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27 mars 2016 7 27 /03 /mars /2016 14:09
Duclos
 
 
printemps
 
 
 
Plus mol sur mes coteaux que duvet de palombes,
Cher aux petits enfants le matin des Rameaux,
Fleurissant les vergers, couvrant d'oubli les tombes,
Le Printemps a chassé l’Hiver et les corbeaux.

L'hirondelle revient, Dieu bénisse ma grange
Où j'ai depuis toujours vu s'accrocher son nid.
Qu'elle porte bonheur aux récoltes, voici
Les foins, puis les moissons, et bientôt les vendanges.

Les travaux et les mois se tiennent par la main.
Le visage des champs de semaine en semaine
Se modèle. Chaque fleur a son lendemain,
Chaque saison ses fruits et chaque jour sa peine.

Les roses au jardin et les voiles au port
Sont toutes blanches, mais la fraîcheur est tarie
Pour une âme, ô Printemps, que trop jeune a vieillie
L'angoisse de l'amour et celle de la mort.
 
 
 
henri duclos (1902-1984). La Muse française (1926).
 
 
languedoc
 
 
 
Celui qui n'a senti sur sa terre natale
Darder sur un gerbier le soleil méridien,
Ni dans le peuplier qu'on nomme carolin
        Entendu crisser la cigale,

Ignore ce qu'un champ de notre Languedoc
Peut avoir de grandeur et de mélancolie,
Quand le Cers, vent du Nord, rase le sol et plie
        Un fenouil épargné du soc,

Quand les foins sont coupés et les vignes heureuses,
Quand l'air est habité par des milliers d'essaims
Et que luttent aussi les ruches des jardins
        Avec le fredon des batteuses.
 
 
 
henri duclos (1902-1984). De l'hiver à l'automne. (1925).
 
 
inconstance
 
 
 
Ciel pommelé, femme fardée;
Bergère, rentre tes moutons.
Femme fardée, ciel pommelé;
Amoureux, cesse ta chanson.

Une rose s'est effeuillée,
Et tout le jardin s'en attriste;
Est triste la rainette artiste;
La rose est pleurée par l'œillet.

Le poète est rogue. Sa muse
Lui fait des infidélités.
Amour léger. Elle s'amuse
Et peut revenir cet été.

Vois : Ronsard froisse des pétales,
Et Malherbe, au fier encrier,
Est rêveur, quand il songe, pâle,
A la rose de du Perrier.

Quand les pigeons baignent leurs pattes,
Quand nous sentons qu'il va pleuvoir,
L'heure est si douce, délicate, —
Laisse ton livre et viens t'asseoir.

Goûtons ensemble l'inconstance,
Le charme du ciel pommelé.
J'aime la volonté qui danse,
La rose, et la femme fardée.
 
 
 
henri duclos (1902-1984). La Muse française (1922).
 
 
 
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