printemps anglais | ||
I. - L'Orme. Candide aux plaines cristallines L'orme murmure des chansons. Vois-tu les voiles des collines Qui volent vers les horizons ? Rouge et grise tachant la plaine La ville rit vers le matin. Les vents parfumés de verveine Accourent des champs argentins... Ils viennent de loin comme un désir Qui dans les âmes balbutie. Ils vont renaître; ils vont mourir. Ils sont aquilons et zéphirs — Insaisissables vents que je voudrais saisir! II. - Bercement. Le clapotis léger des barques et des branches Se mêle à la douceur des parfums du tilleul. Les mouvements du vent dans les frondaisons blanches Sont si lents qu'on s'étonne et se plaint d'être seul. Je ne sais plus les noms des fleurs, ni des villages. Je ne sais plus les bruits des feuilles, ni des pas. Je me souviens des nuits qui soupirent, volages, Et je guéris d'un mal que je ne connais pas. | ||
claude odilé (1881-1957). Le Divan (1913). |
nuit | ||
C’est la nuit qui revient de son aile plaintive Se bercer dans le vent, sur l’eau, parmi les fleurs. Elle vole vers l’île où l’onde mate arrive Qui se grise de soir, de sons et de rumeurs. Une étoile s’endort sur les célestes grèves ; Un lent voilier se perd dans les brumes de lait… Etends tes bras noueux, platane de mes rêves, Noir, sur le fond du lac, dans les cieux violets ! | ||
claude odilé (1881-1957). Le Divan (1913). |
mouettes | ||
Sans les mouettes des mers qui viennent de Hollande Remonter en criant l’argent et l’or du Rhin, Je ne rêverai plus des genêts ou des landes, Lorsque l’oubli revient dans les cœurs souverains. Sur les plages d’Armor, la brise qui persiste Efface un souvenir où s’effacent nos pas… Goélands ! Goélands ! Mer d’Ys ! Rivages tristes ! Est-ce vous que je cherche et je ne trouve pas ? | ||
claude odilé (1881-1957). Le Divan (1913). |