière fois qu’ils se sont vus, ils s’apprêtaient à passer le concours de l’ENA – elle allait échouer, lui réussir. Trente ans plus tard, alors qu’ils se retrouvent en marge d’une émission de télévision, « la fille en noire », devenue écrivaine, et Guillaume Fronsac, passé des cabinets ministériels à la banque d’affaires, mais gravitant toujours autour du pouvoir, décident d’aller prendre le verre qu’ils n’ont jamais partagé durant leurs études. Ainsi débutent sept heures de conversation et de déambulation. Entre les arcades de la rue de Rivoli, la place de la Concorde et le faubourg Saint-Honoré, en passant par les bars de grands hôtels, ils discutent, tantôt ferraillant, tantôt marivaudant. Leur sujet : la chose publique et les mauvais traitements qui lui ont été infligés ces trente dernières années. L’affaire est sérieuse, leurs constats, attristés, et l’atmosphère baignant le roman, crépusculaire ; mais leurs échanges, écrits d’une plume alerte par Cécile Guilbert, réjouissent par leur intelligence, leur rythme et leurs références. D’autant plus que l’auteur, alternant entre leurs points de vue respectifs et celui du narrateur omniscient, donne à ses personnages de l’épaisseur et, à son texte, une force allant au-delà du seul pamphlet dirigé contre la classe politique. Il n’y a pas de « message » dans Les Républicains, et le lecteur aurait le plus grand mal à dire si « la fille en noir », alter ego de Cécile Guilbert, vote à droite ou à gauche. Mais il est certain que ce texte sur le désir (d’autrui et du pouvoir) fait un bel éloge de la littérature comme viatique du politique.