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poème
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Amis, vous mettrez sur ma tombe, Non pas le saule de Musset Dont le trop clair symbole, c'est Une source en pleurs et qui tombe, Mais de moins tristes attributs; Car si ma vie eut peu de charme, J'ai versé quelques douces larmes Dans la coupe amère où je bus. La joie à la douleur s'allie. Alternez donc sur ce coeur lourd Le pois de senteur pour l'amour, L'oeillet pour la mélancolie. |
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marcel ormoy (1891-1934). Le Coeur lourd (1926).
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ile saint denis
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La vieille Seine, un quai rouillé Et le rêve au flanc des Péniches, Ah! que nous sommes encor riches D'un bonheur tendre et dépouillé ! Tant de jours perdus, tant d'années A la dérive sur la mer, Il suffit d'un lucide éclair Pour qu'y sombrent nos destinées, Mais, tristes vaisseaux enfouis, Qu'en reste-t-il, arbres tranquilles Qui sur la plus calme des îles Versez des songes éblouis ? Et quel autre avenir se creuse, O ma sœur, devant tes genoux Quand vient s'accouder près de nous Une grande ombre douloureuse ? |
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marcel ormoy(1891-1934). La Muse française (1936).
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marbre
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A quelle fontaine vouée Cette nymphe ? Nous en rêvions Par un soir plein d'allusions. Était-ce hier ou l'autre année ? Ah! tout recommence, ô ma sœur ! Tout revient, hormis la jeunesse. Mais quoi ! d'être encor jeune qu'est-ce Sinon ce battement de cœur, Sinon dans l'eau mélancolique Ce marbre toujours reflété Où nous confondions, l'autre été, Notre amour avec sa musique ? |
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marcel ormoy (1891-1934). La Muse française (1936).
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